Page images
PDF
EPUB

Une surprise, répéta-t-elle, une surprise!

Je n'ai pas voulu revenir les mains vides chez mère Barberin, qui a été si bonne pour son petit Remi, l'enfant abandonné; alors, en cherchant ce 5 qui pourrait être le plus utile, j'ai pensé que ce serait une vache pour remplacer la Roussette, et à la foire d'Ussel nous avons acheté celle-là avec l'argent que nous avons gagné, Mattia et moi.

-Oh! le bon enfant, le cher garçon! s'écria mère 10 Barberin en m'embrassant.

Puis nous entrâmes dans l'étable pour que mère Barberin pût examiner notre vache, qui maintenant était sa vache. A chaque découverte que mère Barberin faisait, elle poussait des exclamations de 15 contentement et d'admiration.

Quelle belle vache!

Tout à coup elle s'arrêta en me regardant:

Ah ça! tu es donc devenu riche?

Je crois bien, dit Mattia en riant, il nous reste

20 cinquante-huit sous.

Et mère Barberin répéta son refrain, mais avec une variante:

-Les bons garçons!

- yn syrpriz, repeta t el, yn syrpriz!

3 n e pa vuly rǝvnir le mê vid Se meir barbǝre, ki a ete si bon pur sõ pti remi, 1 ãfă abãdone; alǝ:r, ã Sersã s

ki puret ɛtrə lə plyz ytil, 3 e pãse kǝ sə
sret yn vas pur rãplase la rusɛt, e a
la fwar d ysel nuz avõz aste sel la avek
1 arzã_k nuz avõ gaɲe, matja e mwa.

o:! lə bɔn ãfã, lǝ Seir garsõ! s ekrija meir barbǝrê ã m ãbrasă.

pчi nuz ātram dã 1 etabl pur kǝ meir barbǝre pyt egzamine nɔtrə vas, ki mẽtnă ete sa vas. a Sak dekuvert kǝ meir barbǝre fǝzɛ, el pusɛ dez eksklamasjō də kõtãtmã e d admirasjõ.

kel bel vas!

tut a ku el s areta ãm rǝgardã: -a sa! ty e do dǝvny ris?

-3ǝ krwa bje, di matja ã rjã, il nu rest sēkã:t чi su.

e meir barbǝre repeta sõ_rfrẽ, mez avek yn varjã:t.

-le bo garso!

5

ΙΟ

15

20

PART II

LE PACHA BERGER

Conte turc

Il y avait une fois à Bagdad un pacha, Ali, fort aimé du sultan, fort redouté de ses sujets. C'était un vrai musulman. A l'aube du jour, il étendait un tapis à terre, et, le visage tourné vers la Mecque, il faisait pieusement ses prières. Ses dévotions ache- 5 vées, deux esclaves noirs lui apportaient la pipe et le café. Ali s'installait sur un divan, les jambes croisées, et restait ainsi tout le long du jour. Boire à petits coups du café d'Arabie, fumer lentement du tabac de Smyrne, dormir, ne rien faire et penser 10 moins encore, c'est ainsi qu'il gouvernait. Chaque mois, il est vrai, un ordre venu de Stamboul lui enjoignait d'envoyer au trésor impérial un million de piastres. Ce jour-là, Ali, sortant de sa quiétude ordinaire, appelait devant lui les plus riches mar- 15 chands de Bagdad et leur demandait poliment deux millions de piastres. Les pauvres gens levaient les mains au ciel, s'arrachaient les cheveux et juraient en pleurant qu'ils n'avaient pas un sou. Sur quoi Ali, sans cesser de prendre son café, les faisait 20 bâtonner sur la plante des pieds jusqu'à ce qu'on lui apportât cet argent qui n'existait pas. somme comptée, le fidèle administrateur en envoyait

La

la moitié au sultan et jetait l'autre moitié dans ses coffres, puis il se remettait à fumer. C'était le modèle des pachas.

Après la pipe, le café et l'argent, ce qu'Ali aimait 5 le mieux, c'était sa fille, Charme-des-Yeux. Aussi nonchalante que belle, Charme-des-Yeux ne pouvait faire un pas sans avoir auprès d'elle trois femmes toujours prêtes à la servir: une esclave blanche avait soin de sa coiffure et de sa toilette, une esclave jaune Io lui tenait le miroir, une esclave noire l'amusait par ses grimaces et recevait ses caresses ou ses coups. Lire, réfléchir, broder, faire de la musique, ce sont là des fatigues que Charme-des-Yeux avait soin de laisser à ses servantes. Quand on est belle, jeune, 15 riche et fille de pacha, on est née pour s'amuser, et qu'y a-t-il de plus amusant et de plus glorieux que de ne rien faire?

Il n'y a point ici-bas de bonheur sans mélange: Ali en fit l'expérience. Un jour d'impôt, le vigilant 20 pacha, moins éveillé que de coutume, fit bâtonner par erreur un Grec protégé de l'Angleterre. Le battu cria; c'était son droit; mais le consul anglais, qui avait mal dormi, cria plus fort que le battu, et l'Angleterre, qui ne dort jamais, cria plus fort que 25 le consul. On hurla dans les journaux, on vociféra au parlement. Tant de bruit pour si peu de chose fatigua le sultan, et, ne pouvant se débarrasser de l'Angleterre, dont il avait peur, il voulut au moins se débarrasser du pacha, cause innocente de tous ces 30 ennuis. La première idée de Sa Hautesse fut de

« PreviousContinue »