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Philométor. Comme Alexandre refusa de lui livrer ce perfide, il conclut qu'il était entré lui-même dans ce complot; et, en conséquence, il lui ôta sa fille, la donna à Démétrius, et fit un traité avec lui par lequel il s'engageait à lui aider à remonter sur le trône de son père.

Ceux d'Antioche, qui haïssaient mortellement Ammonius, crurent qu'il était temps d'éclater. L'ayant découvert déguisé en femme, ils le sacrifièrent à leur colère. Non contents de cette vengeance, ils se déclarent contre Alexandre même, et ouvrent leurs portes à Ptolémée. Ils le voulaient même prendre pour leur roi. Mais ce prince, ayant déclaré qu'il se contentait de ses états, au lieu d'accepter cette offre, leur recommanda Démétrius, l'héritier légitime, qui fut, en effet, mis sur le trône de ses ancêtres, et reconnu par tous les habitants.

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Alexandre, qui était alors en Cilicie, marcha en di- AN. M. 3859. ligence avec ses troupes, et mit tout à feu et à sang autour d'Antioche. Les deux armées se battirent. Alexandre perdit la bataille, et s'enfuit avec cinq cents chevaux vers Zabdiel, prince arabe, à qui il avait confié ses enfants. Trahi par celui en qui il avait eu le plus de confiance, on lui trancha la tête, et elle fut envoyée à Ptolémée, qui témoigna beaucoup de joie de la voir. Cette joie ne fut pas de longue durée; car il mourut, peu de jours après, d'une blessure qu'il avait reçue dans le combat. Ainsi Alexandre, roi de Syrie, et Ptolémée Philométor, roi d'Egypte, moururent en même-temps; le premier après avoir régné cinq ans, et le second trente-cinq. Démétrius, qui

Il est nommé dans le livre des Machabées, Emalcuel.

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était parvenu à la couronne par cette victoire, prit le surnom de Nicator, qui veut dire vainqueur. La succession d'Égypte souffrit plus de difficultés.

§ IV. Physcon épouse Cléopatre, et monte sur le tróne d'Égypte. Démétrius, en Syrie, s'abandonne à toutes sortes d'excès. Diodote, surnommé Tryphon, fait proclamer roi de Syrie Antiochus, fils d'Alexandre Bala, puis le tue, et prend sa place. Il se saisit, par trahison, de Jonathas, et le fait mourir. Démétrius entreprend une expédition contre les Parthes, qui le font prisonnier. Cléopatre, sa femme, épouse Antiochus Sidète, frère de Démétrius, et le fait monter sur le trône de Syrie. Tryphon est paincu, et mis à mort. Excès de folies et de débauches dans Physcon. Attale Philométor succède à Attale son oncle, et le fait regretter par ses vices. Il meurt luiméme, après avoir régné cinq ans, et avoir laissé, par son testament, le peuple romain héritier de ses états. Aristonic s'en saisit. Il est vaincu, mené en triomphe, et mis à mort.

Cléopatre, reine d'Égypte, après la mort de son Just. 1. 38, mari, qui était en même temps son frère, tâcha de mettre la couronne sur la tête du fils qu'elle avait eu Apion. 1. 2. de lui. Comme il était encore en bas âge, d'autres

cap. 8.

Jos. contra

Val. Max.

1. g, c. I.

On a récemment apporté d'Égypte un manuscrit sur papyrus, qui contient un contrat de vente, passé à Ptolémaïs, l'an 105 avant J. C. Ce contrat commence par une formule semblable à celle de l'inscription de Rosette; et, dans l'énumération des

Ptolémées qui occupèrent le trône depuis Soter jusqu'à Ptolémée Alexandre, on trouve, entre Philométor et Évergète, un Ptolémée Eupator qui ne peut être que le fils de Philométor: ainsi il est certain que cet enfant a régné. — L.

travaillèrent à la procurer à Physcon, roi de la Cyrénaïque, frère du feu roi, et l'envoyèrent prier de venir à Alexandrie. Réduite par là à la nécessité de songer à sa défense, Cléopatre fit venir à son secours Onias et Dosithée, avec une armée de Juifs. Il se trouva alors à Alexandrie un ambassadeur romain, nommé Thermus, qui, par sa médiation, amena les choses à un accommodement. On convint que Physcon épouserait Cléopatre; qu'il éléverait son fils, qui serait déclaré héritier de la couronne; et que Physcon l'aurait en attendant pendant toute sa vie. Il n'eut pas plus tôt épousé la reine, et pris par là possession de la couronne, que le jour même des noces il tua son fils entre ses bras.

