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PENSÉES. arrivée, et ensuite tout fort. Mais quand ils le font si troublé, c'est quand il se trouble lui-même; et quand les hommes le troublent, il est tout fort.

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L'Église a eu autant de peine' à montrer que Jésus-Christ était homme, contre ceux qui le niaient?, qu'à montrer qu'il était Dieu ; et les apparences étaient aussi grandes'.

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JÉSUS-CHRIst est un Dieu dont on s'approche sans orgueil', et sous lequel on s'abaisse sans désespoir 6.

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La conversion des païens ' n'était réservée qu'à la grâce du Messie. Les Juifs ont été si longtemps à les combattre sans succès : tout ce qu'en ont dit Salomon et les prophètes a été inutile. Les sages, comme Platon et Socrate, n'ont pu le persuader'.

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Les évangiles ne parlent de la virginité de la Vierge que jusques à la naissance "o de Jésus-Christ. Tout par rapport à Jésus-CHRIST.

JÉSUS-CHRIST, que les deux Testaments" regardent, l'Ancien comme son attente , le Nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre.

Les prophètes ont prédit", et n'ont pas été prédits. Les saints

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1 « L'Eglise a eu autant de peine. » 61. Manque dans P. R.

: « Contre ceux qui le niaient. » C'est la fameuse hérésie d'Eutychės, opposée à celle de Nestorius.

« Etaient aussi grandes. » C'est-à-dire les apparences qu'il n'était pas homme, ou qu'il n'était pas Dieu.

Jésus-Christ est un Dieu. » 467. Manque dans P. R. « Sans orgueil. » Non comme les stoiciens prétendaient s'approcher de Dieu.

a Sans désespoir. » Non comme les sceptiques ou les fatalistes, qui professent l'impuissance de l'homme.

ia La conversion des païens. » Dans la Copie. Manque dans P. R.

8 « Le persuader. » Ce le se rapporte peut-être au vrai Dieu que Pascal a dans la pensée. Les sages n'ont pu le persuader, c'est-à-dire persuader de lui, le faire croire.

« Les Evangiles ne parlent. » 64. P. R., XIV.

« Que jusques à la naissance. » C'est-à-dire ils négligent de marquer qu'ensuite elle continua de demeurer vierge. !! « Jésus-Christ que les deux Testaments. » 485. P. R., ibid,

« Les prophètes ont prédit, » 61. P. R., ibid.

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ensuite sont prédits", mais non prédisants. JÉSUS-CHRIST est prédit et prédisant.

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JÉSUS-CHRIST pour tous, Moïse pour un peuple.

Les Juifs bénis en Abraham : « Je bénirai ceux qui te béniront » [Gen., XII, 3]. » Mais, « Toutes nations bénies en sa semence' [Ibid., XXII, 18]. » Lumen ad revelationem gentium “.

Non fecit taliter omni nationi", disait David en parlant de la loi. Mais, en parlant de Jésus-CHRIST , il faut dire : Fecit taliter omni nationi.

Parum est ut', etc. (Isaïe xlix, 6]. Aussi c'est à Jésus-CHRIST d'être universel. L'Eglise même n'offre le sacrifice que pour les fidèles’ : Jésus-Christ a offert celui de la croix pour tous *.

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ARTICLE XVII.

1.

La plus grande des preuves de JÉSUS-CHRIST sont les prophéties. C'est aussi à quoi Dieu a le plus pourvu; car l'événement qui

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« Sont prédits. » En général. Il est prédit qu'il y aura des saints, des élus. « Jésus-Christ pour tous. » 227. P. R., ibid.

« En sa semence. » C'est-à-dire, suivant Pascal, en Jésus-Christ, qui descend d'Abraham. Mais à l'endroit même que Pascal a cité tout à l'heure, en même temps que Dieu dit à Abraham : Je ferai sortir de toi une grande nation , et je te bénirai , et je bénirai ceux qui te béniront; le texte ajoute : Et en toi seront bénies toutes les familles de la terre.

