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AN. M. 3897.
Av. J. C. 107.

Justin. 1. 39,

cap. 4.

Hyrcan tout ce que Jonathan lui avait insinué, et il devint ennemi mortel de toute la secte des pharisiens. Il défendit d'observer les réglements fondés sur leur prétendue tradition, infligea des peines à ceux qui contreviendraient à son ordonnance, et abandonna entièrement leur parti pour se jeter dans celui des saducéens, leurs ennemis.

Hyrcan ne vécut pas long-temps après cette bourrasque : il mourut l'année d'après. Il avait été vingtneuf ans souverain-sacrificateur et prince des Juifs.

Pour ne point interrompre l'histoire des autres royaumes, je réserve la plus grande partie de ce qui regarde les successeurs d'Hyrcan, pour l'article où je traiterai séparément l'histoire des Juifs.

Nous avons vu que Ptolémée Lathyre avait envoyé une armée dans la Palestine au secours de Samarie, contre l'avis de sa mère et malgré sa résistance. Elle porta si loin le ressentiment qu'elle eut de cette atteinte et de quelques autres pareilles qu'il avait données à son autorité, qu'elle lui enleva sa femme Sélène, dont il avait déja deux fils 1, et l'obligea lui-même à sortir d'Égypte. Voici comment elle s'y prit. Elle fit blesser quelques-uns de ses ennuques favoris, et les produisit dans une assemblée du peuple à Alexandrie, et dit que c'était son fils Lathyre qui les avait ainsi maltraités pour avoir voulu la défendre contre sa violence. Elle anima si fort le peuple par cette fiction pleine de noirceur, qui lui persuada qu'on avait voulu la tuer, que d'abord il se fit un soulèvement général contre Lathyre; et on l'aurait mis en pièces, s'il ne s'était sauvé

Ces deux fils moururent avant lui.

au port dans un vaisseau qui mit sur-le-champ à la voile. Cléopatre aussitôt fit venir Alexandre, son cadet, à qui elle avait fait donner le royaume de Cypre; et le fit roi d'Égypte à la place de son frère, qu'elle obligea de se contenter de celui de Cypre que l'autre laissait.

Alexandre, roi des Juifs, après avoir mis ordre aux affaires intérieures de son état, alla attaquer ceux de Ptolémaïde, les battit, et les obligea à se renfermer dans leurs murailles, où il les assiégea. Ils envoyèrent demander du secours à Lathyre. Il y alla en personne. Mais les assiégés, ayant changé de sentiment, parce qu'ils craignaient de l'avoir pour maître, Lathyre dissimula pour - lors son ressentiment. Il était près de conclure un traité avec Alexandre, lorsqu'il apprit que ce prince traitait sous main avec Cléopatre, pour l'engager à venir avec toutes ses forces le chasser de la Palestine. Lathyre devint son ennemi déclaré, et résolut de lui faire tout le mal qu'il pourrait.

Ax. M. 3899.
Jos. Antiq.

Av. J. C. 105.

lib. 13,

C. 20 et 21.

Av. J. C. 104.

Il n'y manqua pas l'année suivante. Il partagea son A. M. 3900. armée en deux corps. Il détacha l'un, sous la conduite d'un de ses généraux, pour aller former le siége de Ptolémaïde, dont il avait sujet d'être mécontent; et avec l'autre il marcha en personne contre Alexandre. Les habitants de Gaza avaient fourni à Lathyre un nombre de troupes assez considérable. Il se donna entre eux une sanglante bataille sur le Jourdain. Alexandre y perdit trente mille hommes, sans compter les prisonniers que fit Lathyre après sa victoire.

On rapporte une action bien cruelle et bien barbare que fit Lathyre dans cette occasion. Le soir du jour qu'il avait remporté cette victoire, en venant prendre

AN. M. 3901.
Av. J. C. 103.

Appian. in Mithrid.

p. 186, et de Bell. civil.

P. 414.

des quartiers dans les villages du voisinage, qu'il trou va pleins de femmes et d'enfants, il fit tout égorger fit couper leurs corps par pièces, les fit mettre dan des chaudières pour les faire cuire, comme s'il eû voulu en faire souper son armée. Son but était de faire croire que ses troupes se nourrissaient de chair humaine, pour jeter la terreur dans tout le pays. Croirait-on possible un tel genre de barbarie? Pareille pensée est-elle jamais venue dans l'esprit d'aucun homme ? Josèphe rapporte ce fait sur le témoignage de Strabon et d'un autre auteur,

Lathyre, après la défaite d'Alexandre, n'ayant plus d'ennemi qui tînt la campagne, ravagea et désola tout le plat pays. Sans le secours qu'amena Cléopatre, l'année suivante, Alexandre était perdu; car, après une perte si considérable, il lui était impossible de se relever et de faire tête à son ennemi.

