ét jeune fille, qu'il entretenait, une petite fille qu'il avait eu d'elle, et un laquais, se défend; ils tirent quelques arquebusades, cinq ou six en sont blessés à mort. Pour éviter une plus grande perte d'hommes, on envoie quérir à Noyon deux pétards; lorsqu'ils furent arrivés, la Morlière somme de rechef Mussard; même il lui envoie remontrer par le curé de Moyencourt que les rois avaient les mains longues, et que c'était une témérité de croire se sauver par une résistance par laquelle il perdait son corps et risquait son âme. Mussard lui répond qu'il ne changera pas de résolution. La Morlière, qui avait envie de le prendre vif, tente encore une autre voie ; il lui envoie la mère de sa maîtresse, qui fit tout ce qu'elle put pour le porter à obéir à la justice; mais elle trouva Mussard déterminé à se faire mourir plutôt que de servir de spectacle au peuple, et de mourir par les mains d'un bourreau, et sa maîtresse résolue de le suivre. Le prévôt lui fit dire qu'il avait ordre de l'amener à Paris, et que son pouvoir ne s'étendait pas plus loin. 'Mussard ne s'y veut point fier; il le prie seulement, puisqu'il était résolu de forcer la place, de recevoir sa fille et son laquais; ce qui lui ayant été accordé, il les fit descendre l'un et l'autre par la fenêtre, liés par une corde. On prie sa maîtresse, nommée Jeanne Presto d'en faire autant : ce qu'elle refuse; mais supplie sa mère et les assistans de prier Dieu pour eux; puis referment la fenêtre. On reconnaissait à leur air troublé qu'ils avaient de mauvaises intentions; ils se retirèrent en la salle du donjon, où ils avaient fait un bûcher de bois sec et de paille, auquel ils mirent le feu sitôt qu'ils eurent entendu le coup de pétard, et prennent chacun un pistolet à la main, se le lâchent l'un contre l'autre, dont ils tombèrent roides morts sur le plancher. Le prévôt entré par l'effort du pétard, fit éteindre vitement le feu, et vit ces deux corps, que l'amour n'avait pu separer étant en vie, ne l'être pas par la mort. AMOURS COMIQUE S. Par Senecé. Comédiens sont gens de conséquence; Pour eux Eglé nous tourne à tous le dos, Histrions partout... Gardez, disaît Horace, D'en employer trop grand nombre à-la-fois : PRISE ET DEFAITE DES GUILLERI. Les trois freres Guilleri étaient d'une maison noble de Bretagne; ils avaient suivi le parti de la ligue sous Ja duc de Mercœur, et s'y étaient comportés en braves soldats. La paix étant faite en 1688, Guilleri cadet rassembla en peu de tems quatre cents mauvais garnemens, à la tête desquels, il parcourut, en volant, le Poitou et la Bretagne; ils affichèrent sur des arbrés: Paix aux gentilshommes, la mort des prévôts et des archers, et la bourse des marchands. On rapporte une infinité de traits de Guilleri. Un jour, en plein midi, étant déguisé et couché sur le ventre le long du grand chemin de Nantes; il arrêta un marchand qui y allait, et feignit de vouloir lui tenir compagnie. En chemin il s'informa quelle affaire il avait à Nantes. Un procès, dit le marchand. Tu as donc de l'argent? Le marchand s'excuse, et dit qu'il n'avait que sept sous pour son dîner. Je n'en ai pas tant, lui répliqua Guilleri; il faut donc prier Dieu qu'il nous en envoie, et puis nous le partagerons par moitié : il tire un petit manuel de sa poche, et contraint en quelque sorte le marchand de se mettre à genoux, et de prier comme lui. Après qu'il eut lu une oraison, il lui dit: Regarde s'il ne t'en est point venu. Le marchand met la main à la poche, et dit que non. Tu ne pries donc point de bon cœur, dit Guilleri? L'autre s'excuse et proteste de sa ferveur, et disant cela, Guilleri tire cinq saus de sa poche, dont il lui donne la moitié, et le fait encore prier, et la seconde fois en tire dix, puis quinze, et toujours le marchand ne trouvait rien. Tu ne pries donc pas de bon cœur, dit encore Guilleri; car il t'en viendrait aussi bien qu'à moi? Le marchand assurait toujours le contraire. En ce cas, dit Guilleri, tu en as donc bien? car moi, qui ne prie guères de bon cœur, il m'en est venu, et certainement tu dois en avoir beau coup, et je veux le voir. En disant cela, il se met à le fouiller, lui trouve quatre cents écus, en prend la moitié, le renvoie avec le reste, lui disant : Comment! tu me veux tromper, et ne me rien donner de ce que Dieu t'envoie, tandis que je te donnais la moitié de ce qu'il m'envoyait. ( 1699. ) VERS SUR LA VIELLESSE. Je ne le sais que trop; dans le cours du bel âge, Cependant, malgré tant d'attraits, On ne peut trop le dire et le faire connaître ; Ou l'on court grand danger de ne l'être jamais. En vain elle paraît renoncer aux délices C'est à tort qu'un vieux débauché Sur quelques vains regrets fonde son espérance: N'est qu'une fausse pénitence, Ne sert qu'à punir son péché. " Dans les pleurs qu'on lui voit répandre, Pour les crimes qu'il a commis, Qui sait s'il se répent des plaisirs qu'il a pris, Ou s'il regrette ceux qu'il ne saurait plus prendre? Le pécheur qui, tranquillement, Attend à revenir de son égarement Qu'il soit au bout de sa carrière, Que Dieu ne fait que rarement. APOLOGIE DU MASSACRE DE LA SAINT-BARTHELEMI, Par Pibrac (1) Catherine de Médicis, trop sûre de l'horreur qu'avait excitée dans toute l'Europe le massacre de la Saint-Bar |