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AN. M. 3865.

Av. J. C. 139.

I Machab.

cepté les offres de Cléopatre, il prit le titre de roi de Syrie.

Il écrivit à Simon une lettre où il se plaignait de l'injuste usurpation de Tryphon, dont il se promettait de tirer bientôt vengeance. Pour l'engager dans ses intérêts, il lui faisait de grandes concessions, et lui en faisait espérer de plus grandes encore quand il

serait monté sur le trône.

En effet, au commencement de l'année suivante, il fit une descente en Syrie avec une armée de troupes étrangères qu'il avait prises à sa solde en Grèce, dans l'Asie Mineure et dans les îles : et, après avoir épousé c. 12 et 13. Cléopatre, et joint ce qu'elle avait de troupes aux

15, 1-41;

16, 1-10. Joseph. Antiq. 1. 13,

siennes, il se mit en campagne pour aller combattre Tryphon. La plupart des troupes de cet usurpateur, lasses de sa tyrannie, le quittèrent, et vinrent grossir l'armée d'Antiochus, qui se trouva alors monter jusqu'à six vingt mille hommes d'infanterie, et huit mille chevaux.

Tryphon n'avait pas de quoi lui faire tête; il se retira à Dora, ville proche de Ptolémaïde en Phénicie. Antiochus l'y assiégea par mer et par terre avec toutes ses forces. La place ne pouvait pas tenir long-temps contre une si puissante armée. Tryphon se sauva par mer à Orthosie, autre ville maritime de Phénicie; et de là ayant gagné Apamée, où il était né, il y fut pris, et on le fit mourir. Ainsi Antiochus mit fin à cette usurpation, et monta sur le trône de son père, qu'il - occupa neuf ans. Sa passion pour la chasse lui fit donner le surnom de Sidèle, ou le chasseur, du mot zidah, qui signifie la même chose dans la langue syriaque.

Simon, établi dans la souveraineté de la Judée du consentement général de la nation, crut devoir envoyer des ambassadeurs à Rome pour y être reconnu sous ce titre, et pour renouveler les anciens traités. Ils y furent très-bien reçus, et obtinrent tout ce qu'ils demandaient. Le sénat, en conséquence, fit écrire par le consul Pison à Ptolémée, roi d'Égypte ; à Attale, roi de Pergame; à Ariarathe, roi de Cappadoce; à Démétrius', roi de Syrie; à Mithridate, roi des Parthes; aussi-bien qu'à toutes les villes et à tous les états de la Grèce, de l'Asie Mineure et des îles, avec qui les Romains étaient en alliance, pour leur notifier que les Juifs étaient leurs amis et leurs alliés, et qu'ainsi ils n'entreprissent rien à leur préjudice.

Comme Antiochus n'avait accordé à Simon une al

liance si avantageuse que forcé par le pressant besoin où il se trouvait pour-lors, et contre l'intérêt de l'état aussi-bien que contre la politique de ses prédécesseurs, la lettre des Romains ne l'empêcha pas de se déclarer contre Simon, malgré toutes les promesses magnifiques qu'il lui avait faites, et d'envoyer en Judée des troupes sous la conduite de Cendébée, qui fut vaincu dans une bataille par Judas, et Jean, fils de Simon. Il y avait sept ans que Physcon régnait en Égypte. L'histoire ne rapporte rien de lui pendant tout ce temps-là que ses vices monstrueux et ses cruautés détestables. Il n'y a guère eu de prince si perdu de débauche, et en même temps si cruel et si sanguinaire. Tout le reste de sa conduite était aussi méprisable que

i Cette lettre fut adressée à Démétrius, quoiqu'il fût prisonnier chez les Parthes, parce que les Romains

n'avaient reconnu ni Tryphon ni An-
tiochus Sidète.

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AN. M. 3868.
Av. J. C. 136.

ses vices étaient criants: car il faisait et disait en public des extravagances d'enfant; de sorte qu'il s'attira en même temps le mépris et la haine de ses peuples au dernier degré. Sans Hiérax, son premier ministre, il eût été infailliblement détrôné. Cet Hiérax était né à Antioche, et c'était le même à qui, sous le règne d'Alexandre Bala, le gouvernement de cette ville avait été laissé conjointement avec Diodote, surnommé ensuite Tryphon. Après la révolution qui arriva en Syrie, il se retira en Égypte, entra au service de Ptolémée Physcon, et devint bientôt son premier général et son premier ministre. Comme il était brave et habile, en faisant bien payer les troupes, et en réparant par un gouvernementt sage et équitable les fautes que son maître faisait, et en les prévenant, ou y remédiant autant qu'il lui était possible, il avait eu jusque-là le bonheur et l'adresse d'entretenir la tranquillité dans cet état.

