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les parties nobles, on doit ordonner des remèdes qui s'y portent: voyant qu'outre que l'hérésie est comme le poison qui de sa nature tend à saisir le cœur, les ministres ont particulièrement adressé leur écrit à V. M., qui est le cœur qui donne la vie à tout ce grand Etat; bien que je sache et que tout le monde reconnaisse que la fermeté de votre foi la préserve de tout péril, j'ai cru que mon devoir m'obligeait de lui présenter ce contre-poison, et qu'elle l'aurait d'autant plus agréable, que mon des

sein est de lui témoigner par cette action, que toutes celles de ma vie n'auront jamais autre but que son service. C'est la protestation que fait,

SIRE, de Votre Majesté,

Le très-humble, très-obéissant et très-fidèle sujet et serviteur,

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Ayant appris de saint Augustin que c'est folie de parler sans preuve en matière de religion, et voyant que l'écrit sur le sujet duquel j'ai entrepris cette défense des principaux points de la foi (August., I. II, contra litter. Petiliani, c. 39), touchait toutes questions sans en prouver aucune, j'ai longtemps estimé qu'il était plus digne de mépris que de réponse.

Mais ayant su qu'ainsi que c'est la coutume des faibles de triompher de peu, el de feindre par artifice des avantages pour publier des victoires qu'ils n'ont point: ceux de la religion prétendue réformée de ces quartiers donnaient grande vogue à cet écrit, et publiaient partout que c'était un arsenal qui en peu d'espace contenait des pièces pour ruiner de fond en comble la vérité de la religion catholique, et considérant avec saint Hilaire avec combien de fraudes et de dols l'hérésie tâche de pervertir la foi (Hilar., in psal. 64 ), je jugeai qu'il était meilleur d'y répondre que de se taire, et pour cette raison je me résolus de l'entreprendre.

Mon but est de faire voir que les ministres de Charenton sont mal fondés en toutes leurs prétentions; qu'ils ont toute occasion de se louer de nos rois, et non sujet de s'en plaindre comme ils font ; que leur créance n'est pas haïe pour les raisons qu'ils prétendent, mais bien digne de haine pour beaucoup d'autres qu'ils dissimulent; enfin que l'Eglise catholique, ses ministres et tous ceux qu'ils accusent, demeurent déchargés des crines qu'ils leur imposent.

Pour parvenir à cette fin j'ai divisé ce livre en 19 chapitres, ès 14 premiers desquels je satisfais de point en point à l'écrit des ministres, employant les 5 autres à déduire les raisons pour lesquelles leur doctrine doit être abhorrée de tout le monde.

Le lecteur saura, s'il lui plaît, qu'ayant eu dessein d'être bref en cette réponse, je ne prétends pas apporter sur chaque chose tout ce qui se pourrait dire, mais bien dire assez pour qu'il soit impossible à nos adversaires d'ébranler ce que j'établis.

Isaura en outre que je me sers le plus souvent qu'il m'est possible, de la confession de foi de ceux avec qui je traite, et du témoignage de leurs propres auteurs, afin qu'ils

ARMAND, ÉVÊQue de Luçox

ne puissent sans rougir, et se démentir (out ensemble, révoquer en doute la vérité que je mets en avant.

Je me fusse attaché à leur seule confession de foi, si elle eût été aussi entière qu'elle est défectueuse, mais ne contenant pas la moitié des points qui sont controversés entre nous, et parlant le plus souvent avec obscurité ou retenue de ceux qu'elle contient, j'ai été contraint d'avoir recours à leurs auteurs, entre autres à Calvin et à Luther, dont ils ne peuvent rejeter l'autorité : de Calvin, parce qu'ils s'en sont rendus particulièrement sectateurs, tirant leur confession, leurs prières ecclésiastiques, leur catéchisme et la forme d'administrer les sacrements, de ses œuvres; de Luther, puisqu'ils le tiennent pour l'apôtre qui a rétabli la pureté de l'Evangile, et qu'ils reconnaissent ceux qui embrassent sa doctrine ne faire qu'une église avec eux (1).

