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time à ce que la nature avoit pu mettre d'inégalité physique entre les hommes, & que, pouvant être inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par convention & de droit

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*Sous les mauvais gouvernemens cette égalité n'eft qu'apparente &

pauvre dans faoire; elle ne fert qu'à maintenir le

& le riche dans fon ufurpation. Dans le fait les loix font toujours utiles à ceux qui pof fedent & nuisibles à ceux qui n'ont rien: D'où il fuit que l'état focial n'eft avantageux aux hommes qu'autant qu'ils ont tous quelque chofe & qu'aucun d'eux n'a rien deurope modeston, 19.

Fin du Livre premier.

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LA PREMIERB & la plus importante conféquence des principes ci-devant établis eft que la volonté générale peut feule diriger les forces de l'Etat felon la fin de fon inftitution, qui eft le bien commun: car fi l'oppofition carros des, intérêts particuliers a rendu néceffaire l'é tabliffement des fociétés, c'eft l'accord de ces mêmes intérêts qui l'a rendu pollible. Cef ce qu'il y a de commun dans ces différens intérêts qui forme le lieu focial, & s'il n'y avoit pas quelque point dans lequel tous les intérêts s'accordent, nulle fociété ne fauroit exifter:

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exifter. Or deft uniquement fur cet intérêt commun que la fociété doit étre gouvernée. JE DIS donc que la fouverainete n'étant que l'exercice de la volonté générale ne peut jamais s'aliéner, & que le Souverain, qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même; le pouvoir peut bien fe transmetre, mais non pas la volonté, A

EN EFFET, S'il n'eft pas impoffible qu'une volonté particuliere, s'accorde fur quelque point avec la volonté générale, il eft impoffible au moins que cet accord foit durable & conftant; car la volonté particuliere tend par fa nature aux préférences, & la volonté générale à légalité. Il est plus impoffible encore qu'on ait un garant de cet accord quand même il devroit toujours exifter; ce ne feroit pas un effet de l'art mais du hazard. Le Sou verain per peut bien dire, je veux actuellement ce que veut un tel Homme ou du moins ce qu'il dit vouloir, mais il ne peut pas dite; diev ce que cet homme voudra demain, je le voudrai encore; puifqu'il eft abfurde que la volonté fe donne des chaines pour l'avenir, & puifqu'il ne dépend d'aucune volonté de confentir à rien de contraire au bien de l'être qui veut. Si donc le peuple promet fimplement d'obeir, il fe diffont par cet acte, il perd fa qualité de peuple; à l'inftant qu'il y

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un maître il n'y a plus de Souverain, & dès lors le corps politique eft détruit.

CE N'EST point à dire que les ordres dès chefs ne puiffent paffer pour des volontés gét nérales, tant que le Souverain libre de s'y oppofer ne le fait pas. En pareil cas, du filence univerfel on doit préfumer le confentement du peuple. Ceci s'expliquera plus au long.

XUE CHAPITRE 11.

Bayi serie Que la fouverainetè eft indivisible.

PAR

ARLA même taifon que la fouveraineté eft aliénable, ellè eft indivifible. Car la volon tén elts générales*, ou elle ne lefts pas; elle eft celle du corps du peuple, on feulement d'une partie. Dans le premier cas cette volonté déclarée est une acte de fouveraineté & fait lui. Dans le fecond, ce n'eft qu'une volonté particuliere, ou un acte de magiftrature; c'eft un décret tout au plus.

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MAIS nos politiques ne pouvant divifer la fouveraineté dans fon principe, la divisent dans fon objet; ils la divifent en force &en volon té, en puiffance législative & enpuiffance exér kusen C54, 12bfop 10 cutives

*Pour qu'une volonté soit générale il n'eft pas tou jours néceffaire qu'elle foir unanime, mais il eft neceffaire que toutes les voix foient comprées; toute exclu fion formelle rompt la généralité.

cutive, en droits d'impôts, de, juftice, & de guerre, en adminiftration intérieure & en pout voir de traiter avec l'étranger: tantôt ils confondent toutes ces parties & tantôt ils les féparent; ils font du Souverain un être fantaftique & formé de pieces rapporrées; c'eft comme s'ils compofoient l'homme de plufieurs corps dont l'un autoit des yeux, l'autre des bras, l'autre de pieds, & rien de plus. Les charlatans du Japon depécent, dit-on, un enfant aux yeux des fpectateurs, puis jettant en l'air tous fes membres l'un après l'autre, ils font retomber l'enfant vivant & tout raffemblé. Tels font à peu près les tours de gobelets de nos politi ques; après avoir démembré le corps fociab par un preftige digne de la foire, ils raffemblent les pieces on ne fait comment, alon f -CETTE erreur vient de ne s'être pas fait des notions exactes de l'autorité fouveraine, & d'avoir pris pour des parties de cette autorité ce qui n'en était que des émanations. Ainfi, par exemple, on a regardé l'acte de déclarer la guerre & celui de faire la paix comme des actes de fauveraineté, ce qui n'est pass puifque chacun de fes actes n'eft point uue loi mais feulement une application de la loi, un acte particulier qui détermine le cas de la loi, comme on le verra clairement quand l'idée attachée au mot loi fera fixée.

EN

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