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ment la seule ombre de S. Pierre, de laquelle ils attendaient la guérison de leurs infirmités (aux Actes., c. V, 15). Ces miracles nous instruisent des sentiments que nous devons avoir sur le sujet des reliques et d'autres choses extérieures, qui sont en vénération par rapport aux saints ou à Dieu même. Anathème à qui aura d'autres pensées, tant sur les images que sur les reliques, que celles que nous venons d'expliquer. Honorer les unes et les autres d'un honneur relatif, c'est une discipline très-louable et très-ancienne, autorisée par l'Eglise et par conséquent très-agréable à Jésus-Christ, son époux.

Nous croyons qu'il y a un purgatoire, c'est-à-dire un lieu où les âmes de ceux qui n'ont pas fait assez de pénitence, ou qui sont séparées, ayant quelque péché véniel qui n'était pas encore pardonné, sont détenues. Car nous ne pouvons pas douter qu'il n'y ait de ces péchés, puisque Jésus-Christ a marqué qu'il y en avait qui ne seraient remis ni en ce monde ni en l'autre (Matth., c. XII, 32), et que de ces paroles on tire cette conséquence qu'il y a donc des péchés qui se remettent après la mort, et il faut bien que ces péchés soient de ceux qu'on appelle véniels, c'est-à-dire qui ne privent pas de la grâce, n'éteignant pas la charité, et ne méritent pas l'enfer, d'où il n'y a point de rémission ni de retour: car autrement ils ne se remettraient pas après la mort, à l'instant de laquelle l'âme est jugée pour être éternellement bienheureuse ou pour être éternelle ment malheureuse. Mais ces péchés, quoique véniels, ne laissent pas de souiller l'âme. Or comme l'Ecriture, la justice aussi bien que la raison, nous apprennent que rien de souillé n'entrera dans le ciel (Apocal., c. XXI, 27), il faut par nécessité que ces péchés soient purgés, et il faut qu'ils le soient par les peines que Dieu a destinées à ce sujet, parce que la justice divine ne laisse aucune faute impunie, si ce n'est que sa miséricorde se laisse fléchir par les prières des fidèles. Et c'est pourquoi l'Ecriture nous apprend que c'est une sainte el salutaire pensée de prier pour les morts, afin qu'ils soient délivrés de leurs péchés (II des Machab., c. XII,46). Aussi, en remontant aux siècles les plus éloignés, nous trouvons la tradition perpétuelle de ces prières. Cette vérité nous est donc enseignée par la parole de Dieu, dans son premier Testament, par Jésus-Christ, par la tradition, par l'écriture du Nouveau Testament el par I'Eglise.

Nous croyons que la célébration de l'eucharistie est un sacrifice commémoratif de la passion de Jésus-Christ, et qu'on l'offre pour les vivants et pour les morts. Les apótres l'ont offert (Aux Actes, ch. 13, v. 2). Depuis les apôtres, la tradition de ce sacrifice est perpétuelle. Il n'évacue point la vertu du sacrifice du calvaire, mais il nous l'applique. C'est la même victime, Jésus-Christ, qui est offerte, quoique ce sacrifice soit non sanglant. C'est donc la parole de JésusChrist qui nous l'apprend par la tradition, par l'Ecriture et par l'Eglise. J'ai essayé de

le prouver dans mes mémoires touchant la religion. Le lecteur pourrait les voir s'il lui restait quelque peine sur ce sujet. Les protestants reconnaissent que les saints pères les plus anciens parlent de ce sacrifice, et ils n'ont rien à dire, sinon que les saints pères se sont trompés. Je laisse à juger au lecteur s'il est plus juste de déférer au sentiment de ceux qui viennent de se séparer de l'Eglise qu'à celui des saints pères, qui doivent être en vénération à tous les chrétiens.

La communion sous une seule espèce a été de tout temps permise en certaines occasions. Elle est maintenant commandée aux laïques pour des raisons qu'a eues l'Eglise, qui ne se trompe jamais. C'est un point de pure discipline dont l'Eglise peut disposer.

