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2. Le C. C. a l'air de me reprocher d'en avoir appelé à l'opinion publique, au lieu d'avoir adressé une plainte à la Section du Mont-Rose.

J'ai eu, en effet, la première naïveté de croire que les livres des cabanes servaient à quelque chose, et c'est dans celui de la cabane du Cervin qu'ont été consignés les incidents X... (dit, à tort, Kronig), Schaller et Julen. Aucune suite ne fut donnée à cette consignation.

J'eus ensuite la seconde naïveté, pour l'incident Imboden, d'adresser une plainte, précisément, au président de la Section du Mont Rose, M. H. Seiler. Mais celui-ci me pria d'aller porter mes doléances au département de Justice et Police. Or, j'ai dit pourquoi cette démarche était pratiquement impossible. Il ne me restait douc qu'à parler au public, et c'est ce que j'ai fait. J'ai été autrement précis que mes adversaires, dans leur défense, et ma relation est d'une exactitude scrupuleuse.

Au surplus, jamais je ne me suis imaginé que cette affaire recevrait une sanction quelconque. Dans un débat, qui n'a pas laissé de traces matérielles, il est trop facile d'opposer une affirmation à une autre affirmation. Aussi voulais-je simplement pousser un cri d'appel, avec l'espoir qu'il serait entendu.

J'ai des raisons de croire qu'il l'a été.

Veuillez agréer, Messieurs et Chers Collègues, l'expression de mes sentiments dévoués.

Edouard MONOD-HERZEN.

Par esprit d'impartialité, nous croyons devoir insérer la lettre ci-dessus de notre collègue M. Monod-Herzen, laissant à nos lecteurs le soin d'en tirer les conclusions qu'elle leur suggérera. Toutefois, nous n'entendons pas rouvrir un débat que nous considérons comme clos. La Rédaction.

Chronique du Club Alpin Suisse.

Assemblée des délégués à Olten, le 3 novembre 1908.

L'assemblée des délégués a eu lieu à Olten le mardi 3 novembre. Après l'appel des délégués, le Comité central a présenté un rapport complémentaire à son rapport général. Ce supplément de rapport traitait de la question de l'Echo des Alpes. Le Comité central exposait que la convention présentée par la Commission administrative de l'Echo était trop différente de celle qu'il avait préparée pour qu'une entente puisse avoir lieu, et qu'il renonçait à continuer à s'occuper de la question.

M. Graf s'étonne que le Comité central ne veuille pas continuer cette étude dont la solution doit être recherchée dans le sens de donner satisfaction aux sections romandes.

M. Berlie répond au rapport du Comité central et fait remarquer que la convention de la Commission administrative, de l'avis même du Comité central, n'offrait que peu de différence avec celle présentée par celui-ci. Il s'étonne du peu de persévérance du Comité qui, à la première difficulté, abandonne la partie. Il fait remarquer que, si l'Echo des Alpes a un petit fonds de réserve, c'est grâce au désintéressement de ses rédacteurs qui ne touchent aucune indemnité. C'est du reste une mesure de prudence d'avoir un petit fonds, de cette façon on ne risque pas d'être dans l'obligation, en cas de déficit, de s'adresser à la caisse centrale.

Enfin, sur la proposition de M. Schopfer, la question est renvoyée au Comité central pour nouvelle étude.

Suivant une proposition des sections Uto et Diablerets, l'assemblée a décidé de ne plus contribuer à l'assurance des guides d'Orsières qui refusent de se soumettre aux tarifs officiels.

Après l'adoption des subventions proposées par le Comité central pour l'érection et la réparation des cabanes Pic Rotondo,

Panossière et Muthhorn, une discussion très confuse s'est engagée au sujet des allocations que le Comité central proposait de renvoyer à l'année suivante. L'assemblée a voté, puis est revenue sur ses votes pour, en dernier lieu, en revenir aux propositions du Comité central, après une discussion animée entre M. H. Seiler et le Comité.

Les autres articles ont été liquidés conformément aux désirs du Comité central.

A 1 heure, les délégués étaient réunis autour de tables bien servies; M. le professeur Graf remplissait les fonctions de major de table. M. Repond a porté le toast à la patrie et M. Schopfer au comité en charge.

L'assemblée était des plus animées.

Chronique des Sections.

Section des Diablerets.

Bien que l'été ait été plus favorable aux maraîchers qu'aux Alpinistes, quelques-unes des courses ont fort bien réussi. Tout d'abord, la grande course au Spannort et au Titlis, favorisée du plus beau temps de la saison, a réuni un assez grand nombre de participants; des sexagénaires y ont fait admirer leur entrain et la vigueur de leurs jarrets. A la fin d'août, une quinzaine de clubistes, partis pour le mont Collon par un déluge, ont fait la Ruinette par un temps idéal.

