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Diod. lib. 16.

Justin. 1. 8, cap. 3.

si imperceptibles par ce mélange, si difficiles à sépa-
rer, qu'il ne paraissait pas possible que l'id ustrie de
l'homme pût les déterrer, les réunir, les purifier, les
convertir à ses usages. L'homme cependant en est venu
à bout, et il a tellement perfectionné ses premières dé-
couvertes sur cette matière par ses réflexions, qu'on
dirait que
l'or et l'argent ont été formés en masse dès le
commencement, et qu'ils ont été aussi visibles que les
cailloux qui sont sur la surface de la terre; mais
l'homme, par lui-même, était-il capable de faire de si
merveilleuses découvertes? Cicéron dit, en termes
exprès, qu'en vain Dieu aurait formé dans le sein de
la terre l'or, l'argent, l'airain et le fer, s'il n'avait en-
seigné aux hommes par quel moyen ils pouvaient par-
venir jusqu'aux veines qui cachent ces précieux mé-

taux.

§ V. Produit des mines d'or et d'argent, une des
principales sources de la richesse des Anciens.

On conçoit aisément que les mines d'or et d'argent devaient produire un gros revenu aux particuliers et aux princes qui en possédaient, pour peu qu'ils fussent attentifs à les faire valoir.

Philippe, père d'Alexandre-le-Grand, avait des mines d'or aux environs de Pydna, ville de Macédoine, dont il tirait tous les ans mille talents, c'est-à-dire trois millions 2. Il avait aussi d'autres mines d'or ou d'argent dans la Thessalie et dans la Thrace; et il paraît que

I « Aurum et argentum, æs, ferrum, frustrà natura divina genuisset, nisi eadem docuisset quemad

modùm ad eorum venas perveniretur.» (De Divinat. lib. 1, n. 116.) 25,500,000 fr. — L.

1

ces mines subsistaient encore à la fin du royaume de Macédoine; car les Romains, ayant vaincu Persée, en ôtèrent l'usage et l'exercice aux Macédoniens'.

Les Athéniens avaient des mines d'argent, et dans l'Attique à Laurium, et surtout dans la Thrace, dont ils tiraient un grand profit; Xénophon nomme plusieurs citoyens qui s'y enrichissaient. Hipponicus avait six cents esclaves; Nicias, qui périt en Sicile, en avait mille. Les fermiers qui avaient loué leurs mines rendaient, tous frais faits, au premier chaque jour cinquante francs, sur le pied d'une obole 3 par jour pour chaque esclave, et autant à proportion au second; ce qui faisait un revenu considérable.

Xénophon, dans le traité où il propose différents moyens d'augmenter les revenus d'Athènes, donne pour cela d'excellents avis aux Athéniens, et les exhorte surtout à mettre en honneur le commerce, à encourager et à soutenir ceux qui s'y appliquent, soit citoyens, soit étrangers, à faire des avances pour eux en prenant des sûretés, à leur fournir des galères pour le transport des marchandises, et à se bien persuader qu'en cette matière la richesse des particuliers fait l'opulence et la force de l'état. Il insiste beaucoup sur ce qui regarde les mines, et desire que la république en fasse valoir en son nom et à son profit, sans craindre que par elle fasse tort aux particuliers; parce qu'il y a de quoi enrichir les uns et les autres, et que ce ne seront pas les

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3 Il y avait six oboles à une dragme, qui valait dix sous; cent dragmes à la mine, et soixante mines au talent.

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cap. 6.

mines qui manqueront aux ouvriers, mais les ouvriers qui manqueront aux mines.

Mais ce qui provenait des mines de l'Attique et de la Thrace n'est rien en comparaison de ce qu'on tirait de celles d'Espagne. C'étaient les Tyriens qui d'abord en profitèrent, les habitants du pays n'en connaissant pas le prix. Les Carthaginois leur succédèrent; et dès qu'ils eurent mis le pied dans l'Espagne, ils sentirent bien que les mines seraient pour eux une source inépuisable Plin. 1. 33, de richesses. Pline nous a marqué qu'une seule fournissait à Annibal chaque jour trois cents livres pesant d'argent, ce qui monte à douze mille six cents livres, en comptant quatre-vingt-quatre deniers pour une Plin. 1. 33, livre, comme le même Pline l'observe ailleurs. Polybe, cité par Strabon, dit que de son temps il y avait quarante mille hommes occupés aux mines qui étaient dans le voisinage de Carthagène, et qu'ils fournissaient chaque jour au peuple romain vingt-cinq mille dragmes', c'est-à-dire douze mille. cinq cents livres.

cap. 9. Polyb. 1. 3, pag. 157.