Pour prouver aux protestants que c'est un point de pure discipline, nous n'avons qu'à leur dire qu'ils permettent eux-mêmes la communion, sous la seule espèce du pain, à ceux qui ont aversion du vin. S'il était de l'essence du sacrement et de l'institution de Jésus-Christ de communier sous les deux espèces, ceux qui ont cette aversion naturelle pourraient bien être dispensés de communier. Le désir de le faire, leur foi, leur charité pourraient suppléer à la communion réelle et effective, selon cette parole de saint Augustin Croyez, et vous avez mangé le corps du Fils de Dieu; mais il ne leur serait pas permis de retrancher la moitié du sacrement, non plus qu'il ne serait pas permis de donner le baptême autrement qu'avec de l'eau naturelle, et au nom du père et du Fils et du Saint-Esprit. S'il était impossible d'avoir de l'eau, l'on ne pourrait pas bapti ser avec une autre liqueur, et s'il ne se trouvait qu'un muet pour faire ce saint lavement, il ne devrait pas baptiser, ne pouvant proférer les paroles selon que Jésus-Christ l'a ordonné.

L'essence des sacrements se prend de l'institution de leur divin Auteur, et quelque impossibilité qu'il y eût de faire tout ce qu'il a prescrit, rien ne pourrait suppléer. Les essences sont immuables. Ainsi, si Jésus a tellement institué le sacrement de l'Eucharistie, que les deux espèces soient nécessai rement requises pour communier, quelque répugnance qu'on ait de boire du vin, l'on ne reçoit pas le sacrement de Jésus-Christ en s'abstenant de prendre la coupe. Cependant nos frères séparés ont résolu parmi eux de donner l'eucharistie sous la seule espèce du pain à ceux qui ont aversion du vin. faut donc qu'ils avouent que la communion sous les deux espèces n'est pas de l'essence du sacrement, et que le retranchement de la coupe est de pure discipline. Or, comme la discipline doit être réglée par l'Eglise, selon les différentes circonstances des lieux, des personnes et des temps, nos frères séparés n'ont pas raison de nous blâmer du retranchement de la coupe pour les laïques, puisque l'Eglise l'a ainsi jugé à propos pour les raisons qu'elle a eues, et que l'usage de ce divin sacrement a été différent en différents temps, comme les savants d'entre le

protestants ne le peuvent désavouer.

La communion sous une seule espèce commandée par l'Eglise ne doit pas faire de difficulté à ceux qui croient la présence réelle, parce qu'en communiant sous une espèce, on reçoit Jésus-Christ tout entier. Ceux qui sacrifient doivent faire le sacrifice sous les deux espèces, parce que ce sacrifice représente celui du Calvaire et la séparation du sang que Jésus-Christ versa sur la croix. Et c'est pourquoi Jésus-Christ dit à ses apôtres, à qui il donnait le pouvoir de sacrifier à sa dernière cène : Faites ceci en mémoire de moi. Cela est prouvé invinciblement ailleurs, et dans mes mémoires touchant la religion; et M. l'évêque de Meaux a fait un excellent traité sur ce sujet, auquel je renvoie les lecteurs.

Nous croyons que le jeûne et l'oraison étant des moyens d'apaiser la colère de Dieu, l'Eglise a très-bien fait d'instituer des jours auxquels nous sommes obligés de jeûner et de prier. Les patriarches et les prophètes ont pratiqué le jeûne; Jésus-Christ l'a consacré en sa personne. Les fêtes, qui sont faites pour prier, ne peuvent être qu'agréables à Dieu, puisqu'elles ne sont établies que pour l'honorer, et encore que quelques-unes soient instituées en l'honneur des saints, cet honneur est relatif à Dieu, car l'on n'honore les saints que parce que Dieu est admirable en eux. Tout cela est de discipline, et c'est à l'Eglise à la régler.

