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rité le sujet le plus raisonnable sur lequel l'esprit humain pût s'exercer, mais qui ne méritaient pas une créance entière. On peut s'imaginer combien cela le préservait de l'air dogmatique si insupportable dans presque tous les savans et combien sa conversation en était plus aisée et plus agréable. Quand on a bien du mérite, c'en est le comble que d'être fait comme les autres.

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TRAITÉ HISTORIQUE

DES MONNAIES DE FRANCE,

AVEC LEURS FIGURES,

Depuis le commencement de la monarchie jusqu'à présent, par M. Le Blanc.

Les monnaies font une partie de l'histoire. M. Peiresc, conseiller au parlement de Provence, et M. Petau, conseiller en celui de Paris, n'omirent rien pour en acquérir la connaissance. M. le Blanc suivant les traces de ces grands hommes, a épuisé tout ce qui regarde les monnaies de France et l'a renfermé dans un volume médiocre, en s'éloignant de la méthode de M. Bouteroue, qui était de donner les titres entiers, et les monnaies séparées les unes des autres, ce qui n'aurait pu être exécuté qu'en plusieurs gros volumes.

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M. le Blanc n'a rien avancé qu'il n'ait appuyé autant qu'il lui a été possible sur des pièces authentiques. Tout se qu'il a dit des monnaies de la première et de la se

conde race, a été pris dans les livres imprimés, në res~ tant aucun manuscrit de ce tems-là.

Pour les monnaies de la troisième race, il s'et servi des régistres de la cour des monnaies, qui ne commencent qu'au règne de Philippe-le-Bel, et de plusieurs volumes manuscrits d'ordonnances sur le fait des mon naies. Il en a trouvé quelques-uns dans le cabinet de M. de la Haye, Doyen de l'église de Noyon; en a vu d'autres entre les mains de M. Poulain, fils de M. Pou→ lain conseiller en la cour des monnaies, qui les avait recueillis et s'en était servi pour composer les excellens traités qu'il a publiés sur ce sujet. Il en a vu aussi treize volumes à Rome dans la bibliothèque de la reine de Suède, et qui avaient autrefois appartenu à M. Petau ; et enfin quelques autres lui ont été communiqués par feu M. d'Herouval, et par d'autres de ses amis.

Il ne s'est point proposé d'autre ordre que celui de la succession de nos rois, suivant lequel il parle de toutes leurs monnaies, en marque le titre, le poids, le prix, avec les changemens que le tems, les guerres et les au tres nécessités de l'état y ont apportés. Drow 24h taba

Sous la premiere race on se servait de trois espèces d'or, du sol, du demi-sol, du tiers de sol, et du denier d'argent. Le sol d'or était justement de même poids que le sol dont se servaient les Romains sous Constantin et sous ses successeurs ; ce qui donné lieu de croire que nos rois l'avaient imité de ces empereurs : il pesait quatre vingt cinq grains et un tiers, et vaudrait aujourd'hui environ huit livres cinq sols de notre monnaie.

Presque sur toutes les pièces d'or qui restent de la

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première race, il y a d'un côté la tête du roi ceinte d'u diadême, et pour légende le nom du roi ; et de l'autre côté une croix, et le nom du lieu où la pièce a été monnoyée..

On se servait au même tems de deniers d'argent, qui pesaient vingt-un grains ou environ.

Les monnaies des monnétaires ne portent le nom d'aucun roi, quoiqu'elles en portent la figure. Elles ont d'un côté le nom du monnétaire, et de l'autre le nom du lieu où elles ont été fabriquées.

Il est difficile de rendre raison de cet usage. Peut-être. que le monnétaire était obligé de mettre ainsi son nom sur son ouvrage, afin que s'il s'y trouvait de la défectuosité, il en répondit. Peut-être que le monnétaire était maître ou fermier de la monnaie, et peut-être ne faisait-il que marquer la pièce. Il y a dans la vie de saint Eloi un passage qui nous apprend qu'alors le monnétaire faisait la fonction d'essayeur. Entre les planches que M. le Blanc donne ici des monnaies des monnétaires, la fin de la troisième et toute la quatrième contiennent des noms de lieux inconnus, et qui peuvent exercer la critique de ceux qui sont savans dans l'ancienne géographie.

