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villes que les Juifs avaient hors de la Judée; et la paix fut conclue à ces conditions. Antiochus avait aussi demandé qu'on rebâtît la citadelle de Jérusalem, et voulait y mettre une garnison; mais Hyrcan n'y voulut pas consentir, à cause des maux qu'avait faits à la nation celle qui y avait été pendant que cette citadelle avait subsisté, et il aima mieux payer au roi la somme de cinq cents talents, qui lui fut demandée en équivalent. La capitulation s'exécuta; et, pour ce qui ne pouvait pas s'exécuter sur-le-champ, on donna des ôtages, entre lesquels il y avait un frère d'Hyrcan. Scipion l'Africain le jeune étant allé commander en Espagne pendant la guerre de Numance, Antiochus Sidète lui envoya de riches et magnifiques présents. D'autres généraux en auraient profité en se les propriant. Scipion les reçut en public, assis sur son tribunal, à la vue de toute l'armée, et ordonna qu'on les mît entre les mains du questeur 2, pour en récompenser les officiers et les soldats qui se distingueraient dans le service. C'est à de pareils traits qu'on reconnaît une ame noble et généreuse,

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AN. M. 3873. Justin. 1. 38, 1.39, c. 1.

Av. J. C. 131.

cap. 9 et 10;

Oros. lib. 5,

cap. 1. Val. Max.

Démétrius Nicator était retenu depuis plusieurs années en captivité par les Parthes dans l'Hyrcanie, où rien ne lui manquait que la liberté : mais sans elle tout le reste n'est rien. Il avait fait quelques tentatives pour se la procurer et pour retourner dans son royaume; elles furent toujours inutiles. Il fut arrêté, à deux différentes reprises, dans le milieu de sa fuite; et pour toute peine on l'avait remené dans le lieu de son exil, où il fut gardé avec plus de soin, mais traité toujours Antiq. Jud.

1 Cinq cent mille écus. =2,750,000 fr.

Le questeur était le trésorier de

--

- L.

l'armée.

b. 9, 6. 1. Athen. 1. 5,

p. 210;

1.10, p. 439;

et lib. 12, pag. 540. Joseph.

1. 13, c. 16.

Appian. in Syr. p. 132.

avec la même magnificence. Ce n'était pas pure boi et clémence de la part des Parthes, l'intérêt y entr pour quelque chose. Ils avaient des vues sur le royau de Syrie, quelque éloigné qu'il fût, et ils attendait un temps favorable, où, sous prétexte d'aller ré blir Démétrius sur son trône, ils pussent s'en empai pour eux-mêmes.

Antiochus Sidète, soit qu'il en fût averti ou no prévint leur dessein, et mena contre Phraate u puissante armée. L'usurpation que les Parthes venaie de faire des plus riches et des plus belles provinces l'Orient, que ses ancêtres avaient toujours possédé depuis Alexandre, était pour lui une raison pressan de réunir toutes ses forces pour les en chasser. Sc armée était de plus de quatre-vingt mille homme bien armés et bien disciplinés. Mais l'attirail du lu y avait joint une si grande multitude de vivandier de cuisiniers, de pâtissiers, de confituriers, de com diens, de musiciens, de femmes de mauvaise vie, qu y en avait près de quatre fois plus que de soldats: ca on en faisait monter le nombre à trois cent mille. peut y avoir ici de l'exagération; mais, quand on e rabattrait les deux tiers, il resterait encore une nom breuse suite de bouches inutiles. Le luxe était à pro portion aussi grand que le nombre de ceux qui e étaient les ministres. L'or et l'argent brillaient par tout, jusque sur la chaussure des simples soldats. L instruments et les ustensiles de cuisine étaient d'a

« Argenti aurique tantùm, ut etiam gregarii milites caligas auro figerint, proculcarentque materiam, cujus amore populi ferro dimicant.

I

Culinarum quoque argentea instr menta fuere, prorsus quasi ad ep las non ad bella pergerent. (JUSTIN

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nt, comme s'il se fût agi d'aller à un festin, et non

à la guerre.

Antiochus eut d'abord de grands succès. Il battit hraate en trois batailles. Il reprit la Babylonie et la Medie. Toutes les provinces de l'Orient qui avaient utrefois appartenu à l'empire de Syrie secouèrent le joug des Parthes et se soumirent à lui, excepté la Parthie même, où Phraate se trouva réduit dans les bornes étroites de son premier royaume. Hyrcan, prince des Juifs, accompagna Antiochus dans cette expédition; et ayant eu sa part dans toutes ces victoires, il revint chez lui chargé de gloire à la fin de la campagne et de l'année.

Av. J. C. 130.