Le ministère des prêtres est si saint, qu'encore que le mariage ait été institué de Dieu, néanmoins, comme le célibat est un état plus parfait, et que saint Paul (I, aux Cor., c. VII, v. 25 et suivants) le conseille à ceux qui veulent être plus attachés au Seigneur, l'Eglise a jugé à propos, au moins dans l'Occident, de n'admettre personne au sacerdoce qu'il n'embrasse le célibat. Nous ne disons pas que Dieu ait attaché nécessairement le célibat au sacerdoce; et si les Grecs n'étaient d'ailleurs séparés de nous par leurs erreurs, nous pourrions les tolérer, encore qu'ils n'aient pas embrassé cette discipline, ou, pour mieux dire, qu'ils n'y aient pas persévéré. Ce qui n'est que de pure discipline peut être différemment pratiqué en différents lieux mais parmi nous, puisque l'Eglise, qui dans les premiers siècles avait généralement ordonné le célibat aux prêtres, nous a conservés dans cette pureté, ce serait un grand crime de la violer. Le sacrement de mariage est un contrat de l'homme et de la femme élevé à la grâce. Les inférieurs ne peuvent valablement contracter qu'avec soumission à la volonté de leurs supérieurs. L'autorité spirituelle et la temporelle sont d'accord à cet égard; l'Eglise a parlé sur ce point. Tous les fidèles, qui la regardent comme leur mère, dont ils sont obligés de respecter tous les sentiments, se sont spécialement et très-volontiers soumis à ce qu'elle a réglé touchant le mariage; et, comme elle a défendu de contracter à ceux qui sont promus aux ordres sacrés, les lois impériales, les ordonnances des rois et celles

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Comme toute l'Ecriture est pleine de témoignages des vœux que l'on fait à Dieu, et que personne ne peut désavouer que le Seigneur n'ait agréables ceux qu'on lui fait en certaines occasions pour sa gloire et pour son service, aussi ne peut-on raisonnablemeut trouver mauvais les vœux monastiques qui ne tendent qu'à vivre selon les conseils évangéliques, et à faire renoncer aux choses de la terre, aux plaisirs, à soimême; et si nos frères séparés y font un peu de réflexion, ils connaîtront aisément qu'on a tort de blâmer la vie monastique, si ancienne dans l'Eglise tant grecque que latine.

L'Eglise consiste dans l'unité d'esprit, et les vrais adorateurs adorent Dieu en esprit et en vérité (saint Jean, c. V, v. 23; aux Ephés., c. IV, v. 4; aux Cor., c. XII, v. 13). Ainsi les fidèles ont très-saintement institué une unité de culte, et les offices divins sont en usage à cet effet. C'est pourquoi l'Eglise a trouvé bon que partout les offices divins se fissent dans une langue qui fût commune aux peuples qui peuvent avoir société les uns avec les autres. Dans l'Eglise d'Orient, la langue grecque, qui est la langue universelle, est en usage pour la liturgie et les prières publiques, la latine dans l'Eglise d'Occident; et quoique ces deux langues, qui ont été vulgaires autrefois et entendues du peuple, ne le soient plus, et ne soient connues que de ceux qui ont de l'étude, on les a néanmoins retenues : 1° parce que l'on n'a pas trouvé à propos de changer l'ancien usage qui avait été très-bien réglé, et que les langues vivantes étant sujettes à un changement perpétuel, il faudrait continuellement changer les offices et les manières d'adorer et de prier; ce qui serait même dangereux se pouvant faire, que dans ces changements si fréquents il s'y glissât des erreurs ou des choses superstitieuses; 2° parce que ces langues étant connues aux ministres qui s'acquittent de ces saintes fonctions, et tous les fidèles devant unir leurs esprits et leurs cœurs à ceux qui prient et offrent le sacrifice au nom de toute l'Eglise, il importe que la langue en laquelle on prie soit commune, puisque tous demandent la même chose au Seigneur, et que cette communion de vœux, de culte, d'adoration, lui est trèsagréable; 3° que si chaque peuple faisait l'office en sa langue, cela ne lierait pas les différentes nations dans la religion. Qu'un Allemand, par exemple, ou un Polonais, vienne en France; quelle consolation aurat-il en entrant dans l'Eglise d'entendre chanter l'office en langue française. Mais peut

