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gnons, fixent, à leur bon plaisir. Les Matterführer, tout comme les guides du M'-Blanc, à Chamonix, en sont arrivés peu à peu à considérer le Cervin, (et les autres montagnes, mais celles-ci moins, comme leur propriété, et détestent les führerlose à l'égal de concurrents déloyaux, qui les frustrent d'une partie de leur dù.

Sans doute, le Club pourrait beaucoup pour remédier à cet état de choses. Mais se rend-il compte de l'étendue de ce qu'il pourrait et devrait faire? A-t-il connaissance des réclamations? Les incidents II et IIIpar exemple, qui ont été consignés sur un registre officiel, ont-ils amené une observation quelconque ? Nous avons lieu de craindre que non, et c'est à cause de craintes analogues, que beaucoup de touristes négligent de se plaindre, rebutés d'avance à l'idée d'une démarche inefficace qui leur coûtera des efforts et du temps, en pure perte.

Devant le nombre croissant des führerlose, et devant l'animosité croissante de certains guides, nous en arrivons à nous demander s'il ne serait pas utile de proposer la création d'une fédération des führerlose, qui aurait pour but très simple de faire respecter la liberté de tous à la montagne,

Ainsi, l'incident V, que je n'ai relaté qu'en gros, parce que sa substance, seule, et non ses détails, intéressent le public, constitue, de la part de Ferdinand Imboden de Tasch), un acte inqualifiable. Quand je parlai de me plaindre à la section du MontRose, il me dit, en ricanant : « Allez-y seulement! D'abord, mon frère est « Präsident» maire de Tæsch. Ensuite, je connais les Seiler depuis l'enfance..... » Alors quelqu'un me conseilla de m'adresser au Département. de Justice et Police. Que l'on se repré

sente un touriste à qui ses affaires ne permettent que peu de semaines de montagne. Croit-on qu'il se résoudra à se priver de courses, pour suivre une plainte en justice et passer son temps de vacances en chicanes? Et une fois ses vacances passées, rentré à la ville, quelles chances aura-t-il de voir aboutir une affaire du lieu de laquelle il sera infiniment distant? Aussi neuf fois sur dix, pour ne pas dire dix fois sur dix, le touriste abandonne sa plainte, et se borne à une protestation platonique.

Or une fédération, comme celle dont je parle, aurait pour mission spéciale de régler à l'amiable, si possible, les contestations entre les guides et les touristes, ou bien de faire les enquêtes et de suivre les affaires. Par la suite, elle deviendrait un bureau de renseignements des plus précieux.

Il est inadmissible que l'on ne puisse pas aller en montagne, sans guide, dans un centre un peu fréquenté, sans courir le risque d'être molesté. Il serait done intelligent de s'unir.

A ceux qui objecteraient qu'un tel groupement. ferait, dans beaucoup de cas, double emploi avec les clubs alpins, je répondrai que rien ne serait plus facile que de créer, au sein du club, une sorte de section de Contentieux, qui serait spécialement chargée de représenter les touristes et de faire reconnaitre leurs droits. La plupart des führerlose sont trop peu fortunés pour pouvoir donner suite, eux-mêmes, à une plainte éventuelle. La fédération (ou la section de Contentieux) y pourvoirait, etc... Les timides qui, isolés, craignent des représailles possibles, n'hésiteraient plus, et les conséquences qui s'en suivraient seraient des plus fécondes pour les guides eux-mêmes. Ceux-ci ont la vue un peu courte, nous parlons.

qu'on ne l'oublie pas, de la grande majorité que forment les guides de second ordre, et ne se rendent pas compte que leur attitude est l'un des principaux facteurs de l'accroissement du nombre des führerlose. Le jour où les guides seront persuadés qu'en montagne, les droits de tous sont égaux, ils auront plus envie de traiter les touristes en bons camarades, et ceux-ci les engageront bien plus volontiers. Tout le monde y gagnera.

Un livre a paru récemment, dont nous sommes loin, d'ailleurs, de partager indistinctement les idées ou les points de vue1. Mais, dans sa préface, l'auteur parle des rapports des guides de l'Oberland avec les führerlose, et relate des incidents graves. Il importe, (nous parlons et sentons en amoureux fidèle de la Suisse, dans l'intérêt même, bien entendu, du pays, que de pareils faits ne puissent plus ètre publiés, c'est-à-dire ne se produisent plus.

Souhaitons que notre cri d'appel soit entendu. N'eussions-nous obtenu que le seul résultat d'attirer l'attention du Comité central et de l'avoir rendu soucieux, nous en serions déjà heureux.

EDOUARD MONOD-HERZEN.

