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SAINT GUENOLÉ ET LE DIABLE

Saint Guénolé, qui était le patron de la ville d'Is, ressemble beaucoup au Saint Patrice des Irlandais. Il est surtout l'adversaire du diable dont il déjoue toutes les malices et détruit tous les projets.

5 Voici une des nombreuses légendes qu'on raconte partout sur Saint Guénolé et le diable.

Autrefois, il y avait chaque hiver en Bretagne une grande famine. Pendant la saison des tempêtes, les hommes ne pouvaient pas sortir avec leurs bateaux 10 pour aller pêcher la sardine et d'autres poissons; alors les femmes et les enfants souffraient de la faim et beaucoup en mouraient.

Saint Guénolé, très affligé de ces souffrances, prie Dieu de ne plus envoyer de famines. Dieu entend 15 sa prière et lui donne un boisseau de pommes de terre qu'il a créées précisément pour cette occasion.

Saint Guénolé les plante dans son jardin. Elles poussent rapidement et bientôt leurs tiges vigoureuses sont couvertes de belles fleurs.

20 Paul Goz (c'est ainsi que les Bretons nomment le

diable) qui rôdait par là, les voit, et étant très curieux, il s'adresse à Saint Guénolé qui est en ce moment dans son jardin.

-Grand Saint, dit-il, en joignant ses pattes 25 d'admiration et en s'approchant d'un air craintif, voilà de très belles fleurs que je vois pour la première fois.

sẽ genɔle e lə dja:bl

sẽ genale ki ete 1 patro_d la vil d is, resã:bla boku o sẽ patris dez irläde.

il ɛ syrtu 1 adverse:r dy dja:bl dõt il dezu tut le malis e detrui tu le prɔzɛ.

vwasi yn de nõbrø:z lezã:d kõ rakõit partu syr sẽ genɔle el djabl.

otrǝfwa, il j ave Sak iver ã brətaɲ yn grãid famin. pãdã la sɛzõ de tãpert, lez ɔm na puvɛ pa sortir avek loer bato pur ale pese la sardin e d otrǝ pwaso; aloir le fam e lez ãfã sufre d la fê e bokup ã murɛ.

sẽ genɔle, trɛz aflize ḍ se sufrã:s, pri djø də nə plyz ãvwaje d famin. djø ãtã sa prijer e lui dɔn œ bwaso d pɔm də ter k il a kree presizemã pur sɛt ɔkazjõ. sẽ genɔle le plã:t dã sõ zarde. el pus rapidmã e bjeto lær tiz vigurøiz sõ kuvert də bel flær.

pɔl goiz (s et esik le brǝtõ nɔm lə djabl) ki rode par la, le vwa, e etã trɛ kyrjø, il s adres a sẽ genole ki et as mamã dã số garde.

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d admirasjo e ã s aprofã d œen er krētif,

vwala də trɛ bel flo:r kǝ_3 vwa pur la prǝmjer fwa.

5

ΙΟ

15

20

25

Oui, dit le saint amusé de la mine drôlatique du diable, et elles sont aussi bonnes que belles.

Encouragé par la bonne humeur du saint, Paul 5 Goz qui est très gourmand lui dit:

ΙΟ

- Voulez-vous m'en donner une partie?

Volontiers, dit le saint, mais à une condition, c'est que vous quitterez tout de suite cette ville et n'y reviendrez qu'au moment de la récolte.

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- C'est dit, si vous m'en donnez la moitié.

Quelle partie désirez-vous, le haut ou le bas? vous pouvez choisir.

-Le haut, dit Paul Goz, pensant aux superbes fruits qui doivent succéder à de si belles fleurs, et il 15 part tout joyeux.

Au moment de la récolte, il revient, réclame sa part et l'emporte en courant, sans même prendre le temps de remercier Saint Guénolé.

Il est vrai que ce n'était pas nécessaire, pour le 20 profit qu'il en tira.

Saint Guénolé donne les pommes de terre aux fermiers qui les plantent, et depuis cette époque il n'y a plus de famines en Bretagne.

L'année suivante, Saint Guénolé est encore dans 25 son jardin, quand il voit passer Paul Goz, la tête basse, tout honteux de sa mésaventure.

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- Holà! dit le saint, ne voulez-vous pas encore une partie de ma récolte?

-Le saint veut me tromper, se dit le diable, de 30 la prudence.

wi, dil se amyze dǝ la min drolatik dy djabl, e el sõt osi bɔn kə

bel.

akuraze par la bɔn ymor dy sẽ, pɔl gɔz ki ɛ trɛ gurmã lui di:

-

- vule vu m ã dɔne yn parti?

- valotje, dil sẽ, mez a yn ködisjõ, s ɛ kǝ vu kitre tu d suit set vil e n i rǝvjedre k o mɔmã d la rekǝlt.

s ɛ di, si vu m ã dɔne la mwatje. -kel parti dezire vu, lǝ o ul ba? vu puve Swaziır.

-lə o, di pɔl gǝiz, pãsãt o syperbə frqi ki dwary syksede a də si bel flær, e il pair tu zwajø.

o mɔmã d la rekolt, il rǝvje, reklam sa pair el ãport ã kurã, sã mɛım prã:drə lə tã d romersje sẽ genole.

il ɛ vre kǝ s n etɛ pa nesese:r, pur lə profi k il ã tira.

sẽ genǝle dɔn le pɔm də ter o fermje ki le plã:t, e dǝpчi sɛt epɔk il ni a ply d famin ã brətaɲ.

1 ane suivāt, sẽ genole et akor dã

sõ zardẽ, kāt il vwa pase pol gǝiz, la tert bais, tu ôtød sa mezavãty:r.

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ola!

dil sẽ, nə vule vu paz ãko:r

yn parti d ma rekǝlt?

– lə sẽ vø m trõpe, sǝ di lə djarbl, də

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la prydãis.

5

10

15

20

25

30

Quelle partie voulez-vous cette année, dit le saint, le haut ou le bas? vous pouvez choisir.

Je prendrai le bas, dit le diable, et il part en courant, de peur que Saint Guénolé ne revienne sur 5 sa promesse.

ΙΟ

Au temps de la récolte, il accourt tout joyeux et commence à gratter le sol pour trouver les pommes de terre; mais il écorche ses pattes et ne trouve rien. Cette année-là, Saint Guénolé avait semé du blé.

LE DOMESTIQUE DE M. JOLI-CŒUR

Le passage suivant se trouve dans le roman d'Hector Malot: Sans Famille.

Remi, qui raconte l'histoire, est un petit garçon de huit ans, un enfant trouvé. Il vivait heureux avec mère Barberin, une brave femme qui l'avait élevé, 15 quand le mari de celle-ci le vendit au Signor Vitalis.

20

Maintenant, ils voyagent à travers la France. Pour gagner leur vie, ils donnent des représentations, aidés par un singe, Joli-Cœur, et trois chiens: Capi, Dolce et Zerbino.

-La pièce que nous allons représenter, dit Vitalis, a pour titre: le Domestique de M. Joli-Cœur ou Le plus bête des deux n'est pas celui qu'on pense. Voici le sujet: M. Joli-Cœur a eu jusqu'à ce jour un domestique dont il est très content, c'est Capi. 25 Mais Capi devient vieux et M. Joli-Cœur veut un

nouveau domestique. Capi se charge de lui en pro

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