être que cet Allemand n'entend pas le latin non plus que le français: il est vrai; mais il sait que c'est le même latin qui est chanté en Allemagne, et qui est entendu de ceux de son pays, qui ont étudié aussi bien que les Français; qu'ainsi c'est une langue générale connue en Allemagne comme en France, et cela entretient la communion et la charité religieuse des chrétiens.

Qu'on ne nous oppose pas qu'il ne faudrait donc qu'une seule langue dans toute l'Eglise; et que cependant l'Eglise grecque a toujours fait ses offices en grec, et l'Eglise latine en latin. Il est vrai qu'on se sert de ces deux langues; mais c'est parce que le commerce des Grecs et des Latins n'est pas ordinaire outre que les langues grecque et latine sont universelles, le grec étant connu dans l'Eglise occidentale, et le latin dans l'orientale; et qu'ainsi un latin entendant l'office en grec dans l'Orient n'est pas tout à fait étranger à cette langue, qu'il sait être la langue originale du Testament de Jésus-Christ, excepté peut-être l'Evangile de saint Matthieu, que saint Jérôme croit avoir été écrit en hébreu, et la lettre de saint Paul aux Hébreux, que plusieurs sont persuadés avoir été aussi écrite en cette même langue; et comme le Grec est connu de plusieurs personnes de l'Eglise latine, l'on ne peut pas dire que les Grecs soient tout à fait barbares à ceux de l'Eglise latine qui assistent à leur liturgie. Un grec n'est pas tout à fait étranger dans l'Eglise d'Occident, parce qu'il sait que le latin n'est pas inconnu aux savants orientaux. Enfin nos frères séparés savent bien qu'avant leur séparation c'était l'usage universel des fidèles, cela est de pure discipline. Quelle raison peuvent avoir de nouveaux réformateurs de condamner et de vouloir renverser un usage général et de tous les temps?

Outre ces raisons, que l'on ne saurait rejeter avec justice, nous avons à dire que l'instruction qui se donne dans l'Eglise, particulièrement dans les paroisses dont nos conciles recommandent si fort la fréquentation, suppléent au défaut de l'intelligence que le commun du peuple n'a pas de cette langue générale. Nous pouvons encore dire que la charité et le zèle que les personnes savantes et picuses ont pour l'édification de leurs frères les portent à traduire et les offices et l'Ecriture sainte en langue ordinaire à chaque nation. C'est en effet le moyen d'édifier l'Eglise au rapport de saint Paul (I, aux Cor., c. XIV, v. 5 et 13), et il n'y a personne qui ne puisse entrer par le secours de ces versions, dans la connaissance des mystères que l'on célèbre dans l'Eglise, et des prières qui s'y font. Ainsi chacun peut, ouire l'adoration, le culte et les prières communes, se servir de ce qu'il trouve propre pour ses besoins particuliers, et, selon sa disposition, s y arrêter autant que l'esprit de Dieu l'y porte et l'y attache.

Il ne faut pas qu'on s'imagine, qu'encore que l'Eglise ait pris de temps en temps des précautions, pour modérer la licence qu'on

