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Doit faire pour jamais renoncer à l'amour.
I. MUSICIEN.

Aimable ardeur!

MUSICIENNE.

Franchife heureuse!

2.

MUSICIEN.

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Que tu me fais d'horreur!

I.

MUSICIEN.

Ah! quitte pour aimer, cette haine mortelle.

MUSICIENN E.

On peut, on peut te montrer
Une Bergere fidelle.

2.

MUSICIEN.

Helas! où la rencontrer?

MUSICIENNE.
Pour defendre nôtre gloire,
Je te venx offrir mon cœur.

2.

MUSICIEN.
Mais, Bergere, puis-je croire
Qu'il ne fera point trompeur?
MUSICIENNE.

Voyons par experience

Qui des deux aimera mieux.

2.

MUSICIEN.

Qui manquera de confiance,
Le puiffent perdre les Dieux.

TOUS TROIS.
A des ardeurs fi belles
Laiffons-nous en flâmer;
Ah! qu'il eft doux d'aimer,
Quand deux cœurs font fidelles?
M. JOURDAIN.

Eft-ce tout?

Mic. DE MUSIQUE.

Oui.

M. JOUR

M. JOURDAIN.

Je trouve cela bien trouffé: & il y a là-dedans de petits dictons aflez jolis.

M. A DANCER.

Voicy pour mon affaire, un petit effay des plus beaux mouvemens, & des plus belles attitudes dont une Dance puifle être variée.

M. JOURDAIN.

Sont-ce encore des Bergers...

Mre. A DANCER.

C'est ce qu'il vous plaira. Allons.

Quatre Danceurs exécutent tous les mouvemens differens; & toutes les fortes de pas que le Maître à dancer Icur commande: Et cette Dance fait le premier Intermede.

Fin du Premier Afte.

ACTE SE CON D.

SCENE I.

MONSIEUR JOURDAIN, MAISTRE DE MUSIQUE, MAISTRE A DANCER, LAQUAIS.

V

M. JOURDAIN. Oilà qui n'est point fot, & ces gens-là se tremouflent bien.

Mre. DE MUSIQUE.

Lors que la Dance fera mêlée avec la Mufique, cela fera plus d'effet encore, & vous verrez quelque chofe de galant dans le petit ballet que nous avons ajufté pour vous

M. JOURDAIN.

C'est pour tantôt au moins: & la perfonne pour qui j'ay fait faire tout cela, me doit faire l'honneur de venir diner ceans.

Mre. A DANCER,

Tout eft prêt.

Mre.

Mre. DE MUSIQUE.

Au refte, Monfieur, ce n'eft pas affez, il faut qu'une perfonne comme vous, qui étes magnifique, & qui avez de l'inclination pour les belles chofes,' ait un Concert de Mufique chez foy tous les Mecredis, ou tous les Jeudis.

M. JOURDAIN.

Eft-ce que les gens de qualité en ont?
Mre. DE MUSIQUE.

Oui, Monfieur.

M. JOURDAIN.

J'en auray donc. Cela fera-t-il beau?
Mre. DE MUSIQUE.

Sans doute. Il vous faudra trois voix, un deffus, une haute-contre, & une baffe, qui feront accompagnées d'une baffe de viole, d'un theorbe, & d'un claveffin pour les baffes continuës, avec deux deffus de violon pour jouer les ritornelles.

M. JOURDAIN.

Il y faudra mettre auffi une trompette marine. La trompette marine eft un inftrument qui me plaît, & qui eft harmonieux.

Mre. DE MUSIQUE.

Laiffez-nous gouverner les chofes,

M. JOURDAIN.

Au moins, n'oubliez pas tantôt de m'envoyer des Muficiens, pour chanter à table.

Mre. DE MUSIQUE,

Vous aurez tout ce qu'il vous faut.

M

JOURDAIN.

Mais fur tout, que le Ballet foit beau.

Mre. DE MUSIQUE.

Vous en ferez content, & entr'autres chofes de certains Menüets que vous y verrez.

M. JOURDAIN.

Ahles Menüets font ma Dance, & je veux que vous me les voyez dancer. Allons, mon Maistre.] Mre. A DANCE R.

