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guinée en entrant, afin de savoir votre avis sur la manière dont je dois m'y prendre pour obtenir un divorce. C'est à vous de voir. Oh! madame, interrompis-je, vous serez satisfaite dites-moi, s'il vous plait, quel âge a votre mari? Ila, répondit la belle affligée, cinquante ans, et il y en a quinze que nous sommes mariés. Mais, madame, lui dis-je, il aurait fallu vous plaindre plutôt ; n'avez-vous pas des parens, des amis qui meritaient votre confiance? Hélas! répondit-elle, il n'a été ainsi que depuis quinze jours.

Je vous avoue que ma gravité fut démontée à cette fois, et je ne pus m'empêcher de rire. Je lui dis que les lois ne pouvaient remédier à de tels malheurs; mais cela ne la satisfit point; elle sortit en me disant qu'elle s'adresserait à un jeune légiste d'Oxford, qui a cent fois plus de savoir que moi, et que toute ma famille ensemble.

GALILEE

CONDAMNÉ PAR L'INQUISITION.

Le 22 juin 1633 le tribunal de l'inquisition établi à Rome rendit cette sentence contre Galilée - Galilei, célèbre mathématicien, accusé d'avoir soutenu que le soleil est immobile au centre du monde, et que la terre tourne autour de lui.

Galilée, fils de Vincent Galilée, Florentin, tu

as été dénoncé dès l'an 1613 à ce saint office, parce que tu tenais pour véritable la fausse doctrine enseignée par quelques-uns, que le soleil est le centre du monde, qu'il est immobile, que la terre ne l'est pas, et qu'elle a un mouvement journalier; parce que tu enseignais cette doctrine à tes disciples, et que tu la communiquais aux mathematiciens d'Allemagne tes correspondans; parce qu'enfin tu avais fait imprimer un ouvrage sur les taches du soleil, et quelques autres écrits contenant la même doctrine, qui est aussi celle de Copernic, que les théologiens et les docteurs ont trouvée non seulement absurde en philosophie, mais encore erronée en la foi.

Aussitôt la sacrée congregation tenue devant sa sainteté, le 29 février 1616, chargea l'éminentissime cardinal Bellarmin de te faire renoncer entièrement à cette fausse opinion, et ordonna que si tu persistais dans ton erreur le commissaire du saint-office te défendrait de l'enseigner ou de la soutenir, à peine de prison. Tu promis d'obéir au commandement qu'on te fit, tu fus renvoyé, et la congrégation se contenta de donner un décret contre les livres qui traitaient de cette doctrine contraire à la sainte écriture. Néanmoins il a paru un ouvrage imprimé à Florence sous ton nom, et sous le titre de Dialogue sur les systèmes du monde, de Ptolomée et de Copernic, dans lequel tu soutiens encore la même opinion.

C'est pourquoi nous t'avons appelé de nouveau, et sur tes confessions, reconnaissances et productions par sentence définitive rendue dans notre tribunal

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entre

le magrifique Carlo Sincero, docteur ès deux lois, promoteur de ce saint-office, demandeur et accusateur

d'une part; et toi Galilée, accusé, ici présent, d'autre ; disons et prononçons que toi Galilée t'es rendu fort suspect d'hérésie pour avoir soutenu cette fausse doctrine du mouvement de la terre et du repos du soleil, et pour avoir cru qu'on pouvait défendre comme probable une opinion déclarée contraire à la sainte écriture. Conséquemment tu as encouru toutes les censures et peines des sacrés canons, dont néanmoins nous te délions, pourvu que dès ce moment, avec un cœur sincère et une foi non simulée, tu abjures, maudisses et détestes devant nous ces erreurs et ces hérésies; et toutefois afin ta grande faute ne demeure pas tout-à-fait impunie, que tu sois plus retenu à l'avenir, et que tu serves d'exemple aux autres, nous ordonnons que ton dernier ouvrage sera prohibé par édit public, et que tu seras renfermé dans les prisons du saint-office. De plus, pour pénitence salutaire, nous t'enjoignons de dire dant trois ans une fois la semaine les sept pseaumes pénitentiaux; nous réservant le pouvoir de modérer, de changer ou de lever en tout ou en partie les susdites peines et pénitences.

que

pen

Galilee se soumit à cette sentence; il abjura, maudi et détesta sa prétendue erreur de voix et par écrit dans le couvent de la Minerve, et promit à genoux, la main sur les saints évangiles, d'être fidèle à sa rétractation. Il mourut en 1642 à Arcetri dans le Florentin, où l'inquisition l'avait relégué.

LE PAPILLON ET LES TOURTERELLES,

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Fable.

Un papillon, sur son retour,
Racontait à deux tourterelles
Combien, dans l'âge de l'amour,
Il avait caressé de belles.

Aussitôt aimé qu'amoureux,

Disait-il, oh! l'aimable chose,
Lorsque, brûlant des mêmes feux,
Je voltigeais de rose en rose!
Maintenant on me fuit partout,
Et partout aussi je m'ennuie :
Ne verrai-je jamais le bout
D'une și languissante vie?
Les tourterelles, sans regret,
Répondirent: Dans la vieillesse
Nous avons trouvé le secret
De conserver notre tendresse.
A vivre ensemble nuit et jour,
Nous goûtons un plaisir extrême ;
L'amitié qui naît de l'amour

Vaut encor mieux que l'amour même.

LETTRE

CONTENANT LE TESTAMENT DE KHAMHHI,

Empereur de la Chine.

Le morceau suivant m'a été communiqué par un of→ ficier de marine qui est revenu de la Chine depuis fort peu de tems, et qui m'a assuré qu'il avait été fidèlement traduit dans le pays même par les enfans de la langue que l'on y élève, dans le dessein de les rendre propres à servir d'interprètes aux négocians de la compagnie. J'ai été obligé de changer quelques phrases, dont la construction était quelquefois plus chinoise que française. Les fréquentes conversations que j'ai eues ici avec Arcadio Hoangh, chinois établi à Paris, et mort il y a déjà quelques années, m'avait familiarisé avec la phrase chinoise, et il m'a été plus facile par-là d'en démêler le

sens.

*

On verra dans cet édit, ou testament de l'empereur de la Chine, mort il y a quelques années, quelles sont les idées des Chinois sur ce qui constitue la gloire et la grandeur des monarques. On y verra que ces peuples ne font pas consister l'héroïsme dans les qualités guerrières. La gloire des conquérans ne dépend pas chez eux de la grandeur des obstacles qu'ils ont, surmontés, mais de la douceur et de la sagesse du gouvernement qui les a maintenus dans leurs conquêtes.

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