Page images
PDF
EPUB

Pour une dragonne; franche dragonne; une diablesse qui te rembarre, & fe moque de tout ce que tu peux lui dire. Mais il n'y a point à raisonner là-deffus. Tu le veux, Amour ; il faut être fou comine beaucoup d'autres. Cela n'eft pas le mieux du monde à un homme de inon âge; mais qu'y faire? On n'est pas fage quand on veut; & les vieilles cervelles fe démontent comme les jeunes.

Je viens voir fi je ne pourrai point adoucir ma tigreffe par une ferénade. Il n'y a rien, par fois, qui foit fi touchant qu'un amant qui vient chanter fes doléances aux gonds & aux verroux de la porte de fa maîtreffe.

(après avoir pris fon luth.)

Voici de quoi accompagner ma voix. O nuit, ô chere Buit, , porte mes plaintes amoureufes jufques dans le lit de mon inflexible.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Se non dormite,
Almen penfate
Alle ferite

Ch' al cuor mi fate,
D'almen fingete
Per mio conforto,
Se m'uccidere,
D'haver il torto;

Vostra pietà mi scemerà il martiro.

Nott' e di v'am' & v'adoro,
Cerc' un si per mio ristoro,
Ma fe voi dite di no,
Bell' ingrata, io morirò.

SCENE I I.

POLICHINELLE, UNE VIEILLE à la fenêtre.

LA VIEILLE chante.

ZERBINETTI

ERBINETTI, ch' ogn' hor con finti fguardi,
Mentiti defiri,

Fallaci fofpiri,
Accenti buggiardi,

Di fede vi preggiare,
Ah! Che non in'ingannate.
Che gia sò per prova,
Ch' in voi non fi trova
Conftanza ne fede;

Oh! Quanto è pazza colei che vi crede.

Quei fguardi languidi
Non m'innamorano,
Quei fofpir' fervidi

Più non m'infiammano,

Vel' giuro à fe.
Zerbino mifero,
Del vostro piangere
Il mio cuor libero
Vuol fempre ridere;
Credet à me

Che gia so per prova,
Ch' in voi non fi trova

Conftanza ne fede;

Oh! Quanto è pazza colei che vi crede.

[merged small][ocr errors]

POLICHINELLE, VIOLONS derriere le theatre.

LES VIOLONS commencent un air.

POLICHINELLE.

UELLE impertinente harmonie vient interrom

pre ici ma voix!

LES VIOLONS continuent à jouer.

POLICHINELLE.

Paix-là, taisez-vous, yiolons. Laissez-moi me plaindre à mon aife des cruautés de mon inexorable. LES VIOLONS de même. POLICHINELLE.

Taifez-vous, vous dis-je, c'est moi qui veux chanter. LES VIOLONS. POLICHINELLE.

Paix donc.

LES VIOLONS.

POLICHINELLE

[blocks in formation]

J'enrage.

LES VIOLONS.
POLICHINELLE.

LES VIOLONS.
POLICHINELLE.

Vous ne vous tairez pas? Ah, Dieu foit loué!
LES VIOLONS.
POLICHINELLE.

Encore!

LES VIOLONS.
POLICHINELLE.

Pefte des violons!

LES VIOLONS.
POLICHINELLE.

La fotte musique que voilà.

LES VIOLONS.

POLICHINELLE chantant pour se moquer

des violons.

[blocks in formation]

LES VIOLONS.

POLICHINELLE de même.

La, la, la, la, la, la.

LES VIOLONS.

POLICHINELLE de même

La, la, la, la, la, la.

LES VIOLONS.

POLICHINELLE.

Par ma foi, cela me divertit. Pourfuivez, Messieurs

( n'entendant plus

rien.)

les violons; vous me ferez plaifir. Allons donc, continuez. Je vous en prie.

SCENE I V.

POLICHINELLE feul.

VOILA le moyen de les faire taire. La mufique

eft accoutumée à ne point faire ce qu'on veut. Or fus, à nous. Avant que de chanter, il faut que je prélude un peu, & joue quelque piece, afin de mieux prendre mon ton.

Il prend fon luth, dont il fait femblant de jouer, en imitant avec les levres & la langue le fon de cet inftrument.)

Plan, plan, plan. Plin, plin, plin. Voilà un tems fâcheux pour mettre un luth d'accord. Plin, plin, plin. Plin, tan, plan. Plin, plin. Les cordes ne tiennent point par ce tems-là. Plin, plin. J'entens du bruit. Mettons mon luth contre la porte.

« PreviousContinue »