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Les Enfans tous ensemble.

Mon Papa, mon Papa, mon Papa.
M. DE POURCEAUĜNAC.

Au fecours, au fecours, où fuiray-je? je n'en puis plus.

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ORONT E.

Allez, vous ferez bien de le faire punir; & il merite d'être pendu. T

SCENE IX.
SBRIGANI.

JE conduis de l'œil toutes chofes, & tout ceci, ne

va pas mal. Nous fatiguerons tant nôtre Provin cial, qu'il faudra, ma foy, qu'il déguerpiffe.

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M. DE POURCEAUGNAC,
SBRIGANI.

M. DE POURCEAUGNAC.
H je fuis affommé. Quelle peine! quelle mau-

AH

SBRIGAN I.

Qu'eft-ce, Monfieur, eft-il encore arrivé quelque chofe?

M. DE POURCEAUGNAC.
Ouy. Il pleut en ce païs des femmes & des lave-

mens.

SBRIGA NI.

Comment donc ?

M. DE POURCEAUGNAC.

Deux carognes de baragoüineufes me font venu accufer de les avoir époufé toutes deux, & me me¬ nacent de la Juftice.

SBRIGANI.

Voilà une méchante affaire, & la Juftice en ce païs-ci eft rigoureuse en diable contre cette forte ́ de crime.

M. DE POURCEAUGNAC

Ouy: Mais quand il y auroit information,ajour nement, decret & jugement obtenu par furprise, defaut & contumace, j'ay la voye de conflit de ju

rifdiction, pour temporifer & venir aux moyens de nullité qui feront dans les procedures. SBRIGAN I.

Voilà en parler dans les termes; & l'on bien, Monfieur, que vous étes du mêtier.

M. DE POURCEAUGNAC. . Moi, point du tout, je fuis Gentilhomme. SBRIGAN L

Il faut bien pour parler ainfi, que vous ayez és dié la pratique.

M. DE POURGEAUGNAC. Point, ce n'eft que le fens commun qui me fat juger que je feray toûjours receu à mes faits justiäcatifs, & qu'on ne me fçauroit condamner für use fimple accufation, fans un recollement & confromtation avec mes parties.

SBRIGAN I.

En voilà du plus fin encore.

M. DE POURCEAUGNAC.
Ces mots-là me viennent fans que je les sçache.
SBRIGANL

Il me femble que le fens commun d'un Gentilhomme peut bien aller à concevoir ce qui eft du droict & de l'ordre de la Justice; mais non pas à fçavoir les vrais termes de la Chicane.

M. DE POURCEAUGNAC. Ce font quelques mots que j'ay retenus en lifan: les Romans. SBRIGAN L.

Ah fort bien.

M. DE POURCEAUGNAC.

Pour vous montrer que je n'entens rien du tout à la chicane, je vous prie de me mener chez quelque Avocat pour consulter mon affaire.

SBRIGAN L

Je le veux, & vais vous conduire chez deox hommes fort habiles; mais j'ay auparavant à vous avertir de n'être point furpris de leur maniere de parler; ils ont contracté du barreau certaine habitude de declamation,qui fait que l'on diroit qu'ils chantent, & vous prendrez pour musique tout ce qu'ils vous diront.

M. DE POURCEAUGNAC. Qu'importe comme ils parlent, pourveu qu'ils me difent ce que je veux fçavoir. SCE

SCENE XI.

SBRIGANI, M. DE POURCEAUGNAC, DEUX AVOCATS Muficiens, dont l'un parle fort lentement, & l'autre fort vite, accompagnez de 2. PROCUREURS & de 2. SERGENS.

L

L'Avocat trainant fes paroles.

A Polygamie eft un cas,
Eft un cas pendable.
L'Avocat bredouilleur.
Votre fait

Eft clair & net,
Et tout de droit
Sur cet endroit

Conclut tout droit.

Si vous confultez nos Auteurs,
Legiflateurs & Gloffateurs,
Juftinian, Papinian,
Ulpian, Tribonian,

Fernand, Rebuffe, Jean Imole,
Paul, Cafre, Julian, Barthole
Fafon, Alciat & Cujas,
Cegrand homme fi capable,

La Polygamie eft un cas,
Eft un cas pendable.

Tous les peuples policez,

Et bien fenfez;

Les François, Anglois, Hollandeis,
Danois, Suedois, Polonois.

Portugais, Espagnols, Flamans,
Italiens, Allemans,

Sur ce fait tiennent loy femblable,
Et l'affaire eft fans embarras,
La Polygamie et un cas,

Eft un cas pendable.

Monfieur de Pourceaugnac les bat. Deux Procureurs & deux Sergens dancent une Entrée, qui finit l'Acte.

Fin du feconde Alte.

ACTE

ACTE III.

SCENE I.

ERASTE, SBRIGANI.

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SBRIGANI.

UY,les chofes s'acheminent où nous voulons: Et comme fes lumieres font fort petites, & fon fens le plus borné du monde, jeluy ay fait prendre une frayeur fi grande de la feverité de la Juftice de ce Païs, & des aprêts qu'on faifoit déja pour fa mort, qu'il veut prendre la fuite; & pour se derober avec plus de facilité aux gens que je luy ay dit qu'on avoit mis pour l'arrêter,aux portes de la ville, il s'eft refolu à fe déguifer, & le déguisement qu'il a pris eit l'habit d'une femme..

ERAST E.

Je voudrois bien le voir en cet équipage.

SBRIGANI.

Songez de vôtre part à achever la Comedie : & tandis que je joücray mes Scenes avec luy: allezyous en.... Vous entendez bien ?

ERASTE.

Ouy.

SBRIGANI.

Et lors que je l'aurai mis où je veux....

Fort bien.

ERASTE.

SBRIGANI.

Et quand le Pere aura été averti par moi.

ERAST E.

Cela va le mieux du monde.

SBRIGANI.

Voici nôtre Demoiselle, allez vîte, qu'il ne

nous voye enfemble.

SCE

SCENE II.

M. DE POURCEAUGNAC en femme,

Po

SBRIGANI.

SBRIGANI.

Our moy je ne crois pas qu'en cet état on puifle jamais vous connoître, & vous avez la mine comme cela, d'une femme de condition.

M. DE POURCEAUGNAC.

Voilà qui m'étonne, qu'en ce païs-ci les formes de la Juftice ne foient point obfervées.

SBRIGANI.

Ouy, je vous l'ay déja dit, ils commencent ici par faire pendre un homme, & puis ils lui font fon procés.

M. DE POURCEAUGNAC.

Voilà une juftice bien injufte.

SBRIGANI.

Elle eft fevere comme tous les diables, particu lierement fur ces fortes de crimes.

M. DE POURCEAUGNAC.
Mais quand on eft innocent?

SBIGAN I

N'importe, ils ne s'enquêtent point de cela; & puis ils ont en cette ville une haine effroyable pour les gens de vôtre païs, & ils ne font point plus ravis que de voir pendre un Limofin.

M. DE POURCEAUGNAC.
Qu'eft ce que les Limofins leur ont fait ?
SBRIGANI.

Ce font des brutaux, ennemis de la gentilleffe & du merite des autres villes. Pour moi je vous avonë que je fuis pour vous dans une peur épouvantable; & je ne me confolerois de ma vie, fi vous veniez à être pendu.

M. DE POUR CEAUGNAC. Ce n'eft pas tant la peur de la mort qui me fait fuir, que de ce qu'il eft fâcheux à un Gentilhomme d'être pendu, & qu'une preuve comme celle-la feroit tort à nos titres de nobleffe.

SBRI

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