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nuit, fon humidité lors de fa résolution, & les phases de fon apparition font beaucoup moins difficiles à expliquer.

Il a dû s'élever & durer tant que la terre, intérieurement humide, avoit fa furface trèsaride & defféchée, que la température trèschaude follicitoit des émanations abondantes, & les foutenoit dans une grande raréfaction.

Il a dû être fec tant que la matiere électrique, dont abondoient les véhicules qui le formoient, n'a pas pu être reprise par l'air, à raifon de fa propriété ifolante, & que les molécules aqueufes qui entroient dans la compofition de ces véficules raréfiées par la matiere ignée & électrique, ont perdu par leur combinaison la pefanteur qui les eût précipitées fur les végétaux & les autres corps en

contact avec l'air.

Mais dès que la température eft devenue moins chaude par la defcente du foleil fous l'horizon, la condenfation graduelle qui a fuccédé à la raréfaction, a dû décompofer les véhicules compofantes du brouillard; l'air, diffolvant une partie des molécules aqueufes, a dû devenir conducteur, le brouillard a dû fe diffiper, une portion de l'eau qui le formoit, a dû fe précipiter & humecter les herbes & les feuilles des arbres.

Si cette difparition du brouillard, cette humectation des végétaux & des autres corps en contact avec l'air, n'ont eu lieu qu'après minuit, c'est qu'à l'époque du regne de ce

météore, les jours étant longs, & le foleil étant resté long-temps fur l'horizon, il a fallu qu'il s'écoula plufieurs heures avant que la condensation eût été portée au point néceffaire pour opérer la défunion des parties conftituantes du brouillard & leur précipitation,

On n'a point eu ce brouillard les jours de pluie & d'orage, & pendant ceux qui les ont fuivis, parce que l'air, dans ces circonftances, eft redevenu conducteur, parce que la furface de la terre humectée a rendu aux vapeurs leur forme ordinaire, & que ces vapeurs diffoutes par l'air au moment de leur éruption, font reftées invifibles.

Enfin, ce brouillard n'a plus été apperçu que deux fois, au lever & au coucher du foleil, & a difparu fans retour, parce que l'humidité intérieure épuifée, la féchereffe de la furface de la terre redevenue modérée, tout eft rentré dans l'ordre accoutumé.

Il est à préfumer qu'en confidérant ce météore extraordinaire, fous cet afpect, on conviendra que les circonftances feules l'ont fait différer des brouillards ordinaires, & que fa production n'a eu aucun rapport avec les tremblemens de terre de la Sicile & de la Calabre, comme l'ont prétendu plufieurs Obfervateurs.

OBSERVATIONS

SUR les procédés employés pour faire périr la chrysalide du ver-à-foie.

PAR M. CHAUSSIER.

LORSQU'ON a conduit avec fuccès une

éducation de vers-à-foie à fon dernier période, lorfque ces infectes précieux à nos arts & à nos manufactures, ont perfectionné leurs cocons; il refte, pour jouir complétement du fruit de fes foins, une nouvelle opération bien importante, c'eft le devidage des cocons & le tirage de la foie. Sans doute il feroit fort avantageux, comme le remarquent, d'après l'expérience, tous ceux qui ont écrit fur cet objet, de devider les cocons frais; ils fe développent facilement, complétement, & la foie en eft plus nette & plus luftrée : mais ce moyen eft impraticable, même dans une éducation médiocre. L'infecte, renfermé dans fon cocon, jouit encore de la vie, & après quinze ou vingt jours, fuivant la chaleur de la faifon, la chryfalide fe change en papillon & ne tarde pas à percer fa coque. Pour tirer le parti le plus avantageux de l'éducation des vers-à-foie, il ne faut pas attendre cette derniere métamorphofe de l'infecte, car les cocons percés ne peuvent plus être filés, & font

mis

mis de côté pour faire une foie de moindre qualité. Pour prévenir cette perte, il faudroit, en confervant les cocons dans leur fraîcheur naturelle, pouvoir retarder à vo lonté le développement de l'infecte, mais ce moyen eft inconnu, & peut-être n'a pas été cherché, on y a fuppléé par différens procédés qui font périr la chryfalide avant fon développement en papillon.

Il paroît que dans les premiers temps où l'on s'occupa en Europe de l'éducation des vers-à-foie, on se bornoit, pour étouffer les chryfalides, à expofer les cocons à l'ardeur du foleil pendant cinq ou fix jours. Mais ce procédé eft long; impraticable dans les climats tempérés & dans les temps couverts; infidele, lorsque les rayons du foleil font foibles; minutieux & embarraffant, parce qu'il faut de temps en temps retourner & eparpiller les cocons, afin que chacun foit également frappé par le foleil, car fans cette attention une partie des chryfalides ne feroit pas étouffée; enfin, la foie devient matte & perd de fon luftre. L'expérience fit bientôt connoître ces inconvéniens; on chercha à y remédier, en portant les cocons dans un four, peu après la cuite du pain : cette méthode qui eft généralemenr adoptée, est effectivement plus expéditive, plus fimple & plus affurée, mais il faut de l'habitude & bien des attentions pour faifir le jufte degré de chaleur, car trop fort, la foie eft altérée; trop foible, une partie des chryfalides furvit,

F

perce le cocon, & diminue ainfi le produit de la récolte. Enfin, lorfqu'on a le mieux réuffi, le cocon eft deffeché, les fues gommeux qui uniffent chaque brin de foie, font concrets, durcis, & le tirage devient plusdifficile, & par conféquent plus difpendieux.

Dans la Provence & une partie du Languedoc, on préfere d'expofer les cocons fur un tamis de toile claire, à la vapeur de l'eau' bouillante par ce moyen on fait périr trèsfûrement la chryfalide, & on ne rifque pas de brûler la foie, mais on détrempe, on amollit cette glu légere qui unit chaque contour du filament, & lorfqu'elle fe féche enfuite, elle empâte toute la furface du cocon, & rend le tirage plus difficile d'ailleurs, il faut un fourneau, un appareil particulier; les cocons humectés s'altérent, fe moififfent même fi on n'a pas le foin de les remuer fouvent & de les expofer à l'air; enfin, les chryfalides s'y pourriffent promptement, & cette pourriture répand une odeur défagréable, attire des infectes qui percent le cocon pour se nourrir de la chryfalide.

En 1776, M. Arnauld du Bouiffon présenta aux Etats de Languedoc un Mémoire (1), dans lequel il confeilloit d'expofer les cocons aux émanations du camphre; on peut espérer que par ce moyen la foie ne fera point altérée

(1) Ce Mémoire eft inféré dans le Journal de PhyAque, tom. XI. ́

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