Page images
PDF
EPUB

R. Quand j'ai dans mon esprit l'idée de la terre, et l'idée de rond, j'assure que l'une convient à l'autre, en disant la terre est ronde ; quand j'ai l'idée de Dieu, et l'idée d'injuste, j'assure que l'une ne convient pas à l'autre, en disant, Dieu n'est pas injuste. Ainsi, la terre est ronde, et Dieu n'est pas injuste, sont deux jugements.

D. De quoi se sert-on pour exprimer ses pensées. le moyen de la voix?

par

R. On se sert de sons articulés que l'on appelle mots ou paroles.

D. Qu'entendez-vous par sons articulés?

R. J'entends des sons formés et variés par les différents mouvements de la langue et des lèvres. D. Comment peut-on considérer les mots ?

R. On peut les considérer, ou simplement comme des sons, ou comme des signes qui servent à faire connoître nos pensées, c'est-à-dire ce qui se passe dans notre esprit.

D. De quoi sont composés les mots considérés comme des sons?

R. Ils sont composés de syllabes.

D. Qu'est-ce qu'une syllabe?

R. C'est un son, ou simple, qui ne peut se faire entendre qu'en un seul instant, ou composé, que l'on ne doit point partager en le prononçant.

D. Appliquez cette réponse à des exemples?

R. Le mot opulent est composé de trois sons différents, savoir, o-pu-lent, et chacun de ces sons se prononce en un seul instant, sans qu'on puisse le partager par conséquent opulent est composé de trois syllabes.

Le mot Dieu renferme deux sons, qui sont Di-eu. Cependant ces deux sons ne font qu'une syllabe, parce qu'ils se font entendre en un seul instant, et qu'on ne doit pas les séparer dans la

qui comprend tant les actions et opérations de l'esprit, que les différents sentiments et mouvements de l'ame.

D. Quelle distinction générale peut-on faire de ce qui se passe dans notre esprit ?

R. Nous commençons par concevoir simplement les choses, soit d'une manière purement intellectuelle, soit avec des images corporelles. Ensuite nous combinons ces conceptions par leurs différents rapports, ou pour les unir, ou pour les séparer, ou pour le comparer, ou pour les modifier de quelque manière que ce soit.

Ainsi on distingue d'abord, dans ce qui se passe dans notre esprit, les objets de nos pensées, qui sont les idées et les formes ou les manières de nos pensées, qui en sont les différentes combinaisons, ou qui sont les différentes vues sous lesquelles elles peuvent être considérées : ce qui se fait presque toujours par des jugemens. Les idées et les jugements sont donc les principales opérations de notre esprit, et celles dont la connoissance est néces¬ saire pour l'intelligence des principes de la Grammaire.

D. Qu'est-ce donc que les idées ?

R. C'est ce qui se passe dans notre esprit, lorsqu'il se représente simplement les objets ou les choses intellectuelles ou corporelles, sans en former aucun jugement, comme lorsque nous nous représentons Dieu, la durée, la vertu, la terre, le soleil, un arbre, un rond, un carré, etc.

D. Qu'est-ce que les jugements?

R. Ce sont les actions de notre esprit, lorsqu'il assemble plusieurs idées, pour assurer que l'une convient à l'autre, ou que l'une ne convient pas à l'autre.

D. Rendez-moi cette réponse plus claire par quelques exemples ?

R. Quand j'ai dans mon esprit l'idée de la terre, et l'idée de rond, j'assure que l'une convient à l'autre, en disant la terre est ronde; quand j'ai l'idée de Dieu, et l'idée d'injuste, j'assure que l'une ne convient pas à l'autre, en disant, Dieu n'est pas injuste. Ainsi, la terre est ronde, et Dieu n'est pas injuste, sont deux jugements.

D. De quoi se sert-on pour exprimer ses pensées. le moyen de la voix?

par

R. On se sert de sons articulés que l'on appelle mots ou paroles.

D. Qu'entendez-vous par sons articulés?

R. J'entends des sons formés et variés par les différents mouvements de la langue et des lèvres. D. Comment peut-on considérer les mots ?

