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Une excursion dans le Baltschiederthal, par M. E. Ruchonnet.

Ascension de l'Aiguille du Triolet (3876m), par MM. A. Sechehaye et

L. Berthoud.

Zermatt en hiver, par M. O. Nicollier

Chronique alpine

Chronique des Sections.

Bibliographie.

Sommaire des Périodiques

ILLUSTRATIONS :

Dans le Baltschiederthal, cliché J. Buscarlet. du glacier de Pré de Bar), cliché P. Montandon. Bonjour.

Pages.

109

126

138

147

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150

151

Aiguille du Triolet (vue
Zermatt en hiver, phot.

Bureau d'abonnement chez A. JULLIEN, libraire, à Genève.

A Lausanne librairie F. ROUGE & Cie.

A Sion: MÜSSLER, libraire. A Fribourg H. LABASTROU, libraire. A Neuchâtel James ATTINGER, libraire.

A Paris, Librairie G. FISCHBACHER, rue de Seine, 33.

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1908.

No 4.

Une excursion

dans le Baltschiederthal.

Le 5 septembre dernier, par une de ces magnifiques journées dont l'été 1906 a été prodigue, votre serviteur prenait à Rivaz le premier train pour le Valais, en compagnie de trois amis du même village. Tous bons vignerons de Lavaux, secs, maigres, cuits au soleil et supportant tout, sauf la soif.

Nos billets pour Viège, ainsi que nos taques bien remplies et surmontées de couvertures, cordes et crampons, laissaient supposer à chacun que nous en voulions à quelque haute cime de Saas ou de Zermatt. Mais non, nos désirs étaient infiniment plus modestes. Les deux ainés de la troupe, alpinistes émérites, avaient fait, trois semaines auparavant, l'ascension du Bietschhorn. Ils en étaient revenus émerveillés par le charme sauvage de cette contrée et avaient invité votre collègue et son cousin à l'explorer avec eux. Nous avions immédiatement accepté dans l'enchantement de robinsonner une fois en un pays vierge d'hôtels, de funiculaires, d'usines électriques et même... de cabanes du Club.

ECHO DES ALPES.

1908.

7

Rien de particulier à vous narrer sur le trajet en chemin de fer. Seul, le Catogne nous intrigue par une forte colonne de fumée qui s'élève de son flanc ouest et le fait ressembler au Vésuve. Au retour nous apprimes par les journaux, l'incendie de la forêt de Mariotty sur Champex.

Il fait déjà une chaleur torride lorsque nous débarquons à Viège à 10 h. 20. Vite un petit rafraîchissement, puis nous montons en ville terminer nos provisions de pain, chocolat, sucre, Maggi, etc. En fait de Nestlé, j'accapare tout le stock de la localité, il se compose d'une seule et unique boîte égarée sur les rayons de la pharmacie.

Enfin, à 11 h. 2, chacun ayant assujetti deux miches de pain sur des tâques déjà fort volumineuses, nous enfilons le petit sentier qui mène au Rhône en suivant la digue de la Viège.

Au-delà de la plaine, presque vis-à-vis de nous, s'ouvre le vallon du Baltschieder, but de nos désirs. Par son étroite ouverture on entrevoit la cime aride et escarpée du Stockhorn, au pied duquel nous espérons bivouaquer ce soir.

Le Rhône très gros et très trouble est traversé par un pont de fer juste au-dessus de sa jonction avec la Viège, et bientôt après nous arrivons à Baltschieder, curieux petit village de chalets brunis, construit au point où le torrent s'échappe de la montagne. Il est adossé à une pente rocailleuse très aride, faisant contraste avec les vignes et les vergers bien arrosés qui s'étendent devant le village. Le raisin y mûrit et les branches des pommiers plient jusqu'à terre sous le poids des fruits. Rassemblant toutes nos connaissances en Wallisertüdsch, nous entrons en communication avec une bonne vieille en sabots et chapeau

national, qui s'en va porter la pâture à ses porcs. A l'ouïe de nos projets, elle lève les bras au ciel, scandalisée de voir des habitants du bon pays assez nigauds pour aller, chargés comme des mulets, se perdre dans ces régions de pierres éternelles.

Au sortir du village, l'unique chemin conduisant dans le vallon suit la rive droite du torrent, puis, vis-à-vis d'un stand très primitif, s'élève en lacets. dans des éboulis absolument dépourvus de végétation.

Le soleil est éblouissant et surchauffe le sol et l'air: nous avançons péniblement dans cette fournaise et ne tardons pas à être inondés de transpiration sous nos tâques de vingt kilos. Le bruit du torrent qui bouillonne dans la gorge, sous nos pieds, ne fait qu'aviver le feu des gosiers. C'est le moment critique et démoralisant qu'on retrouve au début de toutes les courses.

Enfin, le raidillon est gravi, le chemin fait un petit coude à gauche et entre dans une région de taillis et de buissons où règne un peu plus de fraicheur. A l'ombre d'un gros bloc et près d'un petit ruisselet, nous nous installons pour dîner. La vue d'un beau lapin rôti sortant d'une gamelle fédérale nous ressuscite ; quelques verres de 1904 et un dessert de poires beurrées complètent la transformation et tout ragaillardis nous reprenons sacs et piolets. Entre temps, mon cousin quelque peu naturaliste, déniche un bel exemplaire de « Mante religieuse », cette curieuse sauterelle vert clair qui, au repos, croise ses pattes antérieures et fait penser à une nonne en dévotions. Le pauvre insecte est épinglé à un chapeau et continue la course en notre compa gnie.

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