C. A. S. Section Genevoise.
C. A. F. Section de Paris.

Le vertige des cimes, par Georges Casella. Paris, Flammarion, 1907.

REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

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Aus den Tessiner Bergen. Dr C. TAÜBER. Orell Füssli, Zurich. Prix, 3 fr. 50. 190 pages.

Voici un intéressant petit livre, qui pour nous, clubistes des sections romandes, vient à son heure. En effet, depuis l'ouverture de la ligne du Simplon, les montagnes du Tessin constituent un nouveau champ d'excursions, à notre porte, champ vaste et varié s'étendant des bords enchanteurs des lacs italiens, aux sommets neigeux, intéressant par sa flore déjà méridionale, ses beautés pittoresques, ses multiples œuvres d'art, sa population. éveillée et intelligente. En attendant le guide promis par la section du Tessin, le Dr Tauber nous y conduit d'une main sûre et expérimentée, aussi bien pour des courses d'hiver, que pour des excursions d'automne ou de printemps.

Le premier chapitre est consacré au massif du Gothard que nous pouvons atteindre si rapidement du Haut-Valais par le col de Nüfenen ou par ceux de Gries et de San Giacomo, de la vallée de Binn par ceux d'Albrun et de San Giacomo en admirant en passant la magnifique cascade de la Tosa, une des plus belles des Alpes et séjournant quelques heures à l'excellent petit hôtel Zertanna qui tremble jusqu'en ses fondations par le fait du voisinage de la célèbre chute d'eau et constitue un excellent point de départ pour l'ascension du Basodino (3277 m.)

C'est de la petite auberge dell'Acqua, au fond du val Bedretto qu'il faudra partir pour excursionner dans le massif du nord, soit au Pizzo Rotondo (3197 m.) au Piz Lucendro et au Blindenhorn (3384 m.). En partant du petit village d'Ossasco dans le val Bedretto on peut faire l'ascension de la Cristallina (2910 m.) voisine du Basodino qui offre une vue d'ensemble superbe sur tout le massif du Gothard; la descente se fera, pour varier, par le lac Naret dans le val Maggia.

Le second chapitre a pour sujet les sommets que l'on peut

atteindre de Faido comme point de départ. Il s'agit en premier lieu du Campo Tencia (3075 m.) la seule montagne du Tessin qui dépasse les 3000 m. si l'on ne tient pas compte des chaînes frontières. On en atteint assez facilement le sommet en allant de Faido ou de la station de Rodi-Fiesso, coucher le premier soir à la confortable petite auberge du signor Gianelli à Puimogna et le lendemain, en passant à l'alpe Crozlina et en attaquant le côté nord-est de la montagne la descente peut s'effectuer avec certaines précautions par le glacier Crozlina. Un autre sommet que l'on atteindra facilement depuis Faido est le Pizzo di Molinare d'où l'on peut descendre pour varier l'excursion sur Ponte Valentino non loin d'Olivone, un des villages bien caractéristiques du beau pays du Tessin, dans le Val del Sole. Le val Blegno est surtout recommandable pour les excursions de printemps, lorsque les cerisiers, les poiriers, les abricotiers, les pèchers et les prairies sont déjà en pleine floraison, tandis que les pays au nord des Alpes sont encore désolés par les derniers frimas de l'hiver.

Le chapitre III, nous conduit aux sources du Rhin, dans le beau massif du Reinwaldhorn; il s'agit d'une traversée très difficultueuse, en raison de la grande quantité de neige, de Biasca, par Malvaglia, d'Andrio, l'alpe Pena, l'alpe Guimello, le Pizzo Cramorino (3129 m.) à la cabane du Club de Zapport, qui étant encore complètement ensevelie sous la neige réclama un travail de plusieurs heures pour en dégager l'entrée. Malgré le danger continuel des avalanches la descente sur Hintenhein par l'Enfer et le Paradis put s'effectuer, grâce à l'heure matinale, dans de bonnes conditions; le retour se fit en traîneau par le col du Saint-Bernardin, Misox, Roveredo et Bellinzone.

Après quelques pages consacrées aux beautés du val Antigorio, pour nous si facilement accessible par la voie du Simplon depuis Crevola, à ces beaux villages de Croveo et Baceno, à la belle cascade du Rio di Agaro, au lac romantique de Codelago, puis au village de Bosco, avec sa population allemande en plein pays italien et ses chalets et mazots du plus pur type valaisan, l'auteur nous raconte dans ce chapitre quelques excursions du printemps, dans la partie moyenne du Tessin.

D'abord l'ascension du Piancaccia (2358 m.) en partant du

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