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I

chibius, qui avait été attaché au service de Cléopatre, ayant donné mille talents 1 à César afin qu'elles ne fussent pas traitées comme celles d'Antoine.

Après la mort de Cléopatre 2, l'Égypte fut réduite en province romaine, et gouvernée par un préfet qu'on y envoyait de Rome. Le règne des Ptolémées en Egypte, à en placer le commencement à l'année même de la mort d'Alexandre-le-Grand, avait duré deux cent quatre-vingt-treize ans, depuis l'an du monde 3681 jusqu'à l'an 3974.

CONCLUSION

DE TOUTE L'HISTOIRE ANCIENNE.

Nous avons vu jusqu'ici, sans parler de l'ancien et premier royaume d'Égypte, et de quelques états séparés des autres et comme isolés, trois grands empires se succéder l'un à l'autre par une ruine mutuelle pendant une longue suite de siècles, et disparaître enfin entièrement à nos yeux : l'empire des Babyloniens, l'empire des Mèdes et des Perses, l'empire des Macédoniens et des princes grecs successeurs d'Alexandre. Reste un quatrième empire, c'est celui des Romains, qui, ayant déja absorbé la plupart de ceux qui l'ont précédé, étendra encore ses conquêtes; et qui lui-même, après avoir tout soumis à son pouvoir par la force des armes, sera déchiré comme en différents morceaux, et par ce démembrement donnera lieu à l'établissement de presque tous les royaumes qui partagent maintenant l'Asie,

'Trois millions. 5,500,000 fr.

-L.

2 Au mois d'août de l'an 30 avant J. C.-L.

l'Europe et l'Afrique. Voilà, à proprement parler, un tableau raccourci de la durée de tous les siècles, de la gloire et de la puissance de tous les empires de la terre; en un mot, de tout ce que la grandeur humaine a de plus brillant et de plus capable d'exciter l'admiration. Tout s'y trouve généralement réuni par un heureux concours : la beauté d'esprit et la finesse du goût, accompagnés d'un solide jugement; le rare talent de la parole porté au plus sublime degré de perfection, sans s'écarter du naturel et du vrai; la gloire des armes, avec celle des arts et des sciences; la valeur dans les conquêtes, et l'habileté dans le gouvernement. Quelle foule de grands hommes de toute sorte ne se présente point à l'esprit ! que de rois puissants et environnés de gloire! que de grands capitaines! que de fameux conquérants! que de sages magistrats! que de savants philosophes! que d'admirables législateurs! On est enchanté de voir, dans de certains siècles et de certains pays comme privilégiés, un zèle ardent pour la justice, un vif amour de la patrie, un noble désintéressement, un généreux mépris des richesses, et une estime de la pauvreté, qui nous étonne et nous effraie, tant elle nous paraît au-dessus des forces humaines.

Voilà comme nous pensons et comme nous jugeons. Mais pendant que nous sommes dans l'admiration et dans l'extase, à la vue de tant de vertus éclatantes, le souverain juge, seul juste estimateur de toutes choses, n'y voit que petitesse, que bassesse, que vanité, qu'orgueil; et pendant que les hommes se donnent bien des mouvements pour perpétuer la puissance de leur maison, pour fonder des royaumes, et pour les éterniser si cela était possible, Dieu, du haut de son trône, renverse

tous leurs projets, et fait servir leur ambition même à l'exécution de ses vues, infiniment supérieures à toutes nos pensées. Lui seul connaît son œuvre et ses desseins. Tous les siècles lui sont présents : conspector Eccl. 36, 19. seculorum. Il a marqué à tous les empires leur sort et

