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gion; &, lorsque vous en ferez digne, on vous en inftruira, non pour les difcuter, mais pour les croire.

QUESTIONS.

Tere. L'indivifibilité de la fubfiance de Dieu prouve-t-elle qu'il n'eft point matiere ?

2de. Suffit-il, pour nier l'exifience de l'efprit, de n'en point avoir d'idée nette ?

3me. A quels autres myfteres peuvent conduire ceux de la Nature?

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SEPTIEME LEÇON.

Dieu eft un Etre Tout-Puissant.

COMBIEN grand eft le pouvoir d'un Etre qui a tout fait de rien! Le ciron, cet infecte à peine vifible qui s'engendre fous la peau de I'homme, eft feul une démonftration complete de la puiffance divine. Il a des entrailles, des nerfs, des arteres, du fang & un cœur comme nous. Comme nous, il jouit des 5 fens de la Na`ture, c'est-à-dire, de la vue, de l'ouie, du goût, de l'odorat, du tact; il reproduit fon efpece; il pourvoit à fes befoins; il a le fentiment délicieux de fon exiftence. La ténuité des parties de matiere qu'il falloit mettre en œuvre dans la formation de cet animal délicat n'a point arrêté l'Artifte Suprême. Créateur des éléments, il les a fait plier au gré de fes deffeins. Si nous admirons un Ouvrier qui, avec de l'acier, du cuivre & des outils, fait enchâffer une Montre dans nos Bagues, de quelle furprife ne devons-nous pas

être frappés à la vue de cette frêle & ingénieufe machine conftruite fans matériaux !

Jettons les yeux fur ces Globes de feu qui roulent majeftueufement au-deffus de nos têtes.. Le nombre en eft immenfe (1). Qui fupputera ceux de la Voie Lactée? Qui dira combien d'Aftres embelliffent le Firmament? Une main puiffante les y a répandus comme le fable fur le bord de la Mer; & leurs cours réguliers, ainfi que leur fplendeur éclatante, dépendent d'elle. Parcourons les vaftes plaines de l'Atinofphere: des milliers d'oiseaux qui y fubfiftent, la foudre & les éclairs qui s'y forment, les vents qui y regnent, la pluie, la neige, la grêle & la rofée qui en découlent, font autant de preuves de la puiffance infinie de Dieu. Defcendons fur la Terre, pénétrons jufques dans fes entrailles profondes, jufques dans les abymes des Eaux, & tout nous y annoncera, tout y célébrera la même puiffance.

Mortels orgueilleux, nous nous croyons quelque chofe d'important fur ce Globe terreftre!.. Un jour viendra où le Tout-Puiffant, en un clin d'œil, nous brifera de fon fceptre terrible ni les richeffes, ni les dignités, ni le crédit n'auront pu prolonger d'un feul moment notre exiftence. Que l'Etre Suprême le veuille & le Potentat eft auffi-tôt réduit à une vie obfcure, le Traitant à mendier fon pain, l'Académicien à l'ignorance & à la ftupidité. Sa volonté puiffante éleve ou renverfe, crée ou détruit, comme il lui plaît & quand il lui plaît.

(1) Nos Ancêtres n'avoient guere obfervé que 1888 Etoiles fixes mais, depuis la perfection du Télescope par le célebre Mr. Herfchel qui, de fimple Soldat Hanovrien, eft devenu le premier Aftronome de l'Europe, nous en reconnoiffons déjà plus de 75 millions.

QUESTIONS.

1ere. Dieu eft-il tout-puissant ?

2de, Comment le ciron feul vous en donne-t-il une démonftration évidente?

3me. Quelle différence y a-t-il entre l'Artifie Suprême & le plus habile Mécanicien ?

4me. Eft-il un feul Etre dans l'Univers qui n'y célebre la toute-puissance du Créateur ?

5me. N'y a-t-il pas auffi des Hommes toutpuissants?

HUITIEME LEÇON.
Dieu eft un Etre fage.

LA fageffe confifte à ne rien entreprendre fans

deffein & à n'embraffer, dans l'exécution de fes entreprifes, que des moyens de la plus grande efficacité.

