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Que faire de cette serviette?

Capi m'indiquait que je devais m'en servir. Après avoir bien cherché, je me mouchai dedans. Là-dessus le général se tordit de rire, et Capi 5 tomba les quatre pattes en l'air, renversé par ma stupidité.

Voyant que je me trompais, je contemplais de nouveau la serviette, me demandant comment l'employer.

Enfin une idée m'arriva; je roulai la serviette et m'en fis une cravate.

Nouveaux rires du général, nouvelle chute de Capi. Ainsi de suite, jusqu'au moment où le général exaspéré m'arracha de ma chaise, s'assit à ma place 15 et mangea le déjeuner qui m'était destiné.

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Ah! il savait se servir d'une serviette, le général. Avec quelle grâce il la passa dans une boutonnière de son uniforme et l'étala sur ses genoux. Avec quelle élégance il cassa son pain, et vida son verre!

Mais où ses belles manières produisirent un effet irrésistible, ce fut lorsque, le déjeuner terminé, il demanda un cure-dent et le passa rapidement entre ses dents.

Les applaudissements éclatèrent de tous les côtés 25 et la représentation s'acheva dans un triomphe. Comme le singe était intelligent! comme le domestique était bête!

En revenant à notre auberge, Vitalis me fit ce compliment, et j'étais déjà si bien comédien, que je 30 fus fier de cet éloge.

kə fer də set servjet?

kapi m êdike kǝ 3 dǝve m ã servir. aprɛz avwa:r bjẽ Sɛrse, zə mə muse_ddã. ladsy lǝ general sə tərdi d rir, e kapi tõba le kat pat ã l er, rãverse par ma stypidite.

vwaja k zǝm trõpe, zǝ kõtãple_d nuvo la servjet, mə_dmãdã kɔmã 1 ãplwaje.

ãfẽ yn ide m ariva; 3ə rule la servjet e mã fiz yn kravat.

nuvo rir dy general, nuvel Syt də kapi. ĕsid suit, zysk o mɔmã ul zeneral ɛgzaspere m arasa d ma Sɛiz, s asit a ma plas e mãzal dezøne ki m etɛ destine.

a! il save s servir d yn servjet, lə general. avek kel gra:s il la pasa dãz yn butɔnje:r də son yniform e 1 etala syr se znu. avek kel elegãos il kasa sõ pẽ, e vida sõ ver!

mɛz u se bel manjɛır prɔdqizi:rt œn efɛ irrezistibl, sə fy lɔrskə, lə dezøne termine, il dəmãda œ kyır dã el pasa rapidmãt ãtrə se dã.

lez aplodismã eklater də tu le kote e la rprezătasjo s affa dãz œ trijõ:f. kɔm lǝ sẽ:z etet ételizã! kom lə dəmɛstik ete beit!

ã rǝvnãt a nɔtr oberz, vitalis mə fis kõplimã, e 3 etɛ deza si bjẽ kɔmedjẽ, kǝž fy fjær də set elɔiz.

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EN BATEAU

Vitalis a été condamné à la prison pour avoir défendu Remi contre les brutalités d'un agent de police. Remi reste seul avec les chiens et Joli-Cœur. Il ne peut pas jouer dans les villes parce qu'il n'a pas la 5 permission de la police et il n'a plus un sou pour acheter du pain pour sa troupe. Zerbino, tenté par la faim, vole un morceau de viande dans une maison et

se sauve.

Ma situation devenait critique: si je m'en allais,1 IO Zerbino pouvait très bien se perdre et ne pas nous rejoindre; si je restais, je ne trouvais pas l'occasion de gagner quelques sous et de manger.

Et précisément le besoin de manger devenait de plus en plus impérieux. Les yeux des chiens s'at15 tachaient sur les miens désespérément et Joli-Cœur se brossait le ventre en poussant des petits cris de colère.

Que faire?

Il fallait inventer quelque chose qui pût nous oc20 cuper tous les quatre et nous distraire.

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Si nous pouvions oublier que nous avions faim, nous aurions assurément moins faim pendant ces heures d'oubli.

A quoi nous occuper?

Comme j'examinais cette question, je me souvins que Vitalis m'avait dit qu'à la guerre quand un régi1 si je partais.

ã bato

vitalis a ete kõdane a la prizõ pur avwair defãdy remi kôtrǝ le brytalite d en azã ḍ pɔlis. remi rɛstə sol avɛk le Sje e goli kær. il nə pø pa zwe dã le vil pars k il na pa la permisjo_d la polis e il n a plyz ce su pur aste dy pê pur sa trup. zɛrbino, tãte par la fẽ, vɔl œ mɔrso_d vjã:d dãz yn mɛzõ e

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ma sitчasjõ dəvnɛ kritik. si3 m ãn alɛ, zerbino puve tre bje s perdr e_n pa

nu rzweidr; siz reste, 30_n truve pa 1 ɔkazjõ də gaɲe kɛlkə su ed mãze.

e presizemã lə bəzwe_d mãze dǝvnɛ də

plyz ã plyz êperjø. lez jø de Sje s atase

syr le mje dezɛsperemã e zoli ko:r sə brɔsɛ l vã:tr ã pusă de pti kri_d kǝlɛır.

kǝ feir?

il falet êvãte kɛlkə So:z ki py nuz ɔkype tu le katr e nu distreır.

si nu puvjõz ublije k nuz avjõ fẽ,

nuz ɔrjõz asyremã mwẽ fe pãdã sez

œ:r dubli.

a kwa nuz ɔkype?

kɔm 3 ɛgzaminɛ sɛt kɛstjõ, zɔm suvẽ

kə vitalis m avɛ di k a la ger kat & rezimã

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ment était fatigué par une longue marche, on faisait jouer la musique, si bien qu'en entendant des airs joyeux, les soldats oubliaient leurs fatigues.

Si je jouais un air gai, peut-être oublierions-nous 5 tous notre faim; en tous cas, si j'étais occupé à jouer et les chiens à danser avec Joli-Cœur, le temps passerait plus vite pour nous.

Je pris ma harpe, qui était posée contre un arbre, et tournant le dos au canal, après avoir mis mes 10 comédiens en position, je commençai à jouer un air de danse, puis après une valse.

Tout d'abord mes acteurs ne semblaient pas très disposés à la danse, il était évident qu'un morceau de pain leur eût été plus agréable, mais peu à peu ils 15 s'animèrent, la musique produisit son effet obligé, nous oubliâmes tous le morceau de pain que nous n'avions pas et nous ne pensâmes plus qu'à jouer et qu'à danser.

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Tout à coup j'entendis une voix claire, une voix d'enfant crier: «bravo!» Cette voix venait de derrière moi. Je me retournai vivement.

Un bateau était arrêté sur le canal; les deux chevaux qui le traînaient avaient fait halte sur la rive opposée.

C'était un singulier bateau, beaucoup plus court que ceux qui servent ordinairement à la navigation sur les canaux, et au-dessus de son pont était construite une sorte de galerie vitrée; à l'avant de cette galerie se trouvait une véranda ombragée par des 30 plantes grimpantes; sous cette véranda j'aperçus

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