Cette princesse vit bien que, si Lathyre se rendait maître de la Judée et de la Phénicie, il serait en état d'entrer dans l'Égypte et de la détrôner, et qu'il fallait arrêter les progrès qu'il y faisait. Elle leva pour cet effet une armée, et en donna le commandement à Chelcias et à Ananias, les deux Juifs dont il a déja été parlé. Elle équipa en même temps une flotte pour transporter ses troupes; et, s'embarquant elle-même, elle vint débarquer en Phénicie. Elle avait apporté avec elle une grosse somme d'argent et ses plus riches joyaux. Voulant les mettre à couvert, en cas de malheur, elle choisit l'île de Cos, et y envoya en même temps son petit

1 Cette atrocité sans but est bien peu vraisemblable, et bien opposée d'ailleurs au caractère de Ptolé

mée que l'histoire nous représente comme un prince doux et humain. -L.

fils Alexandre, fils de celui qui régnait conjointement avec elle. Quand Mithridate se rendit maître de cette ile, et des trésors qui y étaient, il se chargea du soin de ce jeune prince, et le fit élever d'une manière qui répondait à sa naissance. Alexandre se déroba quelque temps après d'entre les mains de Mithridate, et se réfugia auprès de Sylla, qui le reçut fort bien, le prit en sa protection, l'emmena avec lui à Rome, et enfin le mit sur le trône d'Égypte, comme on le verra dans

la suite.

L'arrivée de Cléopatre fit d'abord lever à Lathyre le siége de Ptolémaïde, qu'il avait toujours continué. Il se retira dans la Célésyrie. Elle détacha Chelcias avec une partie de l'armée pour le poursuivre; et avec l'autre, que commandait Ananias, elle forma elle-même le siége de Ptolémaïde. Celui qui commandait le premier détachement, ayant péri dans cette expédition, la mort de ce général arrêta tout. Lathyre, pour profiter du désordre que cette perte avait causé, se jeta avec toutes ses forces sur l'Égypte, dans la pensée qu'il la trouverait sans défense dans l'absence de sa mère, qui avait emmené ses meilleures troupes dans la Phénicie. Il se trompait; les troupes que Cléopatre y avait laissées tinrent bon jusqu'à l'arrivée de celles qu'elle dé- Av. J. C. 102. tacha de Phénicie pour les renforcer, quand elle découvrit son dessein on le contraignit de s'en retourner dans la Palestine. Il y prit ses quartiers d'hiver à Gaza.

Cléopatre cependant poussa si vigoureusement le siége de Ptolémaïde, qu'à la fin elle la prit. Dès qu'elle y fut entrée, Alexandre l'y vint trouver, et lui apporta de riches présents pour gagner ses bonnes graces. Mais ce qui lui servit le plus à y réussir, fut sa haine pour

Tome IX. Hist. anc.

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cap. 4.

Lathyre son fils: il n'eut pas besoin d'autre recommandation pour être bien reçu.

Quelques personnes de la cour de Cléopatre lui firent remarquer la belle occasion qu'elle avait en main de se rendre maîtresse de la Judée et de tous les états d'Alexandre en se saisissant de sa personne : ils l'en pressaient même, et, sans Ananias, elle l'aurait fait. Mais il lui représenta quelle lâcheté et quelle infamie il y aurait à traiter ainsi un allié, engagé dans la même cause que ce serait agir contre l'honneur et la bonne foi, qui sont les fondements de la société : que cette conduite ferait beaucoup de tort à ses intérêts, et lui attirerait la haine de tous les Juifs répandus dans tout le monde. Enfin, il fit tant par ses raisons et par son crédit, qu'il employa tout entier pour sauver son compatriote et son parent, qu'elle se rendit, et renouvela son alliance avec Alexandre. De quel prix n'est point pour les princes un sage ministre, assez courageux pour s'opposer avec force à leurs injustes entreprises? Alexandre retourna à Jérusalem, où il remit enfin sur pied une bonne armée, qui passa le Jourdain, et forma le siége de Gadara.

Ptolémée Lathyre, après avoir passé l'hiver à Gaza, voyant qu'il ferait des efforts inutiles contre la Palestine tant que sa mère la soutiendrait, abandonna cette entreprise, et s'en retourna en Cypre. Elle, de son côté, se retira aussi en Égypte; et le pays se trouva

délivré de l'un et de l'autre.

Apprenant, à son retour à Alexandrie, que Lathyre entrait en traité à Damas avec Antiochus de Cyzique, et qu'avec le secours qu'il espérait en tirer il se disposait à faire une nouvelle tentative pour recouvrer la coù

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