R. On peut les considérer, ou simplement comme des sons, ou comme des signes qui servent à faire connoître nos pensées, c'est-à-dire ce qui se passe dans notre esprit.

D. De quoi sont composés les mots considérés comme des sons?

R. Ils sont composés de syllabes.

D. Qu'est-ce qu'une syllabe?

R. C'est un son, ou simple, qui ne peut se faire entendre qu'en un seul instant, ou composé, que l'on ne doit point partager en le prononçant.

D. Appliquez cette réponse à des exemples?

R. Le mot opulent est composé de trois sons différents, savoir, o-pu-lent, et chacun de ces sons se prononce en un seul instant, sans qu'on puisse le partager par conséquent opulent est composé de trois syllabes.

:

Le mot Dieu renferme deux sons, qui sont Di-eu. Cependant ces deux sons ne font qu'une syllabe, parce qu'ils se font entendre en un seul instant, et qu'on ne doit pas les séparer dans la

prononciation. Ainsi le mot Dieu n'est que syllabe.

'd'une

D. Comment appelle-t-on un mot qui n'est com pos que d'une syllabe?

R. On l'appelle monosyllabe. Ainsi, je crains Dieu, sont trois monosyllabes.

On appelle dissyllabes les mots de deux syllabes, trissyllabes ceux de trois, et polysyllabes ceux de plusieurs.

D. De quoi se sert-on pour représenter aux yeux les sons des mots ou des syllabes?

R. On se sert des lettres. Ainsi les syllabes écrites sont composées de lettres, comme les mots sont composés de syllabes. Le mot vérité est composé de trois syllabes, et chaque syllabe est composée de deux lettres.

D. Qu'est-ce donc que les lettres?

R. Ce sont des caracteres inventés pour exprimer, par écrit, les différents sons et les différentes articulations de la voix.

D. Combien y a-t-il de sortes de lettres?

R. Il y en a de deux sortes, savoir, les Voyelles et les Consonnes.

ARTICLE II.

Des Voyelles.

D. QU'ENTENDEZ-VOus par voyelles ? R. J'entends des lettres employées pour exprimer un son simple qui se forme par la seule ouverture de la bouche, et se diversifie par les différentes dispositions du passage de la voix.

D. Combien y a-t-il de voyelles?

R. On en compte communément cinq: a, e,

i, o,

น.

D.Qu'est-ce que le son, marqué par les voyelles, a de particulier?

R. C'est qu'il est permanent, c'est-à-dire, qu'on peut le faire durer, sans faire aucuu mouvement nouveau de la bouche, pendant tout le temps que l'on peut pousser le souffle qui sort des poumons: ce qu'il est aisé de reconnoître par l'expérience.

Il faut excepter l'e muet, dont on ne peut faire durer le son, sans le transformer en celui de la voyelle eu.

D. N'y a-t-il pas un plus grand nombre de vorel les que les cinq que vous venez de nommer?

R. Oui, parce qu'il y a plus de cinq sortes de sons simples et permanents: mais, faute de carac teres particuliers pour les exprimer, on l'a fait, ou en donnant plusieurs sons différents à un même caractere, ou en joignant d'autres lettres aux cinq voyelles ordinaires.

D. Faites-moi donc connoître toutes les voyelles qui sont en usage dans notre langue ?

R. Pour le faire avec quelque ordre, j'en distinguerai de trois sortes: les Voyelles simples, les Voyelles composées, et les Voyelles nasales..

I.

D. Qu'est-ce que les voyelles simples?

R. Ce sont celles qui s'écrivent par une seule lettre, comme a, e, i, o, u.

D. N'y en a-t-il pas quelques autres ?

R. On en trouve trois dans la seule voyelle e, parce qu'elle peut se prononcer de trois façons. différentes ce qui fait que l'on distingue trois sortes d'e; savoir, l'e muet, l'é fermé, et l'é

ouvert.

D. Qu'est-ce que l'e muet?

R. C'est un e qui n'a qu'un son sourd et obscur, et qui se prononce comme à la fin de ces mots,

« PreviousContinue »