s'était autrefois donnée, et qu'on pourrait encore se donner, de traduire les livres sacrés sans discrétion, on veuille dérober au peuple la consolation (Rom., XV. 4) qu'il doit espérer de la lecture des saintes Lettres. L'Ecriture sainte est le dépôt du Testament de notre père commun, ou le témoignage que les apôtres et les évangélistes ont rendu des vérités qu'il a confiées à l'Eglise, pour être transmises aux fidèles, jusqu'à la consommation des siècles. Il doit être connu à tous ceux qui ont part à son héritage, et qui sont cohéritiers de Jésus-Christ (Rom., VIII, 17); mais il ne faut pas en abuser. Il faut que le testament du père de famille rédigé par écrit soit conu de ses enfants; mais il ne faut pas que les copistes y glissent de faux articles. On veut bien que l'Ecriture sainte, et les Livres sacrés soient lus de tous les fidèles, et l'on veut aussi que ceux qui ont la clé de la science, dont les lèvres sont gardiennes des vérités du salut, et de la bouche desquels on doit recevoir la loi de Dieu (Malach. c. II, 7), voient et connaissent, si les versions sont fidèles : afin que, comme la parole sacrée doit être la nourriture des âmes chrétiennes, l'on ne leur donne pas du poison au lieu de leur donner un aliment qui les entretienne en santé. Il est encore du soin des pasteurs, qui doivent connaître la disposition de leurs ouailles, d'examiner si ceux, entre les mains desquels sont ces livres divins, en font un bon usage: car comme nulle viande n'est plus salutaire à l'homme que le pain, et que cependant on en défend l'usage à ceux qui sont malades, de même le pain spirituel de cette divine lecture doit être quelquefois interdit à certains esprits mal disposés, jusqu'à ce que, par une instruction pastorale et vraiment chrétienne, on les ait réduits à une santé, telle que la doivent avoir ceux à qui l'on permet une nourriture solide. Cela dépend donc de la discrétion des pasteurs, qui sont les vrais médecins des âmes : et c'est la plus noire de toutes les calomnies d'accuser l'Eglise catholique de priver ses enfants de la connaissance de ce qui est le plus sacré dans la religion, qui est la parole de Dieu.

Nos frères separés, qui cherchent à blâmer nos usages jusqu' aux atomes, condamnent toutes les prières secrètes de la Messe, disant que nous dérobons aux fidèles la connaissance de nos mystères, ou que par un orgueil insupportable les sacrificateurs se croient sculs dignes d'entrer dans un si saint commerce avec Dieu, ou enfin qu'ils imitent la superstition des païens qui n'adoraient qu'en se cachant, certaines de leurs divinités. Mais rien n'est si mal fondé que cette accusation. L'Eglise ordonne à ses ministres d'adorer et de prier à voix basse, afin que le sacrificateur soit plus recueilli, et il n'y a point de fidèlə qui ne sache que ces parties du sacrifice demandent d'eux plus d'attention. Les missels sont des livres qui se débitent publiquement. et il n'y a point de chrétien à qui il ne soit permis de les lire entièrement ou dans la langue universelle, s'il l'entend, ou dans les traduc

tions qui sont communes à tout le monde. L'on ne saurait faire une plus injuste accusation, que de dire que le sacrificateur s'attribue tellement le commerce que le sacrifice lui donne avec Dieu, qu'il en veuille exclure ceux qui y assistent, puisque en plus d'un endroit des prières secrètes, le prêtre associe à la sacrificature ceux mêmes pour qui il offre et c'est une impiété calomnieuse de nous faire entrer en société de la superstition des païens qui adoraient en secret quelques-unes de leurs fausses divinités, puisqu'il n'y a rien de plus public que nos liturgies, et surtout dans la consécration, dans laquelle on expose l'adorable sacrement à la vue de tout le peuple. Enfin, pour fermer la bouche sur ce point à nos contradicteurs, nous n'avons qu'à leur dire que dans l'ordination, la plus éclatante de nos saintes fonctions, l'évêque qui consacre les ministres de Jésus-Christ en présence du peuple, dit toute la messe à haute voix conjointement avec ces nouveaux consacrés, ce qui ne se ferait pas, si l'esprit de l'Eglise était tel, que ses ennemis le voudraient faire croire.