Je supplie messieurs les ministres, s'ils me répondent, de le faire avec ingénuité, satisfaisant à tous les points de ce livre, en sorte que je puisse tenir pour confessé ce qu'ils n'auront pas contesté. Je les conjure, on qu'en répondant ils confessent ingénuement ce que nous soutenons, ou qu'ils se défendent sans ambiguité de paroles. Sils nous font connaître clairement quelle est leur créance, nous leur serons beaucoup obligés, vu que d'ordinaire nous avons plus de peine à la découvrir qu'à la convaincre. Ce que saint Jérôme avait expérimenté, puisque parlant aux hérétiques de son temps il use de ces termes : C'est une victoire pour l'Eglise quand vous dites ouvertement ce que vous croyez (2).

Au reste ces messieurs n'estimeront pas, s'il leur platt, que ce soit suffisamment répondre, lorsque j'apporte un passage de leurs auteurs qui dit une chose, d'en produire un autre qui dise le contraire: cela ne concluant pas qu'ils n'aient pas enseigné ce que je prétends, mais seulement que c'est l'ordinaire des hérétiques de se contredire eux-mêmes.

(1) Calvin. 1. 1. De libero arbitrio contra Pigkium. Witaker. ad ration. 8. Campiani.

(2) Hieronym, ad Ctesiph. contra Pelagian. Ecclesiæ victoria est vos aperte dicere quod sentitis.

LES PRINCIPAUX

POINTS DE LA FOI

STUDIEHUIS MINDERBROEDERS

NIJMEGEN

de l'église CATHOLIQUE,

PÉFENDUS CONTRE L'ÉCRIT ADRESSÉ AU ROI PAR LES
QUATRE MINISTRES DE CHARENTON.

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La connaissance que nous avons de la débonnaireté de votre naturel nous fait espérer que vous nous oyrez en nos justes plaintes ; et que pour juger d'une cause importante, vous ne vous contenterez point d'ouïr l'accusation. Joint que la grandeur de votre courage, et la vigueur de votre esprit qui n'a point attendu le temps, et qui surpasse votre age, et dont Dieu s'est déjà servi pour rendre la paix à la France, remplit vos sujets d'espérance de voir sous votre empire la paix et la piété florir, et la justice etre maintenue.

RÉPONSE.

On voit par expérience aux premières lignes de votre écrit ce qui se remarque en divers endroits des histoires anciennes, que c'est chose ordinaire aux dévoyés de la foi (Arius in epist. ad Constantin. apud Sozom. lib. II,c.26.Nestoriani, tom. III. Concil Ephes. c. 18), de charmer les oreilles des princes par belles paroles, pour pouvoir plus aisément faire glisser et imprimer en leurs esprits les opinions qu'ils professent. Vous louez sa majesté, pensant, sous la douceur d'une vérité, faire couler ce qu'il y a de mauvais en votre créance, et cacher sous de belles apparences le serpent qui tue les âmes, comme cette Egyptienne cachait sous les figues l'aspic qui lui donna la mort. Les qualités que vous attribuez au roi lui conviennent véritablement, ' aussi n'ai-je rien à faire sur ce sujet que d'approuver les louanges que vous lui donnez et les augmenter tout ensemble, chacun connaissant non seulement la force de son esprit, la grandeur de son courage, mais en outre la solidité de son jugement, la bonté de son naturel, sa piété envers son peuple, et son zèle envers sa religion. A la vérité qui serait rigoureux, considérant que Henri VIII, roi d'Angleterre, que vous estimez fort, ne peut supporter les louanges que Luther qu'il

condamne d'hérésie lui donne (Respons. ad Epist. Luth.): on pourrait proposer à sa majesté de vous imposer silence, ou au moins de boucher ses oreilles à ce qu'avec vérité vous dites à son avantage. Mais je ne ferai ni l'un ni l'autre, le désir passionné et l'espérance que j'ai de votre conversion m'obligent à vous traiter plus doucement: il me suffit de lui découvrir vos artifices qui consistent à penser lui plaire en toutes choses, pour lui plaire en ce point, et c'est où j'en demeure, vous louant de la louange que vous lui donnez selon votre devoir, tout sujet étant obligé d'avoir son roi bien en sa bouche et en son cœur (1).

CHAPITRE II.

MINISTRES.