Mais, dans les années suivantes, soit qu'Hiérax fût mort, ou que la prudence et la sagesse de ce premier ministre ne pussent plus arrêter la folie du prince, les affaires de l'Égypte allèrent plus mal que jamais. Physcon fit mourir sans sujet la plupart de ceux qui avaient le plus témoigné de zèle à lui procurer la couronne après la mort de son frère, et à la lui conserver ensuite. Athénée met de ce nombre Hiérax, mais sans en marquer le temps. Il fit encore mourir, ou du moins bannir, la plupart de ceux qui avaient été en faveur sous Philométor, son frère, ou qui avaient seulement eu des emplois sous lui; et en lâchant ses troupes étrangères, à qui il permettait de piller et de tuer comme il leur plaisait, il jeta si fort la terreur

dans la ville d'Alexandrie, que la plupart des habitants, pour éviter sa cruauté, prirent le parti de se retirer dans les pays étrangers, et la ville demeura presque déserte. Pour les remplacer, quand il s'aperçut qu'il ne lui restait plus que des maisons vides, il fit publier dans tous les pays du voisinage, qu'on ferait de grands avantages à ceux qui voudraient venir s'y établir, de quelque nation qu'ils fussent. Il se trouva assez de gens que ce parti accommodait. On leur donna les maisons abandonnées, et on leur accorda tous les droits, priviléges et immunités dont jouissaient les anciens citoyens, et la ville se repeupla.

Comme, parmi ceux qui avaient quitté Alexandrie, il y avait quantité de grammairiens, de philosophes, de géomètres, de médecins, de musiciens, et d'autres maîtres de sciences et d'arts libéraux, il arriva de là que les sciences et les beaux-arts commencèrent à renaître en Grèce, dans l'Asie Mineure, dans les îles, en un mot par-tout où ces illustres réfugiés les portèrent. Les guerres continuelles des successeurs d'Alexandre avaient presque éteint les sciences dans tous ces pays-là; et elles seraient tombées absolument parmi ces troubles, si elles n'avaient trouvé de la protection sous les Ptolémées à Alexandrie. Le premier de ces princes, par l'établissement de son muséum où il entretenait des savants, et par la fondation de sa belle bibliothèque, avait attiré chez lui presque tout ce qu'il y avait d'habiles gens en Grèce. Le second et le troisième ayant suivi en cela les traces du fondateur, Alexandrie était devenue la ville du monde où les sciences et les arts libéraux étaient le plus cultivés, pendant que presque par-tout ailleurs ils étaient abso

Cic. in somn. Scip.

pag. 273, et

Val. Max.

32.

lument négligés. La plupart des habitants de cette grande ville étudiaient, ou s'attachaient à quelqu'un de ces beaux-arts, qu'on leur faisait apprendre dans leur jeunesse. Ainsi, quand la cruauté et l'oppression du tyran dont je parle les obligea de chercher des retraites dans les pays étrangers, la ressource la plus générale qu'ils trouvèrent, pour gagner leur vie, fut de se mettre à enseigner ce qu'ils savaient. Ils y ouvrirent donc des écoles; et, comme la nécessité les pressait, ils enseignaient à bon marché, ce qui grossissait beaucoup le nombre de leurs écoliers. Par ce moyen, les arts et les sciences commencèrent à revivre dans tous les endroits de leur dispersion, c'est-à-dire dans tout ce que nous appelons l'orient, précisément de la même manière qu'elles se sont renouvelées, en occident, à l'occasion de la prise de Constantinople par les Turcs.

Justement dans les temps que les étrangers venaient Athen. 1. 6, en foule repeupler Alexandrie, P. Scipion l'Africain 1. 12, p. 549. le jeune, Sp. Mummius, et L. Métellus, y arrivèrent lib.4.c.3. de Rome en ambassade. C'était une maxime des RoDiod. Leg. mains d'envoyer souvent des ambassades chez leurs alliés pour prendre connaissance de leurs affaires et accommoder leurs différends. Ce fut dans cette vue que l'on envoya alors en Egypte trois des plus grands hommes de l'état. Ils avaient ordre, comme je l'ai dit ailleurs, de passer en Égypte, en Syrie, en Asie et en Grèce, et de voir en quel état étaient les affaires de tous ces pays-là ; d'examiner comment on y observait les traités qu'on avait faits avec eux, et de remédier à tous les désordres qu'ils y trouveraient. Ils s'acquittèrent de leur commission avec tant d'équité, de justice et d'habileté, et rendirent de si grands services à

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