J'ai déja remarqué que le surnom de Physcon, que l'on donne à ce prince, était proprement un sobriquet. Celui qu'il prenait lui-même était Evergète, qui signifie le bienfaiteur. Les Alexandrins le changèrent en celui de Cacoergète, qui veut dire, tout au contraire, un homme qui se plait à faire du mal: surnom qu'il mérita à juste titre.

En Syrie, les affaires n'allaient guère mieux. Démétrius, jeune prince sans expérience, laissait tout faire à Lasthène, qui lui avait procuré les Crétois par le secours desquels il était monté sur le trone. C'était un homme corrompu et téméraire, qui se conduisit si mal, qu'il fit bientôt perdre à son maître le cœur de ceux qui lui étaient le plus nécessaires pour le soutenir.

La première fausse démarche qu'il fit, ce fut à l'égard des soldats que Ptolémée avait mis, en passant, dans les villes maritimes de Phénicie et de Syrie, pour renforcer ses garnisons. S'il y eût laissé ces garnisons, elles lui eussent beaucoup servi à augmenter ses forces.

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Au lieu de les gagner, ou du moins de les bien traiter, sur quelque ombrage qu'il en conçut, en conçut, il envoya des ordres aux troupes de Syrie, qui étaient dans les mêmes garnisons, d'égorger tous les soldats égyptiens, et ce massacre s'exécuta. L'armée d'Égypte, qui était encore en Syrie, et qui l'avait mis sur le trône, pleine d'une juste horreur pour une si barbare cruauté, l'abandonna sur-le-champ, et retourna en Égypte. Après cela il fit rechercher avec la dernière sévérité ceux qui avaient été contre lui ou contre son père dans les dernières guerres, et punit de mort tous ceux qu'on put saisir. Quand il crut, après toutes ces exécutions, n'avoir plus d'ennemis à craindre, il cassa la plus grande partie des troupes, et ne garda que ses Crétois, et quelques autres corps étrangers. Par là, nonseulement il se défit des vieilles troupes qui avaient servi sous son père, et qui, s'affectionnant à lui, l'auraient maintenu sur le trône; mais il les rendit ses plus grands ennemis, en leur ôtant le seul moyen qu'elles avaient de subsister. Il le sentit bien dans les soulèvements et les révolutions qui arrivèrent dans la suite.

Cependant Jonathas, voyant que tout était tranquille en Judée, forma le dessein de délivrer enfin la nation des maux qu'elle souffrait de la citadelle que les Grecs idolâtres avaient encore à Jérusalem. Il l'investit, et fit venir des machines de guerre pour l'attaquer dans les formes. Démétrius, sur les plaintes qu'on lui en porta, se rendit à Ptolémaïde, et commanda à Jonathas de l'y venir trouver pour lui rendre compte de cette affaire. Jonathas donna ordre de pousser vivement le siége pendant son absence, et partit pour se

rendre auprès de lui avec quelques-uns des prêtres et des principaux de la nation. Il porta quantité de présents magnifiques, et il adoucit si bien l'esprit du roi et celui de ses ministres, que non-seulement il fit rejeter les accusations qu'on avait formées contre lui, mais il obtint même de grands honneurs et de nouvelles graces. On déchargea tout le pays de son gouvernement de tous impôts, péages et tributs, pour la somme de trois cents talents, qu'il convint de payer au roi en forme d'équivalent.

cap. 9. I Machab.

Le roi, étant retourné à Antioche, et continuant de Justin. 1. 38, s'abandonner sans mesure à toutes sortes d'excès, de violences et de cruautés, poussa à bout la patience des 11, 39-34: peuples, de sorte que tous ses sujets se trouvèrent disposés à une révolte générale.

24-34. Joseph. Antiq. Jud. 1. 13, c. 9. Appian. in

Syr. p. 132.

Epit. 1. 52.

Strab. 1. 16,

pag. 752.

cerpt. Vales. pag. 346.

Diodote, surnommé ensuite Tryphon, qui avait autrefois servi Alexandre, et avait eu le gouvernement d'Antioche avec Hiérax, voyant ces dispositions des Diod. in Expeuples, trouva l'occasion très-favorable pour entreprendre un coup hardi : c'était de se mettre la couronne sur la tête à la faveur de ces désordres. Il alla en Arabie trouver Zabdiel, à qui était confiée la personne et l'éducation d'Antiochus, le fils d'Alexandre. Il lui mit devant les yeux l'état des affaires de Syrie, lui fit voir le mécontentement des peuples, et sur-tout des soldats, et lui représenta vivement que l'occasion ne pouvait être plus favorable pour établir Antiochus sur le trône de son père. Il demanda qu'on lui donnât ce jeune prince, pour faire valoir ses droits. Son plan était de se servir des prétentions d'Antiochus jusqu'à ce qu'il

Trois cent mille écus.

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