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Pon a besoin de groffes pieces de Canon, on les fournira à proportion du befoin du requérant, en cas que ce foit pour agir dans fon Pays, ou dans ceux qui feront le plus près des Alliés, mais en l'un & en l'autre cas, ils feront fournis, & les dommages & réparations en feront payés à frais communs des Alliés. 99

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IX. Chaque Officier des Alliés aura Jurifdiction fur les Troupes qu'ils envoyeront au requérant, mais s'il arrivoit quelque chofe qui requit un Confeil Général de Guerre, on y joindra tous ceux qui y doivent affifter, & le Préfident en fera celui qui fuivant le feptieme Article aura le Directoire, & s'il ne veut ou ne peut pas y affifter, ce fera celui qui fera le premier en charge.,,

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X. Pour l'entretien des Troupes de chaque Allié le requerant fera obligé, quand elles feront dans fon Pays ou près des fiennes & pendant tout le temps qu'elles feront fous fa direction, de leur fournir des quartiers & de les traiter comme les fiennes 66 propres.

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XI. Et afin qu'il n'arrive aucune confufion par la conjoncture defdites Troupes, tous les Alliés drefferont ensemblement une Ordonnance de difcipline, fuivant laquelle toutes les Troupes conjointes feront traitées. Et parce auffi que toutes les Troupes auxiliaires ne fauroient porter avec eux toutes leurs provifions à la fois, le requérant fera obligé de leur fournir les provifions néceffaires pendant qu'elles feront dans fon Pays, & le prix lui en fera reftitué par les Alliés à proportion du fecours qu'ils font obligés de fournir. "

XII. En outre cette Alliance défensive durera trois ans confécutifs, à compter de la date des Préfentes, pendant lequel temps elle fera obfervée & fubfiftera inviolablement. Et il fera en liberté des Alliés de fe confédérer encore pendant lefdits trois ans pour prolonger encore cette dite Alliance.

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XIII. Et fi quelques-uns des Confédérés étoient encore, outre cette Alliance, compris dans quelque autre, en vertu de laquelle ils feroient tenus de donner quelque fecours à d'autres, le fecours ne fera fourni qu'en vertu de l'une ou de l'autre Alliance, & il fera libre au requérant de déclarer à laquelle des deux Alliances il s'en voudra tenir. Et quand un fecours aura été une fois envoyé, il sera soustrait du quantum, de ce que les Confédérés devront fournir. "

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XIV. Et fi dans le voifinage il venoit à fe faire quelque mouvement dont l'Empire pût recevoir quelque défavantage, les Alliés veulent bien autant qu'en eux fera, apporter tout le foin & la diligence poffible, afin que le point de la fûreté de l'Empire y foit ménagé & qu'il ne foit rien négligé à cet égard. "

XV. Et comme dans la négociation de cette Alliance, les Députés du Seigneur Duc Jean-Frédéric de Brunswick-Lunebourg qui y ont affifté, n'ont pu la figner, faute de Mandement fpécial dudit Prince, & que s'en étant

exempté, ils ont défiré qu'ils la puffent figner dans la fuite, cela leur a été accordé, pourvu qu'ils fe déclarent là-deffus avant l'expiration du temps limité pour la ratification des Préfentes, comme il eft contenu dans l'Article fuivant. "

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XVI. Il eft accordé & convenu que les Seigneurs principaux feront échanger leurs ratifications ici à Brunswick, dans le quatrieme d'Octobre prochain, vieux ftile. En témoin de quoi ont les Députés-Confeillers defdits Seigneurs Princes & Electeurs, figné & fcellé ces Préfentes, dont a été dreffé un inftrument pour chacun. Ainfi fait à Brunswick le 22 Août 1667. Signé

(L. S.) HENRI-FRANÇOIS NICOLAS.
(L. S.) FRÉDÉRIC DE JENA.
(L. S.) G. CHRIST. DE HAMERSTEIN.
(L.S.) PAUL-JOACHIM DE BULAW.
(L. S.) HIEROME DE GRAPENDORP.
(L. S.) REGNIER BADENHAUSEN.

No. V I. A

ALLIANCE

Entre le Roi d'Angleterre CHARLES II. & les Etats-Généraux des Provinces Unies.

C

La Haye, le 23 Janvier 2668.

E Traité d'Alliance fut une fuite de la Paix de Breda conclue entre les mêmes Puiffances. Voyez l'article BREDA. Du refte il n'étoit ni mieux combiné, ni plus folidement établi que la Triple Alliance qui fut fignée le même jour à La Haye entre le Roi d'Angleterre, les Etats-Généraux des Provinces- Unies & le Roi de Suede, dont nous allons parler plus amplement,

No. V I I.

