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en sa faveur, il employait tous les artifices de la complaisance pour se le rendre favorable; quand, au contraire, il trouvait la moindre raison de soupçonner qu'il se déclarerait contre lui, il suivait une conduite tout opposée. Voilà ce qui produisit le contraste qui se voit dans les différentes démarches qu'il fit dans toute cette affaire.

Pompée le suivit de près. Le premier endroit où il campa, en allant à Jérusalem, fut Jéricho, où il reçut la première nouvelle de la mort de Mithridate, comme on le verra dans le livre suivant.

Il continua sa marche vers Jérusalem. Quand il en fut proche, Aristobule, qui commençait à se repentir de ce qu'il avait fait, vint le trouver, et tâcha de se raccommoder avec lui, en lui promettant une soumission entière, et une grosse somme d'argent pour prévenir la guerre. Pompée accepta ses offres, et envoya Gabinius, à la tête d'un détachement, recevoir l'argent. Mais, quand ce lieutenant-général arriva à Jérusalem, il trouva les portes fermées; et, au lieu de recevoir de l'argent, on lui cria, de dessus les murailles, que ceux de la ville ne voulaient pas tenir l'accord. Pompée, là-dessus, ne voulant pas qu'on se moquât de lui impunément, fit mettre dans les fers Aristobule qu'il avait retenu, et s'avança avec toute l'armée devant Jérusalem. C'était une ville extrêmement forte par sa situation et par les ouvrages qu'on y avait faits; et, sans la division qui était au-dedans, elle aurait pu faire une longue résistance.

Le parti d'Aristobule voulait défendre la place, surtout quand ils virent que Pompée retenait leur roi prisonnier. Mais ceux qui favorisaient le parti d'Hyr

can voulaient qu'on ouvrit les portes à Pompée; et comme ces derniers faisaient le plus grand nombre, l'autre parti se retira sur la montagne du temple pour le défendre, et fit rompre les ponts du fossé et de la vallée qui l'environnaient. Pompeé, à qui l'on ouvrit aussitôt la ville, résolut d'assiéger le temple. La place tint trois mois entiers, et aurait encore tenu autant, et peut-être obligé les Romains à abandonner leur entreprise, sans la rigueur superstitieuse avec laquelle les assiégés observaient le șabbat. Ils croyaient bien qu'il leur était permis de se défendre quand on les attaquait, mais non d'empêcher les travaux des ennemis, ou d'en faire pour eux-mêmes. Les Romains surent mettre à profit cette inaction des jours de sabbat. Ils n'attaquaient point pour-lors les Juifs; mais ils comblaient les fossés, faisaient leurs approches, et plaçaient leurs machines sans trouver d'opposition. Ils abattirent enfin une grosse tour, dont la chute entraîna un grand pan de muraille, et fit une brèche aussi grande qu'il la fallait pour un assaút. La place fut emportée de vive force. Le carnage fut terrible. On passa plus de douze mille personnes au fil de l'épée.

Pendant tout le tumulte, les cris et le désordre de cette boucherie, l'histoire remarque que les prêtres, qui étaient alors dans le temple occupés à faire le service, le continuèrent avec un sang-froid surprenant, malgré la rage de leurs ennemis et la douleur de voir massacrer à leurs yeux leurs amis et leurs parents. Plusieurs d'entre eux virent mêler leur sang avec celui des sacrifices qu'ils offraient; et l'épée des ennemis en fit des victimes de leur devoir. Heureux et dignes d'envie, s'ils eussent été aussi fidèles à l'esprit qu'à la lettre.

Tome IX. Hist. anc.

ΙΟ

Pompée, avec plusieurs des hauts officiers, entra dans le temple, et non-seulement dans le lieu saint, mais jusque dans le lieu très-saint, où, par la loi, il n'était permis à personne d'entrer qu'au souverain-sacrificateur une fois l'an, le jour solennel de l'expiation. C'est ce qui affligea le plus vivement les Juifs, et ce qui souleva le plus ce peuple contre les Romains.

Pompée ne toucha point au trésor du temple, composé, pour la plus grande partie, des sommes qui y avaient été déposées par les familles particulières pour être plus en sûreté. Il s'y trouva deux mille talents en argent monnayé 1, sans compter les vases d'or et d'argent qui étaient sans nombre, et d'un prix infini. Ce n'était point2, dit Cicéron, par respect pour lá majesté du dieu honoré dans ce temple que Pompée en usa de la sorte; car, selon lui, rien n'était plus méprisable que la religion des Juifs, plus indigne de la sagesse et de la grandeur des Romains, plus opposé aux maximes de leurs ancêtres. Pompée, par ce noble désintéressement, voulut seulement ôter à la malignité et à la médisance tout lieu d'attaquer sa réputation. Voilà ce que pensaient les plus éclairés d'entre les païens sur l'unique religion du vrai Dieu. Ils blasphémaient ce qu'ils ne connaissaient point.

