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Av. J. C. 163.

107.

cap. 3.

Appian. in

secouer le joug de la tyrannie et à se maintenir dans la liberté de conscience par rapport à sa religion. Telles

étaient les dispositions de la Syrie à l'égard des Juifs. AN. M. 3841. Démétrius, fils de Séleucus Philopator, qui, depuis Polyb. Leg. l'année que mourut son père, avait toujours continué Justin. 134, de demeurer en ôtage à Rome, était dans sa vingttroisième année quand il apprit la mort d'Antiochus Syr. p. 117. Épiphane, et l'avénement d'Eupator son fils à la cou, qu'il prétendait lui appartenir de droit comme fils du frère aîné d'Epiphane. Il proposa au sénat de le rétablir sur le trône de son père; et pour l'y engager, il lui représenta qu'ayant été élevé à Rome dès son bas âge, il la regardait toujours comme sa patrie, les sénateurs comme ses pères, et leurs fils comme ses frères. Le sénat eut plus d'égard aux intérêts de la république qu'au droit de Démétrius, et jugea qu'il serait plus avantageux aux Romains qu'il y eût un roi mineur sur le trône de Syrie qu'un prince comme Démétrius, qui pourrait dans la suite leur devenir formidable. Ainsi ils firent un décret pour confirmer Eupator, et envoyèrent en Syrie Cn. Octavius, Sp. Lucrétius, et L. Aurélius, avec le caractère d'ambassadeurs, pour y régler toutes choses conformément aux articles du traité fait avec Antiochus-le-Grand. Leur vue était d'affaiblir de toutes les manières possibles les forces du royaume. Les mêmes ambassadeurs furent chargés d'accommoder, s'il était possible, les différends des deux rois d'Égypte.

II Machab.

11, 1-38

10, 1-37;

Lysias, effrayé des victoires de Judas Machabée, forma une armée de quatre-vingt mille hommes de 13, 1-24 pied, prit toute la cavalerie du royaume avec quatre65-68; 6, vingts éléphants, et mena lui-même toutes ses forces

I Machab. 5,

19-63.

Joseph.

lib. 12.

dans la Judće, résolu de mettre à Jérusalem des habitants étrangers et attachés au culte des idoles. Il y Antiq. Jud. ouvrit la campagne par le siége de Bethsura, forteresse entre Jérusalem et l'Idumée. Judas Machabée et tout le peuple conjurent le Seigneur avec larmes d'envoyer un bon ange pour le salut d'Israël. Pleins de confiance, ils se mettent en campagne. Lorsqu'ils marchaient tous ensemble avec un courage assuré, il parut au sortir de Jérusalem un homme à cheval qui marchait devant eux. Il était vêtu d'un habit blanc avec des armes d'or, et une lance qu'il tenait à la main. Cette vue les remplit d'une nouvelle ardeur. Ils se jetèrent sur les ennemis comme des lions, tuèrent douze mille six cents hommes, et obligèrent tout le reste de fuir, la plupart blessés et sans armes.

Après cet échec, Lysias, ennuyé d'une guerre si malheureuse 2, et comprenant, dit l'Écriture, que les Juifs étaient invincibles lorsqu'ils s'appuyaient sur le secours du Dieu tout-puissant, fit un traité avec Judas et le peuple juif, et Antiochus le ratifia. Un des articles de cette paix fut que l'ordonnance d'Antiochus Épiphane, qui obligeait les Juifs de se conformer à la religion des Grecs, serait révoquée et cassée, et qu'ils auraient par-tout la liberté de vivre selon leurs lois particulières.

Cette paix ne fut pas de longue durée. Les peuples voisins étaient trop ennemis des Juifs pour les laisser en repos. Judas les vainquit en plusieurs combats. Timothée, l'un des généraux du roi, rassembla toutes ses

1 C'était un ange : peut-être saint Michel, protecteur du peuple de Dieu.

"

2 Intelligens invictos esse Hebræos, omnipotentis Dei auxilio innitentes.» (II Machab. 11, 13.)

forces et forma une armée de six vingt mille hommes de pied, sans compter la cavalerie, qui en faisait encore deux mille cinq cents. Judas, plein de confiance dans le Dieu des armées, alla à sa rencontre avec des troupes bien inférieures pour le nombre, l'attaqua, et le défit. Timothée perdit dans cette bataille trente mille hommes, et eut bien de la peine lui-même à se sauver. Cette défaite fut suivie de plusieurs avantages que remporta Judas, qui firent voir que Dieu seul est la source du courage, de l'intrépidité et de l'heureux succès des armes. I le montrait sensiblement, par la protection éclatante qu'il donnait à un peuple dont il était le conducteur d'une manière particulière.