TRIPLE ALLIANCE

Entre l'Angleterre, la Hollande & la Suede, le 25 Avril 1668.

LES

ES Plénipotentiaires des deux Couronnes, au Traité des Pyrenées, s'étoient exprimés affez nettement fur le peu de folidité des renonciations de l'Infante à fes Droits, pour fixer l'attention de toute l'Europe fur leurs restrictions. Cependant, foit qu'on efperât que le fils de Philippe IV continueroit la branche Autrichienne en Espagne, foit qu'on jugeat que les prétentions de Louis XIV étoient capables par elles-mêmes de réunir contre lui toutes les Puiffances, lorfqu'il entreprendroit de les faire valoir; l'Empereur & l'Empire, l'Angleterre & l'Italie, que le maintien de l'équilibre intéreffoit également, ne firent aucune difpofition relative à la crife qui le menaçoit. Les Hollandois feuls en témoignoient de l'inquiétude; & les Négociations du Miniftere de France avec eux, jufqu'en 1667, eurent pour objet principal de les familiarifer avec les prétentions du Roi, ou de les mettre hors d'état de les traverser.

Le Grand Penfionnaire de With avoit formé, en 1663, le projet d'une Barriere perpétuelle entre la France & la République, au moyen du Cantonnement de dix Provinces Espagnoles, qui, fe dérobant à la Domination de l'Espagne, auroient fait une feconde République, fous la Protection du Roi de France & des Etats - Généraux. L'Efpagne qui ne voyoit pour elle aucun avantage dans ce projet, lui en avoit oppofé un autre, de l'union des dix-fept Provinces en une feule & même République, liguée avec l'Espagne pour l'exécution du Traité des Pyrenées. Il eft fort probable que ce n'étoit qu'un piege qu'elle tendoit aux Etats-Généraux pour indifpofer Louis XIV contre eux Quoiqu'il en foit, le premier plan ne fouffroit point de difficulté fi Louis XIV vouloit concourir à son exécution. Mais, ainsi que le fecond, il étoit abfolument impoffible, fi le Roi ne l'agréoit pas. Les Pays-Bas étant pour lui, fi j'ofe me fervir de cette expreffion, le morceau friand de la fucceffion d'Efpagne, il étoit bien éloigné d'agréer aucun des deux projets, dont le plus favorable les lui enlevoit. Il rejetta hautement le plan d'union des dix-fept Provinces, & pour faire tomber celui du Cantonnement des dix Provinces Efpagnoles, il feignit de l'agréer, à condition que leurs Hautes-Puiffances reconnoftroient l'Infante Reine pour l'Héritiere actuelle de l'Infant Don Balthafar, fon frere du même Lit, quant au Pays-Bas ; & pour l'Héritiere préfomptive de la Couronne d'Espagne, au cas que l'Infant, depuis Charles II, mou

rût fans poftérité. L'Infant Don Balthazar, fils de Philippe IV, comme la Reine, de fon premier mariage avec Elifabeth de France, étoit mort; & Louis XIV parloit déja du Droit de dévolution, qui a lieu dans les Dix Provinces. Ainfi fon acceptation du projet de Cantonnement, fous ces conditions, étoit contradictoire. Le Grand Penfionnaire, qui le comprit, en abandonna l'idée.

La guerre commençoit entre l'Angleterre & la Hollande, quand Philippe IV mourut, le 17 Septembre 1665. Le Miniftere de France appréhenda que les prétentions du Roi, s'il les produifoit alors, ne portaffent les deux Puiffances à fe reconcilier, pour les traverfer de concert; & il remit à les déclarer dans des circonftances plus favorables, qu'il s'efforça d'amener. Toute fon application fut à commettre de plus en plus la Rẻpublique avec le Roi d'Angleterre ; & lorfque deux grandes batailles lui parurent avoir porté l'animofité à fon plus haut point, il tâcha de faire trainer la guerre en longueur. On le vit, démentant fon génie & fes principes, recommander aux Hollandois la lenteur & la circonfpection, & leur reprocher leur trop d'ardeur.