Voilà, sans aucun déguisement le vrai système de la religion chrétienne et catholique: voilà le sommaire et l'abrégé de notre foi et des plus importantes vérités que nous professons, pour soumettre et captiver nos esprits à l'obéissance de la parole de Jésus-Christ, sur laquelle nous fondons l'espérance que nous avons de notre salut, conformément aux promesses que le Seigneur nous en a faites, et auxquelles il est fidèle; mais il veut aussi, que de notre côté nous marchions lans la voie de ses commandements, que nous lui donnions sincèrement notre cœur, et que nous répondions aux grâces dont il nous prévient, dont il accompagne les bonnes euvres qu'il a commencées en nous ( Aux Philip. ch. I, v. 6), et qu'il consomme avec notre très-libre consentement, en nons donnant la persévérance, après que nous la lui avons demandée comme il faut, c'est-à-dire avec humilité et confiance.

Si nos frères séparés trouvent quelque chose qui blesse la piété chrétienne dans ce système de la religion, ou qui soit contraire à la parole du Seigneur, ils sont conjurés très-instamment et avec une charité vraiment fraternelle, de nous l'exposer dans la même simplicité dans laquelle nous leur parlons, afin que nous puissions nous éclaircir pour notre mutuelle et réciproque consolation; et s'ils ne sont choqués d'aucun de nos articles, l'Eglise les invite de revenir dans son sein, qui leur sera toujours ouvert. Ils se doivent souvenir que, lorsqu'ils en sont sortis et que leurs réformateurs en ont composé une nouvelle, ils ne connaissaient aucune société qui fit profession de tous les dogmes qu'ils professent; qu'il n'y avait aucune autre Eglise visible que celle dont ils sortaient; que cependant l'Eglise de Jésus-Christ doit être visible et perpétuelle, comme nous l'avons brièvement montré ci-dessus et ailleurs plus au long, et comme il est prouvé si fortement par tant de savants hommes qui ont écrit sur

ce sujet. Ainsi ces réformateurs, s'ils étaient encore en état de parler, ne pourraient pas désavouer qu'ils ne fussent dans la vraie Eglise de Jésus-Christ lorsqu'ils ont prétendu de la réformer. Or, comme nos frères protestants savent bien que nous sommes dans la même Eglise qu'étaient leurs réformateurs avant leur séparation, il faut aussi qu'ils avouent ou qu'il n'y avait plus d'Eglise (qui est un entier renversement de la religion), ou que la nôtre est la vraie Eglise, c'est-à-dire celle contre laquelle les portes d'enfer ne peuvent prévaloir, celle qu'on doit écouter, a moins d'être regardé comme païen; celle qui est la colonne et le soutien de la vérité: celle à qui Jésus-Christ a promis son assistance jusqu'à la fin du monde; qui est infaillible et inaltérable dans sa doctrine et dans les règles qu'elle donne pour les mœurs et la discipline; et enfin que c'est cette Eglise qui, selon la parole de Jésus-Christ, est bâtie sur la pierre ferme, et qui par cette raison ne peut être ébranlée ni par l'impétuosité des pluies et des torrents, ni par les vents et les tempêtes des hérésies: de sorte que nous n'avons rien à dire à nos frères, sinon qu'ils se souviennent, comme ils en sont prophétiquement avertis par Isaïe, de cette pierre dont ils ont été séparés (Isaïe, LI, 1), afin de s'y réunir, comme tous les catholiques les en conjurent.

Je ne sais ce qui pourrait empêcher cet heureux effe de la miséricorde de Dieu, qu'un aveugle entêtement et une obstination de nos frères séparés à leur propre ruine.

Nous adorons tous un même Jésus-Christ, Homme-Dieu, conçu par l'opération du Saint Esprit dans le sein d'une Vierge, né de cette même Vierge pour être notre Rédempteur, notre Sauveur, notre unique Médiateur. Nous attendons tout des mérites de sa passion et de sa mort. Nous croyons ce qu'il a enseigné à ses apôtres, ou immédiatement par luimême lorsqu'il conversait avec eux sur la terre, ou par son Esprit saint, qu'il leur a envoyé après son ascension, pour leur enseigner toute vérité (Jean, XVI, 13); vérité contre laquelle l'Apôtre nous apprend que nous ne pouvons rien (II Cor., XIII, 8).

