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Il faut encore observer que la lettre q, qui a la prononciation du k, ne s'emploie pas sans être suivie d'un u; comme on peut le voir dans les mots qualité, quéte, quittance, quotidien, etc. à moins qu'elle ne soit à la fin d'un mot, comme dans cing, coq.

Mais l'u se prononce en ou, comme s'il y avoit coua, dans les mots, aquatique, équateur, équation, quadragénaire, quadragésime, quadrangu❤ laire, quadrature, quadrupede,

La première syllabe se prenonce cuin, et la sem conde coua, dans quinquagénaire, quinquagésime. Equestre se prononce comme écuestre.

D. N'y a-t-il point d'autres consonnes que celles dont vous venez de parler?

R. Il y en a encore quelques unes qui, ayant un son différent de celui des autres, auroient pu s'écrire avec des caracteres particuliers ; mais pour les exprimer, on a joint ensemble plusieurs des lettres déjà établies. Ce sont ch, gn, et l' mouillée.

CH, qui se prononce comme dans les mots, sharité, cheval, chimere, chose, déchu, etc.

Quand ch est suivi d'une consonne, il a le son du k, comme dans Chrétien, Christianisme, chro nique, etc.

Il a encore le même son dans quelques mots dérivés du grec, comme dans Archiepiscopal, chaos, chirographaire, chiromancie, écho, eucha ristie, etc.

GN, qui se prononce comme dans magnanime, regne, dignité, ignorance, etc.

Gn, se prononce assez ordinairemunt dans le discours familier comme une seule n dans les mots, signer, assigner, assignation, comme s'il y avoit, siner, assiner, assination.

Le son de l'l mouillée se reconnoît dans les mots, travail, soleil, orgueil.

Quand l'l a ce son coulant et mouillé, elle est toujours précédée d'un i, et quelquefois suivie d'une autre aussi mouillée mais on n'ajoute cette seconde à la premiere, que pour la lier avec une voyelle suivante.

:

D. Expliquez-moi en détail ce qui concerne Il mouillée?

R. L'i qui précede toujours cette l mouillée est quelquefois seul, c'est-à-dire, qu'il n'est qu'à la suite d'une consonne, comme dans les mots, péril, gentilhomme, fille, famille, etc.

Ceti est quelquefois précédé d'une voyelle simple ou d'une voyelle composée avec laquelle il se joint, pour ne faire qu'une seule syllabe.

La voyelle simple qui précede l'i, ne peut être qu'a ou e.

A, comme dans émail, bail, travailler, caillou, etc.

E, comme dans pareil, vermeil, bouteille, vieillard, etc.

La voyelle composée qui précede l'i, ne peut être que ou, ou eu.

ou, comme dans bouillir, fouiller, rouille souillure, etc.

EU, comme dans deuil, seuil, feuillet, etc.

Après les consonnes c et g, quand il faut les prononcer avec le son rude, on met ue au lieu de eu, comme dans cercueil, orgueil, cueillir, recueil, etc. parce que, si après ces consonnes, on mettoit eu, on pourroit prononcer cerseuil, jeuil, etc. le c prenant le son de l's, et le g celui de 'j consonne avant l'e, comme on l'a dit.

or

On écrit oil, que l'on prononce comme euil. D. Combien y a-t-il donc de manières d'articuler l'l mouillée avec les voyelles qui la précedent?

R. Cinq, qui sont, il, ail, eil, ouil, euil (ueil et Quil se prononçant comme euil): et l'on voit par

ces articulations, aussi bien que par les différents exemples que nous venons d'apporter, que l' mouillée est toujours exprimée par il ou ill, et que çes deux ou trois caracteres ne doivent être regardés que comme une seule consonne.

D. Toutes les fois que l' est précédée de la voyelle i, est-elle mouillée ?

:

R. Non car on prononce avec le son ordinaire de l' les mots illustre, subtil, ville, tranquille, et plusieurs autres.

D. Y a-t-il quelques regles générales pour ces exceptions?

R. Il n'y en a qu'une, qui est que l'l n'est jamais mouillée au commencement des mots. Les autres exceptions s'apprendront par l'usage.

D. Sont-ce là toutes les consonnes qui sont en usage dans la langue françoise?

R. Il y a encore la consonne ph, mais qui n'a pas d'autre son que celui de l'f, comme dans phi losophie, triomphe, phrase, etc.