Cette prudence timide, dont il donnoit de fort mauvaises raisons, l'auroit conduit à fon but, fi elle avoit été écoutée. Car il n'y avoit gueres que l'épuifement des parties qui pût faire ceffer la guerre ; & les grandes actions, ou les deux Puiffances fe heurtoient de toute la maffe de leurs forces, ne pouvoient être fréquentes fans devenir décifives. Mais le Penfionnaire de Hollande, qui pénétroit le fond de la Politique Françoife, la déconcerta en feignant de fe laiffer emporter à fon impétuofité naturelle. Louis XIV, comptant fur le difpofitif de la Campagne de 1667, par lequel les Flottes, qui ne devoient fortir des Ports qu'à la fin de Mai, ne pourroient rien entreprendre qu'après leur jonction, efpéra de s'emparer des Pays-Bas Efpagnols, avant qu'il y eut eu entre les deux Nations aucune action capable de les déterminer à la paix. Il notifia fes prétentions à la Reine Régente d'Espagne, le 9 de Mai; & le 26, il étoit en Flandres à la tête de fon Armée. Les Places étoient fans défenfe; il regardoit fon Expédition plutôt comme une prife de poffeffion, que comme une Conquête; & les conférences qui s'ouvrirent à Bréda, le 28 de Mai, n'avoient point une activité, qui Îui dût faire craindre la prompte conclufion de la paix.

Le Penfionnaire redoubla d'ardeur & de vivacité, à la vue du péril. Par fes foins, les Efcadres mirent en mer plutôt qu'il n'avoit été concerté. Elles firent voile vers la Tamife, où s'étant réunies fous les ordres de Ruiter, elles furprirent les Anglois, & leur enleverent, ou brûlerent la meilleure partie de leur Flotte. Le Roi d'Angleterre, que cet échec mettoit hors d'état de paroître en mer cette année, entendit d'autant plus volontiers à la paix, que le Penfionnaire ne prenoit point avantage de ce dernier fuccès des Armes de la République, pour en changer les Conditions.

Les Plénipotentiaires convinrent bientôt des articles généraux, auxquels ils avoient ordre de s'en tenir, & après leur fignature, ils chercherent avec leur Médiateur les moyens de régler, ou d'anéantir les prétentions de Louis XIV.

L'Espagne, qui, dans la foibleffe où elle étoit, devoit compter pour gagné tout ce qu'elle éviteroit de perdre, répondit aux demandes de Louis XIV, avec l'orgueil & la hauteur de fon ancienne profpérité. Sa décadence étoit décidée, elle efpéroit peu du temps; & elle appréhendoit avec beaucoup de raifon que les Ceffions, qu'elle feroit pour le bien de la paix, ne paffaffent pour l'aveu d'un Droit, en vertu duquel la France multiplieroit dans la fuite fes prétentions. Elle offrit aux Hollandois Oftende & Namur, & elle leur auroit donné encore au-delà, pour les faire entrer dans un Traité d'Alliance défenfive. Mais il étoit trop tard de prendre des mefures. Louis XIV étoit en forces au milieu des Pays-Bas ; & il auroit franchi la Barriere, avant qu'ils fe fuffent avancés pour la lui difputer. Ce Monarque écoutoit toutes les voies d'accommodement, qui lui étoient préfentées; il en propofoit lui-même plufieurs; mais fans interrompre fa prife de poffeffion. Les trois Puiffances craignirent qu'il n'eut projetté de conquérir les dix Provinces, & qu'il ne les voulût garder, après les avoir conquises.

En conféquence, pour arrêter les progrès de ce Monarque conquérant, le Chevalier Temple, le Comte de Dohna, & le grand Penfionnaire, fignerent l'Alliance de leurs Maîtres, qui s'engageoient à obliger l'Efpagne de céder, & Louis XIV de fe contenter, pour fes prétentions à la Succeffion de l'Infant Don Balthafar, ou de la Franche-Comté, dont il venoit de s'emparer pendant l'hiver, ou des Places & Pays dont il avoit pris poffeffion en Flandre & en Hainaut, l'année précédente : l'option étoit laiffée à la Cour d'Espagne.

Il étoit ftipulé de plus que fi quelque Puiffance fans en excepter aucune, attaquoit l'Angleterre dans quelqu'une de fes poffeffions, ou commettoit contre elles quelque acte d'hoftilité, les Provinces - Unics feroient obligées d'envoyer à fon fecours, fix femaines après qu'on en auroit fait la requifition, quarante vaiffeaux de guerre. Quatorze de ces vaiffeaux devoient être depuis foixante jufqu'à quatre-vingt pieces de canon, & de quatre cens hommes d'équipage; quatorze autres depuis quarante jufqu'à foixante pieces de canon, & de trois cens hommes d'équipage au moins. Des douze autres vaiffeaux, aucun ne pouvoit être au-deffous de trente canons, & de cent cinquante hommes d'équipage. Les Provinces-Unies s'engageoient encore à fournir fix mille hommes d'Infanterie, & quatre cens

chevaux.

Trois ans après l'expiration de la guerre, pendant laquelle les Pro ́vinces-Unies auroient fourni ces fecours, l'Angleterre devoit leur rembourfer leurs avances. Pour prévenir toute conteftation fur cet article, les frais

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