Que nos frères se souviennent que toutes les sectes du monde qui se sont séparées de l'Eglise ou élevées contre elle, ont été confondues, et que l'Eglise a toujours été victorieuse, parce qu'elle est batie, comme il a été dit, sur la pierre ferme, et que les sectes ne sont fondées que sur le sable; que la foi de l'Eglise est appuyée sur la parole de Dieu; que les sectes se laissent emporter à tous les vents (Ephés., IV, 14) des différentes opinions des hommes; et que nos frères séparés en ont formé une, laquelle est de ce nombre. Qu'ils voient eux-mêmes, et qu'ils examinent de bonne foi, combien peu leur créance a été constante et uniforme, depuis la prétendue réformation de Luther, leur premier patriarche, jusques à maintenant. Je les prie de lire sans préoccupation cet admirable ouvrage de leurs variations, que M. l'évêque de Meaux a donné depuis peu au public. Je ne

leur demande pas cela pour leur donner de la confusion je ne souhaite de confondre que ceux qui veulent, contre leur propre conscience, demeurer ennemis de l'Eglise : et je ne les prie de s'éclaircir que pour avoir, non la confusion, mais la gloire de se rendre à la certitude de la parole de Dieu, quitter cet état flottant et incertain dans lequel ils sont, et rentrer dans l'Eglise, qui ne varie jamais. Ils savent avec quelle fermeté on les a toujours défiés de nous faire voir la naissance des dogmes que nous soutenons contre eux, laquelle l'on ne saurait en effet trouver qu'en remontant jusqu'au temps des apôtres instruits par Jésus-Christ et par son Esprit saint, et qu'il n'y en a pas un de ceux qu'ils nous opposent, dont l'on ne leur ait cent fois fait voir le commencement et la condamnation. Enfin qu'ils se souviennent que S. Pierre ne se crut en pleine sûreté qu'après que le Seigneur l'eut tiré dans son bord (S. Matth., c. XIV, 31-32): que la barque dans laquelle Jésus-Christ le fit entrer affronta tous les flots et tous les périls de la mer, et que cette barque est la figure de l'Eglise que notre maitre n'abandonnera jamais. Que nos frères y viennent donc pour éviter le naufrage, qui est infaillible dans tout autre vaisseau que dans celui de S. Pierre, puisqu'il n'y a que celui-là qui soit conduit par le Fils de Dieu.

ADDITION.

Quelqu'un ayant vu cet ouvrage après avoir été imprimé, a fait une objection à l'auteur de ce que l'avertissement porte, que tout ce qui est en controverse entre les catholiques et les protestants est prouvé par l'Ecriture dont on a marqué les endroits dans le texte; et que cependant il y a des articles pour la preuve desquels l'on n'a cité aucun endroit de l'Ecriture, c'est à savoir la communion sous une seule espèce, les jeûnes, les fêtes, le célibat des prêtres, les vœux mo. nastiques, le service divin en languevulgaire.

Comme ces articles ne sont que de pure discipline, et que la discipline dépend de ceux qui gouvernent l'Eglise et qui ont droit de paître (S. Jean, c. XXI, 15 et 17), c'est-àdire de conduire (I S. Pierre, c. V, 2) le troupeau de Jésus-Christ (I Cor., c. XI, 34), de disposer des choses extérieures de la religion, de converser et d'agir dans la maison de Dieu (1 Tim., c. III, 15), qui est son Eglise, l'auteur du système avait cru que c'était assez de marquer que l'Eglise avait établi tous ces points de discipline pour l'édification des fidèles. Mais pour fermer la bouche à tous les contradicteurs, voici les preuves de l'Ecriture; quoique par la raison qui vient d'être proposée, elles ne fussent pas nécessaires, et que la tradition jointe à l'utilité spirituelle qui en revient visiblement à l'Eglise, fût suffisante. Si l'on voulait presser les protestants de prouver par l'Ecriture cha que point particulier de leur discipline, ils se trouveraient fort embarrassés.