Varr. apud
Plin. 1.33,

cap. 10.

L'histoire fait mention de particuliers qui avaient des revenus immenses, et qu'on a peine à croire. Varron parle d'un Ptolémée, simple particulier, qui, du temps de Pompée, commandait en Syrie, qui entretenait à ses frais huit mille cavaliers, et avait d'ordinaire mille conviés à sa table, et pour chacun une coupe d'or, qu'on renouvelait même à chaque service. Ce n'est encore rien en comparaison de Pythius de Bithynie, qui Herod. 1. 7. fit présent au roi Darius de ce platane et de cette vigne si vantés dans l'histoire, l'un et l'autre d'or

Plin. ibid.

cap. 27.

125,000 deniers, ou 20,450 fr. L.

massif; qui traita un jour splendidement toute l'armée de Xerxès, forte de dix-sept cent mille hommes, en offrant à ce prince cinq mois de paie pour tout ce monde, avec toutes les provisions nécessaires pendant ce temps-là. De quelle source pouvaient venir de si énormes trésors, sinon principalement des mines d'or et d'argent que ces particuliers possédaient?

On est surpris quand on lit dans Plutarque tout ce qui fut transporté à Rome pour le triomphe de Paul Émilé, pour celui de Luculle, et pour d'autres pareils.

I

8, 18.

Mais tout cela disparaît quand on songe aux millions innombrables d'or et d'argent amassés par David et par Salomon, et employés pour la construction et pour l'ornement du temple de Jérusalem. Ces richesses immenses, dont le dénombrement effraie, étaient en partie le fruit du commerce que David avait établi en Arabie, en Perse et dans l'Indostan, à la faveur de deux ports qu'il avait fait bâtir en Idumée, sur l'extrémité de la mer Rouge, et que Salomon augmenta II Paralip. encore considérablement, puisque dans un seul voyage sa flotte lui rapporta quatre cent cinquante talents d'or, qui font plus de cent trente-cinq millions. La Ibid. 9, 13. Judée n'était qu'un petit pays; et cependant le revenu annuel, du temps de Salomon, sans compter beaucoup d'autres sommes, y montait à six cent soixante-six talents d'or, ce qui fait près de deux cent millions. Il fallait que, dès ce temps-là, pour fournir une quantité d'or si incroyable, on eût creusé bien des mines; et celles du Pérou et du Mexique n'étaient point encore découvertes.

Elath et Asiongaber.

Tome IX. Hist. anc.

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§ VI. Des monnaies et des médailles.

Quoique le commerce se soit fait d'abord par l'échange des denrées, comme cela paraît dans Homère, l'expérience fit bientôt sentir l'incommodité de ces échanges par la nature de plusieurs marchandises qui ne pouvaient ni se partager ni se couper sans perdre beaucoup de leur prix; ce qui obligea peu à peu les négociants à en venir aux métaux, qui ne diminuaient ni de bonté ni d'intégrité par le partage. Ainsi, du temps d'Abraham, et avant lui sans doute, on introduisit l'or et l'argent dans le commerce, et aussi peutêtre le cuivre pour les moindres denrées. Comme il s'y introduisit des fraudes pour le poids et pour la qualité de la matière, la police et l'autorité publique intervinrent pour établir la sûreté du commerce, et imprimèrent à ces métaux des marques pour les distinguer et les autoriser. De là sont venues les premières empreintes des monnaies, les noms des monétaires, l'effigie des princes, les années des consulats, et d'autres marques pareilles.

Les Grecs mettaient sur leurs monnaies des hiéroglyphes énigmatiques, qui étaient particuliers à chaque province. Ceux de Delphes y représentaient un dauphin, c'étaient comme des armes parlantes; les Athéniens, l'oiseau de leur Minerve, une chouette, signe de la vigilance, même pendant la nuit; les Béotiens, un Bacchus avec une grappe de raisin et une grande coupe, pour marquer l'abondance et les délices de leur terroir; les Macédoniens, un bouclier, pour désigner la force et la bravoure de leur milice; les Rhodiens,

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