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M. d'Armenfeld, la croix de mon Ordre militaire qu'il a si bien méritée; c'est y mettre un nouveau prix, sans doute, que de la lui faire recevoir des mains de son brave général.

C'est avec les sentimens de la plus parfaite considération que je suis, M. le Prince, votre affectionné.Signé GUSTAVE.

L'Embarras des Richesses, comédie lyrique, en trois actes, représentée, pour la première fois, par l'Académie royale de Musique, le mardi 26 Novembre, a été jugée avec plus de sévérité qu'un ouvrage de ce genre ne semble en mériter. Les paroles sont de M. Lourdet de Santerre, auteur de Colinette à la Cour; la musique de Grétry. Le titre et le sujet du Poëme sont pris d'une ancienne Comédie du Théâtre italien, de Dalainval, qui, après avoir été fort riche lui-même, et après avoir fait l'Embarras des richesses, finit par aller mourir très-philosophiquement à l'hôpital.

La musique de l'Embarras des richesses est remplie de choses agréables; elle est peut-être même plus soignée que celle de Colinette à la Cour; mais on y a trouvé plus de réminiscences et moins de varieté.

Voici un extrait du nouvel Opéra, qui peut suppléer à tout ce que nous avons oublié d'en dire.

1

Air de la Béquille du père Barnabas.
On donne à l'Opéra

L'Embarras des richesses;
Mais il rapportera,

Je crois, fort peu d'espèces.
Cet Opéra comique

Ne réussira pas,

Quoique l'auteur lyrique

Ait fait son embarras.

Embarras d'intérêts,
Embarras de paroles,
Embarras de ballets,
Embarras dans les rôles ;
Enfin de toute sorte,

On ne voit qu'embarras;
Mais allez à la porte,

Vous n'en trouverez pas.

La Nouvelle Omphale, comédie en trois actes et en prose, mêlée d'ariettes, a été donnée, pour la première fois, sur le Théâtre de la Comédie italienne, le jeudi 22 Novembre. Les paroles sont de M. de Beaunoir, ci-devant connu sous le nom de l'abbé Robineau, attaché à la Bibliothèque du Roi : nous lui devons l'Amour quéteur et beaucoup d'autres chefs-d'oeuvre qui ont fait et qui feront encore long-temps les délices du Théâtre de Nicolet et d'Audinot; la musique est du sieur Floquet.

C'est le Conte si connu de Senecé, intitulé Camille, ou la Manière de filer le parfait amour,

qui a fourni le sujet de la Nouvelle Omphale. Dans le Conte, la scène se passe au te mps de Charlemagne; dans la Comédie, sous le règne de Henri IV. Il n'y est question ni de l'Enchanteur, ni de la Figure de cire blanche dont la couleur doit se conserver pure si Camille est sage, et devenir noire si elle devient infidèle; mais, à l'exception de ces circonstances qu'il eût été difficile de faire réussir au Théâtre, tout se passe àpeu-près dans le Drame comme dans le Conte. Le dénouement est fort adouci. Le jeune fat, au - lieu d'être dépouillé de tous ses biens et promené dans le camp de Charlemagne une quenouille au côté, revient de son erreur, continue d'être l'ami du mari, de M. de Montandre, et Camille consent même à le nommer son chevalier.

La marche du Poëme est froide et lente, le dénouement de nul effet; il est prévu, et n'en est pas plus heureusement amené. On a trouvé généralement le caractère de la musique trop uniforme; mais on y a remarqué différens morceaux qui sont au-dessus de tout ce que nous avons vu jusqu'ici de M. Floquet; la finale du second acte a eu le plus grand succès et nous a paru du meilleur genre.

C'est le lundi 16 Décembre qu'on a représenté, pour la première fois, au Théâtre français, le Vieux Garçon, comédie en cinq actes et en vers, par M. Dubuisson, auteur de Thamas Kouli

Kan. Quelque médiocre qu'en ait été le succès, l'ouvrage nous a paru assez estimable pour mériter au moins une critique réfléchie. Le Vieux Garçon est un nouveau célibataire, et c'est probablement le St.-Géran du Célibataire de Dorat qui a fait naître la première idée de celui-ci. On ne peut s'empêcher d'observer, à cette occasion, que les travers qui semblent les plus propres aux mœurs de ce siècle n'ont pas été jusqu'ici les plus heureux au Théâtre. Nous y avons vu paraître successivement deux Célibataires et deux Egoïstes; aucun n'a fait fortune. Serait-ce uniquement la faute des peintres de nos jours? ne serait-ce pas aussi celle de leurs modèles? Nos vices ne seraient-ils bons à rien, pas même à fournir de bons originaux à la Comédie? un tel paradoxe ne serait pas bien difficile à soutenir, mais ce n'est pas ce qui doit nous occuper dans

ce moment.

On ne peut refuser à l'auteur' quelques intentions neuves et heureuses; l'idée d'avoir donné au Vieux Garçon un fils naturel est un trait de génie, et par l'intérêt qu'il pouvait répandre dans toute l'action du drame, et par la morale utile et frappante que cette circonstance amène naturellement. Quelque défauts qu'on puisse reprendre d'ailleurs dans cet ouvrage, les mœurs et l'honnêteté qu'il respire semblaient solliciter en sa faveur plus d'indulgence qu'il n'en a obtenu. Le style en est fort inégal; quelquefois trop élevé, plus souvent trop bourgeois; il fourmille

de fautes de ton et de goût; mais on y remarqué un assez grand nombre de vers doux, sensibles et d'une belle simplicité. Nous nous reprocherions d'avoir oublié ceux-ci.

Réparé! de ce mot combien l'effet est rare!

On sait quand on outrage, et non quand on répare. Le rôle du Vieux Garçon a été joué indignement par le sieur Préville. Mademoiselle Contat, qui fait tous les jours de nouveaux progrès, a paru charmante dans celui de Sophie.

LA VIEILLE de seize ans, romance, par M. Grouvelle.

Sur l'Air: A cet affront devions-nous nous attendre?

Lise à quinze ans plut et fut peu cruelle e;
Mais Lise, hélas ! fut quittée à seize ans.
La pauvre enfant alors, n'accusant qu'elle,
Crut d'être aimable avoir passé le temps.

Son miroir même, à ses yeux pleins de larmes,
Ne montrait plus ni beauté ni fraîcheur;
Toute charmante elle pleurait ses charmes
Et cet air simple exprimait son erreur :

« J'avais quinze ans quand tu me trouvais belle
» Un an détruit ma beauté, ton ardeur.

» Mon cœur,

hélas ! t'aime encore infidèle ;

« Mais à seize ans peut-on offrir son cœur ?

» Tu me pressais; quel feu...! quelle tendresse...!

» Mais j'ai seize ans; adieu tous tes désirs !

» Du doux plaisir je sens encor l'ivresse ;

« Mais j'ai seize ans; adieu tous tes plaisirs !

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