Parmi les communications et conférences, mentionnons une intéressante causerie botanique de M. le professeur E. Wilczek, sur l'Oecologie de la flore rupestre, et la projection, par notre dévoué collègue M. A. Nicole, de photographies en couleur selon un procédé de la maison Jougla perfectionné, et non encore dans le

commerce.

L'agrandissement de la cabane Eugène Rambert, à la Frête de Sailles, est à l'étude. Elle est depuis longtemps notoirement insuffisante; en attendant qu'elle soit devenue plus spacieuse, la literie va en être remise à neuf.

Parmi les propositions de notre section qui seront soumises à la prochaine assemblée des délégués, relevons celle de M. Busset, tendant à ce que des affiches soit apposées un peu partout dans les stations alpestres, pour engager les touristes à « ne pas souiller inutilement les sommets de détritus de toute nature, et à faire un peu d'ordre après les repas et pique-niques ». Voilà une proposi

tion on ne peut plus raisonnable. Espérons, sans trop oser y compter, qu'elle aura quelque efficacité; il y a si peu de gens qui respectent la montagne.

Au commencement de septembre, M. le prof. R. de Girard, de Fribourg, est venu nous entretenir, d'une façon très objective, des trois projets de chemin de fer au Moléson. Deux de ces tracés sont inoffensifs, ne gâtent rien; mais le troisième léserait la montagne d'une cicatrice indélébile, depuis le pied de la Cape du Moine jusqu'au Moléson même. Un mouvement de protestation bien justifiée s'est dessiné dans le public et dans le monde des clubistes. Comme de juste, notre section s'y est associée à l'unanimité. B. G.

Section de Jaman.

L'agriculteur est enchanté de l'été 1908, qui a rempli ses greniers, ses granges et ses caves; le clubiste l'est moins, car les alternances de soleil et de pluie n'ont pas toujours coïncidé avec son programme; enfin la Commission de l'Echo ne doit pas l'être du tout, car ces coquins de chroniqueurs en ont pris très à leur aise avec leurs devoirs. Que voulez-vous? Ainsi va le monde ! Il y a toujours eu et il y aura toujours des contents et des mécontents, et la sagesse des nations dit que tous ces détails n'ont aucune importance vis-à-vis de l'éternité. Ce qui peut nous consoler, c'est que notre Commission, à défaut de chroniques à revoir et à corriger, n'a pas manqué de besogne et a pu appliquer ses grandes qualités administratives et son amour de la critique à l'étude du nou

veau projet d'organisation de l'Echo, élaboré par le Comité central. Espérons qu'un terrain d'entente a pu être trouvé entre les fiers sommets (quelque peu escarpés parfois) du fédéralisme welsche et les bas-fonds de l'esprit centralisateur qui voudrait nous engouffrer. Pour nous, d'accord avec plusieurs correspondants confédérés de l'Alpina, nous croyons n'avoir qu'à gagner à devenir organe officiel pour la Suisse française. Cela entraîne une immixtion du Comité central dans notre organe, mais nous ne voyons pas pourquoi l'on refuserait à notre plus haute autorité le droit de dire également son mot, alors que son rôle est justement de se rendre compte de l'activité du club alpin dans son ensemble. D'ailleurs, à notre avis, c'est une concession nécessaire pour mettre un terme aux attaques des chauvins de langue allemande que l'existence de notre journal empêche de dormir.

Si je me permets de donner mon opinion sur cette question, c'est qu'elle nous a préoccupés ces derniers temps et qu'elle va recevoir une solution prochainement à l'assemblée des délégués.

Ma chronique de notre activité pendant l'été ne peut être qu'une sèche nomenclature, car il ne m'a pas été possible de me mêler aussi activement à la vie de la section que je ne l'eusse désiré.

Nos séances ont été assez fréquentées, surtout celle du 2 septembre où M. de Girard, membre du C-C., nous a fait une conférence sur les divers chemins de fer projetés au Moléson. Il résulte de ses études, qui sont des plus complètes, puisqu'il a accompagné la Commission des Chambres fédérales chargée de préaviser sur les concessions, que le projet des Avants au Moléson est le plus désavantageux au point de vue de l'atteinte portée à la nature, le seul point de vue auquel le Club alpin doive se placer. Une résolution votée dans ce sens a provoqué une polémique dans un journal de Montreux. Notre section sœur a voté une résolution favorable au chemin de fer des Avants au Moléson. Il est vrai qu'elle n'avait pas entendu auparavant la conférence de M. de Girard. Peut-être que si elle avait eu ce privilège, beaucoup de membres ne se seraient plus contentés de l'argument un peu primitif qui consistait à expliquer l'attitude de M. de Girard par sa seule qualité et ses seuls intérêts de fribourgeois. Je sais bien qu'il est difficile d'être objectif, et peutêtre encore plus difficile de persuader les autres qu'on l'est, sur

ÉCHO DES ALPKS. 1908

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