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on ne doit jamais s'en servir pour marquer priorité de temps. Ainsi il faut prendre garde de confondre la signification de devant avec celle d'avant. Ce ne seroit pas parler correctement, que de dire, il est arrivé devant moi; et l'usage semble ne plus permettre que l'on dise, l'article se met devant le nom, etc.

D. Quelles autres observations peut-on encore faire sur les adverbes ?

R. 1. Il y a des noms adjectifs qui sont quelquefois employés comme adverbes, et qui en ont la signification, parce qu'on ne peut les rapporter à aucun substantif exprimé ou sousentendu, et qu'ils expriment plutôt quelque circonstance d'une action, que la qualité d'une chose ; comme quand on dit, chanter juste, voir clair, parler bas, sentir bon, frapper fort; juste, clair, bas, bon, fort, qui de leur nature sont adjectifs, n'exprimant alors que des circonstances des verbes auxquels ils sont joints, doivent être regardés comme des adverbes.

2. Il y a des adverbes qui, en certaines occasions, deviennent de vrais noms substantifs, susceptibles d'articles et de nombre. Ce sont, devant, derriere, dessus, dessous, dedans, dehors; et on dit, Le devant de la porte, prendre les devants ; étre au dessus de ses affaires, avoir du dessous; les dedans d'une maison, les dehors d'une ville.

3 Quoique nous ayions dit que l'adverbe présente de lui-même une idée distincte et indépendante de tout régime, il s'en trouve néanmoins quelques uns qui ne s'emploient pas saus un régime exprimé ou sous-entendu; mais ce n'est que parce qu'ils sont formés d'adjectifs qui demandent nécessairement un régime. Ainsi comme on dit, dépendant du Roi, indépendant de la Cour, différent des autres, préférable aux richesses, re

latif aux principes, conforme à l'original, ere. il faut dire de même, dépendamment du Roi, indépendamment de la Cour, différemment des autres, préférablement aux richesses, relativement aux principes, conformément à l'original.

La plupart des adverbes de quantité ne régissent le génitif, que parce qu'ils tiennent liea de quelques noms substantifs. Ainsi, quand on dit, assez de vin, beaucoup de livres, peu de gens, c'est comme qui diroit, une quantité suffisante de vin, un grand nombre de livres, un petit nombre de gens.

C'est aussi comme substantifs, qu'ils peuvent être régis par des verbes ou des prépositions, comme dans J'ai reçu beaucoup de marchandises. Vivre avec peu de revenu.

4. Quoique le mot y ait été mis au nombre des pronoms conjonctifs, page 72, et les mots où, d'où, et par où, au nombre des pronoms relatifs et absolus, pages 111 et 122, ce sont néanmoins de véritables adverbes, quand ils expriment quelques circonstances de lieu; comme quand on dit : Vous y allez. Où demeurez-vous? D'où vient-il? Par où a-t-il passé?

D.

CHAPITRE X.

DE LA CONJONCTION.

QU'EST-CE

U'EST-CE que les Conjonctions?

R. Ce sont des mots indéclinables qui expriment diverses opérations de notre esprit, et qui servent àlier les membres ou parties du discours.

D. Quelles sont les opérations de notre esprit, exprimées par les conjonctions; et comment les expriment-elles?

R. C'est ce que l'on connoitra par la définition de chaque espece de conjonctions?

D. Comment se divisent les conjonctions?

R. Elles se divisent comme les prépositions et les adverbes, c'est-à-dire, en les considérant par l'expression et par la signification.

D. Combien y en a-t-il de sortes, à les considérer par l'expression?

R. Il y en a de deux sortes : les simples, exprimées en un seul mot, comme et, aussi, ou, etc. et les composées, qui se forment de plusieurs mots, comme afin que, à condition que, si ce n'est que, etc.

D. Quels sont les mots qui servent à former le3 conjonctions composées?

R. Ce sont ordinairement des noms, des adverbes, des verbes même, ou d'autres conjonctions sivies de la conjonction que, comme au lieu que, tellement que, soit que, etc.

