R. On peut dire qu'ils sont presque en aussi grand nombre que les noms adjectifs, n'y ayant presque pas de nom adjectif qui n'ait son adverbe formé de lui-même. Ainsi, de modeste, on fait modestement; de sévere, sévèrement ; d'honnéte, honnétement; de fidelle, fidellement, etc.

D. Pourquoi les adjectifs ont-ils généralement chacun leur adverbe?

R. Parce que les manieres d'être étant exprimées par des adjectifs, et les manieres de faire par des adverbes, il n'y a presque pas de maniere d'être, qui n'ait rapport à quelque maniere de faire; par conséquent, presque point d'adjectif qui n'ait son adverbe. Ainsi, comme on dit, je suis modeste, on dit de même, j'agis modes

tement.

D. Comment se forment la plupart des adverbes de qualité où de maniere?

R. La regle générale est de les former du féminin des noms adjectifs, en y ajoutant ment. Ainsi, de grande, féminin de grand, on fait grandement; de douce, féminin de doux, on fait dou cement; de nouvelle, nouvellement; de certaine, certainement; de sage, sagement; d'agréable, agréablement.

L'e qui précede la syllabe ment, est ordimairement muet dans ces adverbes, hormis dans aisément, aveuglément, commodément, communément, conformément, délibérément, démesuré ment, désespérément, désordonnément, déterminément, effronténent, énormément, expressément, figurément, importunément, impunément, incommodément, inconsidérément, indéterminé, ment, inespérément, inopinément, mal-aisément, modérément, nommément, obscurément, obstinément, opiniátrément, passionément, posément, précisément, prématurément, privément, pro

fondément, profusément, proportionnément, sensément, séparément, serrément, subordinément. D. Cette regle générale pour la formation des adverbes, a-t-elle quelques exceptions?

R. Oui elle en a quatre principales.

1. Les noms adjectifs terminés en ant et en ent, forment leurs adverbes par le changement des dernieres lettres nt en mment avec deux mm Ainsi, de vaillant, on fait vaillamment; de diligent, diligemment, etc. excepté lent et présent, qui, suivant la regle générale, font lentement présentement.

2. Quand les noms adjectifs finissent au masculin par un é fermé, il ne faut qu'y ajouter ment, pour avoir les adverbes qui s'en forment. Ainsi, d'aisé, on fait aisément; de modéré, on fait modérément; de sensé, sensément, etc. et, dans tous ces adverbes, l'e qui précede ment, reste fermé avec l'accent ( ́), comme dans les adjectifs.

3. Il en est de même des noms adjectifs dont les masculins sont terminés en i et en u, comme infini, infiniment; poli; poliment; absolu, absolument; ingénu, ingénument, etc.

4. Quoique l'adjectif gentil, fasse au féminin gentille, cependant son adverbe est gentiment.

D. Les adverbes de qualité et de maniere ne sont-ils pas, comme les adjectifs, susceptibles de degrés de comparaison?

R. Qui et on en forme les comparatifs et les superlatifs, eu y joignant les mêmes mots que nous avons dit , page 47 et suivantes qu'il falloit joindre aux noms adjectifs. Ainsi,

Le comparatif d'égalité des adverbes, généreusement, fidellement, sera aussi ou si généreusement, aussi ou si fidellement.

Le comparatif d'excès. sera plus généreusement, plus fidellement.

Le comparatif de défaut sera moins généreusement, moins fidellement.

Le superlatif absolu sera très ou fort généreusement, très ou fort fidellement.

Le superlatif relatif sera le plus généreusement, be plus fidellement.

L'adverbe mieux exprime par lui-même le comparatif d'excès de l'adverbe bien; et pis, celub de l'adverbe mat.

D. Les adverbes étant indéclinables aussi bien que les prepositions, comment peut-on connoître quand un mot est préposition ou adverbe?

R. Il est préposition quand il a ou peut avoir un régime, et adverbe, quand il n'en est pas susceptible. Et un mot indéclinable peut avoir un régime, si l'on peut y ajouter quelqu'un des cas de qui ou de quoi interrogatif. Ainsi auprès le long, jusques, avec, chez, sur, sont prépositions, parce qu'on peut dire, auprès de qui? le long de quoi? jusqu'à quoi ? avec quoi ? chez qui? sur quoi? ce qu'on ne peut pas faire à l'égard des adverbes.