Or telle a été & telle eft encore la conduite de Dieu dans tous fes ouvrages. Il favoit, par exemple, dès le premier moment de la Création, que l'Homme, dont il vouloit faire le bonheur, ne fe fuffiroit jamais à lui-même, n'étant pas d'une nature divine; & en conféquence cet Etre, auffi fage que puiffant, grava dans le cœur des Peres & des Meres du Genre Humain une tendreffe ineffaçable pour leurs Enfants & dans le cœur de tous les Hommes un penchant invincible les uns vers les autres. Quoi de plus fage! Sans cette tendreffe de nos Parents, loin de jouir agréablement de l'existence, nous péririons tous en naiffant, n'ayant alors ni connoiffance de nos befoins, ni force pour y fubvenir. Sans cette tendreffe, nos Parents, qu'aucun acte de bienveillance ne nous auroit rendus chers, ne fe re

poferoient point fur notre gratitude dans leur caducité. Sans cette même tendreffe des Peres & des Meres pour leurs Enfants, fans cette gratitude des Enfants pour leurs Peres & leurs Mcres, fans ce penchant de tous les Hommes lesuns vers les autres, l'Homme à l'Homme indifférent végéteroit feul au milieu de tous, en bête féroce, en efclave plutôt qu'en Roi de la Terre; il n'y auroit point de champs cultivés, point de maifons conftruites, point d'afyles contre la tyrannie, point de fecours dans les douleurs, &, ce qui feroit encore plus trifte, point d'union, point d'amitié, ce fentiment fi néceffaire à tout Etre qui penfe; la vie enfin feroit un fardeau pefant, dont on ne pourroit être foulagé, ni par l'éclat brillant des Cieux, ni par le retour bienfaifant des Saifons. C'eft donc avec la plus grande fageffe que l'Etre Suprême nous a, pour ainfi dire, enchaînés les uns aux autres.

La même fageffe fe manifefte dans tout ce que Dieu a formé ; & vous en ferez pleinement convaincu, en jettant les yeux fur le inécanifine de votre corps, fur celui des autres Animaux fur celui des Plantes, fur le jeu des Eléments fur le mouvement des Aftres, fur l'harmonie merveilleufe de toutes les parties de la Nature, QUESTIONS.

Tere. En quoi confifie la fageffe?
2de. Dieu eft-il un Etre fage?

3me. Quelle preuve de la fageffe divine pouvezvous tirer de la tendreffe des Peres & des Meres envers leurs Enfants?

4me. Quelle autre preuve de la fageffe divine déduifez-vous du penchant du penchant que l'Etre Suprême a gravé dans le cœur de tous les Hommes les uns pour les autres ? 5me. Ne peut-on pas donner quelque autre démonftration ?

NEUVIEME

NEUVIEME LEÇON.

Dieu eft un Etre bon.

MALHEUR à vous, fi, ayant admiré les chefs

d'oeuvres de la fageffe du Très-Haut, vous n'en reconnoiffiez pas auffi-tôt la bonté ! Infenfibles à fes bienfaits, mériteriez-vous d'en jouir ? ...

P

En créant l'Univers, Dieu n'avoit certainement pas deffein de fe rendre heureux : parce que, dans la fuppofition que l'Univers eût été néceffaire à fon bonheur, comme cet Etre eft éternel, l'Univers lui eût été éternellement néceffaire, & dès-lors il l'auroit créé de toute éter nité. Or une création éternelle, c'eft-à-dire, un commencement fans commencement révolte la raifon. Dieu n'a donc pas créé l'Univers pour fon bonheur. Il l'a cependant créé par quelque motif, puifqu'il eft fage. Ce motif, vous l'appercevez à chaque inftant de votre vie; c'étoit de vous faire jouir d'une exiftence agréable, c'étoit d'en faire jouir d'autres créatures femblables à vous & auxquelles ce bienfait n'étoit pas dû plus qu'à vous car rien n'est dû à qui n'a pas enCore mérité & l'on ne peut pas mériter avant d'exifter.

pas le feul

Le bonheur de l'exiftence n'eft le feul que vous teniez de l'Etre Suprême. Cette fatisfaction intérieure & inexprimable, dont vous êtes fi vivement pénétré, lorfque vos Parents, vos Maitres, vos Amis, vos Domeftiques, fe louent de votre conduite, en eft une feconde faveur : fatisfaction dont les Brutes font incapables: fatiffaction par laquelle vous êtes autant au-deffus de

B

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