Le reste de l'armée passa l'hiver dans l'Orient. Le AN. M. 3874 nombre prodigieux des troupes, y compris l'attirail dont j'ai parlé, les obligea de se disperser et de s'écarter si fort les unes des autres, qu'elles ne pouvaient pas aisément se rejoindre, et former un seul corps pour se défendre, si on les attaquait. Les habitants, qu'ils foulaient extrêmement dans tous leurs quartiers, pour se senger et se défaire de ces hôtes incommodes à qui rien ne suffisait, conspirèrent avec les Parthes de les massacrer tous en un même jour dans leurs quartiers, sans leur donner le temps de se rassembler; et la chose s'exécuta. Antiochus, qui avait gardé quelques corps

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troupes auprès de sa personne, se mit en devoir d'aller secourir les quartiers les plus proches de lui; mais il fut accablé par le nombre, et y périt lui-même. Tout le reste de l'armée fut ou massacré dans ses quartiers le même jour, ou fait prisonnier; de sorte qu'à peine, d'un si grand nombre d'hommes, en échappa-t-il

Plut. in

Apophtheg.

quelques-uns pour aller porter en Syrie la triste nouvelle de cette boucherie.

Elle y répandit un grand deuil et une grande consternation. On y pleura en particulier la mort d'Antiopag. 184. chus, prince estimable par plusieurs bonnes qualités. Plutarque rapporte de lui un mot qui lui fait honneur. Un jour de chasse, s'étant égaré et se trouvant seul, il se retira dans la cabane de pauvres gens, qui le reçurent du mieux qu'il leur fut possible sans le connaître. Pendant le souper, lui-même ayant fait tomber la conversation sur la personne et sur la conduite du roi, ils dirent que c'était d'ailleurs un bon prince; mais que sa trop grande passion pour la chasse lui faisait négliger les affaires de son royaume, et qu'il s'en reposait sur des courtisans qui ne répondaient pas toujours à ses bonnes intentions. Antiochus ne répondit rien sur-le-champ. Le lendemain, sa suite étant arrivée à la cabane, il fut reconnu pour ce qu'il était. Il raconta à ses officiers ce qui s'était passé la veille, et leur dit, comme par reproche: Depuis que je vous ai attachés à mon service, je n'ai entendu la vérité sur ce qui me regarde que du jour d'hier.

Phraate, battu trois fois par Antiochus, avait enfin relâché Démétrius, et l'avait renvoyé avec un corps de troupes en Syrie, dans l'espérance que sa venue y pourrait causer quelques troubles qui obligeraient Antiochus d'y retourner; mais, après ce massacre, il détacha un parti de cavalerie pour le rattraper. Démétrius, qui avait craint quelque contre-ordre de cette nature, avait fait tant de diligence, qu'il avait déja passé l'Euphrate avant que ce parti fût sur la frontière.

Ainsi, il recouvra ses états, et en fit de grandes réjouissances, pendant que tout le reste de la Syrie pleurait et lamentait la perte de l'armée, où il y avait peu de familles qui n'eussent quelque proche parent. Phraate fit chercher parmi les morts le corps d'Antiochus, et le fit mettre dans un cercueil d'argent. Il l'envoya en Syrie pour le faire enterrer honorablement avec ses ancêtres; et ayant trouvé une de ses filles parmi les captives, il fut frappé de sa beauté, et l'épousa. Antiochus étant mort, Hyrcan profita de l'occasion des troubles et des divisions qui arrivèrent dans tout l'empire de Syrie, pour étendre ses états en se rendant maître de plusieurs places de Syrie, de Phénicie et d'Arabie, qui étaient à sa bienséance. Il travailla aussi en même temps à se rendre absolu et indépendant; il y réussit si bien, que depuis ce temps-là ni lui ni aucun de ses descendants ne relevèrent plus du tout des rois de Syrie, et qu'ils secouèrent entièrement le joug de la sujétion, et celui même de l'hommage.

Phraate, enflé de ses grands succès et de la victoire qu'il avait remportée, voulut porter la guerre en Syrie pour tirer vengeance de l'invasion qu'Antiochus avait faite dans ses états. Mais, pendant qu'il faisait ses préparatifs pour cette expédition, il lui survint une guerre de la part des Scythes, qui lui donna assez d'occupation chez lui pour ne plus songer à aller inquiéter les autres. Se trouvant pressé vivement par Antiochus, comme nous l'avons vu, il avait demandé du secours à ces peuples. Quand ils arrivèrent, l'affaire était déja terminée; et n'ayant plus besoin d'eux, il ne voulut pas leur donner les sommes dont il était convenu. Les Scythes tournèrent aussitôt leurs armes contre

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