Vous avez, Sire, en votre royaume plusieurs millions de personnes faisant profession de la religion chrétienne ancienne, et telle q que JésusChrist l'a instituée, et que les apôtres l'ont p1⁄4bliée et rédigée par écrit; lesquels pour cette cause ont souffert des horribles persécutions: lesquelles toutefois ne les ont jamais empêchés qu'ils n'aient toujours été fidèles à leur prince souverain, et qu'aux nécessités du royaume, ils ne soient accourus à la défense de ces rois mêmes qui les avaient persécutés. Ce sont eux, Sire, qui ont servi de refuge au roi Henri le Grand votre père, de très-glorieuse mémoire, durant ses afflictions, et qui, sous sa conduite et pour sa défense ont donné des batailles, et qui, au péril de leur vie et de leurs biens, l'ont porté à la pointe de l'épée au royaume, malgré les ennemis de l'état. Desquels travaux, pertes, dangers, d'autres qu'eux en cueillent le salaire. ! Car le fruit que nous en recevons est, que nous sommes contraints d'aller servir Dieu bien loin des villes. Que l'entrée aux états nous est rendue pour la plupart impossible ou pleine de difficulté. Que nos enfants nouveau-nés qu'on

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porte bien loin au baptême sont exposés à la rigueur du temps, dont plusieurs en meurent, et que leur instruction nous est empéchée. Et, ce qui nous est le plus grief est que notre religion est diffamée et noircie de calomnies en votre présence, sans qu'il nous soit permis de nous purger de ces blámes en présence de votre Majesté.

RÉPONSE.

C'est la coutume de ceux qui sont entachés de l'erreur, de se vanter plus de ce qu'ils ont le moins, s'en vanter avec paroles avantageuses, qui leur sont ordinaires, comme remarque saint Jérôme (S. Hieron, in Osea cap. 10. Spumantibus verbis tument). C'est véritablement ce que vous faites, nombrant vos sectateurs en France par millions, quoiqu'ils soient réduits à bien moindre nombre. En cela imitant les donatistes qui, quoiqu'en petit nombre, réduits aux termes d'une partie de l'Afrique et encore petite, se prévalaient de la multitude de leurs sectateurs, vous usez d'une ruse, mais bien aisée à découvrir : vous voyez que l'Ecriture et tous les pères rendent l'Eglise catholique légitime épouse de Jésus-Christ, plus féconde qu'aucune adultère (S. Hierony. contr. Lucif.): pour cet effet vous vous attribuez beaucoup de frères, mais en vain, étant clair aux aveugles mêmes que le nombre des vôtres n'est non plus considérable, au respect des autres sujets du roi, que celui de tous ceux qui professent votre créance au monde, eu égard à ceux qui en toute la chrétienté vivent sous les lois de l'Eglise romaine. Qu'il soit ainsi, il m'est aisé d'en rendre preuve par le même argument dont saint Augustin se sert contre les donatistes pour l'Eglise universelle (S. August. c, 3. de unit. Eccl. et lib. de past. c. 18); me suffisant de faire voir que votre créance n'a point de lieu en plusieurs villes et lieux de ce royaume où est l'Eglise catholique, et que l'Eglise catholique se trouve en tous les lieux où l'on professe votre religion. Au reste quand il serait vrai que vous pourriez vous compter par millions, que vous seriez épandus par toute la France, vous n'auriez pas grand avantage. Saint Augustin vous comparant, à juste titre, à la fumée qui s'évanouit d'autant plus tôt que plus elle est grande et épandue (S. August, Serm. II. in Ps. 36),

De la multitude de vos frères vous passez à l'ancienneté de votre religion, la professant chrétienne et telle que Jésus-Christ l'a instituée et que les apôtres l'ont publiée et rédigée par écrit, sur quoi je ferai quatre remarques.

Je dis premièrement ou que vous voulez dire que vous avez l'ancienne doctrine de l'Eglise, quoique reçue de nouveau, ou que vous l'avez eue de tout temps, l'ayant toujours conservée par une succession non interrompue. Si le premier, quoiqu'il soit faux, supposé qu'on vous l'accorde, il vous est inutile, l'ancienne et vraie doctrine ne suffisant pas à salut si on n'a l'Eglise, qu'on ne peut avoir si on n'a toujours eu la vraie doctrine. Si le second, quand vous aurez bien travaillé pour prouver votre dire, vous ne tirerez autre fruit

