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servent en même temps de défense à la jambe et de chaussure. Pour se garantir des coups, avee l'aide des Dieux, voilà les armes qu'il faut; mais pour frapper l'ennemi, nous préférons le sabre à l'épée car dans la position élevée du cavalier, le coup d'espadon vaudra mieux que le coup d'épée. La pique longue étant faible et embarrassante, nous approuvons davantage les deux javelots de cornouiller: on peut, sachant manier cette arme, en lancer d'abord un, et se servir de l'autre en avant, de côté et en arrière; ils sont en un mot plus forts et plus maniables que la pique. Darder du plus loin qu'on pourra, ce sera le mieux à notre avis: car ainsi, on a plus de temps pour se retourner et saisir le second javelot. Nous marquerons ici en peu de mots la meilleure manière de darder. En avançant la gauche, effaçant la droite, et s'élevant des cuisses, si on lâche le fer de manière que la pointe soit un peu tournée en haut, le coup partira avec plus de violence, portera le plus loin possible, et le plus juste aussi, pourvu qu'en lâchant le fer on ait soin que la pointe regarde toujours droit au but. Tout ceci soit dit pour l'instruction et l'exercice du simple cavalier. Quant au colonel, ce qu'il devrait et savoir et pratiquer a été expliqué dans. un autre discours.

OEUVRES DIVERSES.

CONVERSATION

CHEZ LA COMTESSE D'ALBANY,

A NAPLES, LE 2 MARS 1812.

"........ Ce fut moi qui leur dis, je ne sais à quelle occasion, que notre siècle valait bien celui de Louis XIV. Fabre se récria là-dessus : Quelle différence, bon Dieu! tout sous Louis XIV fleurit.

Si vous parlez des arts, lui dis-je; en quel temps les a-t-on vus plus florissans qu'aujourd'hui? Je voulais le faire un peu causer. La comtesse me devina, et entrant dans ma pensée : Il est vrai, dit-elle, que les arts sont aujourd'hui tellement cultivés, encouragés... - On en parle beaucoup, dit Fabre.-Oh! on fait plus qu'en parler. J'appuyai ce sentiment de madame d'Albany, et pour preuve je citai le salon du Louvre à Paris, où tous les ans... Oui, oui, interrompit Fabre; et s'approchant de la fenêtre du côté de Pausilipe: Où donc vont toutes ces troupes le long de Chiaia, là-bas, vers la grotte?

Je ne

sais, répondis-je. Mais, par exemple, ce tableau de Gérard que nous vîmes hier chez le roi, n'estce pas là un bel ouvrage, et qui eût paru tel du temps de Lesueur et du Poussin? Ma foi, dit-il, les canonniers nos voisins montent à cheval. Il y a quelque parade sans doute. Le roi sera revenu de Caserte. Il tâchait ainsi de détourner la conversation; mais moi : Et David, lui dis-je, David n'estil pas fondateur d'une nouvelle école? Guérin," Girodet et vous-même, ne faites-vous tous rien. qui vaille? Il me repartit: - Eh bien! oui; c'est mon métier; j'en puis parler, et je vous dis qu'il y a tel tableau du Poussin qui vaut mieux seul tout ce qu'on a fait depuis.

que

« Je fus aise de le voir venir où je voulais. Je l'entretins sur ce propos, et il se mit à nous dire ce qu'étaient les arts sous Louis XIV, comparant les ouvrages d'alors à ceux d'aujourd'hui, et donnant de tout la prééminence au siècle passé, hors qu'il avouait que depuis un temps on se relevait chez nous de ce méchant goût, de cette misère où tomba si tôt notre école après ses beaux jours. Nous l'écoutions, et pour moi je n'eusse jamais songé à l'interrompre, car véritablement il parle bien de tout; mais sur ces choses-là où il est expert, il y a plaisir à l'entendre. La comtesse lui dit: A ce que je puis voir, en ce genre, selon vous, nous valons mieux que nos pères et moins que nos aïeux. Je vous crois, certes, plus capa

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