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menti à sa mission, et protesté pour la liberté. Elle ne pouvait pas porter impunément en elle le souffle de quelques grands écrivains, l'esprit même de la France.

Il en coûte aujourdhui de dire des vérités à l'Académie. On est plus à son aise avec cette autre institution-sœur qui n'a jamais eu que des matières de vers latins au service de tous les gouvernemens.

Tous les exemples sont neufs. Ils ont pu être réduits quelquefois, parce que ce livre a une sanction: il est fait sous l'œil des contemporains.

Ce livre peut être lu par un enfant qui aurait lu les fables de Lafontaine. Quoique l'auteur ne s'adresse spécialement à aucun âge, il a toujours eu dans les yeux cette maxime d'un homme. qui aimait l'enfance :

Maxima debetur...

(Le plus grund respect est du à l'enfance.) L'auteur ne se serait même jamais permis certaines citations des éditions classiques. Mais il ne se serait jamais permis non plus cette singulière mutilation de Montesquieu, mutilation commise par Chapsal et consorts : « Ils aimaient leurs parens, et ils en étaient tendrement chéris. Leurs parens pour leurs femmes. (XII Lett. pers.)

On prétend que certains cliens de Molière s'étonneront à la vue d'auteurs contemporains qui n'ont pas écrit exclusivement pour la jeunesse. A ce compte, on ne pourrait donc citer ni Molière, ni Lafontaine, ni Labruyère, ni Hamilton, ni même Corneille, ni même Racine, ni même Boileau, ni même madame de Sevigné, ni même la vertueuse madame de Maintenon... ni Voltaire, ni Montesquieu, ni Jean Jacques... ni madame de Stael, ni Châteaubriand, ni Lamartine... Arrêtons nous ici, et attendons.

Cette grammaire a été faite de manière à ne pouvoir jamais être apprise par cœur. Nous n'espérions pas le témoignage que nous avons reçu. Le 7 février, un grand écrivain, qui nous

Voir absolument l'ERRATA, p. 485.

SIGNES ABRÉVIATIFS.

L'expression égal ou qui égale, revenant souvent, est rempla ar le signe connu =.

Cmp. veut dire comparez.

Les autres signes sont indiqués en leur lieu.

qui a le son simple de l'i, dans les mots dérivés du grec, t pocrite, hypogée, etc., et le son de ii, dans pays, paysan (på ai-i-san).

b. On ne compte ordinairement comme consonne double que ans les mots anglais et français William, Wattecamps, mais il y autres, pour les mots étrangers et français : M. Llauder, le Llyo n en verra six autres, aux consonnes : ch, ph, th, ps, gl, gn, § 33 c. Il y a des voyelles doubles ou diphtongues, sons formés de d ons, au, eu, etc. : Aubépine, la ville d'Eu. Voyelles triples : u, etc., de l'eau, Dieu. Voyelles quadruples, l'île d'Yeu, les y Yeuse, queue, etc.

d. Il y a des voyelles et des consonnes muettes, qui ne servent orthographe. O est muet dans paon. ct sont muets dans instinct e. Il a des consonnes qui sonnent sans voyelles : st, sorte d'a quivalent à sitt ; pstt = psitt : « Hé!hé, pstt, pstt, hem ! brum ! fr stt! A. DE MUSSET. Id. Brr ou Brrrr, à peu près égal au brum de à l'heure : « Brrrr. Cela m'inquiète bien, ma foi! BEAUMARCHAIS. orrrrr impossible à traduire en lettres écrites que font entendr peintres en bâtiment qui s'appellent. A. KARR.

§ 2. a. Accents. L'aigu donne à l'e le son fermé: dégénéré, so l'anglais bounty, de l'allemand auge, de l'espagnol se sabe. Le g donne à l'e le son ouvert : progrès, Angl. progress; all. schreck esp, taller; italien connettere. Le circonflexe, le plus long de tous accents, se met sur toutes les voyelles, mais affecte surtout a e îcre, bât, mânes, pâte sont longs, et acre (de terre), bat (verbe), h manne (d'osier etc.), patte, sont brefs. Dôle (ville), côte (rivage partie du corps) sont longs. Dol (ruse) et cote de la Bourse brefs. I bête peut s'écrire bète. qu'il fit n'est pas plus long que il fit. Bêche bref, et pêche (verbe et nom) est long; u est bref dans flûte con dans lutte, ou luth, ou lut (de chimie).

b. Les paronymes sont des mots qui diffèrent par le sens et q

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quefois par l'orthographe, tout en ayant un son identique. M. de Saulx, un sceau, un seau, un sault, un sot, sont des paronymes; mais je vèts (grave) n'est pas paronyme de je vais = vé aigu 1. Abbesse, grave, mais bref, n'est pas paronyme de j'abaisse, grave, mais long, etc.

c. Homonyme, qui se dit des personnes de même nom, étant quelquefois confondu avec paronymes, qui ne se dit que des choses, quelques savans (Champollion, Lanci, etc.) le remplacent très bien par homophone (de même son). Sceau, sault, M. de Saulx, seau, sot, sont donc homophones.

d. Tous les accents ne s'écrivent ou ne se prononcent pas. Chocolat, ingrat, profane, etc., ne marquent pas le circonflexe et le prononcent. Refroidir, Fénelon, Richelieu, secrétaire, degré, prononcent l'aigu. C'est pourquoi se trompent ceux qui veulent prononcer Fennlon, deugré. On trouve même l'accent de Fénelon et de degré dans d'anciennes et bonnes éditions : « un Henri IV, Sully, Locke, Fénélon, etc. VOLTAIRE (Londres, 1781).

Poison, qui de l'amour est le premier dégré.

LAFONTAINE (Paris, 1767).

Perefixe, l'auteur de l'Histoire de Henri IV, n'a pas non plus d'accent dans son nom, et on en prononce deux. On les trouve même écrits, par exemple dans le Précis d'Histoire moderne de MICHELET, p. 159.

Cachot, cachalot, ballot, bellot, falot, gigot, etc., prononcent le circonflexe. Les voyelles suivies de deux consonnes ne marquent presque jamais l'accent prouesse, abbesse sont graves. Châssis est long. Cassis aussi.

Bien plus, il y a des accents qui s'écrivent tout autrement qu'ils ne se prononcent. Les conditionnels que j'aimâsse; les prétérits, nous aimâmes, des verbes en er, écrivent le circonflexe, et prononcent bref. L'aigu de aimé-je se prononce grave. Collège, que Racine écrivait college; qui marque encore l'aigu șur l'imposte de tel collège de Paris, et qui le prononce encore en Normandie; collège se prononce grave.

e. Nous n'avons pas ici à parler de l'accent variable qui affecte momentanément une syllabe :

Je l'ai vu, dis-je vu, de mes propres yeux vu,

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Grenade et l'Aragon tremblent quand ce fer brille. CORNEILLE.

Nous ne nous occupons que de l'accent fixe. C'est une erreur de croire que les langues les plus réellement accentuées sont celles qui ont le plus d'accents fixes. C'est l'inverse qui est vrai. Le français, qui a comparativement peu d'accent fixe, est plus accentué que telle

1 Vets n'est même plus français. Voir Liv. IV, au tableau des verbes irréguliers.

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