de vos travaux, que de faire voir votre antiquité bornée du terme d'un siècle, au lieu que celle de l'Eglise de Jésus-Christ en a seize sur la tête. Il est vrai que votre religion est ancienne en certain sens, puisque, comme nous verrons ci-après, elle est composée de diverses hérésies condamnées en la primitive Eglise, même du temps des apôtres; mais vous ne pouvez lui donner ce titre d'ancienne, pour que le corps de votre créance, toute la substance de votre foi ait été crue de longtemps : étant clair que l'article de la justification par votre foi spéciale, qui est de l'âme de votre religion, était inconnu devant le siècle où nous vivons : j'ajoute ce mot spéciale, parce que bien qu'Eunomius et autres plus anciens hérétiques aient dit que l'homme était justifié par la seule foi (Apud s. Aug. hær. 54. Et lib. de fid. et oper. c. 14), parlant de la foi dogmatique, nul devant Luther n'a estimé cette foi justifiante consister en l'appréhension spéciale que chaque fidèle fait de la justice de Jésus-Christ, qu'il s'applique par la créance qu'il a d'être justifié. Au reste ne pouvant nommer personne qui devant Luther ait professé votre créance tout entière, et ce grand prophète de votre loi se vantant en termes exprès d'avoir été le premier à qui Dieu a daigné révéler ce qu'il préche (1), reconnaissant en outre clairement la façon de servir et honorer Dieu par la messe ancienne et enracinée (2), la sienne au contraire, nouvelle et inaccoutumée; disant davantage que Dieu en son temps a allumé de nouveau là lumière de l'Evangile, que sans lui on n'en eût pas ouï un iota (3). De plus Calvin assurant que c'est lui qui a commencé à prendre en main la cause de l'Evangile (4), que c'est le premier qui a montré le chemin aux autres, qui pourra dire que votre religion ait plus de cent ans d'antiquité? Nul ne l'osera penser à mon avis, principalement s'il jette les yeux sur ce qu'en dit un de vos confrères, contemporain de Luther, secrétaire de l'électeur de Saxe, le premier de ses fauteurs, une telle confession n'a jamais été faite non seulement depuis mille ans, mais même depuis la création du monde, et on ne trouve en aucune histoire, en aucun père, en aucun auteur une telle confession (5).

Je dis en second lieu qu'imitant Luther qui ôte le mot de catholique du symbole, vous ne l'attribuez pas en cet endroit à votre religion, reconnaissant en votre conscience que ce nom de catholique, nom de si grand poids

(1) Luth. tom. vit. primus fui cui Deus ea quæ vobis prædicata sunt revelare dignatus est.

(2) Luth. tom. 11. in formula Missæ ait, nostram rationem colendi Deum per missam fui se veterem et inolitam, suam vero recentem et insuetam.

(3) Luth. tom. 11 ad princpi. Bohem. Deus hoc tempore lucem sui Evangelii rursus accendit. Luth. tom. v. in cap. 15. 1. ad Cor. absque sua opera nulluin verbum, ne iota quidem de Evangelio fuisset auditum.

(4) Calv. in 2. defens. contr. Westphal. ait de Luthero quod causam Evangelii agere cœperit, et viam primus demonstraverit.

(5) Spalat, in relat. confess. Aug., Cont. Epist, fundam. c. 4.

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DES PRINCIPAUX POINTS DE LA FOI.

qu'il a tenu saint Augustin en l'Eglise, ne vous appartient en aucune façon: non en tant qu'il désigne de toutes les sociétés chrétiennes celle qui a la plus grande multitude, comme j'ai déjà montré; non aussi en tant qu'il signifie universalité et diffusion, soit au respect des temps, soit au respect des lieux, étant clair et que vous ne tirez pas votre origine de Jésus-Christ et des apôtres par une suite non interrompue de vos prédécesseurs, qui aient subsisté en tout temps, et que vous êtes réduits en des termes si étroits qu'on ne vous peut dire épandus en la plus grande partie du monde.

Je dis en troisième lieu, que n'étant pas Catholiques vous ne pouvez être dits Chrétiens si les pères en sont crus, puisque S. Pacian (1) dit que le nom de Catholique est le surnom des Chrétiens, et S. Cyrille (2), le propre nom de la sainte Eglise de JésusChrist. Vous ne pouvez véritablement être fits Chrétiens, puisque, comme nous montre rons, votre créance est hérétique, et partant du tout opposée à la Religion chrétienne. qui ne peut être telle à raison de quoi (3) Tertullien (4), S. Cyprien (5), S. Athanase (6), S. Augustin et autres disent que l'hérétique ne peut être dit Chrétien.

