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troupes du roi en Judée; ce qui le rendit pour-lors trè supérieur à tous ses ennemis.

Alexandre, voyant ce qu'avait fait Démétrius pou Jonathas, lui fit faire aussi des propositions pour l'at tirer dans son parti. Il le faisait souverain-sacrificateur lui accordait le titre d'ami du roi, lui envoyait un robe de pourpre et une couronne d'or, marques de l haute dignité dont il le revêtait; car personne ne por tait alors la pourpre que les princes et les nobles du premier rang. Démétrius, qui en eut avis, enchéri encore sur lui pour s'assurer d'un allié de cette importance. Mais, après les maux qu'il avait faits à tous ceux qui avaient eu à cœur les vrais intérêts des Juifs, et à toute la nation en général, ils n'osaient se fier à à lui, et résolurent de traiter plutôt avec Alexandre. Jonathas accepta donc de lui la souveraine-sacrificature; et, avec le consentement de tout le peuple, à la fête des tabernacles, qui arriva peu de temps après, il mit les habits pontificaux, et officia comme souverainsacrificateur.

La place avait été vacante sept ans depuis la mort d'Alcime. La souveraine-sacrificature, qui entra alors dans la famille des Asmonéens, y demeura jusqu'au temps d'Hérode, qui, d'héréditaire qu'elle avait été jusque-là, en fit une charge dont il disposait à sa fantaisie. Les deux rois s'étant mis en campagne, Démétrius, Av. J.C. 152. qui ne manquait ni de cœur ni de bon sens quand le vin ne lui troublait pas la raison, remporta la victoire dans la première bataille; mais il n'en tira aucun avantage. Alexandre eut bientôt de nouvelles troupes que

AN. M. 3852.

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ui fournirent les trois rois qui l'avaient produit, et qui continuaient à le soutenir vigoureusement. Ayant avec cela les Romains et Jonathas pour lui, il se releva, et se maintint. Les Syriens continuaient aussi à déserter, parce qu'ils ne pouvaient supporter Démétrius. Ce prince, commençant à craindre l'issue de cette guerre, envoya à Cnide, ville de la Carie, ses deux fils Démétrius et Antiochus, pour les mettre à couvert en cas de malheur. Il les confia, avec une somme d'argent considérable, aux soins d'un ami qu'il avait dans cette ville, afin que, s'il lui arrivait quelque accident, ils pussent y demeurer en sûreté, et y attendre quelque conjoncture favorable.

C'est dans ce même temps, et peut-être à l'imita- AN. M. 3853. tion d'Alexandre Bala, qu'Andriscus joua le même Av. J.C. 151. rôle d'imposteur en Macédoine. Il s'était pour-lors retiré chez Démétrius, qui le livra aux Romains pour

tâcher de se les rendre favorables.

Av. J. C. 150.

Les deux concurrents pour la couronne de Syrie, AN.M.3854. ayant assemblé toutes leurs troupes, en vinrent à une bataille décisive. D'abord l'aile gauche de Démétrius enfonça celle de l'ennemi qui lui était opposée, et la mit en fuite. Mais, s'étant trop échauffée à la poursuite, faute ordinaire dans les batailles, et qui en cause presque toujours la perte, quand elle revint elle trouva la droite, où Démétrius combattait en personne, battue, et le roi tué dans la déroute. Tant qu'il avait été en état de soutenir l'ennemi, il n'avait rien omis de ce que peuvent la bravoure et la conduite pour procurer un succès plus favorable. Enfin on plia, et dans la retraite son cheval le plongea dans une fondrière, où ceux qui le poursuivaient le tuèrent à coups de flèches,

I Machab. 51-66.

10,

Jos. contra

Il avait régné douze ans. Alexandre, par cette victoire, se trouva maître de l'empire de Syrie.

Dès qu'Alexandre se vit tranquille, il envoya demander en mariage à Ptolémée, roi d'Égypte, Cléopatre sa fille. Elle lui fut accordée, et son père la conduisit lui-même jusqu'à Ptolémaïde, où se célébra le mariage. Jonathas fut invité à cette fête. Il s'y rendit, et y fut reçu avec toutes sortes d'honneurs de la part des deux rois.

