rens, qui, la force à la main, le contraignent l'époufer. SILVESTRE. -L'habile Fourbe que voila! SCAPIN. Euffiez-vous voulu qu'il fe fût laiffé tuer ? Il = mieux encor être marié, qu'être mort. ARGANTE. -On ne m'a pas dit que l'affaire fe foit ainfi p fée. SCAPIN. -Demandez-lui plûtôt. Il ne vous dira pas le co traire. ARGANTE. C'est par force qu'il a été marié ? SILVESTRE. SCAPIN. ARGANTE. Voudrois-je vous mentir? Il devoit donc aller tout auffi-tôt protester de violence chez un Notaire. SCAPIN. C'est ce qu'il n'a pas voulu faire. ARGANTE. Cela m'auroit donné plus de facilité à rompre ARGANTE. Quoy, je n'aurai pas pour moi les droits de Pere, & la raifon de la violence qu'on a faite à mon fils? SCAPIN. C'est une chofe dont il ne demeurera pas cord. d'ac AR Vôtre fils. Voulez-vous qu'il confeffe qu'il ait été apable de crainte, & que ce foit par force qu'on luy it fait faire les choses? II n'a garde d'aller avouer ela. Ce feroit fe faire tort, & fe montrer indigne P'un pere comme vous. ARGANTE. Je me moque de cela. : SCAPIN. Il faut pour fon honneur, & pour le vôtre, qu'il E life dans le monde, que c'eft de bon gré qu'il l'a époufée. ARGANTE. Et je veux moi, pour mon honneur & pour le fien, qu'il dife le contraire. SCAPIN. Non, je fuis fûr qu'il ne le fera pas. ARGANTE. Non? Non. ARGANTE. SCAPLN. ARGANTE. Hoy. Voici qui eft plaifant. Je ne desheriters pas mon fils. SCAPIN Ouy. Vous n'aurez pas ce cœur-là. ARGANTE. ARGANTE. SCAPIN. Je ne me moque point. La tendreffe paternelle fera fon office. ARGANTE. SCAPIN Il ne faut point dire bagatelles. Mon Dieu, je vous connois, vous étes bon na turellement. ARGANTE Je ne fuis point bon, & je fuis méchant quand je veux. Finiffons ce difcours qui m'échaufe la bile. Va-t-en, pendard, va-t-en me chercher mon fripon, tandis que j'irai rejoindre le Seigneur Geronte,pour luy conter ma difgrace. SCAPIN Monfieur, fi je vous puis être utile en quelque chofe, vous n'avez qu'à me commander. ARGANTE. Je vous remercie. Ah pourquoi faut-il qu'il foit fils unique! Et que n'ay-je à cette heure la file que le Ciel m'a ôrée, pour la faire mon heritiere! SCENE V. SCAPIN, SILVESTRE. SILVESTRE. J'avoue que tu es un grand homme, & voilà l'affaire en bon train; mais l'argent d'autre part nous preffe, pour noftre fubfiftance; & nous avons de tous côtez des gens qui aboyent aprés nous. SCAPIN. Laiffe-moy faire, la machine eft trouvée. Je cherche feulement dans ma tête un homme qui nous foit affidé, pour jouer un perfonnage dont j'ay befoin. Atten. Tien toi un peu. Enfonce ton bonnet en méchant garçon. Campe-toi fur un pié. Mets la main au côté. Fais les yeux furibonds. Marche un peu en Roi de Théatre. Voilà qui eft bien. Sui-moi. J'ay des fecrets pour déguiser ton vilage & ta voix. SILVESTRE Je te conjure au moins, de ne m'aller point brouiller avec la Juftice. SCAPIN. Va, va: nous partagerons les périls en freres; & trois ans de galere de plus, ou de moins, nc font pas pour arrêter un noble cœur. ACTE IL SCENE I. GERONTE, ARGANTE, O GERONTE. Uy, fans doute, par le temps qu'il fait, nous aurons ici nos gens aujourd'hui, & un matelot qui vient de Tarente, m'a affuré qu'il avoit veu mon homme qui étoit prés de s'embarquer. Mais l'arrivée de ma fille trouvera les chofes mal-difpofées à ce que nous nous propofions; & ce que vous venez de m'apprendre de vôtre fils rompt étrangement les mefures que nous avions prifes ensemble. ARGANTE. Ne vous mettez pas en peine; je vous répons de renverfer tout cet obftacle, & j'y vai travailler de ce pas. GERONTE. Ma foi, Seigneur Argante, voulez-vous que je Vous dife? l'education des enfans eft une chofe à quoi il faut s'attacher fortement. ARGANTE. Sans doute. A quel propos cela? GERONTE. A propos de ce que les mauvais déportemens des jeunes gens viennent le plus fouvent de la mauvaife éducation que leurs peres leur donnent. ARGANTE. Cela arrive par fois. Mais que voulez-vous dire GERONTE. par là ? GERONTE. Que fi vous aviez en brave pere, bien morigene |