Je remarqué en quatrième lieu, que mal à propos soutenez-vous votre Religion instituée de Jésus-Christ, publiée et rédigée par écrit des apôtres, puisqu'étant hérétique comme j'ai déjà dit et qu'il paraîtra au seizième chapitre de ce livre, elle est contraire à l'institution de Jésus-Christ, et que contredisant manifestement l'Ecriture en divers points comme je justifierai présentement, s'il vous est aisé de dire qu'elle est conforme à ce que les apôtres ont laissé par écrit, il vous est impossible de le vérifier et d'empêcher qu'on ne reconnaisse le contraire.

1. L'Ecriture dit que (7) l'homme n'est pas justifié par la foi seulement; vous dites qu'il (8) est justifié par la seule foi, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture? Vous le faites si ouvertement en ce point, que Luther, nepouvant accorder le lieu de S. Jacques avec ce qu'il enseigne, dit que ce grand apôtre radote,

2. L'Ecriture dit (9) que nous pouvons ai

(1) Pacianus Epist. 1. Christianus mihi nomen est,
istud os-
Catholicus cognomen ; illud me nuncupat,
tendit.

(2) Catholica Ecclesia nomen proprium est hujus
sanciæ Ecclesiæ matris omnium nostrum.
(3) Lib. de Pud.

(4) L. iv. ep. 2.

(5) Serm. 2. contr. Arr.

(6) L. de Grat. Christi. c. 11.

(7) Jacob. II. vers. 24. Ex operibus justificatur homo, el non ex fide tantum.

(8) Confess. françoise, artic. 20. Nous croyons que nous sommes faits participants de cette justice par la seule foi. Confess. Helvet. c. 15. Docemus peccatorem justificari sola fide. Luther in 22. cap. Gen. Jacobus delirat.

(9) Deuteron. 30. Circumcidet cor tuum et cor seminis tui, ut diligas Dominum Deum tuum in toto corde tuo et in tota anima tua. Psalm CXVIII. David ait in toto corde meo exquisivi te. Et ill. Reg. XIV. Secutus

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mer Dieu de tout notre cœur (1). Vous dites
que nul ne peut aimer Dieu de tout son
cœur. Ce qui ne se trouve en aucun lieu
des saintes Lettres, ne contredites-vous pas
l'Ecriture?

3. L'Ecriture dit que l'Eucharistic (2) est
le corps et le sang de Jésus-Christ, et ce avec
adjonction de termes qui désignent le vrai
corps et le vrai sang (3). Vous dites que ce
n'est pas le corps et le sang de Jésus-Christ,
mais seulement la figure, le signe et le témoi-
gnage, ce qui ne se trouve en aucun lieu des
saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'E-
criture?

4. L'Ecriture dit (4), que le baptême nous sauve, que nous sommes (5) nettoyés et (6) régénérés par le lavement de l'eau (7). Vous dites que le baptême ne sauve, ne nettoye, et ne régénère pas, mais qu'il nous est seule ment symbole de salut, de lavement et de régénération, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous. pas l'Ecriture?

5. L'Ecriture dit que les (8) prêtres remettent les péchés (9). Vous dites qu'ils ne les remettent pas, mais qu'ils témoignent seulement qu'ils sont remis, ce qui ne se trouve en

est me in toto corde suo. Et IV. Reg XXIII. Dicitur de Josia quod reversus est ad Dominum in omni corde suo, in tota anima sua et in universa virtute sua.

(1) Calv. II. Inst. c. 7. §. 5. Neminem sanctorum extitisse dico qui corpore mortis circumdatus ad eum dilectionis scopum pertigerit ut ex toto corde, ex tota mente, ex tota anima, ex tota potentia, Deum amaret. Paraus 1. iv. de Justifi. c. 11. Talem dilectionem (ex tota anima, ex tota mente, ex omnibus viribus nemo sanctorum habuit vel habere in hac infirmitate potest; manet quidem in sanctis aliquid pilavrlas et hypocriseos.