On a remarqué que jusque-là tout avait réussi à

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Pompée; mais que depuis cette curiosité sacrilége son bonheur l'avait abandonné, et que l'avantage remporté sur les Juifs fut sa dernière victoire.

SV. Règne d'Hyrcan II, qui dure vingt-quatre ans.

Av. J. C. 63.

Pompée, ayant ainsi mis fin à la guerre, fit démolir A. M. 3941. les murailles de Jérusalem, rétablit Hyrcan, fit prisonniers Aristobule et ses deux fils, Alexandre et Antigone, et les envoya à Rome. Il démembra plusieurs villes du royaume de Judée, qu'il unit au gouvernement de Syrie; imposa tribut à Hyrcan; et laissa l'intendance du pays à Antipater, qui était à la cour d'Hyrcan, et un de ses principaux ministres. Alexandre se sauva sur la route, et revint en Judée, où il excita dans la suite. de nouveaux troubles.

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Hyrcan, se trouvant trop faible pagne contre lui, eut recours aux armes des Romains. Gabinius, gouverneur de Syrie, après avoir vaincu dans un combat Alexandre, alla à Jérusalem, et y rétablit Hyrcan dans la souveraine-sacrificature. Il fit de grands changements au gouvernement civil; car il le rendit aristocratique de monarchique qu'il était mais ils furent de peu de durée.

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Crassus, marchant contre les Parthes, mais toujours A. M. 3950. attentif à contenter son insatiable avarice, s'arrêta à Av. J. C. 54. Jérusalem, où il avait entendu dire que l'on gardait de précieux trésors. Il pilla tout ce qu'il y avait de richesses dans le temple, qui montaient à la somme de dix mille talents, c'est-à-dire de trente millions.

AN. M. 3957.

César, après son expédition d'Égypte, étant venu en Syrie, Antigone, qui s'était sauvé de Rome avec Av. J. C. 47.

de Bello Jud. 1-8.

Jos. Antiq. son père Aristobule, vint se jeter à ses pieds, le pria 1. 14, c. 15 de le rétablir sur le trône de son père, qui pour-lors était mort, et fit de grandes plaintes contre Antipater et Hyrcan. César leur avait de trop grandes obligations à l'un et à l'autre pour rien faire contre leurs intérêts: car, comme on le verra dans la suite, sans le secours qu'il en avait reçu, son expédition d'Égypte aurait échoué. Il ordonna qu'Hyrcan garderait la dignité de souverain-sacrificateur de Jérusalem, et la principauté de la Judée, pour lui et pour sa postérité après lui à perpétuité, et donna à Antipater la charge de procurateur de la Judée sous Hyrcan. Par ce décret, l'aristocratie de Gabinius fut abolie, et le Judée rétabli sur l'ancien pied.

Jos. Antiq. 1. 14, c. 17

de Bello Jud.

1-8.

AN. M. 3960.
Av. J. C. 44.

Jos. Antiq.

gouvernement de

Antipater fit donner le gouvernement de Jérusalem à Phasaël son fils aîné, et celui de la Galilée à Hérode, son second fils.

César, à la requête d'Hyrcan, et en considération des lib. 14, c. 17. services qu'il lui avait rendus en Égypte et en Syrie, lui permit de rebâtir les murailles de Jérusalem, que Pompée avait fait abattre. Antipater, sans perdre de temps, y fit travailler, et la ville fut bientôt fortifiée comme elle l'était avant la démolition. César fut tué cette même année.

AN. M. 3964.

Jos. Antiq.

Pendant les guerres civiles, la Judée, aussi-bien que toutes les autres provinces de l'empire romain, fut agitée de violents troubles.

Pacore, fils d'Orode, roi des Parthes, était entré en Av. J. C. 40. Syrie avec une puissante armée. Il envoya de là en 1. 14, c. 24, Judée un détachement qui avait ordre de mettre sur Jud. 1-11. le trône Antigone, fils d'Aristobule, qui de son côté

26; de Bell.

avait aussi levé des troupes. Hyrcan, et Phasaël frère

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