leur durée. Dans toutes ces différentes révolutions que Dan. cap. 2. nous avons vues, rien n'est arrivé au hasard. On sait que, sous l'image de cette statue que vit Nabuchodonosor, d'une hauteur énorme et d'un regard effrayant, dont la tête était d'or, la poitrine et les bras d'argent, le ventre et les cuisses d'airain, et les jambes de fer, mais une partie des pieds de fer, et l'autre d'argile, Dieu a voulu représenter les quatre grands empires, réunissant en eux, comme la suite de cette histoire nous l'a fait voir, tout ce qu'il y a d'éclat, de grandeur, de force, de puissance. Que faut-il au Tout-Puissant pour renverser ce formidable colosse, pour le briser et le réduire en poudre? une petite pierre qui, d'elle-même et sans la main d'aucun homme, se détachant de la montagne, ira frapper ce colosse au pied. Alors le fer, l'argile, l'airain, l'argent et l'or, se briseront tous ensemble, et deviendront comme la menue paille que le vent emporte hors de l'aire pendant l'été, et ils disparaîtront sans qu'il s'en trouve plus rien en aucun lieu : mais la pierre qui avait frappé la statue deviendra une grande montagne qui remplira toute la terre.

Nous voyons de nos yeux l'accomplissement de cette admirable prophétie de Daniel, du moins pour une partie. Jésus-Christ, descendu du ciel pour s'incarner dans le sein sacré de la sainte Vierge sans la participation d'aucun homme, est la petite pierre détachée

Tome IX. Hist, anc.

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de la montagne sans aucun secours humain. Le caractère qui domine dans sa personne, dans ses parents, dans son extérieur, dans sa manière d'enseigner, dans ses disciples, en un mot dans tout ce qui l'environnait, était la simplicité, la pauvreté, l'humilité, qui fut si extrême, qu'elle cacha aux yeux des Juifs orgueilleux l'éclat divin de ses miracles, quelque brillant qu'il fût, et aux yeux du démon même, si perçants et si attentifs, les preuves sensibles de sa divinité.

Malgré cette faiblesse et cette bassesse, même apparente, Jésus-Christ fera certainement la conquête de tout l'univers. C'est sous cette idée qu'un prophète nous Apocal. 6, 2. le représente : Exivit vincens ut vinceret. Son œuvre et sa mission est de former ici à son père un royaume qui ne sera jamais détruit; un royaume qui ne passera point dans un autre peuple, comme ceux dont jusqu'ici nous avons vu l'histoire; qui renversera et qui réduira en poudre tous ces royaumes, et qui subsistera éternellement.

Le pouvoir accordé à Jésus-Christ, fondateur de cet empire, est sans borne, sans mesure et sans fin. Les rois, qui se glorifient tant dans leur puissance, n'ont rien qui approche tant soit peu de celle de Jésus-Christ. Ils ne dominent point sur les volontés des hommes, ce qui est proprement régner. Leurs sujets peuvent penser tout ce qu'ils veulent indépendamment d'eux. Il y a une infinité d'actions particulières qui ne se font point par leur ordre, et qui échappent à leur connaissance aussibien qu'à leur pouvoir. Leurs desseins avortent et s'évanouissent, souvent de leur vivant même. Toute leur grandeur au moins disparaît et périt avec eux. Il n'en est pas ainsi de Jésus-Christ: Toute puissance

lui a été donnée dans le ciel et dans la terre. C'est Matth.28-18. principalement sur les esprits et sur les cœurs qu'il l'exerce. Rien ne se fait que par son ordre ou par sa permission. Tout est réglé par sa sagesse et par sa puissance. Tout coopère directement ou indirectement à l'accomplissement de ses desseins.

Pendant que tout est en mouvement sur la terre, que les états et les empires passent avec une rapidité incroyable, et que les hommes eux-mêmes, vainement occupés de ce spectacle extérieur, sont entraînés aussi par ce torrent sans presque s'en apercevoir, il se passe en secret un ordre de choses inconnu et invisible, qui décide néanmoins de notre sort pour l'éternité. La durée des siècles n'a pour but que la formation du corps des élus. Il s'augmente et se perfectionne tous les jours. Quand il aura reçu son parfait accomplissement par la mort du dernier des élus, alors viendra la fin et la con- 1.Cor.15-24. sommation de toutes choses, lorsque Jésus-Christ aura remis son royaume à Dieu son père, et qu'il aura détruit tout empire, toute domination et toute puissance. Puissions - nous tous avoir part à cet heureux royaume, qui a pour loi la vérité, pour roi la charité, et pour durée l'éternité! Fiat, fiat.

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