Il

On mit sur pied une nouvelle armée de cent mille hommes d'infanterie, avec vingt mille chevaux, trentedeux éléphants et trois cents chariots de guerre. Le roi en personne, avec Lysias, le régent du royaume, se mit à sa tête, et entra dans la Judée. Judas, comptant sur la toute-puissance de Dieu, créateur de l'univers, et ayant exhorté ses gens à combattre jusqu'à la mort, alla se poster vis-à-vis du camp du roi. Après avoir donné aux siens pour cri de guerre, LA VICTOIRE DE DIEU, il choisit les plus braves de son armée, et tomba avec eux pendant la nuit sur le quartier du roi. Ils tuèrent quatre mille hommes, et s'en retournèrent après avoir rempli tout son camp de trouble et d'effroi.

Quoique le roi connût par là le courage extraordinaire des Juifs, il ne douta point qu'ils fussent enfin accablés par le grand nombre de ses troupes et de ses éléphants. Il résolut donc d'en venir à une bataille générale. Judas, sans être intimide par ce terrible appareil, s'avança avec son armée. On en vint aux mains,

et les Juifs tuèrent un grand nombre d'ennemis. Alors le célèbre Éléazar, voyant un éléphant, plus grand que les autres, couvert des armes du roi, et croyant que le roi lui-même était dessus, se sacrifia pour délivrer son peuple et pour s'acquérir un nom immortel. Il courut hardiment à l'éléphant au travers du bataillon, tuant à droite et à gauche, et renversant tout ce qui se présentait devant lui. Puis, s'étant mis sous le ventre de la bête, il la perça, la fit tomber, et fut écrasé lui-même par sa chute.

Cependant Judas et les siens se battaient avec une résolution extraordinaire. Mais à la fin, épuisés de fatigue, et ne pouvant soutenir plus long-temps l'effort des ennemis, ils prirent le parti de la retraite. Le roi, les ayant suivis, assiégea la forteresse de Bethsura. Cette place, après une longue et vigoureuse résistance, fut obligée, faute de vivres, de se rendre par capitulation.

De là Antiochus marcha vers Jérusalem, et forma le siége du temple. Ceux qui le défendaient étaient déja réduits à la même nécessité que ceux de Bethsura, et auraient été obligés de se rendre comme eux, si la Providence ne les eût dégagés par un incident imprévu. J'ai remarqué que Philippe s'était retiré en Égypte, dans l'espérance d'y trouver de l'assistance contre Lysias; mais la brouillerie qui était survenue entre les deux frères qui régnaient conjointement, comme il a été dit ailleurs, le désabusa bientôt. Voyant qu'il n'avait rien à espérer de ce côté-là, il retourna dans l'Orient, y ramassa quelques troupes de Mèdes et de Perses, et, profitant de l'absence du roi pendant son expédition en Judée, il s'empara de la capitale de l'em

Tome IX. Hist. anc.

2

AN. M. 3842.

Porphyr. in

lig. pag. 60

pire. Sur cette nouvelle, Lysias jugea qu'il était nécessaire de faire la paix avec les Juifs, afin de tourner ses armes contre son rival en Syrie. La paix se fit donc à des conditions fort avantageuses et fort honorables. Antiochus la jura, et on le laissa entrer dans les fortifications du temple, dont la vue l'effraya si fort, que, contre la foi donnée, contre le serment qu'il avait fait en jurant la paix, il les fit démolir avant que de partir pour la Syrie. Le prompt retour d'Antiochus chassa Philippe d'Antioche, et mit fin à sa courte régence, et bientôt après à sa vie.

La brouillerie des deux Ptolémée dont je viens de Av. J. C. 162. parler alla si loin, que le sénat romain ordonna aux Gr. Eus. Sca- ambassadeurs qu'il avait envoyés en Syrie de passer à Alexandrie, et de faire tous leurs efforts pour les remetin Excerpt. tre bien ensemble. Avant qu'ils y arrivassent, Physcon, Val. Max. le plus jeune, surnommé aussi Évergète, avait déja lib. 5, c. I. chassé son frère Philométor: celui-ci s'embarqua

et 68. Diod.

Vales. p.322.

Polyb. Leg.

115.

lib. 46.

Liv. Epitom. pour l'Italie et aborda à Brunduse; de là il fit le reste du chemin à pied, fort mal habillé, avec fort peu de suite, et vint demander au sénat le secours dont il avait besoin pour remonter sur le trône.

Dès que Démétrius, fils de Séleucus Philopator, roi de Syrie, qui était encore en ôtage à Rome, apprit le triste état où était réduit ce prince fugitif, il lui fit faire des robes royales et un équipage, afin qu'il pût paraître à Rome en roi, et alla au-devant de lui avec tout ce qu'il lui avait fait

1 Ce fut au contraire Évergète II qui se rendit à Rome, pour demander qu'on lui rendit le trône qui avait été donné à Philométor seul. Polybe ne laisse aucun doute à cet égard,

préparer. Il le rencontra à

puisqu'il se sert des expressions Πτολεμαῖος ὁ νεώτερος (ΧΧΧΙ, 19). Rollin a été trompé en ceci par l'ouvrage de Vaillant. L.

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