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Cette exception, qui ne paroit fondée que sur un caprice de l'usage, a été vraisemblablement introduite par les Poëtes, qui laissent ou retranchent I's finale dans ces mêmes présents, et dans quelques autres, pour la justesse de la rime, ou pour la liaison des mots, et il n'y a pas de faute de s'y conformer. Nous croyons cependant qu'il est plus exact et plus méthodique de rapporter toutes les premieres personnes du présent de l'indicatif des verbes des trois dernieres conjugaisons, à la regle générale, qui veut qu'elles soient terminées par une s; et qu'ainsi il est mieux d'écrire, je sais, je vois, je crois, je reçois.

Les verbes qui ont la même personne terminée en x, comme vouloir, je VEUX, valoir; je VAUX, ne doivent pas faire une exception à cette règle générale, parce que l'x renferme deux lettres dont la derniere est toujours une s.

Les verbes dont l'infinitif est terminé en cre, dre, et pre, conservent le c, le d, et le p, à la premiere personne du présent de l'indicatif; (Vaincre, je VAINCS, qui n'est guere en usage au singu, lier de ce présent.) Convaincre, je CONVAINCS. Répondre, je RÉPONDS. Comprendre, je COMPRENDS. Entendre, j'ENTENDS. Rompre, je ROMPS. Corrompre, je CORROMPS.

Excepté, 1. les verbes absoudre, dissoudre, et résoudre, qui font j'absous, je dissous, je résous. 2. Ceux qui ont l'infinitif terminé en indre: Craindre, je CRAINS. Peindre, je PEINS. Joindre, je JOINS. 3. Les verbes seoir, s'asseoir, qui, sans avoir l'infinitif terminé en dre, font, à la même premiere personne, je sieds, je m'assieds.

Battre, mettre, et leurs composés, conservent let à la premiere personne: je bats, je mets Combattre, je COMBATS. Permettre, je PERMETS.

II. Quand la premiere personne du présent de l'indicatif finit par une muet, il ne faut qu'

ajouter une s, pour avoir la seconde singulier du même temps.

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Cette regle regarde non seulement la seconde personne du présent de l'indicatif; mais encore de tous les temps simples (hors de l'impératif), dont la premiere personne est terminée par un e muet: J'aimes, tu AIMES. Je couvre, tu COUVRES. Je cueille, tu CUEILLES. Que je loue, que tu LOUES., Que je fasse, que tu FASSES. Que fe veuille, que tu VEUILLES. Que je donnasse, que tu DONNAsses. Que je reçusse, que tu RECUSSES. Que je rendisse, que tu RENDISSES, etc.

Quand la premiere personne du singulier du présent de l'indicatif est terminée par une s, la seconde est toujours semblable à la premiere: Je Languis, tu LANGUIS. Je sors, tu SORS. Je tiens, tu TIENS. Je convaincs, tu CONVAINCS. Je réponds, tu RÉPONDS. Je romps, tu ROMPS. Je crains, tu CRAINS. Je bats; tu BATS. Je mets, tu METS. Je parois, tu PAROIS. Je conçois, tu CONÇOIS.

Cette regle est aussi pour les mêmes personnes qui finissent par r , parce que cette lettre y tient

lieu d'une s: Je veux, tu VEUX. Jé vaux, tu VAUX. Je peux (moins en usage que je puis), tu PEUX.

III. Quand la premiere personne du singulier du présent de l'indicatif est terminée par un e muet, la troisieme du singulier est toujours semblable à la premiere. J'aime, il aime. Je mange, il MANGE. J'offre, il OFFRE. Je découvre, il DÉCOUVRE. Je recueille, il RECUEILLE.

Quand la premiere personne est terminée par cs, ds, et ts, il ne faut que supprimer l's finale, pour avoir la troisieme personne du singulier: Je vaincs, il VAINC. Je convaincs, il CONVAINC. Je comprends, il COMPREND. Je répands, il RÉPAND. Je perds, il PERD. Je couds, il coud. Je sieds, il

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SIED. Je m'assieds, il s'ASSIED. Je combats
COMBAT. Je permets, il PERMET.

it

Dans tous les autres verbes, il ne faut que changer l's de la premiere personne ent: Je finis, il FINIT. Je pars, il PART. Je conviens, il CONVIENT. Je feins, il FEINT. Je me repais, il se REPAIT. Je plais, il PLAÎT. Je bois, il BOIT. Je fais, il FAIT. J'apperçois, il APPERÇOIT. Je romps, il ROMPT. Excepté j'échois qui fait, il ÉCHET.

