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si fin, si ferme, si égal, si brillant, si continu? Ont-ils une matière plus précieuse que ce fil pour faire les plus riches étoffes ? Sait-on comment ce ver convertit le suc d'une feuille en des filets d'or? Peut-on rendre raison de ce qu'une matière, liquide avant qu'elle ait pris l'air, s'affermit et s'allonge à l'infini dès qu'elle l'a senti? Peut-on expliquer comment ce ver est averti de se former une retraite pour l'hiver, sous les contours sans nombre de la soie dont il est le principe, et d'attendre dans ce riche tombeau une espèce de résurrection qui lui donne des ailes que sa première naissance lui avait refusées? Ce sont les réflexions que fait l'auteur du nouveau Commentaire sur Job à l'occasion de ces paroles: Quis posuit in mentibus sapientiam? Job. ch. 38, Qui a donné à certains animaux qui ont l'industrie Thébreu. de filer, cette espèce de sagesse ?

CONCLUSION.

Tout ce que j'ai dit jusqu'ici doit faire conclure que le commerce est une des parties du gouvernement qui peuvent le plus contribuer à la richesse et à l'abondance d'un état, et que par cette raison il mérite que les princes et leurs ministres y donnent une attention particulière. Il ne paraît pas, à la vérité, que les Romains en aient fait grand cas. Éblouis de la gloire des armes, ils auraient cru que c'eût été se dégrader que de donner leurs soins à l'exercice du trafic, et de devenir en quelque sorte marchands, eux qui se croyaient destinés à gouverner les peuples, et qui étaient uniquement occupés du dessein de conquérir l'univers. Il semble en effet que l'esprit de conquête et l'esprit de

v. 36, selon

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commerce s'excluent mutuellement dans une même nation: l'un entraîne nécessairement le tumulte, le désordre, la désolation, et porte partout le trouble; l'autre, au contraire, ne respire que la paix et la tranquillité. Je n'examine point ici si cet éloignement des Romains pour le commerce était fondé en raison, et si un peuple qui n'est que belliqueux en est pour cela plus heureux; je dis seulement qu'un roi qui aime véritablement ses sujets, et qui cherche à répandre l'abondance dans ses états, ne manquera pas de donner tous ses soins pour y faire fleurir le trafic, et il y réussira sans peine. On a dit souvent, et c'est une maxime généralement reçue, que le commerce ne demande que liberté et protection : liberté renfermée dans de sages bornes, en ne gênant point ceux qui l'exercent par l'asservissement à des règles incommodes, onéreuses, et souvent inutiles; protection, en leur accordant tous les secours dont ils ont besoin. On a vu quelles dépenses fit Ptolémée Philadelphe pour rendre le commerce florissant en Égypte, et combien l'heureux succès qu'eurent ses soins lui a acquis de gloire. Un prince intelligent et bien intentionné ne se mêle du commerce que pour en bannir sévèrement la fraude et la mauvaise foi, et il en laisse tout le profit à ses sujets, qui en ont la peine, bien persuadé qu'il en tirera assez d'avantages par les grandes richesses qui entreront dans ses états.

Je sais que le commerce a des inconvénients et des dangers. L'or, l'argent, les diamants, les perles, les étoffes précieuses, qui en font une grande partie, contribuent à entretenir une infinité d'arts pernicieux qui ne vont qu'à amollir et qu'à corrompre les mœurs. Il serait à souhaiter qu'on pût écarter d'un royaume

chrétien le commerce à l'égard de toutes les choses qui ne servent qu'à nourrir le luxe, la vanité, la mollesse et les folles dépenses; mais cela n'est pas possible. Tant que la cupidité régnera parmi les hommes, on abusera de tout, et même des meilleures choses. L'abus est condamnable, mais n'est point une raison d'abolir des usages qui ne sont point mauvais par eux-mêmes. Cette maxime aura lieu dans tous les arts dont j'ai à parler dans la suite.

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TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES

DANS LE TOME NEUVIÈME.

HISTOIRE ANCIENNE

DES GRECS, DES PERSES, DES MACÉDONIENS, ETC.

LIVRE VINGT-UNIÈME.

SUITE DE L'HISTOIRE

DES SUCCESSEURS D'ALEXANDRE,

Depuis l'an du monde 3840 jusqu'à 3946.

§ I. Abrégé chronologique de l'his-
toire des rois d'Égypte et de Syrie
dont il est parlé dans ce livre.
Page
§ II. Antiochus Eupator, âgé de
neuf ans, succède à son père An-
tiochus Épiphane dans le royaume
de Syrie. Démétrius, qui depuis
long-temps était en ôtage à Rome,
demande inutilement de retour-
ner en Syrie. Célèbres victoires
remportées par Judas Machabée
sur les généraux du roi de Syrie,
et sur le roi même en personne.
Longues brouilleries des deux
frères Ptolémée, rois d'Égypte,
terminées enfin par une heureuse
paix,

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§ III. Octavius, ambassadeur des

Romains en Syrie, y est tué. De-
métrius se sauve de Rome, fait
périr Eupator, monte sur le tròne
de Syrie, et prend le surnom de
Soter. Il fait la guerre aux Juifs,
Victoires réitérées de Judas Ma-
chabée : mort de ce grand homme.
Démétrius est reconnu roi par les
Romains. Il s'abandonne aux plai-
sirs et à l'ivrognerie. Alexandre
Bala forme contre lui une con-
spiration. Démétrius est tué dans
un combat. Alexandre épouse la
fille de Ptolémée Philométor. Tem-
ple bâti par les Juifs en Égypte.
Démétrius, fils du premier de ce
nom, revendique le trône de Sy-

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