Sur la fin de la première race, on se servit d'un sol d'argent, qui ne valait que douze deniers d'argent.

Il se trouve peu de sols d'or de la seconde race, quoiqu'il s'en trouve beaucoup de la première. Mais à l'égard des sols d'argent, Pepin ordonna dans le parlement tenu à Verneuil en 755, qu'ils seraient taillés à vingtdeux à la livre de poids, et que le maître en retien

drait un, et rendrait les autres à celui qui aurait fourni l'argent.

C'est la plus ancienne ordonnance, qui reste sur le fait des monnaies. Elle nous apprend qu'avant le tems de Pepin, il y avait plus de vingt-deux pièces d'argent à la livre, et qu'on se servait encore alors de la livre pour peser l'argent.

Il y a apparence que ce sol d'argent que le maître retenait, était pour les frais de fabrication et pour le droit de seigneuriage. On ne sait quand nos rois ont commencé à lever ce droit. Il est probable que ceux de la première race en avaient joui, et que Pepin n'aurait pas entrepris de l'introduire dans un tems où il fallait qu'il ménageât ses sujets pour leur faire recevoir le joug d'une nouvelle domination.

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Cette taxe fut levée non-seulement par tous les rois de la troisième race, mais aussi par les seigneurs qui jouissaient du droit de battre monnaie.

Il a varié dans tous les règnes. Ce qui est certain, c'est que saint Louis fixa le prix du marc d'argent à cinquante huit sols convertis en monnaie, de sorte qu'il prit sur chaque marc d'argent trois sols cinq deniers, c'est-àdire quatre gros d'argent, ou la seizième partie du marc.

Ce droit que les rois prenaient sur leurs monnaies, fut jusqu'au tems de Charles VII, un des grands revenus de leur domaine. Ce roi, pour soutenir la guerre que lui faisaient les Anglais, poussa si loin l'affaiblissement des monnaies, qu'il retint les trois quart d'un mare d'argent pour le seigneuriage et pour les frais de la fabrication. M. le Blanc cite un ancien manuscrit qui porte, qu'après la guerre, le peuple se souvenant des dom

mages qu'il avait soufferts, supplia le roi de ne plus lever ce droit, et d'imposer à sa place les tailles et les aides, ce qui lui fut accordé.

Le commencement de la troisième race est fort obscur pour les monnaies, sur lesquelles il ne reste aucune ordonnance depuis Charles le Chauve jusqu'à Philippe Auguste.

Il parait néanmoins que sous les règnes de Hugues Capet et de Robert, on se servait encore du sol d'or et d'argent fin.

Sous le règne de Philippe I, les monnaies d'or qui depuis le commencement de la monarchie avaient été appelées sols, furent appelées francs ou florins; ce qui découvre l'erreur de Jean Villani, qui assure que les premiers florins ne furent frappés qu'en 1252.

Sous Louis VII, outre les sols, les francs, et les florins d'or qui avaient cours, on se servait aussi de besans, comme il se justifie par le cérémonial de Louis le jeune qui porte: A l'offrande soit porté un pain, un barril d'argent plein de vin, et treize besans d'or.

Cette coutume d'offrir treize besans, fut observée au sacre de Henri II. Il est difficile de savoir pourquoi les rois offraient une monnaies étrangère le jour de leur sacre r si ce n'est qu'on veuille que le besant était une monnaie du royaume, et que l'on donnait le nom de besant à toute sorte de monnaie d'or, quoiqu'elle ne fût pas de Constantinople, de même que depuis on donna le nom de florin à toute espèce d'or, quoiqu'elle ne fût pas de Florence.

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Saint Louis fit de si bons règlemens sur le fait des monnaies, que lorsque depuis le titre ou les poids furent

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