IV. A l'égard de la troisieme personne du pluriel du présent de l'indicatif, la regle qui nous a parue la plus générale, est de la former de la premiere personne du présent du subjonctif, en y ajoutant nt après l'e muet final: Aimer, que j'aime, ils AIMENT. Finir, que je finisse, ils FINISSENT. Recevoir, que je reçoive, ils REÇOIVENT. Dire, que je dise, ils DISENT. Connoître, que je connoisse, ils CONNOISSENT. Craindre, que je craigne, ils CRAIGNENT. Tenir, que je tienne, ils TIENNENT. Mourir, que je meure ils MEURENT. Boire, , que je boive, ils BOIVENT. Mouvoir, que je meuve, ils MEUVENT, etc.

Les exceptions de cette regle se réduisent aux verbes suivants.

Aller, que j'aille, ils vONT. Avoir, que j'aie, ils ONT. Pouvoir, que je puisse, ils PEUVENT. Savoir, que je sache, ils SAVENT. Valoir, que je vaille, ils VALENT. Vouloir, que je veuille, ils VEULENT. Étre, que je sois, ils sONT. Faire, que je fasse, ils FONT.

D. Quel avantage trouvez-vous dans les regles que vous venez d'établir pour la formation des temps, et les personnes des verbes?

R. Elles nous paroissent plus simples et plus naturelles que celles que l'on donne ordinairement. Elles s'étendent à tous les verbes des quatre conjugaisons, tant réguliers qu'irréguliers, et ne sont

pas chargées d'un grand nombre d'exceptions. L'enchaînement qu'elles ont les unes avec les autres les fera apprendre avec plus de facilité. Les temps que nous avons regardés comme primitifs, sont les principaux et les plus connus de chaque verbe, d'où, comme d'autant de sources simples et aisées à découvrir, coulent sans confusion tous les temps et toutes les personnes que nous en avons fait dépendre. Nous croyons, enfin, que, par le moyen de ces regles, il n'y a point de verbe, si difficile qu'il puisse être, qu'on ne soit en état de conjuguer exactement dans toutes ses parties. C'est l'unique but que nous nous y sommes proposés.

ARTICLE IV.

Des différentes sortes de Verbes.

D. COMMEN

MMENT peut-on diviser les verbes?

R. En verbe substantif, en verbes adjectifs, et en verbes auxiliaires.

Du Verbe substantif.

D. Donnez-moi une définition exacte du verbe substantif?

R. Le verbe substantif est un mot qui signifie l'affirmation avec désignation de la personne, du nombre et du temps.

D. Joignez quelques exemples à cette définition?

R. Dans cette phrase, je suis heureux, on voit que le mot suis, outre l'affirmation 9 marque encore une premiere personne du singulier du présent; dans celle-ci, vous fútes tristes, le mot fates fait connoitre, avec l'affirmation, une seconde personne du pluriel du prétérit; et dans cette au

tre, les batimens seront superbes, le mot seront fait rapporter l'affirmation à une troisieme personne du pluriel du futur.

D. Quelles sortes de noms exprime l'attribut que le verbe substantif lie avec le sujet?

R. Ce sont très-souvent des noms adjectifs, comme quand on dit : Le soleil est lumineux par Lui-même; et quelquefois des noms substantifs; comme dans cette phrase: La lune et les autres planetes sont des corps opaques.

DN a-t-il que le verbe être qui soit substantif?

R. Il y en a encore quelques autres, qu'on peut regarder comme tels, parce qu'ils ne marquent, dans le discours, que l'union et la liaison d'un attribut avec le sujet : ce sont, devenir, sembler, paroître, etc.; comme quand on dit : La saison devient belle. Cette proposition me semble vraie. La terre paroît immobile.

D. Comment connoissez-vous qu'un verbe peut être regardé comme substantif?

R. Quand il est suivi d'un nom adjectif ou substantif, qui se rapporte au nominatif du verbe, comme quand je dis : Mon frere revient malade de la campagne. Votre nouvelle se trouve fausse. Un assemblage d'étoiles s'appelle constellation. Saint-Pierre ne demeura pas toujours fidele à son

maitre.

D. Ces sortes de verbes sont-ils réellement différents du verbe être ?

R. Ils en sont différens par l'expression; mais, au fond, ce ne sont que des manières d'exprimer le verbe étre avec différentes circonstances: car, quand je dis, La saison devient belle. Cette proposition me semble vraie, etc. C'est comme si je disois: La saison est belle par succession de

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