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alarme; ou il a la signification du pronom chaque, comme quand on dit : TOUT HOMME est mortel. Je vous servirai en TOUTE OCCASION. On me trouve A TOUTE HEURE de la journée.

2. Etant au pluriel, il a non seulement la signification de chaque, comme quand on dit : tous les jours, toutes les semaines, tous les ans ; mais il marque encore que l'on veut parler de tous les sujets renfermés dans une idée, comme dans ces exemples: TOUS LES HOMMES sont morts en Adam. La Sainte Vierge doit étre le modele DE TOUTES LES FEMMES. Pouvons-nous étre insensibles a tous LES BIENFAITS de Dieu,

On observera que; quand tout se décline avec Particle indéfini, le, la, les, précédent toujours immédiatement son substantif qui est après; et qu'il est lui-même précédé de de, ou à, au génitif, à l'ablatif, ou au datif; en sorte qu'il se trouve alors entre de ou à, et le, la, où les : Tout LE monde, DE toute LA terre, à tous LES peuples.

QUI QUE CE SOIT, ou quelquefois qui que ce fit, ne se dit que des personnes, au singulier du mascu lin, et se décline avec l'article indéfini.

Sans négation, il signifie la même chose que quiconque, ou quelque personne que ce soit, comme dans ces phrases: QUI QUE CE SOIT qui me demande, dites que je suis en affaires. A QUI QUE CE SOIT que vous vous adressiez, on vous donnera le méme conseil.

Qui que ce soit, avec une négation exprimée par ne, signifie personne ou aucune personne; comme quand on dit: QUI QUE CE SOIT ne m'a prévenu contre vous. Je n'envie la fortune DE QUI QUE CE SOIT. Ne vous confiez A QUI QUE CE SOIT.

QUOI QUE CE SOIT, ou quelquefois quoi que ce fût, ne se dit que des choses au singulier du mas culin, et se décline avec l'article indéfini.

Sans négation, et suivi de que ou de qui, il signifie la même chose que quelque chose que ou qui; comme quand on dit : QUOI QUE CE SOIT qui vous ait reteņu. De quoi que ce SOIT que l'on parle. A QUOI QUE CE SOIT que vous vous destiniez, etc.

Quoi que ce soit, avec une négation, signifie rien; comme dans ces phrases: On ne m'a appris QUOI QUE CE SOIT de nouveau. Je ne me plains DE QUOI QUE CE SOIT. Il ne pense A QUOI QUE CE

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QUEL, au féminin quelle, suivi de que, sert comme le pronom absolu quel, à désigner un objet ou en lui-même, ou par sa nature et ses qualités; mais d'une manière qui fait connoître qu'on ne veut pas y faire une attention particuliere; comme quand on dit: Les criminels doivent étre punis, QUELS QU'ils puissent éire. QUEL QUE soit le bonheur des grands de la terre, Chrétien doit s'en proposer un plus solide. QUELLES QUE soient les offres d'un ennemi, on doit toujours s'en défier.

un

Quel, employé de cette façon, se dit également des personnes et des choses au singulier et au pluriel; mais il n'a point d'article, et ne se met qu'au nominatif. Il faut avoir attention d'en séparer le que dont il est suivi, pour ne pas le confondre avec le pronom quelque, qui a une signification toute différente,

Quor, suivi de que, ne se dit que des choses, et peut toujours se tourner par quelque chose que. Il est masculin sans pluriel, et prend l'article indéfini, comme dans ces phrases : Je veux tenter l'aventure, QUOI Qu'il puisse m'en arriver. DE QUOI Qu'on l'accuse, il se défendra bien. A QUOI Qu'on vous destine, vous devez être soumis. Je ne crains rien, Quoi qu'on fasse pour me perdre. Il est souvent mieux, pour la clarté et pour l'harmonie, de préférer quelque chose à quoi que.

On observera aussi de ne pas lier que avec quoi, pour le distinguer du mot quoique, qui n'est pas le

même.