* « Ad revelationem gentium. » « Lumière qui doit éclairer les Gentils. » Luc, II, 32. 5

« Omai nationi. » « Il n'en a pas fait autant pour toute nation. » Ps. CXLVII, 6 « Parum est ut. » Voici le texte entier : Parum est ut sis mihi servus ad susci. tandas tribus Jacob et fæces Israël convertendas. Ecce dedi le in lucem gentium , ut sis salus mea usque ad extremum terræ. « C'est peu que tu me serves à relever les v tribus de Jacob, et à purifier la fange d'Israël. Je t'établis pour être la lumière » des nations, et le salut que j'envoie jusqu'au bout de la terre.» Dans Isake, c'est au prophète lui-même que Dieu adresse ces paroles, que Pascal applique à Jésus-Christ.

? « Que pour les fidèles. » Dans la messe du vendredi saint seulement, où il n'y a pas de consécration et de sacrifice, l'Eglise prie pour les infidèles et pour les Juifs, pro perfidis Judæis.

« Pour tous. » C'est ce qu'on impritait aux jansénistes de ne pas croire. Voir la note 36 sur la Vie de Pascal.

9 « La plus grande des preuves, » 167. P. R., xv.

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les a remplies", est un miracle subsistant depuis la naissance de l'Église jusques à la fin. Aussi Dieu a suscité ? des prophètes durant seize cents ans ; et, pendant quatre cents ans après, il a dispersé toutes ces prophéties, avec tous les Juifs qui les portaient, dans tous les lieux du monde. Voilà quelle a été la préparation à la naissance

a de Jésus-Christ, dont l'Évangile devant être cru de tout le monde, il a fallu non-seulement qu'il y ait eu des prophéties pour le faire croire, mais que ces prophéties fussent par tout le monde, pour le faire embrasser par tout le monde 6.

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Quand un seul homme aurait fait un livre des prédictions de JÉSUS-CHRIST', pour le temps et pour la manière', et que JésusChrist serait venu conformément à ces prophéties , ce serait une force infinie. Mais il y a bien plus ici. C'est une suite d'hommes, durant quatre mille ans ', qui, constamment et sans variation, viennent, l'un ensuite de l'autre, prédire ce même avénement. C'est un peuple tout entier qui l'annonce, et qui subsiste pendant quatre mille années, pour rendre en corps témoignage des assurances qu'ils en ont, et dont ils ne peuvent être détournés par quelques menaces et persécutions qu'on leur fasse : ceci est tout autrement considérable.

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Le temps, prédit par l'état du peuple juif, par l'état du peuple

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« Qui les a remplies. > C'est-à-dire, qui les a accomplies.

« Aussi Dieu a suscité. » Cet aussi fait suite à c'est à quoi Dieu a le plus pourvu. La phrase, Car l'événement, etc. est comme entre parenthèses.

« Durant seize cents ans. » En nombre rond. Pascal compte depuis Abraham , qu'il considère comme le premier des prophètes , jusqu'au rétablissement de Jérusalem et du Temple, l'an 454 avant J.-C.

a Quatre cents ans. » En nombre rond, depuis cette époque jusqu'à JésusChrist même. C'est pendant cette période que les Juifs se répandirent dans Alexaudrie, dans l'Asie Mineure , et de la dans la Grèce et dans l'empire romain.

« Par tout le monde. » Encore une de ces répétitions où se plait Pascal.
« Quand un seul homme. » 167. En titre, Prophéties. P. R., ibid.

« Des prédictions de Jésus-Christ, » C'est-à-dire des prédictions ayant pour objet Jésus-Christ.

6 « Pour le temps et pour la manière. » (f. xx, 7.

• « Durant quatre mille ans. • Il remonte ici jusqu'à la création ; il part d'Adam et non d'Abraham. Cf. XI, 5.

10 « Le temps prédit. » 405. En titre , Prophélies. P. R., xv. C'est le temps de l'avénement de Jésus-Christ, lequel avénement a été prédit, comme dit le paragraphe précédent, pour le temps et pour la manière.

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païen, par l'état du temple, par le nombre des années. Il faut être hardi pour prédire une même chose en tant de manières.

