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les forces de votre corps par d'honnêtes éxercices, vous vous trouviez fans ceffe hors d'état. foit par foibleffe, foit par lourdife, d'aider vos amis, vos parents, de vous aider vous-même, dans une foule d'événements auxquels l'homme n'eft que trop expofé fur ce globe & où, pour y remédier, il s'agit d'opérer plus du corps que de l'efprit. Comptable de votre cœur & de votre raifon à Dieu & à la Société, vous le leur êtes auffi de votre corps.

D'où je conclus que, pour être jufte & bienfaifant au degré convenable, vous devez exercer les qualités de votre Coeur, cultiver les dons de votre Efprit & perfectionner les facultés de votre Corps trois objets dont nous nous occuperons dans les Leçons fuivantes.

:

QUESTIONS.

ere. Que faut-il faire pour s'affurer qu'une action ne fera point mauvaise?

2de. Comment peut-on être fûr qu'elle fera bonne ? 3 me. Pourquoi notre fenfibilité au bien & au mal doit-elle nous fervir de regle de conduite envers les

autres ?

4me. Ne fuffit-il pas, pour bien agir envers les autres, de ne leur point faire de mal?

5me. Si, croyant faire du bien aux autres, je leur fais du mal, fuis-je coupable?

6me. Le chagrin que reffent un homme envieux de mes charges, de ma fortune, retombe-t-il fur moi ? 7me. Le Chirurgien qui, faifant l'amputation d'une jambe, caufe des douleurs horribles au Patient, n'at-il rien à fe reprocher?

8me. Ne peut-on pas, avec raifon, inculper un Juge qui condamne un Criminel à la potence, à la roué, au feu, fupplices qu'il ne voudroit pas fubir lui-même ?

(

9me. Quel mal fais-je à autrui, fi je ne cultive ni ma Mémoire, ni mon Jugement?

10me. Quel mal lui fais-je, fi j'affoiblis mon Corps par trop ou trop peu d'exercices, par intempérance fur tout?

II me. En quoi fuis-je coupable d'être lourd, pefant, mal-adroit ?

12me. Pourquoi fuis-je comptable à Dieu & à la Société non-feulement de mon Coeur & de mon Efprit, mais auffi de mon Corps?

LA

MORALE

DE

L'ADOLESCENCE.

SECONDE PARTIE.

QUALITÉS DU COEUR A EXERCER.

QUATORZIEME LEÇON.

C'EST

Juftice envers nos Parents.

'EST dans votre cœur, mon cher Difciple, qu'il faut puifer les maximes de cette Leçon : elles y font gravées des mains de la Nature & en caracteres ineffaçables.

Vos Parents ne le font pas tous au même degré. J'apperçois, au premier rang, votre pere & votre mere. Viennent enfuite vos freres & foeurs, vos grands peres, grand's meres, oncles, tantes, grands oncles, grand's tantes, neveux, nieces, coulins, couiines: ce font-là, à proprement parler, les feuls & réels Parents, les Parents du choix de la Nature. Il en eft néanmoins encore d'autres, mais qui ne le font que par Al

f

liance, que parce qu'ils ont avec les premiers un rapport intime & ce font les beaux-peres, les belles-meres, les beaux-fils, les belles-filles, les . beaux-freres, les belles-foeurs &c.

Vos devoirs ne font pas les mêmes envers tous ces Parents. Ils doivent tous être honorés, j'en conviens, principalement s'ils ont de l'âge (1), s'ils font du Beau-Sexe (2): mais votre respect, le plus grand, le plus profond que vous puiffiez exprimer, après celui qui appartient à Dieu, votre fincere affection, vos fecours efficaces & de toute efpece, de tout genre, ne font dus qu'à votre pere & à votre mere. Les autres Parents en s'éloignant par degrés de la fource de votre existence, ont auffi par degrés de moindres droits à votre cœur. D'où je tire ces quatre Maximes.

PREMIERE MAXIME. Il eft de votre Juftice de refpecter profondément votre Pere & votre Mere : parce qu'ils ont eu fur vous, dès votre berceau, une autorité qu'ils tenoient de la Nature, parce qu'ils ont été & font encore, à votre égard, les Repréfentants de l'Etre-Suprême.

SECONDE MAXIME. Il eft de votre Juftice d'aier tendrement votre Pere & votre Mere: parce qu'ils n'ont fait & ne font ufage de leur autorité que pour votre bonheur. D'après ce principe & celui-ci, qui eft une vérité de fentiment, favoir

(1) A Lacédémone, tout Vieillard étoit refpecté. Un homme d'âge cherchoit une place aux Jeux Olympiques; & perfonne ne fe dérangeoit, pour lui en donner une. Il ne fut pas plutôt au Quartier des Lacédémoniens que tous les Jeunes-Gens fe leverent par refpe&t, ce qui leur méritá les acclamations de la Grece affemblée. Sur quoi, un Vieillard s'écria: Grands Dieux, tous les Grecs connoient la vertu, mais il n'y a que les Lacédémoniens qui la pratiquent.

(2) Dans un homme bien né, le refpe&t pour le BeauSexe n'eft qu'une fuite de l'amour filial.

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qu'il n'eft pas dans la Nature d'affliger volontairement ce qu'on aime, il réfulte que, pour donner des preuves d'amour filial à votre Pere & à votre Mere, vous devez remplir tous vos devoirs, vous devez être foumis à leurs ordres vous devez vous efforcer de contribuer à leur félicité par vos vertus & par vos talents; c'eft d'ailleurs en les rendant heureux que vous le ferez vous-même.

TROISIEME MAXIME. Il eft de votre Juftice de fecourir, autant que vous le pouvez, votre Pere & votre Mere dans leurs maux, puifqu'ils n'ont ceffé de vous fecourir eux-mêmes depuis les premiers moments de votre exiftence. Ils n'ont épargné, pour vous, ni foins ni argent en épargneriezvous, pour eux, fi l'occafion fe préfentoit ? Que je te plains, Jeune-Homme, fi le remods déchire ton cœur, quand la terre s'entr'ouvrira pour recevoir le cadavre de ton pere ou de ta mere!... Que je te plains, fi, dans cet inftant terrible, tu peux te reprocher de ne leur avoir pas fait tout le bien que tu pouvois leur faire!

QUATRIEME MAXIME. Il eft de votre Juftice de refpecter, d'aimer & de fecourir, mais proportionnément à vos liaisons, tous vos autres Parents, soit de nature, foit d'alliance. Cette maxime fe déduit des trois précédentes : elle eft fur-tout une conféquence du refpect & de l'amour que vous devez avoir pour votre Pere & votre Mere. Si vous méprifiez ceux qu'ils refpectent, fi vous haiffiez ceux qu'ils aiment, leur témoigneriezvous bien dignement votre amour & votre refpect?

Tels font, cher Difciple, vos devoirs à l'égard de vos Parents: devoirs auxquels, même dans des temps de barbarie, l'homme d'honneur n'a jamais manqué. Il y a eu des hommes, des fem

mes

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