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PRÉFACE.

L'AVERTISSEMENT qui précède les deux volumes des OEuvres diverses de La Fontaine, dans l'édition des OEuvres complètes de cet auteur, qu'on vient de publier, a déjà fait connoître les motifs qui m'ont engagé à composer l'ouvrage que je fais paroître aujourd'hui.

Pour rendre raison des corrections que j'avois faites à ces OEuvres diverses, il eût fallu les accompagner de beaucoup de notes; et comme il n'y en a point dans les autres volumes de ces OEuvres complètes, à la publication desquels je n'ai pris aucune part, et qui étoient déjà imprimés lorsque j'ai commencé mon travail, il n'étoit guère possible d'en admettre dans les deux volumes dont je m'étois rendu l'éditeur, sans produire une disparate dans l'ensemble d'une édition pour laquelle on a beaucoup sacrifié au plaisir des yeux. D'ailleurs les recherches auxquelles je m'étois

livré me forçoient à donner à mes notes l'étendue d'un commentaire; autre inconvénient qui m'exposoit à ennuyer mes lecteurs par le désir de les instruire.

Je songeai donc à écrire une nouvelle Vie de La Fontaine, dans le dessein d'y renfermer les faits et les notions nécessaires à l'intelligence de ses ouvrages; et lorsque ce nouveau projet eut reçu son exécution, je m'aperçus que je ne pouvois me dispenser d'appuyer mes récits des citations et des preuves qui en démontroient l'exactitude: c'est ainsi que je suis retombé dans l'inconvénient d'un commentaire que j'avois d'abord voulu éviter:

Je comptois au moins, en ajoutant quelques morceaux inédits de La Fontaine que je m'étois procurés, donner à cet ouvrage un prix qui pût suppléer à son peu de valeur; mais j'ai encore été déçu dans mon espoir. L'impression de ce volume étoit presque terminée, lorsque M. l'abbé Grosier, administrateur de la Bibliothèque de MONSIEUR, eut la bonté de me faire voir, dans un manuscrit du riche dépôt littéraire qui lui est confié, de nouvelles productions de La Fontaine, entière

ment écrites de sa main. Alors j'ai dû réunir ces morceaux à ceux que je possédois déjà, et en former un volume à part, qui paroîtra sous le titre de NOUVELLES OEUVRES DIVERSES DE JEAN DE LA FONTAINE. J'y ai joint une vie de Maucroix et les poésies inédites de cet auteur, que j'avois découvertes dans un manuscrit de la Bibliothèque du Roi. Ce nouveau volume, par les morceaux de Maucroix et de La Fontaine qui s'y trouvent, contribuera sans doute à accroître nos richesses littéraires; mais il a appauvri celui-ci, et il l'a dépouillé de ce qui pouvoit le recommander à l'intérêt des lecteurs.

Un ouvrage commencé sans dessein, exécuté autrement qu'il n'avoit été conçu, achevé d'une manière peu conforme aux désirs primitifs de l'auteur, se présente aux lecteurs sous de bien mauvais auspices. J'en conviens et peut-être après avoir fait l'aveu de tout ce qui est à son désavantage, seroit-ce ici le lieu d'exposer ce qui peut lui gagner quelque estime; mais ce soin est superflu: les lecteurs sauront bien en juger par eux-mêmes. Si j'ai mieux fait connoître La Fontaine, en rapprochant les circonstances de sa

sculpteur, dans une lettre qu'il a bien voulu nous écrire à ce sujet, rend aussi témoignage à l'exactitude avec laquelle le graveur a su reproduire ce tableau de Le Brun, et il avoue que cette copie, exécutée par un excellent burin, lui a été d'une grande utilité pour l'exécution de sa statue.

DE LA VIE ET DES OUVRAGES

DE

J. DE LA FONTAINE.

LIVRE PREMIER.

J'ENTREPRENDS d'écrire la vie de La Fontaine, ou plutôt je vais entretenir mes lecteurs de La Fontaine et de ses ouvrages; car aucun événement digne d'être raconté n'a signalé le cours de sa longue et heureuse carrière. Ses premières poésies, dès qu'elles parurent, ui acquirent une grande réputation. Il fut chéri et 'oué par les écrivains les plus illustres de son temps; les hommes les plus remarquables par leurs hauts faits, leurs talents, leur puissance ou leurs richesses, es femmes les plus célèbres par le rang, les grâces ou l'esprit, recherchèrent sa société, protégèrent ou charmèrent ses loisirs : l'amitié lui épargna même jusqu'aux soins et aux soucis de sa propre existence. Il laissa doucement couler ses jours, et s'abandonna sans contrainte à ses goûts et à son

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