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»tude que le premier jour. Neuf mois se sont écoulés et les » ressources, au lieu d'augmenter comme on l'espérait, ne >> font que diminuer. Chacun de nous a reçu 400 fr. pour tout » traitement; encore a-t-il fallu, pour nous procurer cette mo» dique somme, que M. le Directeur eût la délicatesse de s'où» blier lui-même dans la répartition des fonds qu'il avait » entre les mains. Nous nous abstiendrons de toute réflexion » sur la modicité d'un tel traitement...... »

A la fin de l'année scolaire (1804), le directeur n'avait en caisse que 57 fr. et il était dû 4.400 fr. aux professeurs.

La déception prévue par le secrétaire général, Boullé, s'était réalisée; mais la confiance que le maire avait eu dans la Providence ne fut cependant pas trompée.

M. Pasco donna sa démission de directeur de l'école, le 24 septembre 1804; il fut remplacé par M. Géanno, qui fut nommé par le Gouvernement, le 23 octobre suivant.

Un nouveau règlement fut élaboré par le Bureau d'administration le taux d'abonnement des communes, modifié; le nombre des régents, réduit à 5(1); la classe de mathémaliques transcendantes, supprimée; M. Géanno cumulant les fonctions de directeur et de professeur de rhétorique. Et, grâce à son zèle, à son activité et à son dévouement qu'imitèrent ses collaborateurs et que la municipalité appuya par une allocation de 5.400 fr. (2), le Collège vit peu à peu renaître son ancienne prospérité.

Le budget (3) de 1804 portait en recettes 3.683 livres; en 1805, grâce à la dotation municipale de 5.400 fr. que le maire. M. Laumailler fit voter pour soutenir l'Ecole qu'il avait tant participé à fonder, les recettes montaient à 9.395 fr.; en 1806,

(1) Il sera successivement rétabli et augmenté; en 1814, il y avait 10 professeurs.

(2) Elle fut réduite en 1809 à 3.000 fr.; en 1810, à 2.200 et en 1812, à 883 fr.; en décroissance avec le chiffre des recettes scolaires. Et cependant le Collège donnait gratuitement l'enseignement à plus de 100 enfants de Vannes dont il payait même la rétribution universitaire, et était pour la ville une cause de profits par le grand nombre d'élèves étrangers qu'il y attirait.

(3) Voir Registre des délibérations du Bureau d'administration, aux archives du Collège.

à 12.888 fr. qui donnèrent un boni de 4.150 fr. sur lequel le directeur put compter aux professeurs une forte partie de l'arriéré de l'an XII; en 1807, à 16.917 fr.; en 1808, à 19.926 fr. boni de 6.977 fr. sur lequel fut soldé l'arriéré dû aux régents; en 1809, 19.683 fr. (la ville ayant réduit sa dotation à 3.000 fr.); en 1810, 21.831 fr. malgré la réduction de la dotation à 2.200 fr.; en 1811, à 23.575 fr.; en 1812, à 22.421 fr. (réduction de la dotation à 883 fr.); en 1813, à 22.796 fr.; en 1814, à 21.952 fr.

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Cette marche ascendante du chiffre des recettes était évidemment parallèle à l'augmentation du chiffre des élèves; mais le registre des inscriptions ayant disparu en 1815, il est impossible d'en donner le nombre exact; les uns le portent à 500, d'autres de 750 à 800 dont 500 avaient dépassé 16 ans (1). Ce qui est certain, c'est qu'en 1807-1808, il n'était que de 356 (2). Une simple proportion entre les recettes de 1808 et celles de 1811 permettrait d'obtenir un nombre approché d'élèves payants les enfants de Vannes étant inscrit gratuitement encore faudrait-il tenir compte des variations de la dotation municipale et surtout du montant total de la rétribution universitaire d'abord de 24 fr. puis de 15 imposée par l'Etat sur tous les élèves à partir de 1808.

Dès cette année 1808, le directeur de l'Ecole et les régents avaient été appelés à faire partie de l'Université impériale (3) et astreints à contracter les obligations imposées à ses membres, et, en février 1810, l'Ecole secondaire communale de Vannes fut reconnue par le Grand Maître de l'Université, Fontanes, Collège de plein exercice. Le cercle des études y était complet, chaque classe ayant son professeur; ces professeurs étaient au nombre de 10, parmi lesquels M. Caro, le père du célèbre écrivain et philosophe, et l'abbé Mahé historien, archéologue.

(1) Voir Le Collège de Vannes en 1812. Souvenirs d'un vieux collégien, par le docteur Jean-Joseph Mauricet (Galles, imprimeur à Vannes, 1876).

(2) Voir Registre des délibérations du Bureau d'administration. Séance du 22 décembre 1808.

(3) « Grand corps laïque qui n'étant pas comme les corporations religieuses séparé du siècle, élèvera les enfants en vue de la société où ils devront entrer un jour. » (Décret du 17 mars 1808).

La renommée du Collège devint telle que le Gouvernement songea à le transformer en lycée, ainsi que le constate la lettre suivante que M. Germé, recteur de l'Académie de Rennes, écrivait à M. le Préfet du Morbihan, le 6 février 1812 :

«En exécution des articles 1 et 2 du décret impérial du » 15 novembre, je dois faire connaître au Grand Maître de » l'Université quels sont dans l'arrondissement de l'Académie » de Rennes les collèges qui peuvent être le plus facilement » érigés en lycées, d'après les bases établies dans ce décret. « Si la prospérité des études et le grand nombre des élèves » suffisaient pour obtenir cette faveur, aucun collège n'y » aurait plus de droit que celui de Vannes; mais il faut de » plus que les villes où sont situés les collèges présentent des » ressources suffisantes pour fournir le mobilier du pen»sionnat; pour mettre les bâtiments en état de recevoir au » moins 200 pensionnaires sans compter le logement du pro» viseur, du censeur et des professeurs non mariés. Je vous » prie donc, Monsieur le Comte (Préfet), de vouloir bien me » faire connaître s'il peut y avoir lieu à ce que le conseil >> municipal s'assemble pour émettre son vœu sur l'érection » du Collège de Vannes en lycée...... (1). »

L'administration municipale refusa, alléguant de l'état des finances de la ville.

Mais il est plus que probable que, fière de son Collège qui ne lui coûtait presque rien, où les enfants de la ville recevaient l'éducation pour rien, sur la direction duquel elle avait la haute main, dont le Bureau d'administration choisissait les professeurs parmi les hommes connus et appréciés des autorités locales et que le Conseil supérieur de l'Université nommait ensuite généralement (2), craignant en outre de le

(1) Voir Monographie du Collège de Vannes, Alp. Mauricet.

(2) L'année précédente, en 1811, 3 chaires devenant vacantes à la rentrée des classes, le Bureau d'administration avait fait ses choix et ses propositions qu'il renouvela dans sa séance du 3 septembre. N'ayant pas reçu de réponse, il crut ses propositions acceptées et, dès le commencement d'octobre, installa les professeurs qu'il avait désignés. Le 12 novembre, il reçut la nomination de professeurs étrangers, à lui inconnus, faite par le Grand-Maître. Réunion du Bureau (16 novembre), présidée par le général Jullien, conseiller d'Etat, préfet du Morbihan, comte de l'Empire, pour

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