Il fallait que les quatre monarchies idolâtres ou païennes, la fin du règne de Juda, et les soixante-dix semaines arrivassent en même temps, et le tout avant que le deuxième temple fût détruit'.

1 « Que le deuxième temple fût détruit. » Chacune des parties de cette phrase répond à chacune des parties de la phrase précédente. Les quatre monarchies, c'est l'état du peuple païen; la fin du règne de Juda, c'est l'état du peuple juif; les 70 semaines (semaines d'années), c'est le nombre des années; avant que le deuxième temple fût détruit, c'est l'état du temple.

Cette phrase n'étant que le résumé des prophéties de Daniel, nous croyons devoir donner ici la traduction d'une suite de passages de Daniel par Pascal lui-même, telle qu'on la trouve aux pages 309, 289, 293, 295 du manuscrit. Pascal a mis de temps en temps des notes explicatives, auxquelles nous renverrons par des lettrines. Il avait traduit aussi d'autres passages des prophètes.

« Daniel, 11, [27]. Tous vos devins et vos sages ne peuvent vous découvrir le » mystère que vous demandez.

» Mais il y a un Dieu au ciel, qui le peut, et qui vous a révélé dans votre songe » les choses qui doivent arriver dans les derniers temps (a).

» Et ce n'est pas par ma propre science que j'ai eu connaissance de ce secret, > mais par la révélation de ce même Dieu, qui me l'a découverte pour la rendre » manifeste en votre présence.

» Votre songe était donc de cette sorte. Vous avez vu une statue grande, haute > et terrible, qui se tenait debout devant vous la tête en était d'or, la poitrine et » les bras étaient d'argent; le ventre et les cuisses étaient d'airain, et les > jambes étaient de fer, et les pieds étaient mêlés de fer et de terre (b). Vous la contempliez toujours en cette sorte, jusqu'à ce que la pierre taillée sans mains [le sens du texte est, détachée sans mains, qui se détache de la montagne sans » qu'une main la pousse], a frappé la statue par les pieds mêlés de fer et de terre, » et les a écrasés.

» Et alors s'en sont allés en poussière et le fer, et la terre, et l'airain, et l'argent, et l'or, et se sont dissipés en l'air; mais cette pierre qui a frappé la statue >> est crue en une grande montagne, et elle a rempli toute la terre. Voilà quel a été » votre songe, et maintenant je vous en donnerai l'interprétation.

» Vous qui êtes le plus grand des rois, et à qui Dieu a donné une puissance si » étendue que vous êtes redoutable à tous les peuples, vous êtes représenté par la » tête d'or de la statue que vous avez vue. Mais un autre empire succédera au vôtre, > qui ne sera pas si puissant, et ensuite il en viendra un autre d'airain qui s'éten» dra par tout le monde.

» Mais le quatrième sera fort comme le fer, et de même que le fer brise et perce > toutes choses, ainsi cet empire brisera et écrasera tout.

» Et ce que vous avez vu, que les pieds et les extrémités des pieds étaient com> posés en partie de terre et en partie de fer, cela marque que cet empire sera di» visé, et qu'il tiendra en partie de la fermeté du fer, et de la fragilité de la terre. » Mais comme le fer ne peut s'allier solidement avec la terre, de même ceux qui » sont représentés par le fer et par la terre, ne pourront faire d'alliance durable, » quoiqu'ils s'unissent par des mariages.

> Or ce sera dans le temps de ces monarques que Dieu suscitera un royaume qui > ne sera jamais détruit, ni jamais transporté à un autre peuple. Il dissipera et > finira tous les autres empires, mais pour lui il subsistera éternellement, selon ce » qui vous a été révélé de cette pierre, qui n'étant pas taillée de mains, est tombée

(a) Il fallait que ce songe lui tint bien au cœur. (b) Argile.

» de la montagne, et a brisé le fer, la terre, et l'argent et l'or. Voilà ce que Dieu » vous a découvert des choses qui doivent arriver dans la suite des temps. Ce songe » est véritable, et l'interprétation en est fidèle. Lors Nabuchodonosor tomba le » visage contre terre, etc.

