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relevé par leur premiere victoire, que leurs forces en étoient même augmentées, & qu'ils ne demandoient qu'à être lâchés contre les Barbares, il fit defcendre fon infanterie pefamment armée, encore toute chaude du combat. Cette infanterie faute à terre avec de grands cris, & fe jette impétueufement fur les Perfes. Ceux-ci les reçoivent avec courage, & foutiennent leur premier choc, fans s'ébranler. Le combat fut rude; beaucoup des plus braves Athéniens, & des plus confidérables y furent tués; enfin, après de grands efforts, les Grecs rompirent les Barbares, les mirent en fuite, & en firent un grand carnage. Tout ce qui ne périt pas par l'épée fut pris, & on fe rendit maître de leurs pavillons qui étoient remplis de toutes fortes de richeffes.

Mais Cimon, comme un redoutable athlete, après avoir vaincu en un feul jour dans deux grands combats, (m) & avoir par son

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combat de terre furpafle l'exploit de Salamine, & par fon combat de mer celui de Platées, ajouta encore un nouveau trophée à ces deux victoires. Car, ayant été averti que les quatre-vingts vaiffeaux Phéniciens, qui n'avoient pu fe trouver à la bataille, (n) étoient arrivés au port d'Hydre, il y alla en toute diligence avec fa flotte. Ces Barbares ne favoient encore rien de certain de ce qui étoit arrivé aux deux grandes armées; ils ne pouvoient s'imaginer qu'elles euffent été battues, & ils demeuroient en fufpens, flottant

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on

non pas même Thucydide qui a écrit cette hiftoire. Le P. Lubin a cru quo ce devoit être une villo de l'ifle de Cypre quelque place de la Pam une du feuve d'Euryme phylie ou de la Cilicie voiden, οὐ Cimon venoit de

remporter cette grande victoire, ou même qu'il falloit corriger le texte de Plutarque, & qu'au- lien de 'Spa, il falloit lire

eœur, comme cela arrive fouvent, les a confondus enfuite. Il faut donc à mon avis, rétablir ainfi tout le paffage, na rd μὲν ἐν Σαλαμῖνι, ναυμαχία, τὸ δὲ ἐν Γλατανιαῖς πεζομαχία παρενληλυθώς. Εε αvoir par fon combat de mer furpaffe Pexploit de Salamine, &par fon combat de terre celui de Platées. Car on combattit par terre à Platées, & par pn, à Sydre, au port mer à Salamine. Plutarque de Sydre; car Sydre étoit ne peut pas parler ici des un ville maritime de la avantages qu'on tira de Cilicie près de la Pamphyces deux combats pour les lie. Et cette conjecture eft préférer aux deux autres, très-vraisemblable, à moins il parle des combats mê- qu'il ne faille lire plutôt, y avoit une des ifles Cyau port d'Hydruffa; car il clades qu'on appelloit de

mes.

(n) Etoient arrivés au port d'Hydre. Aucun Auteur ne parle de ce port d'Hydrum,

ce nom,

entre la crainte & l'efpérance. Mais quand ils virent arriver la flotte victorieuse, ils furent fi abattus, qu'ils ne firent presque point de réfiftance. Tous leurs vaiffeaux furent pris, & la plus grande partie de leurs troupes taillées en pieces.

Ce grand échec humilia fi fort la fierté du grand Roi, qu'il confentit à figner ce traité de paix fi célebre, dont les deux principaux articles étoient qu'il fe tiendroit toujours éloigné des mers de la Grece de la carriere d'un cheval, (0) & qu'il ne navigeroit jamais en-deçà des roches Cyanées & des ifles Chélidoniennes avec aucunes galeres armées, ni autres vaiffeaux de guerre. Il est vrai que Callifthene écrit que cela ne fut point ftipulé par le traité; mais que le Roi l'exécuta par la grande terreur que lui imprima fa défaite; & qu'il fe tint toujours fi loin de la Grece par cette raifon, que dans la fuite, Périclès, avec cinquante galeres, & Ephialte avec trente feulement, coururent bien au

(o) Et qu'il ne navigeroit jamais en-deçà des roches Cyanées & des ifles Chélidoniennes. Par-là il lui étoit défendu d'entrer dans la mer Egée par le pont Euxin, & dans la Méditerranée par les mers de Pamphylie, de Syrie, &c; car ces roches Cyanées

font deux petites ifles à
l'entrée du pont, l'une du
côté de l'Europe près de
Byzance, l'autre du côté
de l'Afie près de Chalcé
doine, féparées par le bras
de mer qui n'a là qu'en-
viron vingt ftades où deux
mille cinq cents pas,

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delà de ces ifles Chélidoniennes, fans trouver la moindre flotte des Barbares, ni même un feul de leurs vaiffeaux. Mais dans les décrets publics que Cratere a recueillis, on trouve la copie de ce traité, (p) ce qui montre qu'il eft véritable. On dit de plus que pour cette occafion, les Athéniens éleverent l'autel de la paix, & qu'ils décernerent de grands honneurs à Callias, qui avoit été envoyé en Ambaffade auprès du Roi de Perfe, pour lui faire ratifier ce traité.

Après que les dépouilles eurent été vendues à l'encan, il fe trouva tant d'or & d'argent dans l'épargne, que les Athéniens eurent abondamment de quoi fournir à toutes les dépenfes publiques, & que de ces mêmes fonds ils firent bâtir la muraille de la Citadelle qui regarde le Midi. On dit auffi que les grandes murailles, qu'on appelle les Jambes, & qui joignent le Pirée à la ville, furent véritablement bâties après Cimon; mais que ce fut lui qui, des fruits de fa victoire, en fit jetter les premiers fondements avec beaucoup de travail, & une grande dépenfe. Car, comme le terrein, où on étoit obligé de les affeoir, fe trouvoit au milieu des eaux

(p) Ce qui montre qu'il eft véritable. Quand on n'auroit pas trouvé ce traité dans le recueil de Cratexe, le bon fens feul per

fuade que Cimon, après
des victoires fi completes,
ne laiffa pas cela à la dif-
pofition du vaincu, & qu'il
le ftipula par un traité.

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& des marais, il fallût deffécher & confolider les marais à force de cailloux & de groffes pierres de taille qu'on y jettoit, & faire ainfi ces fondations à pierres perdues. Il fut auffi le premier qui embellit la ville de ces lieux deftinés aux exercices, & aux jeux honnêtes des gens de condition, qui, dans la fuite, furent dans une très-grande vogue; car il planta quantité de beaux planes dans la place publique; & de l'Académie qui étoit un lieu aride & nud, il en fit un parc & un bocage délicieux, arrofé de quantité de belles fontaines, & percé de plufieurs grandes allées couvertes pour se promener, & de longues lyces pour y faire des courses.

Quelque temps après, ayant eu nouvelles que quelques Perfes ne vouloient pas abandonner la Cherfonnefe de Thrace, dont ils s'étoient emparés, & qu'ils appelloient à leur fecours les peuples de la haute-Thrace pour s'y maintenir, il alla contr'eux avec quatre galeres. Les Barbares, ayant appris qu'il étoit parti d'Athenes avec ce peu de vaiffeaux, n'en faifoient aucun compte; mais avec ces quatre galeres, il ne laiffa pas de les attaquer. Il prit treize de leurs vaiffeaux, les chaffa entiérement de leur pays, foumit les Thraces, & réduifit toute la Cherfonnefe fous le pouvoir des Athéniens.

Après cette expédition, il alla contre ceux de l'ifle de Thafos qui s'étoient révoltés,

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