D. Comment les consonnes se lient-elles avec les voyelles pour former une syllabe?

R. Une seule voyelle peut faire une syllabe, par la raison qu'elle exprime un son simple et indépendant de toute autre lettre, comme on le voit dans la premiere syllabe du mot odeur, et dans la derniere du mot prié. Au lieu que les consonnes n'étant que les articulations des sons simples, elles ne peuvent se prononcer, ni par conséquent faire de syllabes, qu'avec les voyelles. Mais la place et le nombre des consonnes, dans une même syllabe, ne sont pas déterminés.

Quelquefois la voyelle est précédée d'un seule consonne, comme dans les syllabes du mot vanité. Quelquefois la consonne est après la voyelle comme dans la premiere syllabe du mot espérance. Quelquefois la voyelle se trouve entre deux.

consonnes, comme dans la premiere syllabe du mot porte.

Quelquefois enfin la voyelle est précédée de deux ou trois consonnes, comme dans les premieres syllabes des mots, bláme, scrupule.

Si la voyelle est suivie de plus d'une consonne; ce ne peut être que dans les dernieres syllabes des mots et alors ces consonnes ne se prononcent pas ordinairement dans le langage familier, ou on n'en prononce qu'une. Ainsi dans le mot discours, on ne prononce que l'r de la derniere syllabe, et on ne prononce ni le t, ni l's, de la derniere syllabe

du mot soldats,

Pour faciliter aux enfants qui apprennent à lire la liaison des consonnes avec les voyelles, et les mettre plus tôt en état de lire, bien des Maîtres leur font connoître les consonnes par le nom de leur prononciation, et non par celui qu'on a coutume de leur donner. Ainsi, au lieu de prononcer b, l, m, comme bé, el, em, on les nomme par leur son naturel, en y ajoutant seulement l'e muet, be, le, me, comme à la fin des mots, tombe, boule, bláme. Il en est de même de toutes les autres con

Bounes.

Cenouveau système de lecture, dont M. Arnauld a donné l'idée à la page 23 de sa Grammaire générale et raisonnée, est plus simple et plus avantageux que l'ancien, et on en trouve les regles dans un livre que M. de Launay a fait imprimer en 1741, sous le titre de Méthode pour apprendre à lire le François et le Latin, etc,

Mais il y en a un autre qui n'est pas moins avantageux, et dont le succès est justifié par l'expérience. C'est, après que les enfants ont appris leurs lettres, de quelque maniere qu'on les leur ait fait nommer, de leur présenter les syllabes toutes assemblées, et de les leur faire lire tout d'un coup sans épeler, en commençant par les plus simples

avant

avant que d'aller aux plus composées. Ils n'auront ensuite aucune peine à les épeler, et à en composer d'autres par l'addition d'une consonne avant ou après chaque syllabe. Lorsqu'ils auront été ainsi exercés sur toutes les syllabes possibles de la Langue Françoise, on aura la satisfaction de les voir lire couramment, en très-peu de temps. Mais il faut beaucoup de méthode et d'ordre dans l'exécution de ce système.

D. Pourquoi n'avez-vous pas mis la lettre h au nombre des consonnes?

R. Parce qu'elle ne forme aucun son particulier, et que, dans la p'upart des mots, elle n'ajoute rien à la prononciation de la voyelle suivante; l'homme, l'honneur, se prononçant comme s'il n'y avoit que l'omme, l'onneur, sans h.

On s'en sert dans quelques mots, pour marquer que la voyelle suivante est aspirée, comme dans le héros, la hauteur, la haine, etc.; et, dans ce cas, on peut la mettre au nombre des consonnes, parce qu'elle exprime l'articulation aspirée de la voyelle

suivante.

D. Qu'entendez-vous par une voyelle aspirée? R. J'entends une voyelle dont le son se tire du gosier, et se prononce avec force.

D. Les mots où l'h marque aspiration sont-ils en grand nombre?

R. Non; et je vais réciter par ordre alphabétiqus ceux qui sont d'un usage plus commun; ce sont ha! habler, hache, hacher, hachis, hachure,, hagard, haie, haillon, Hainaut, haine, hair, haire, halage, halbran, hále, halener, haleter, halle, hallebarde, hallier, halte, hameau, hampe, hanche, hangar, hanneton, hanter, haper, haquenée, haquet, harangue, haras, harasser, harceler, hardes, hardi, hareng, hargneux, haricot, haridelle, harnacher, harnois, haro, harpe, harpie, harpon, hart, hasard, hase, hate, haussecol,

C

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