(2) Math. XXVI. Marc. XIII. Luc. XXII. I. Cor. XI. (3) En la forme d'administrer les sacrements, contentons nous d'avoir le pain et le vin pour signe et témoignage. Et en leur catéchisme au traité de la cène, Tu n'entends pas donc (demande le ministre ) que le corps soit enclos dedans le pain, et le sang dedans le calice? Non (répond l'enfant), mais au contraire, etc.

(4) I. Petr. III. v. 21. Salvos facit baptisma.

(5) Ephes. V. v. 26. Ut illam sanctificaret mundans lavacro aque.

(6) Joan. III. v. 5. Nisi quis renatus fuerit ex aqua. (7) Melanchthon in locis c. de Signis. Non justificant signa, ut Apostolus ait circumcisio nibil est, Ita baptismus nihil est, participatio mensæ Domini nihil est, sed testes sunt, appaytdes, divinæ voluntatis erga te. Calvinus VI. Institut c. 14. §. 17. Cavendum ne in errorem nos abducant quæ ad amplificandam sacramentorum dignitatem paulo magnificentius a veteribus scripta sunt, ut scilicet arbitremur latentem aliquam virtutem sacramentis annexam affixamque esse quo ipsa per se Spiritus Sancti gratiam nobis conferant, cum hoc tantum illis divinitus injunctum sit munus, testificari nobis ac sancire Dei in nos benevotentiam.

(8) Math. XVIII. v. 18. Quæcumque ligaveritis super terram erunt ligata et in cœlo, et quæcumque solveritis super terram erunt soluta et in cœlo. Joan XX. v. 23. Quorum remiseritis peccata remittuntur eis, quorum retinueritis retenta sunt.

(9) Calv. III. Inst. cap. 4. §. 23. Absolutio quae fidei servit, nihil aliud est quam testimonium venie ex gratuita Evangelii promissione sumptum.

aucun lieu des saintes Lettres, ne contrediles-vous pas l'Ecriture?

6. L'Ecriture dit (1), que la vierge ne pèche pas en se mariant. Vous dites (2), que les justes pèchent en toute œuvre, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

7. L'Ecriture (3) dit qu'il y a des méchants el des réprouvés qui croient en Jésus-Christ. Vous dites (4) qu'ils n'y croient pas, mais qu'ils ont seulement l'ombre de la foi, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

8. L'Ecriture dit qu'il y en a (5) qui ont la foi pour un temps, et ne croient pas en un autre. Vous dites qu'il n'y en a point qui croient pour un temps et perdent la foi en un autre (6), mais que qui croit une fois ne perd jumais la foi, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

9. L'Ecriture dit (7), si tu veux entrer à la vie, garde les commandements. Vous dites qu'il n'est pas besoin de garder les commandements, mais que le dire (8), c'est nier Jésus-Christ et abolir la foi, ce qui n'est en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

10. L'Ecriture dit (9), que quelques-uns illuminés faits participants du Saint-Esprit sont déchus. crucifiant de rechef le Fils de Dieu en eux-mêmes (10). Vous dites que ceux qui sont une fois participants du Saint-Esprit ne peuvent déchoir de sa grâce; ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

11. L'Ecriture dit (11), que Dieu ôte et efface (1) I. Cor. VII. Si nupserit virgo, non peccavit. (2) Luth. art. 2. Justus in omni opere bono peccat. Idein Calv. III. Inst. c. 12. § 4. Omnia hominum opera sì sua dignitate censeantur nihil nisi inquinamenta sunt et sordes, et quæ justitia vulgo habetur, ea apud Denm mera est iniquitas.

(3) Joan. XII. v. 42. Multi crediderunt in eum, sed propter Pharisæos non confitebantur ut e synagoga non ejicerentur, dilexerunt enim gloriam hominuni magis quam gloriam Dei. Act. 8. v. 13. Tunc Simon et ipse credidit.

(4) Calv. III. Inst. c. 2. § 9 et 10. Talibus fidei testimonium tribuitur, sed per catachresin. Item, verum hæc fidei seu umbra seu imago, ut nullius est momenti, ita indigna est fidei appellatione.

(5) Luc. VIII. vers. 13. Quia ad tempus credunt et in tempore tentationis recedunt.

(6) Calv. III. Inst. c. 2. §. 11. Nunquam disperit semen vitæ electorum cordibus insitum. Et in Harmon. Matth. I. v. 20. Fidem quam semel insculpsit priorum cordibus, evan scere et perire impossibile est.