Un chapeau, Monfieur, s'il vous plaît. La, la, la; La, la, la, la, la, la; La, la, la, bis ; La, la, la; La, la. En cadence, s'il vous plait. La, la, la, la. La jambé droite. La, la, la. Ne remuez point tant les épaules. La, la, la, la, la; La, la, la, la, la. Vos deux bras font

oftre

eft ropiez. La, la, la, la, la. Hauffez la tête. Tournez lapointe du pied en dehors. La, la, la. Dreffez vô

tre corps,

Euh!

M. JOURDAIN.

Mre. DE MUSIQUE.

Voilà qui eft le mieux du monde.

M. JOURDAIN.

A propos. Aprenez-moy comme il faut faire une reverence pour faluer une Marquife; j'en auray befoin tantôt.

Mre. A DANCE R.
Une reverence pour faluer une Marquife?
M. JOURDAIN.

Oui. Une Marquife qui s'appelle Dorimene.
Mre. A DANCE R.

Donnez-moy la main.

M. JOURDAIN.

Non. Vous n'avez qu'à faire, je le retiendray bien.
M. A DANCER.

Si vous voulez la faluer avec beaucoup de refpect il faut faire d'abord une reverence en arriere, puis marcher vers elle avec trois reverences en avant, & à la derniere vous baiffer jufqu'à fes genoux.

M. JOURDAIN.

Faites un peu. Bon.

1. LA QUAIS.

Monfieur, voilà vôtre Maître d'Armes qui eft là? ¦ M. JOURDAIN.

Dy-luy qu'il entre ici pour me donner leçon. Je veux que vous.me voyez faire.

SCENE II.

MAISTRE D'ARMES, MAISTRE DE MU-
SIQUE, MAISTRE A DANCER,
MONSIEUR JOURDAIN,
2. LAQUAIS.

MAISTRE D'ARMES, aprés Iny avoir mis

le Ficuret à la main.

ALlons, Monfieur, la reverence.

Votre corps

jam

droit. Un peu panché fur la cuiffe gauche. Les

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jambes point tant écartées. Vos pieds fur une même ligne. Vôtre poignet à l'oppofite de vôtre hanche, La pointe de vôtre épée vis-à-vis de vôtre épaule. Le bras pas tout-à-fait fi étendu. La main gauche à la hauteur de l'eeil. L'épaule gauche plus quarrée. La tête droite. Le regard affuré. Avancez. Le corps ferme. Touchez-moy l'épée de quarte, & achevez de même. Une, Deux, Remertez-vous, Ré、 doublez de pied ferme. Une, Deux. Un faut en arriere. Quand vous portez la Botte, Monfieur,il faut que l'épee parte la premiere,& que le corps foit bien effacé. Une, Deux. Allons, touchez-moy l'épée de tierce, & achevez de même. Avancez. Le corps ferme. Avancez. Partez de là. Une, Deux. Remettez-vous. Redoublez. Une, Deux. Un faut en arriere. En garde, Monfieur, en garde.

Euh?

Le Mattre d'Armes luy pouffe deux ou trois
Bottes, en luy difant, Engarde.

M. JOURDAIN.

Mre. DE MUSIQUE.

Vous faites des merveilles.

Mre. D'ARME S.

Je vous l'ay déja dit; tout le fecret des Armes ne confifte qu'en deux choles: à donner, & à ne point recevoir: Et comme je vous fis voir l'autre jour par raifon demonftrative, il eft impoffible que vous receviez, fi vous fçavez détourner l'épée de vôtre ennemi de la ligne de vôtre corps; ce qui ne dépend feulement que d'un petit mouvement du poignet ou en dedans, ou en dehors.

M. JOURDAIN.

De cette façon donc un homme, fans avoir du cœur, eft fûr de tuër fon homme, & de n'être point tué.

Mre. D'ARMES.

Sans doute. N'en vites-vous pas la demonstration?
M. JOURDAIN.
Oûi.

Mre, D'ARMES.

Et c'eft en quoy l'on voit de quelle confideration nous autres nous devons être dans un Etat, & combien la fcience des armes l'emporte hautement sur

tou

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