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Robespierre lui succède à la tribune pour répondre à l'inculpation dirigée contre lui. Il fait l'historique ou plutôt l'éloge de sa conduite politique ; il rappelle les bénédictions du peuple qui lui furent tant de fois prodiguées, le mépris des richesses et des honneurs offerts par la cour durant l'assemblée constituante, l'énergie avec laquelle il démasqua les hypocrites et ter rassa les factieux de tous les partis. Il est interrompu par Osselin, qui lui demande quand finira cette longue harangue, et s'il ne veut pas donner en quatre mots une explication franche.

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Réponds à cette question, lui crie Lecointre-Puiraveaux: As-tu aspiré à la dictature ou au triumvirat ? »

e On veut, reprend Robespierre. que je réponde simplement à une question de cette nature. Je déclare que je ne suis point accusé, mais que cette inculpation est un crime, que ce crime n'est pas dirigé pour me perdre, mais pour perdre la chose pu blique. Il est souvent interrompu par violens murmures ou des éclats de rire; il n'en est pas déconcerté, il continue à

de

parler de lui, et termine astucieusement par demander que la république française ne soit qu'un état formant un même tout et soumis à des loix uniformes.

Barbaroux, député de Marseille, vient aggraver la dénonciation faite contre Ro bespierre, et s'offre de la signer. Il cite en fait, qu'après la révolution du 10 août, les Marseillais, qui y avoient si courageusement contribué, furent recherchés par les différeas partis qui divisoient alors Paris qu'on les fit venir chez Robespierre, et que là, Panis leur désigna nominativement Robespierre, comme l'homme vertueux qui devoit être dictateur de la France: il retrace la conduite de la commune de Paris lui reproche l'envoi de ses commissaires dans les départemens; les mandats d'arrêt lancés par elle, contre des députés du corps législatif et contre le ministre Roland; cette fameuse circulaire, où elle écrit à toutes les communes de la république de se coaliser avec elle, d'approuver tout ce qu'elle a fait, de reconnoître en elle la réunion des pou voirs; enfin, cette opposition là même au décret qui appelle à Paris une garde prise

dans les 83 départemens, pour entourer la représentation nationale. Tous ces faits ne prouvent-ils pas l'existence d'une dictature? Il termine par annoncer la prochaine arrivée à Paris, de huit cent nouveaux Marseillais, et déclare que si Robespierre veut reconnoître faute, il renonce à pour

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suivre son accusation.

encore,

Cambon atteste les faits énoncés contre la commune ; il ajoute qu'il a vu des minicipaux fouiller les papiers dans les dépôts, s'immiscer dans la comptabilité des caisses publiques, et y mettre les scellés. « Je les ai dit-il, aller dans tous les édifices nationaux, s'emparer de tous les effets les plus précieux, sans même dresser aucun procès-verbal de ces enlèvemens, et lorsqu'un décret a ordonné que ces effets seroient apportés à la trésorerie, j'ai vu encore ce décret rester sai rester sans exécution. Plusieurs autres députés allèguent de nouveaux griefs contre la commune,

A des imputations si graves et si multipliées, Panis veut entreprendré de répondre et de justifier ses collègues et lui. Il avoue les mandats d'arrêt décernés contre les

députés; mais il les rejette sur la nécessité de parer aux trahisons continuelles de la cour, dans lesquelles on assurcit qu'ils avoient pris part. « C'étoit moins pour notre propre sûreté, dit-il, que pour celle de l'assemblée nationale qui étoit menacée, que nous avons agi; et l'on nous fait un crime des moyens que nous avons pris pour la sauver! Brissot étoit soupçonné d'entretenir une correspondance secrette avec le cabinet de Londres: eh bien! nous avons envoyé chez lui de nos commissaires visiter ses papiers, pour le préserver de la fureur populaire, et rendre sa justification plus éclatar te. Nous sommes instruits que les plus riches maisons faisoient exporter leur numéraire et leur argenterie; nous envoyons des hommes chargés de notre confiance arrêter ce désordre, notamment chez madame de Louvois, à Hansi-leFranc, où ils manquèrent d'être égorgés. Y a-t-il rien dans tout cela qu'on puisse nous reprocher? Quant à l'imputation de Barbaroux, j'atteste, sur mon serment, que je ne lui ai point parlé de dictature, et

que j'ignore d'où il a pu inférer une telle accusation ».

Marat veut lui succéder à la tribune: il en est écarté d'abord avec horreur; mais l'assemblée desirant ensuite qu'il soit entendu, dans l'espérance d'en tirer quelques éclaircissemens, il obtient la parole pour faite fréinir tout l'auditoire.

« Qu'on cesse d'accuser, dit-il, Robes pierre, Danton et autres..... Moi seul ai donné l'idée du tribunat, du triumvirat, de la dictature, comme il vous plaira, et je ne crains pas que le peuple m'en désavque; il connoît mes principes et mon attachement à ses intérêts. Qui, je le déclare, doulou reusement affecté des crises violentes dont la patrie étoit agitée, la voyant pite à s'engloutir sous ses ruines, je n'ai vu qu'un seul moyen de la sauver, la dictature, et je l'ai proposée; mais je voulois qu'elle fût déposée dans les mains d'un homme probę et fort de caractère, qui pût avec tranquillité et justice faire tomber la tête des coupables. Déjà cent mille patriotes sont morts victimes de la scélératesse, cent mille autres sont encore menacés.

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