QUELQUE et TOUT, suivis de que, n'ont pas la même signification que les pronoms quelque et tout, tels que nous les avons déjà considérés ; comme on le reconnoîtra dans ces exemples: Dans.QUELQUE élévation QUE l'on soit, il ne faut pas s'oublier; c'est-à-dire, quoique l'on soit dans une élévation, quelle qu'elle puisse être, etc. QUELQUE incrédules QUE soient les hommes pendant leur vie, ils changent souvent de dispositions aux approches de la mort; c'est-à-dire, quoique les hommes soient incrédules, etc. Pompée, TOUT habile Capitaine qu'il étoit, ne laissa pas de faire des fautes essentielles; c'est-à-dire, quoique Pompée fút habile Capitaine, etc. On parlera plus amplement de cea deux pronoms au Chapitre XIV.

CHAPITRE VL.

DU VER B L.

D. Que faut-il faire pour bien comprendre là

nature du verbe?

R. Il faut se rappeler la définition que nous avons donnée des jugements, au commencement de ce livre, page 2, où nous avons dit que les ju gements sont les actions de notre esprit, lorsqu'après avoir assemblé plusienrs idées, il assure que l'une convient à l'autre, ou que l'une ne convient pas à l'autre.

D. Quelles lumieres tirez-vous de cette définition des jugements?

R. Comme les hommes parlent moins pour ex

primer leurs simples idées ou ce qu'ils conçoivent, que pour découvrir aux autres les jugements qu'ils font des choses qu'ils conçoivent, il s'en suit qu'on ne peut guere parler, sans assurer ou affirmer qu'une idée convient ou ne convient pas à une autre; et c'est cette forme ou maniere de pensée qui est signifiée par le verbe. Ainsi, quan je dis La vertu est aimable, la vertu exprime l'idée à laquelle j'affirme que convient l'idée d'aimable; et quand je dis, Dieu n'est pas injuste, j'affirme que l'idée d'injuste ne convient pas à celle de Dieu.

D. Quelle part le verbe a-t-il dans les jugements?

R. C'est le verbe qui les exprime, parce qu'il exprime proprement cette action, par laquelle l'esprit lie les idées qui se conviennent, et sépare celles qui répugnent les unes aux autres.

D. Faites-moi connoître encore cet emploi du verbe par quelques exemples?

R. Dans la vertu est aimable, on voit que c'est par le moyen du mot est, que l'idée d'aimable est liée avec l'idée de vertu; et dans Dieu n'est pas injuste, ou voit aussi que c'est par le moyen du mot est joint à ne pas, que l'idée d'injuste est séparée de celle de Dieu. Ainsi, dans l'un et dans l'autre exemple, est est un verbe.

D. Donnez-moi donc une définition exacte du verbe?

R. Le verbe est un mot dont le principal usage est de signifier l'affirmation.

D. Le verbe a-t-il donc un autre usage que celui de signifier l'affirmation?

R. On s'en sert encore pour signifier d'autres mouvements de notre ame, comme désirer, prier, commander, etc., ce qui sera expliqué dans la suite. Mais il convient de ne le considérer ici que

selon la principale signification, qui est celle qu'il a à l'indicatif.

D. S'il y a dans le verbe des parties qui ne signifient pas l'affirmation, la définition que vous en avez donnée, ne convient donc pas à tout le verbe?

R. Cette définition convient aux parties essentielles du verbe. Celles qui ne signifient pas l'affirmation, n'appartiennent au verbe que parce qu'elles en sont formées et dérivées : et la raison qui les a fait mettre à la suite du verbe, c'est que, sans avoir la signification générale de l'affirmation, elles ont, en différentes manieres, la signification qui est propre et particuliere à chaque verbe, comme on l'expliquera.

D. N'y a-t-il pas d'autres mots que le verbe qui expriment l'affirmation?

R. Elle est encore exprimée par quelques noms substantifs ou adjectifs, tels que affirmant, affirmatif, et affirmation. Mais ces noms ne signifient. l'affirmation que dans le cas où, par une réflexion d'esprit, elle est devenue l'objet de notre pensée et ils ne marquent pas que celui qui s'en sert affirme, mais seulement qu'il conçoit une affir

mation.

D. Comme il y a presque autant de jugements négatifs que d'affirmatifs, ne peut-on pas dire que le verbe exprime autant la négation que l'affirmation?

R. Non parce que la négation exprimée ordinairement par ne, ne pas, ou ne point, est toujours ajoutée au verbe, qui ne signifie par lui-même que l'affirmation ; et que, comme dans les jugegements affirmatifs, on affirme qu'une chose est, on affirme de même, dans les jugements négatifs, qu'une chose n'est pas. Ainsi, en disant, Dieu

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