Onias, fils d'Onias III, ayant manqué la souveraineApion. 1. 2. sacrificature après la mort de son oncle Ménélas, s'était retiré en Égypte. Il avait trouvé le secret de s'y mettre si bien dans l'esprit de Ptolémée Philométor et de Cléopatre, sa femme, qu'il était devenu leur favori et leur plus intime confident. Il se servit du crédit qu'il avait à cette cour pour obtenir du roi la permission de bâtir un temple pour les Juifs, en Egypte, comme celui de Jérusalem, l'assurant que cette faveur attirerait sa nation dans son parti contre Antiochus Épiphane il obtint en même temps que lui et ses descendants en seraient à perpétuité souverains-sacrificateurs. La grande difficulté était de faire goûter cette innovation aux Juifs, à qui la loi défendait d'offrir des sacrifices ailleurs que dans le temple de Jérusalem. Il vint à bout, non sans peine, de vaincre leur répugnance par un endroit d'Isaïe où ce prophète prédit cet événement en ces termes: Alors il y aura cinq villes dans l'Égypte qui parleront la langue de Chanaan, et qui jureront par le Seigneur des armées. L'une d'entre elles sera appelée la ville du Soleil, ou Héliopolis. Il y aura en ce temps-là un autel du Seigneur au milieu de l'Égypte, et un monument au

Isai. 19,

18-21.

Seigneur à l'extrémité du pays. Ce sera dans l'Égypte un signe et un témoignage pour le Seigneur des armées: car ils crieront au Seigneur étant accablés par ceux qui les opprimaient; et il leur enverra un sauveur et un grand qui les délivrera. Alors le Seigneur sera connu de l'Égypte : et les Égyptiens connaîtront le Seigneur : ils l'honoreront avec des hosties et des oblations: ils lui feront leurs vœux, et les lui rendront.

L'événement que prédit ici Isaïe est des plus singuliers, et en même temps le plus éloigné de toute vraisemblance. Rien n'était interdit plus sévèrement aux Juifs que d'offrir à Dieu des sacrifices dans un autre lieu que dans le temple bâti par son ordre à Jérusalem: combien plus par conséquent de bâtir ailleurs un autre temple, sur-tout dans une terre souillée par l'idolâtrie la plus grossière, comme l'Égypte, et toujours ennemie du peuple de Dieu! Cela néanmoins arriva exactement comme Isaïe l'avait prédit. Je n'entre point dans l'explication détaillée de cette prophétie, qui me ménerait trop loin.

Alexandre Bala, se trouvant paisible possesseur de la couronne de Syrie, crut qu'il n'avait plus rien à faire qu'à prendre tous les plaisirs que lui fournissaient l'abondance et le pouvoir où il était parvenu. Il s'abandonna donc à son penchant naturel, qui le portait au luxe; à l'oisiveté et à la débauche. Il laissa entièrement le soin des affaires à son favori, nommé Ammonius. Ce favori, insolent et cruel, fit mourir Laodice, sœur de Démétrius, et veuve de Persée, roi de Macédoine; Antigone, fils de Démétrius, qui était resté en Syrie quand on envoya les deux autres à Cnide; enfin tous ceux du sang royal qu'il pût trouver, afin

AN. M. 3856.
Liv. Epit.
Justin. 1.35

Av. J. C. 148.

lib. 50.

C. 2.

Joseph.

lib. 13, c. 8.

I Machab.

10, 67-89. Diod. in Ex

cerpt. Vales. pag. 346.

AN. M. 3858.
Av. J.C. 146.

d'assurer par là à son maître la possession de la couronne qu'il avait usurpée sur eux par une imposture. Cette conduite leur attira bientôt la haine des peuples.

Démétrius, l'aîné des fils de Démétrius, était à Cnide, et commençait à entrer dans un âge capable d'entreprendre et d'agir. Quand il eut avis de cette haine des peuples, il crut l'occasion favorable pour rentrer dans ses droits. Lasthène, l'ami chez qui il demeurait, lui fit avoir quelques compagnies de Crétois, avec lesquels il alla débarquer en Cilicie. Il y vint bientôt assez de mécontents pour en faire une armée, avec laquelle il se rendit maître de tout ce pays-là. Alexandre se réveilla, et quitta son sérail pour songer à ses affaires. Il laissa le gouvernement d'Antioche à Hiérax et à Diodote, qui est aussi appelé Tryphon, et se mit à la tête d'une armée qu'il forma de toutes les troupes qu'il put assembler: et, sur l'avis qu'il eut qu'Apollonius, gouverneur de Célésyrie et de Phénicie, s'était déclaré pour Démétrius, il envoya demander du secours à Ptolémée, son beau-père.

Apollonius songea premièrement à réduire Jonathas, qui demeurait attaché à Alexandre; mais il y réussit mal, et dans un seul jour il perdit plus de huit mille hommes.

Ptolémée Philométor, à qui Alexandre s'était adressé dans l'extrême danger où il se trouvait, vint enfin au secours de son gendre, et entra avec une grosse armée dans la Palestine. Toutes les villes lui ouvrirent leurs portes, selon les ordres qu'elles en avaient reçus d'Alexandre. Jonathas vint le joindre à Joppé, et le suivit à Ptolémaïde. En y arrivant, on découvrit un complot qu'Apollonius avait formé contre la vie de

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