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IV Reg. 3, 4.

II, Paralip. 26, 10.

la plus grande partie des richesses de Job consistait en troupeaux, et qu'il possédait sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, et cinq cents ânesses.

C'est

par là

que la terre promise, quoique d'une étendue assez médiocre, enrichissait ses princes et les habitants du pays, dont le nombre était presque incroyable, et montait à plus de trois millions de personnes, en comptant les femmes et les enfants.

Nous lisons qu'Achab, roi d'Israël, se faisait payer chaque année par les Moabites, qu'il avait vaincus, un tribut de cent mille brebis. Combien en peu de temps ce nombre multipliait - il! et quelle abondance devait-il répandre dans tout le pays!

L'Écriture sainte, en nous représentant Ozias comme un prince accompli pour toutes les parties d'un sage gouvernement, ne manque pas de faire observer qu'il avait un grand nombre de laboureurs et de vignerons, et qu'il nourrissait beaucoup de troupeaux. Il fit bâtir dans les campagnes de grandes enceintes, de vastes étables, et des logements fortifiés de tours, pour y retirer les bestiaux et les pasteurs, et pour les y mettre à couvert et en sûreté; et il eut soin aussi d'y faire creuser beaucoup de citernes; travaux moins éclatants, mais non moins estimables que les plus superbes palais. Ce fut sans doute la protection particulière qu'il accorda à tous ceux qui étaient employés à la culture de la terre et à la nourriture des troupeaux, qui rendit son règne un des plus opulents qu'on eût encore vus dans Juda. Et il agit de la sorte, ajoute l'Écriture sainte, «< parce qu'il se plaisait fort à l'agriculture, erat quippè homo agriculturæ deditus. Le texte hébreu

est encore plus fort: quia diligebat terram. « Il aimait la terre. » Il s'y plaisait peut-être la cultivait-il de ses propres mains du moins il en mettait la culture en honneur, il en connaissait tout le prix, et comprenait que la terre, cultivée avec soin et avec intelligence, était une source assurée de richesses et pour le prince et pour le peuple : ainsi il regardait cette attention comme un des principaux devoirs de la royauté, quoique souvent il soit un des plus négligés.

32, 29.

L'Écriture dit aussi du saint roi Ézéchias qu'il avait II Paralip. une infinité de troupeaux de brebis, et de toutes sortes de grandes bêtes, et que le Seigneur lui avait donné une abondance extraordinaire de biens. On comprend aisément que la seule tonte des bêtes à laine, sans parler des autres profits qu'on en tirait, devait former un revenu très - considérable dans un pays qui en nourrissait une multitude presque sans nombre. Aussi voyons-nous que la tonte des brebis était un temps de festin et de réjouissance.

Dans l'antiquité païenne, les travaux faisaient aussi la richesse des rois, comme on le voit de Latinus dans Virgile, et d'Ulysse dans Homère. Il en était de même chez les Romains; et, par les anciennes lois, les amendes n'étaient pas en argent, mais en boeufs et en brebis.

Il ne faut pas s'étonner, après ce que nous avons vu des grands avantages que produit la nourriture des bestiaux, qu'un aussi savant homme que Varron pas dédaigné de descendre dans le dernier détail de toutes les bêtes qui peuvent être de quelque usage à la campagne, soit pour le labour, ou pour la nourriture, ou pour le transport des fardeaux et la com

n'ait

modité des hommes. Il parle d'abord du menu bétail, brebis, chèvres, truies: greges. Il passe ensuite au gros bétail, bœufs, ânes, chevaux, chameaux : armenta. Il finit par les bêtes qu'on peut appeler de la basse-cour, villaticæ pecudes: les pigeons, les tourterelles, les poules, les oies, et beaucoup d'autres. CoCol. præf. lumelle entre aussi dans le même détail; et Caton le censeur en parcourt une partie. Ce dernier, interrogé quelle était la voie la plus sûre et la plus courte de s'enrichir à la campagne, répondit que c'était la nourriture des bestiaux, qui procure à ceux qui s'y appliquent avec soin et avec industrie une infinité d'avantages.

lib. 6.

