Sur un tapis de Turquie Le régal fut fort honnête, A la porte de la falle. Le bruit ceffe, on fe retire: C'eft affez, dit le Ruftique: Mais rien ne vient m'interrompre: Adieu donc, fi du plaifir Que la crainte peut corrompre. (2) Le Rat de Ville. FABL E X. Le Loup & l'Agneau. La raifon du plus fort cft toujours la meilleure, Nous l'allons montrer tout à l'heure. Un Agneau fe défaltéroit Un Loup furvient à jeun, qui cherchoit avanture, Tu feras châtié de ta témérité. Plus de vingt pas au-deffous d'elle; Vous, vos bergers, & vos chiens. Le Loup l'emporte, & puis le mange, F A BLE X I. L'Homme & fon Image, pour M. le Duc de la Rochefoucault. Un n homme, qui s'aimoit fans avoir de rivaux, Paffoit dans fon efprit pour le plus beau du monde. Il accufoit toujours les miroirs d'être faux, Vivant plus que content dans fon erreur profonde. Afin de le guérir, le fort officieux Préfentoit par-tout à ses yeux Les confeillers muets dont fe fervent nos Dames. Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands, Miroirs aux poches des galans, Miroirs aux ceintures des femines. Que fait notre (1) Narciffe? il fe va confiner, Il s'y voit, il fe fâche; & fes yeux irrités On voit bien où je veux venir. (1) On apelle Narciffe tout homme entêté de fa beauté, réelle ou chimérique, par allufion à ce que dit la Fable d'un beau jeune homme de ce nom, qui devint fi folle ment amoureux de lui-même, qu'il en geźdit la vie. Tant de miroirs, ce font les fottifes d'autrui,.. Que chacun fçait, le Livre des Maximes. (2) Celui des Maximes morales, fait par le Duc de l'a Rochefoucault, Le Dragon à plufieurs têtes, & le Dragon à plufieurs queues. U n Envoyé du Grand Seigneur, Préféroit, dit l'histoire, un jour chez (1) l'Empereur, Notre Prince a des dépendans Qui, de leur chef, font fi puiffans, Lui dit je fçais par renommée, Ce que chaque Electeur peut de monde fournir; D'une avanturé étrange, & qui pourtant eft vraye. J'étois en un lieu für, lorfque je vis paffer Et je crois qu'à moins on s'effraie. Je n'en eus toutefois que la peur fans le mal. Ne put venir vers moi, ni trouver d'ouverture. Quand un autre Dragon qui n'avoit qu'un seul chef, (1) Celui d'Allemagne, (2). Serpent & plufieurs têtes, le 11 Et bien plus d'une queue, à paffer se préfente. D'étonnement & d'épouvante. Ce chef paffe, & le corps, & chaque queue auffi; De votre Empereur & dụ nôtre. FABLE X II I. Pour un Les Voleurs & l'Ane. our un Ane enlevé deux voleurs fe battoient: L'un vouloit le garder; l'autre le vouloit vendre. Tandis que coups de poing trottoient, Et que nos champions fongeoient à se défendre, Qui faifit maître (1) Aliboron. L'Ane, c'eft quelquefois une pauvre province. Il eft affez de cette marchandise.. De nul d'eux n'eft fouvent la province conquife. (1) Nom burlefque qu'on donne à l'Ane. |