(7) Matth. X. v, 19. Si vis ad vitam ingredi, serva mandata.

(8) Luther. in II. Galat. Papista docent: fides in Christum justificat quidem, sed simul servare oportet etiam præcepta Dei; ibi statim Christus negatus et fides abolita est.

(9) Heb. VI. v. 4. Qui semel illuminati sunt, gustaverunt etiam donum cœleste,el participes facti sunt Spiritus sancti: v. 6. et prolapsi sunt, rursus renovari ad pœnitentiam rursum crucifigentes sibimetipsis Alium Dei.

(10) Calv. III. Inst. c. 2. §. 11.cit. Nunquam dispcrit semen vitæ electorum cordibus insituni.

(11) Joan. I. v.29. Tollit peccatuin. Isa. XLIV.v.21.

le péché comme la nue, éloigne de nous nos iniquités autant l'orient l'est de l'oce que cident (1), nous (2) blanchil plus que la neige. Vous dites (3), qu'il n'ôte et n'efface pas le pêché, mais seulement qu'il ne l'impute pas. qu'il ne blanchit pas plus que la neige, mais qu'il (4) laisse en nous la coulpe et la salete du péché, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

12. L'Ecriture dit que la béatitude est un salaire (5), une récompense (6), un denier (7) journal des manœuvres, une couronne (8) de justice. Vous dites que c'est une (9) pure libéralité, et non une récompense; ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture? Vous le faites véritablement, et je le ferais voir par beaucoup d'autres lieux, s'il ne me suffisait de l'avoir montré en ces douze points, qui paraîtront aux yeux de tout le monde comme le vrai symbole de votre foi.

Que direz-vous, messieurs, à ces manifestes contradictions? Qu'il n'y en a point, parce qu'il faut entendre l'Ecriture par figure? Aurez-vous recours à cette fraude remarquée par (10) Tertullien aux valentiniens, par (11) S. Augustin aux priscillianistes, par d'autres pères en d'autres hérésiarques, par vous-mêmes aux anabaptistes ? Si vous le faites, je vous dirai avec S. Augustin: Quoi? quand nous lisons l'Ecriture. oublions-nous l'intelligence de notre langue? perdons-nous la mémoire de notre façon de parler? l'Ecriture devait-elle parler à nous en autre sens qu'en celui qui nous est connu, et qui est usité parmi nous? J'ajouterais en

Delevi ut nubem iniquitates tuas et quasi nebulam peccata tua.

(1) Psal. CII. v. 12. Quantum distat ortus ab occidente, longe fecit a nobis iniquitates nostras. (2) Psal. L. Super nivem dealbabor.

(3) Luth. art. 2. Aliud est omnia peccata remitti aliud omnia tolli: Baptismus omnia remittit, sed nul lum penitus tollit.

(4) Calv. in Antid. sess. 5. Manet vere peccatum in nobis: Apostolus fideles his verbis non eximit a culpa, sed tantum reatu liberat. Paræus de Amiss. gra. c.7. Plurima peccata etiam mortalia manent in justificatis. Kemmitius 1. par. Tit. de Reliquiis peccati. Immundities (peccati) etiam in renatis hæret. Confessio Gal lica art. 11. Affirmamus concupiscentiam etiam post baptismum esse vere peccatum quod ad culpam attinet. Catechismus palati. quæst. 126. Omnia peccata nostra in nobis etiam nunc hærent. Witak. I. in. de Concupisc. c. 3. Remissio non omnem actu tollit culpam.

(5) S. Math. V. v. 12. Merces. (6) Philip. III. v. 14. Bravinm. (7) Math. XX. v. 9. Denarius.

(8) I. Cor. IX. Coronam incorruptam. 2. Timoth. 4. v. 8. Corona justitiæ.

(9) Calv. III. Inst. c. 15. § 4. Ipsa beatitudo mera est Dei beneficentia. Et in Antid. sess. 6. c. 17. Quod vitam æternam faciunt mercedem, in eo ab illis dissentio. Paræus 4. de Justif. c. 11. et 13.

(10) Præscript. c.38.

(11) L. de Hæresi. S. Aug. 1. 1. contr. Faust. 1. m de doctr. Christ. c 10. Si animum præoccupavit alicujus erroris opinio, quidquid aliter asseruerit Scriptura, figuratum homines arbitrantur.

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