Suivant cette regle, on peut absolument mettre an nombre des prépositions, les adverbes formés des adjectifs qui ont un régime; tels. que dépendamment, préférablement, conformé

•ment, etc.

D. N'y a-t-il pas des mots qui sont quelquefois regardes comme adverbe, et quelquefois comme prépositions.

R. Oui; il y en a quelques uns, tels que sont après, loin, et depuis, qui sont employés comme adverbes, parce qu'ils sont sans régime, dans ces phrases: Que fit-on après ? El demeure loin. Il ne s'est rien fait depuis, et comme prépositions: „

parce qu'ils ont un régime dans ces autres phrases: Le jeu est permis après l'étude. Votre maison est loin de la mienne. J'ai toujours été malade. depuis un mois.

Mais au fond ce sont plutôt, dans les premieres phrases, des prépositions employées adverbialement, que de véritables adverbes ; et quoiqu'il ne paroisse pas de régime exprimé, il y en a cependant un sous-entendu; car quand on dit, Que fit-on après ? Il demeure loin. Il ne s'est rien fuit depuis c'est comme qui diroit, Que fit-on après cela? Il demeure loin d'ici ou de quelqu'autre endroit. Il ne s'est rien fait depuis une certaine affaire, ou depuis une certaine chose.

Il en est de même des mots dedans, dehors " dessus, dessous, et quelques autres, qui ne sont adverbes que par l'expression, et parce qu'enployés séparément, ils ne peuvent être suivis d'aucun régime exprimé; mais ils en supposent toujours un sous-entendu; car quand on dit, il est dedans il est dehors, il est dessus, il est dessous on veut faire entendre qu'il est dans quelque endroit, qu'il est hors de quelque endroit, qu'il est sur quelque chose, qu'il est sous quelque chose.

Il y a quelques occasions où ces mots ont un régime exprimé; c'est quand on met ensemble tes deux opposés, et qu'on ne joint le nom qu'au dernier, comme la peste est dedans et dehors la ville. Il y a des animaux dessus et dessous la terre; ou quand dessus et dessous sont précédés des prépositions de et par; comme quand on dit, de dessus la maison, de dessous le théatre, par dessus la téte, par dessous le bras, etc.

Il est à propos de donner ici quelques regles pour fixer l'usage propre des mots auparavant, avant, et devant.

Auparavant ne doit jamais être employé que

comme adverbe marquant priorité de temps, et sans régime, comme dans cette phrase, Alexandre donna a Porus un royaume plus grand que celui qu'il avoit AUPARAVANT. Ainsi c'est blesser la pureté du langage, que d'en faire une préposition suivie d'un régime, et de dire, par exemple, il est arrivé auparavant moi, etc.

Avant est préposition, verbe.

et quelquefois ad

Quand il est préposition, il marque toujours un rapport de priorité de temps ou d'ordre; comme quand on dit, il est arrivé avant moi; l'article se met avant le nom; et dans ce sens on ne doit jamais l'employer sans régime.

Quant avant est adverbe, c'est un adverbe de lieu ou de temps qui marque mouvement et progrès, et qui signifie à peu près la même chose que profondément. Il s'emploie ordinairement avec les adverbes si, bien, trop, plus, assez fort, comme dans ces exemples: N'allez pas si AVANT. Il ne faut pas étudier trop AVANT dans la nuit. Fouiller bien AVANT dans la terre.

Vos bontés, Madame,

Ont gravé trop AVANT ses crimes dans mon ame. Devant est tantôt adverbe, et tantôt préposition.

Quand il est adverbe, il marque une circonstance d'ordre ou de situation, et est opposé à derriere; comme quand on dit, marchez devant.

On ne doit l'employer comme préposition et avec un régime, que dans le sens de la préposition en presence; devant Dieu, c'est-à-dire, en présence de Dieu; ou dans le sens de vis-à-vis ;, devant le temple, c'est-à-dire, vis-à-vis du temple; ou encore quelquefois pour marquer priorité d'ordre, comme quand on dit, c'est mon ancien, qui marche devant moi, il a le pas devant moi. Mais