Encore que le Fils de Dieu ait institué I'Eucharistie sous les deux espèces, il en parle quelquefois comme étant reçue sous

une seule (S. Jean, c. VI, 48, 50, 51, 52, 59). Il l'a lui-même administrée sous l'espèce du pain seulement (S. Luc, c. XXIV, 30, 35); et il paraît que les apôtres en ont fait de même (Actes, c. II, 42).

Pour le jeûne, il est difficile de comprendre pourquoi les protestants querellent les catholiques sur ce point. Toute l'Ecriture est pleine de la pratique et des éloges du jeûne, et l'on ne croit pas qu'il soit nécessaire de marquer les endroits où il est recommandé: il y en a trop, et nous ne pourrions les rapporter tous. Si notre jeûne déplait à nos frères séparés, parce que l'Eglise l'a commandé, qu'ils se souviennent combien de fois il l'a été dans l'ancienne loi (Liv. II des Paralip., c. II. 3; I Esdr., c. VIII, 21; Jonas, c. III, 5). Pourquoi l'Eglise n'aurat-elle pas autant de pouvoir que la synagogue, et pourquoi les pasteurs chrétiens scront-ils moins autorisés que ceux de l'ancienne loi? Si le nombre de quarante jours leur paraît trop affecté, qu'ils nous disent, puisque Jésus-Christ veut que nous suivions son exemple autant que nous le pouvons, pourquoi nous ne jeûnerons pas pendant ce nombre de jours consacré par le jeûne de Notre-Seigneur (S. Matth., c. IV, 2; S. Marc, c. 1, 13; S. Luc, c. IV, 2)? S'ils blåment nos jeûnes des quatre-temps, qu'ils blâment donc ceux qui sont exprimés dans les prophètes (Zach., c. VIII, 19. Enfin s'ils trouvent mauvais que l'Eglise ordonne des jeûnes aux veilles des fêtes selennelles, qu'ils blâment ce que Tobie disait que l'oraison est bonne avec le jeûne (Tob, c. XII, 8). On sait que les fêtes sont instituées pour s'assembler afin de prier Dieu, et l'Eglise a trouvé bon de joindre le jeûne à la prière pour le sanctifier, qui est une expression réitérée dans l'Ecriture (Joël, c. I, 14; c. II, 15).

Les festivilés sont trop fréquentes dans l'Ecriture, pour avoir besoin de les remettre en mémoire à nos frères séparés, qui la lisent assidûment et si les bienfaits temporels que Dieu a départis à son peuple la dédicace du temple de Jérusalem, les victoires signalées et tant d'autres événements singuliers, ont donné occasion aux fêtes de l'ancienne loi, il y a bien plus de sujet de célébrer les mystères de Jésus-Christ, qui tendent tous à notre sanctification, et la mémoire de la très-sainte Vierge mère de notre libérateur, celle des martyrs et des autres saints, qui ont vaincu le monde, et ont remporté sur lui par la grâce de Jésus-Christ de si éclatantes victoires.

Pour le célibat des prêtres, on a prouvé par l'Ecriture qu'il est préférable à l'état du mariage: et pour montrer qu'il convient aux prêtres, saint Paul dit : qu'il voudrait (En la I, aux Cor. VII. v.7), que tous fussent comme lui dans le célibat: il était apôtre, évêque, prêtre. Les prêtres de l'ancienne loi s'abstenaient de l'usage du mariage, lorsqu'ils étaient en tour de leur fonctions sacrées. Le prêtre Achimelech ne voulut pas donner à manger des pains de proposition, figure de l'eucharistie, à David ni à ceux de sa suite, sans

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