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each of which presents a subject complete in itself, and illustrated by explanatory notes when any difficulty occurs. In selecting from all literary periods, the Editor's object has been to enable the reader to form his judgment and taste by a comparison of the various and different styles of writing. This work is thus a faithful mirror of French literature, ancient as well as modern, and will form, either for the drawing-room or class-room, a course of reading not less instructive than agreeable.

MOLIÈRE is acknowledged by all critics to be the greatest comic writer that ever lived. In this volume will be found the best scenes of his prose productions. They are not given here from predilection for the drama, but with the view of making the student familiar with perfect models of conversational language, enlivened by exquisitely witty repartees, affording, at the same time, a rich and abundant store of pieces for recitation. With the same end in view, the Editor has also introduced a few striking passages from other distinguished dramatic writers. By this plan, masters will be spared the trouble of having recourse to numerous volumes, and the pupils saved considerable expense attendant on procuring them.

The fables of LA FONTAINE are also admirable subjects for recitation. Several of them are inserted here. Their uniform excellence rendered the selection a task of no small difficulty; for, of nearly three hundred fables which that great fabulist has composed, upwards of two hundred and fifty of them are masterpieces, while the remainder are only very

little inferior. From their first appearance so great has been the attraction of these fables, that they have been committed to memory by old as well as by young. In a letter to her daughter, the accomplished Madame DE SÉVIGNÉ Writes: "N'avez-vous pas

trouvé jolies les cinq ou six fables de La Fontaine, qui sont dans un des tômes que je vous ai envoyés ? Nous en étions ravis l'autre jour chez M. de la Rochefoucault; nous apprîmes par cœur celle du Singe et du Chat." And, the celebrated critic LAHARPE, in speaking of this same fabulist, observes: "Il n'y a point d'écrivain qui ait réuni plus de titres pour plaire et pour intéresser. Quel autre est plus souvent relu, plus souvent cité ? Quel autre est mieux gravé dans le souvenir de tous les hommes instruits, et même de ceux qui ne le sont pas ?"

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ON raconte que Philippe III, roi d'Espagne, étant un jour à un balcon de son palais de Madrid, vit sur le bord du Mançanarès un étudiant qui, tenant un livre à la main, interrompait de temps en temps sa lecture pour se donner de grands coups sur le front avec des démonstrations extraordinaires de joie. Ce jeune homme, dit le roi, a perdu la tête, ou il lit don Quichotte. Le monarque avait deviné juste; c'était don Quichotte que lisait l'étudiant, et il n'était fou que de plaisir.*

Il n'est personne qui ait lu cette admirable production de Cervantes, à qui il ne soit arrivé de faire ainsi que l'étudiant; et comme tous ceux qui savent lire veulent connaître don Quichotte, afin de rire aussi avec lui, nous allons donner le portrait du fameux chevalier de la Manche, avec un abrégé de ses principales aventures.

* "De tous les livres que j'ai lus, don Quichotte est celui que j'aimerais mieux avoir fait."-St.-Evremond, lettre au maréchal de Créquy.

A

CHAPITRE PREMIER.

Du caractère et des occupations de don Quichotie de la Manche.

DANS un village de la Manche, vivait, il n'y a pas longtemps, un de ces gentilshommes qui ont une vieille lance, une rondache rouillée, un cheval maigre, et un lévrier. Un bouilli, plus souvent de vache que de mouton, une vinaigrette le soir, des œufs frits le samedi, le vendredi des lentilles, et quelques pigeonneaux de surplus le dimanche, emportaient les trois quarts de son revenu. Le reste payait sa casaque de drap fin pour les jours de fête, et l'habit de gros drap pour les jours ouvriers. Sa maison était composée d'une gouvernante de plus de quarante ans, d'une nièce qui n'en avait pas vingt, et d'un valet qui faisait le service de la maison, de l'écurie, travaillait aux champs et taillait la vigne. L'âge de notre gentilhomme approchait de cinquante ans. Il était vigoureux, robuste, d'un corps sec, d'un visage maigre, très matineux, et grand chasseur. On prétend qu'il avait le surnom de Quixada ou Quésada. Les auteurs varient sur ce point. Ce qui paraît le plus vraisemblable, c'est qu'il s'appelait Quixana. Peu importe, pourvu que nous soyons certains des faits.

Lorsque notre gentilhomme était oisif, c'est-à-dire, les trois quarts de la journée, il s'appliquait à la lecture des livres de chevalerie avec tant de goût, de plaisir, qu'il en oublia la chasse et l'administration de son bien. Cette passion devint si forte, qu'il vendit plusieurs morceaux de terre pour se former une bibliothèque de ces livres. Bientôt il lui vint dans l'esprit l'idée la plus étrange que jamais on ait conçue. Il s'imagina que rien ne serait plus beau, plus honorable pour lui, plus utile à sa patrie, que de ressusciter la chevalerie errante, en allant luimême à cheval, bien armé, cherchant les aventures, redressant les torts, réparant les injustices. Le pauvre homme se voyait déjà conquérant par sa valeur l'empire de Trébisonde. Enivré de ces espérances, il résolut aussitôt de mettre la main à l'œuvre. La première chose

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