D. Comment divise-t-on les conjonctions considérées par la signification?

R. On peut les ranger sous quinze especes principales ; savoir :

1. Les affirmatives, négatives, et dubitatives. 2. Les copulatives ou d'assemblage.

3. Les disjonctives ou de division.

4. Les adversatives ou d'opposition.

5. Les conjonctions d'exception ou de restriction.

6. Les conditionnelles.

7. Les suspensives ou d'incertitude.
8. Les concessives.

9. Les déclaratives.

10. Les comparatives ou d'égalité.
11. Les augmentatives et diminutives.
12. Les causales ou causatives.
13. Les illatives ou conclusives.

14. Les conjonctions de temps et d'ordre. 15. Les conjonctions de transition.

D. Expliquez de suite ces diverses sortes de conjonctions?

R. 1. Les conjonctions affirmatives, négatives, et de doute, sont celles dont on se sert pour exprimer les opérations de l'esprit, lorsqu'il affirme, qu'il nie, ou qu'il doute.

Les affirmatives sont, oui, oui-dà, certes, sans doute que, volontiers, soit, d'accord, etc.

Les négatives sont, non, ne, ne pas, ne point, non pas, ne plus, point, point du tout, etc. La dubitative est, peut-être. Exemples:

Qui ce Chef d'une race abominable, impie?
Oui, lui-même.

S'il a permis d'Aman l'audace criminelle,
SANS DOUTE Qu'il vouloit éprouver votre zele.
NON, NON, Dieu NE souffrira PAS
Qu'on égorge ainsi l'innocence.

Vous périrez PEUT-ÊTRE, et toute votre race.

Quoique pas et point expriment également la négation, on peut dire que le dernier l'exprime avec plus de force que l'autre, et que la délicatesse du langage empêche souvent de les confondre dans l'usage que l'on en fait.

La négation est plus forte, quand on dit : J'ai bien résolu de n'r point aller, que quand on dit : Je ne crois pas que vous suivicz son exemple.

Il ne faut se servir que de pas avant les mots qui marquent quelque degré de qualité ou de quantité, tels que beaucoup, fort, plus, moins, un, deux, etc. Je n'ai pas beaucoup d'argent à vous donner. On fait souvent des dépenses qui ne sont pas fort utiles. Les riches ne sont pas toujours plus heureux que les pauvres. Cicéron n'étoit pas moins Philosophe qu'Orateur. Il n'y a pas un moment à perdre, etc.

Point

Point s'emploie avec plus de grace que pas, avant l'article de, et à la fin d'une phrase. On est à plaindre quand on n'a point de talent. SaintPierre sortit de la prison où il étoit, et ses gardes ne s'en apperçurent point.

II. Les conjonctions copulatives, ou d'assemblage, sont celles qui servent à assembler deux termes, deux propositions, sous une même affirmatien ou sous une même négation.

Celles pour l'affirmation sont et, aussi, tant....

que.

Celles pour la négation sont ni, et non plus. Exemples:

La vertu ET la science sont estimables. Vous le voulez, je le veux bien AUSSI. Tous les cercles de la sphere, TANT grands QUE petits, se divisent en 360 degrés.

Ni les biens NI les honneurs ne valent pas la santé.

Puisque vous ne sortez pas, je ne sortirai pas

NON PLUS.

III. Les conjonctions disjonctives, ou de division, sont celles qui marquent alternative, ou partition, ou distinction, dans le sens des choses dont on parle.

Ce sont ou, ou bien, soit ou soit que. Exemples:

C'est le soleil ou la terre qui tourne. Grand Roi, cesse de vaincre, ou je cesse d'écrire. Si vous voulez faire un voyage utile et agréable, allez en Italie, OU BIEN parcourez les villes de Flandres.

Il faut toujours avoir l'esprit égal, soir dans la bonne, soir dans la mauvaise fortune.

SOIT QUE VOUS mangiez, soIT QUE vous buviez failes tout pour la gloire de Dieu.

E e

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