DES HOMMES ILLUSTRES DE PLUTARQUE, AVEC DES REMARQUES HISTORIQUES ET CRITIQUES. REVUE, CORRIGEE, ET AUGMENTÉE Par Mr. DACIER, de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles- TOME QUATRIEM E. A AMSTERDAM, Chez ZACHARIE CHATELAIN. M. DCC. XXXV. Avec Privilege. 18 CAIUS N MARIUS. OUS ne sçaurions dire quel étoit le troifiéme nom de Caius Marius, non plus que celui de Quintus Sertorius, qui tint longtems l'Espagne, ni celui de Lucius Mummius, qui détruifit Corinthe. Car le nom d'Achaïcus d'Achéen, qu'on donna à ce dernier, fut un furnom tiré de fa victoire, comme celui d'Africain, qui fut donné à Scipion, & celui de Macedonien, qui fut donné à Metellus. Pofidonius a voulu fe fervir furtout de cet argument pour refuter ceux qui ont cru que le troi Tome IV. A que fiéme nom des Romains étoit leur nom propre, comme Camillus, Marcellus, Caton; car fi cela étoit, dit-il, il s'enfuivroit de-là que ceux qui n'avoient que deux noms, n'en auroient point eu dé propre. Mais Pofidonius ne prend pas garde que par ce raifonnement il fait d'un autre côté les femmes font fans nom propre; car il n'y a jamais eu de femme à qui on ait donné le premier des trois noms qu'on donne aux hommes, & que Pofidonius prétend être leur veritable nom, & que des deux autres le premier eft le nom commun, le nom de famille, comme les Pompeiens, les Manliens, les Corneliens; car c'eft comme on dit les Heraclides, les Pelopides, & que le dernier eft un nom de distinction, un furnom, qui fert comme d'épithete, & qui eft tiré du naturel, des actions, des paffions, des avantures, ou de la figure du 'Mais Pofidonius ne prend pas garde que par ce raifonnement.] Pofidonius avoit condamné ceux qui croyoient que le troifiéme nom des Romains, étoit le nom propre. Et il les avoit condamnez fur cette unique raifon qu'il s'enfuivroit de-là que ceux qui n'avoient que deux noms, noms, n'en avoient point de propre, puifqu'ils n'avoient pas ce troifiéme, qui étoit feul le nom propre felon leur fentiment. Et Plutarque condamne à fon tour Pofidonius fur ce que fi le premier nom étoit le nom propre,comme ille foutenoit,les femmes étoient corps de ceux aufquels on l'a donné, comme Macrinus, Torquatus, Sylla; car ces furnoms sont comme ceux de Mnemon, d'Aigle, de Callinicus.. Mais fur cela la diversité de l'usage fourniroit de grands fujets de differtation. La Severité la rudelje des mœurs Marius paroiffoit de Pour ce qui eft de l'air & de la figure de Mafius, nous avons vû de lui à Ravenne dans les Gaules, une ftatuë de marbre, qui reprefente parfaitement tout ce que l'on rapporte de la feverité & de la rudeffe de fes moeurs. Car étant né robufte, courageux, & uniquement propre aux armes, & ayant eu une éducation plus guerriere que civile, il apporta dans le commerce des hommes un naturel fauvage & rebours, & quand il fut en autorité, il se montra toujours intraitable & feroce; on dit même qu'il ne vouAut jamais ni apprendre les lettres Grecques, ni mais apprendre les Mais fur cela la diverfité de Tufage fourniroit de grands fujets de differtation.] Cela eft certain, car,comme Ruauld le remarque, autre a été l'ufage des premiers tems de la République, & autre celui des derniers fous lesEmpereurs. Pofidonius avoit raifon par rapport à fon tems; car alors, dit-il, c'étoit le premier des trois noms qui étoit le nom propre : & Plutarque a auffi raifon par rapport au fien; car alors on faifoit le nom propre du troifiéme. Cette matiere des noms & furnoms des Romains a été traiLée par de très-fçavans hommes. Ceux qui voudront s'enfoncer A jį dans fes flatues. Son naturel fau vage & rebours. Il ne voulut ja lettres Grecques. |