D Daniel, vIII, [8]. Daniel ayant vu le combat du bélier et du bouc qui le vain» quit, et qui domina sur la terre; duquel la principale corne étant tombée, quatre >> autres en étaient sorties vers les quatre vents du ciel; de l'une desquelles étant » sortie une petite corne, qui s'agrandit vers le midi, vers l'orient, et vers la terre » d'Israël, et s'éleva contre l'armée du ciel, en renversa des étoiles, et les foula > aux pieds, et enfin abattit le Prince, et fit cesser le sacrifice perpétuel, et mit en » désolation le sanctuaire...

» Voilà ce que vit Daniel. Il en demandait l'explication, et une voix cria en cette >> sorte: Gabriel, faites-lui entendre la vision qu'il a eue. Et Gabriel lui dit :

» Le bélier que vous avez vu est le roi des Mèdes et des Perses, et le bouc est » le roi des Grecs, et la grande corne qu'il avait entre les yeux, est le premier roi » de cette monarchie.

» Et ce que, cette corne étant rompue, quatre autres sont venues en la place, >> c'est que quatre rois de cette nation lui succéderont, mais non pas en la même > puissance.

. Or, sur le déclin de ces royaumes, les iniquités étant accrues, il s'élèvera un >> roi insolent et fort, mais d'une puissance empruntée, auquel toutes choses suc» céderont à son gré : et il mettra en désolation le peuple saint, et réussissant dans » ses entreprises avec un esprit double et trompeur, il en tuera plusieurs, et s'élè» vera enfin contre le prince des princes, mais il périra malheureusement, et non » pas néanmoins par une main violente.

» Daniel, IX, 20. Comme je priais Dieu de tout mon cœur, et qu'en confessant >> mon péché et celui de tout mon peuple, j'étais prosterné devant mon Dieu, voici : » Gabriel, lequel j'avais vu en vision dès le commencement, vint à moi et me tou» cha, au temps du sacrifice du vêpre [du soir], et me donnant l'intelligence, me » dit: Daniel, je suis venu à vous pour vous ouvrir la connaissance des choses. Dès » le commencement de vos prières, je suis venu pour vous découvrir ce que vous » désirez, parce que vous êtes l'homme de désirs. Entendez donc la parole, et entrez » dans l'intelligence de la vision. Soixante-dix semaines sont prescrites et détermi» nées sur votre peuple et sur votre sainte cité, pour expier les crimes, pour > mettre fin aux péchés, et abolir l'iniquité, et pour introduire la justice éternelle, » pour accomplir les visions et les prophètes, et pour oindre le saint des saints (a). » Sachez donc et entendez. Depuis que la parole sortira pour rétablir et réédifier » Jérusalem, jusqu'au prince Messie, il y aura sept semaines et soixante-deux se» maines (b). Après que la place et les murs seront édifiés, dans un temps de trou» ble et d'affliction, et après ces soixante-deux semaines (c), le Christ sera tué, et > un peuple viendra avec son prince, qui détruira la ville et le sanctuaire, et inon» dera tout; et la fin de cette guerre consommera la désolation.

>> Or une semaine (d) établira l'alliance avec plusieurs; et même la moitié de la » semaine (e) abolira le sacrifice et l'hostie, et rendra étonnante l'étendue de l'abo>mination, qui se répandra et durera sur ceux mêmes qui s'en étonneront, jusqu'à » la consommation.

» Daniel, XI, [2]. L'ange dit à Daniel :

(a) Après quoi ce peuple ne sera plus votre peuple [Pascal s'adresse à Dieu même), ni cette cité la sainte cité. Le temps de colère sera passé, les ans de grâce viendront pour jamais.

(b) Les Hébreux ont coutume de diviser les nombres, et de mettre le petit le premier, c'est-à-dire 7 et 62 font donc 69: de ces 70 il en restera donc la 70°, c'est-à-dire les 7 dernières années, dont il parlera ensuite.

(c) Qui auront suivi les 7 premières. Le Christ sera donc tué après les 69 semaines, c'est-à-dire en la dernière semaine.

(d) Qui est la 70° qui reste.

(e) C'est-à-dire les derniers trois ans et demi.

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