Effectivement, les bêtes de la campagne rendent à l'homme des services continuels et importants, et l'uti lité qu'il en retire ne finit pas même avec leur vie. Elles partagent avec lui, ou plutôt lui épargnent les pénibles travaux du labour; sans quoi, la terre, quelque féconde qu'elle soit par son propre fonds, demeurerait pour lui stérile, et ne produirait aucun fruit. Elles servent à transporter dans sa maison et à mettre en sûreté les richesses qu'il a amassées au - dehors, et à le porter lui-même dans ses voyages. Plusieurs d'entre elles couvrent sa table de lait, de fromages, de nourritures succulentes, de viandes, même les plus exquises, et lui fournissent la riche matière de toutes les étoffes dont il a besoin pour se vêtir, et mille autres commodités de la vie.

On voit, par tout ce que j'ai dit jusqu'ici, que la campagne, couverte de blés, de vignes et de troupeaux, est pour l'homme un vrai Pérou, bien plus précieux et plus estimable que celui d'où il tire l'or et

il

l'argent, qui, s'il était seul, le laisserait périr de faim, de soif et de froid. Placé dans un terroir fertile, voit autour de lui, d'un seul coup d'œil, tous ses biens; et, sans sortir de son petit domaine, il trouve sous sa main des richesses immenses et innocentes, qu'il reconnaît sans doute pour des dons de la main libérale du souverain maître à qui il doit tout, mais qu'il regarde aussi comme le fruit de ses travaux, et qui, par cette raison, lui deviennent encore plus agréables.

Innocence et agrément de la vie rustique et de l'agriculture.

Le revenu et le profit qui revient de la culture de la terre n'est pas le seul ni le plus grand avantage qu'on y doive considérer. Tous les auteurs qui ont écrit de la vie rustique en parlent toujours avec éloge 1, comme d'une vie sage et heureuse, qui porte l'homme à la justice, à la tempérance, à la sobriété, à la sincérité, en un mot à toutes les vertus, et qui le met comme à l'abri de toutes les passions, en le tenant renfermé dans l'enceinte de son devoir, et d'un travail journalier qui lui laisse peu de loisir. Le luxe, l'avarice, l'injustice, la violence, l'ambition, compagnes presque inséparables des richesses, font leur séjour ordinaire dans les grandes

1 In urbe luxuries creatur: ex luxuria exsistat avaritia necesse est: ex avaritia erumpat audacia: indè omnia scelera ac maleficia gignuntur..... In rusticis moribus, in victu arido, in hac horrida incultaque vita istiusmodi maleficia gigni non solent..... Cupiditates porro quæ pos

sunt esse in eo, qui ruri semper habitarit, et in agro colendo vixerit? quæ vita maximè disjuncta a cupiditate et cum officio conjuncta...... Vita autem rustica, parcimoniæ, diligentiæ, justitiæ magistra est. » (Cic. pro Rosc. Amer. n. 39 et 75.)

villes, qui en fournissent la matière et l'occasion : la vie dure et laborieuse de la campagne n'admet point ces sortes de vices. C'est ce qui a donné lieu aux poëtes de feindre que c'est là qu'Astrée, déesse de la justice, en quittant la terre, a fait sa dernière demeure.

On voit dans Caton une formule de prières pour les gens de la campagne, où l'on reconnaît des traces précieuses de l'ancienne tradition des hommes, qui attribuaient tout à Dieu, et s'adressaient à lui dans tous leurs besoins temporels, parce qu'ils savaient qu'il présidait à tout, et que tout dépendait de lui. J'en rapporterai une bonne partie, et j'espère qu'on ne m'en saura pas mauvais gré. C'est dans une cérémonie appelée Solitaurilia, et, selon d'autres, Suovetaurilia, où les paysans faisaient le tour de leurs terres en offrant à certains dieux des libations et des sacrifices.

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<«< Père Mars, dit le suppliant, je vous prie et vous conjure de nous être propice et favorable, à moi, à << ma maison, à tous mes domestiques, pour ce qui fait « le sujet de la présente procession dans mon champ, << dans ma terre, et dans mon fonds; d'empêcher, de « détourner et d'éloigner de nous les maladies connues <«<et inconnues, les désolations, les orages, les calamités, les intempéries de l'air; de faire croître et parvenir à bien nos légumes, nos blés, nos vignes, << nos arbres; de conserver les pasteurs et les troupeaux; « de nous accorder la conservation de la vie et de la « santé, à moi, à ma maison, et à tous mes domes

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tiques.» Quelle honte que des chrétiens, et souvent ceux qui ont le plus de part aux biens de la terre, soient maintenant si peu soigneux de la demander à Dieu, et qu'ils rougissent de l'en remercier! Chez les

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