Et le fort principal, & les gros intérêts, Dès devant la pointe du jour, N'occupoient le trio qu'à chercher maint détour, Pour contenter cette cohorte. Le Buiffon accrochoit les passans à tous coups : Meffieurs, leur difoit-il, de grace apprenez-nous En quel lieu font les marchandifes Que certains gouffres nous ont prises ? Le Plongeon, fous les eaux s'en alloit les chercher. L'oifeau Chauve - Souris n'ofoit plus approcher, Pendant le jour, nulle demeure: Suivi des fergens à toute heure, En des trous il s'alloit cacher. Je connois maint detteur, qui n'eft ni Souris-chauve, Ni Buiffon, ni Canard, ni dans tel cas tombé, Mais fimple grand feigneur, qui tous les jours fe fauve La querelle des Chiens & des Chats, & celle des Chats & des Souris. La difcorde a toujours régné dans l'univers; Notre monde en fournit mille exemples divers. Vous ferez étonné de voir qu'à tous momens. Outre ces quatre potentats, Autrefois un logis plein de Chiens & de Chats, Le maître ayant réglé leurs emplois, leurs repas, Edifioit tous les voifins. Enfin elle ceffa. Quelque plat de potage, J'ai vu des croniqueurs attribuer le cas Mit en combuftion la falle & la cuifine: Chacun fe déclara pour fon Chat, pour fon Chien. On fit un réglement dont les Chats fe plaignirent, Et tout le quartier étourdirent. Leur Avocat difoit, qu'il falloit bel & bien Recourir aux Arrêts. En vain ils les chercherent, Autre procès nouveau: le peuple Souriquois Les guetta, les prit, fit main-basse. Le Maître du logis ne s'en trouva que mieux. J'en reviens à mon dire. On ne voit fous les cieux Dieu fit bien ce qu'il fit, & je n'en fçais pas plus. Ce que je fçais, c'eft qu'aux groffes paroles On en vient, fur un rien, plus des trois quarts du temps. Humains, il vous faudroit encore à foixante ans (1) Renvoyer chez les Barbacoles. (1) Comme de petits enfans, qui, toujours prêts à s'emporter & à fe quereller fort férieufement pour de pu res bagatelles, doivent être corrigés de cette humeur vi cienfe par leurs Maîtres, que La Fontaine nomme Barbacoles, terme plaifant & burlesque, emprunté des Italiens, qui l'ont inventé pour défigner un Maître d'Ecole qui, pour se rendre plus vénérable à fes Ecoliers, porte une longue barbe, Barbam colit. FABLE IX. Le Loup & le Renard. (1) D'où vient que perfonne en la vie N'eft fatisfait de fon état? Certain Renard voulut, dit-on, Se faire Loup.. Hé, qui peut dire (1) Légere imitation du commencement de la premié. re Satire d'Horace. Qui fit, Macenas, ut nemo quam fibi fortem, Ce qui m'étonne eft qu'à huit ans, Des vers moins fenfés que fa prose. Les traits dans fa fable femés, De la chanter fur la Mufette Je ne fuis pas un grand Prophete, Laiffant à part tous ces myfterés, Le Renard dit au Loup: notre cher, pour tous mets Tu fais meilleure chére avec moins de hafard. Qui fourniffe fon croc de quelque mouton gras, Il vint, & le Loup dit: voici comme il faut faire, (2) Monfeigneur le Duc de Bourgogne. Si tu veux écarter les mâtins du troupeau. Le Renard ayant mis la peau, Répétoit les leçons que lui donnoit fon maître. D'abord il s'y prit mal, puis un peu mieux, puis bien : Puis enfin il n'y manqua rien. A peine il fut inftruit autant qu'il pouvoit l'être, Qu'un troupeau s'approcha. Le nouveau Loup y court, Et répand la terreur dans les lieux d'alentour. (3) Patrocle mit l'allarme au camp & dans la ville: Oubliant les brebis, les leçons, le régent,. Que fert-il qu'on fe contrefaffe? De votre efprit que nul autre n'égale, (3) Prince Grec, ami d'Achille. pouillé des Armes d'Achille par Hector. Il fut tué & dé. |