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dit Simonide contre la longueur du tems foûtiennent que Scyrron ne fut ni un brigand ni un méchant homme; mais au contraire l'ennemi déclaré de ces fortes de gens, & le bon ami des gens de bien & des juftes. Car tout le monde fait, difent-ils, qu'Æacus eft eftimé le plus faint homme de fon tems. On n'ignore pas que Cychrée le Salaminien reçoit des honneurs divins à Athenes, & l'on connoît affez la vertu de Pelée & de Telamon. Or Scyrron fut gendre de Cychrée & beaupere d'Eacus, & aïeul de Pelée & de Telamon, qui nâquirent tous deux de la nymphe Endeide, fille de Chariclo & de Scyrron. Il

k

h Car tout le monde fait, difent-ils, qu'Eacus eft eftimé le plus faint homme de fon tems.) Eacus, fils de Jupiter & d'Egine. On publia que fa piété & fa juftice l'avoient rendu fi agréable aux Dieux, qu'il en obtenoit tout par fes prieres, & que par ce moyen il fit ceffer une grande famine & une horrible fechereffe, dont la Grece étoit extrêmement affligée.

iOn n'ignore pas que Cychrée le Salaminien reçoit des honneurs divins à Athenes.) Il étoit fils de Neptune & de la Nymphe Salamis, & fi homme de bien, qu'après fa

mort on l'honora comme un

Dieu, non-feulement à Salamine, mais à Athenes.

k Qui naquirent tous deux de la Nymphe Endéide, fille de Chariclo & de Scyrron.) Apollodore fait cette Nym

n'y

phe Endéide, fille de Chariclo & de Chiron, & il eft fuivi par d'autres Auteurs ; mais il eft plus sûr de corriger Apollodore, fur la foi de Plutarque & des Hiftoriens de Mégare, qu'il avoit confultés, que de corriger ces derniers fur la foi d'Apollodore, dont nous n'avons qu'un abrégé. Paufanias eft même d'accord en cela avec Plutarque ; &, pour ce que Diodore rapporte, que Telamon épousa à Salamine, Glaucé fille de Cychrée, & qu'il eft abfurde de penfer que l'aïeul & le petit - fils aient épousé les deux fœurs, cela ne doit être d'aucun poids; car Apollodore même écrit que la femme de Telamon fut Peribe, fille d'Alcathoüs, & non pas Glaucé.

Il n'y a donc pas d'appa

rence

n'y a donc pas d'apparence que les plus grands perfonnages & les plus gens de bien de toute la Grece euffent voulu s'allier avec un brigand, en prenant de lui & en lui donnant ce que les hommes ont de plus précieux & de plus facré. Ces mêmes hiftoriens ajoûtent que Thesée ne tua pas Scyrron dans fon premier voyage d'Athenes, mais long-tems après, lorsqu'il prit Eleufine, qui étoit alors occupée par les Mégariens, & qu'il en chaffa Dioclès qui en étoit Gouverneur. Voilà les contradictions qu'on trouve fur cette Hiftoire.

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"En paffant par Eleufine, il lutta contre Cercyon l'Arcadien, & le défit. De-là, arrivant à Hermione, il fit mourir le géant Damaftes, qu'on appelloit Procrufte, P en l'obli

rence que les plus grands perJonnages & les plus gens de bien de toute la Grèce.) 11 ne parle que de Cychrée & d'acus, dont le premier fit fon gendre de Scyrron, & l'autre en fit fon beau-pere; j'explique cela, parce qu'on s'y étoit trompé.

m Ville entre Mégare & Athenes.

n En paffant par Eleufine, il lutta contre Cercyon Arcadien, & le défit. ) Ce Cercyon étoit fils de Neptune; il fut le premier qui employa la rufe dans les combats de la lutte. Thefée en fut plus que lui, car il fut inftruit par Minerve. Le lieu où fe fit ce combat, étoit encore appellé la Palestre de Cercyon, du tems de Paufanias.

geant

• De-là arrivant à Hera

mione, il fit mourir le géant Damaftes.) Je ne connois point de ville nommée Hermione, eatre Eleufine & Athenes. Paufanias, dans fes Attiques, nomme Erione le lieu près duquel Thefée tua ce géant. Cela étant, il faut lire dans Plutarque Erione, au lieu d'Hermio

ne.

En l'obligeant de s'égaler à la mesure de fes lits.) Ce géant avoit plufieurs lits; & quand un hôte arrivoit chez lui, s'il étoit grand, il le faifoit coucher dans un petit lit, & lui coupoit tout ce qui paffoit la longueur du lit; & s'il étoit petit, il le mettoit dans un grand lit, & à force de machines, il

lui

geant de s'égaler à la mesure de fes lits, comme y obligeoit les hôtes. Et Thefée en ufoit ainfi à l'imitation d'Hercule, qui puniffoit ceux qui l'attaquoient du même genre de mort qu'ils lui avoient préparé. C'eft ainfi qu'il facrifia Bufiris, qu'il étouffa Antée en luttant avec lui, qu'il tua Cycnus en combat fingulier, & qu'il brifa la tête à Termerus, d'où est venu le proverbe, le mal Termerien; car il y a de

lui étendoit les jambes jufqu'à la mesure du lit: c'eft pourquoi il fut appellé Procruftes, c'est-à-dire qui étend par force & avec violence.

9 C'eft ainfi qu'il facrifia Bufiris.) Bufiris étoit roi d'Egypte, & fils de Neptune & de Lyfianaffe. Il facrifioit les étrangers à Jupiter, & il voulut faire le même traitement à Hercule, qui fe laiffa mener lié & garotté près de Pautel, & qui ayant rompu fes liens, facrifia lui-même ce Tyran & fon fils Amphidamas.

Qu'il étouffa Antée.) Antée étoit roi de Lydie & fils de la Terre, qui lui redonnoit de nouvelles forces fi-tôt qu'il la touchok: c'eft pourquoi Hercule l'éleva en l'air, & l'étouffa entre fes

bras.

S Qu'il tua Cycnus en combat fingulier.) Il y eut deux Cycnus contre lefquels Hercule fe battit: le premier étoit fils de Mars & de Pyrene: la foudre qui tomba au milieu des deux combattans,

l'apparence

les fépara: l'autre étoit auffi fils de Mars & de Pelopée, & il fut tué par Hercule.

Le proverbe du mal Termerien.) Tous les proverbia. liftes grecs, favoir, Suidas, Zenobius, Diogenianus, Apoftolius, rapportent ce proverbe, mais au nombre pluriel,Tepuipia nana, les maux Termerens, & difent qu'il s'entend des grands. maux. Suidas en rapporte l'origine autrement que ne fait Plutarque; car il dit que les grands maux s'appellerent Termeriens, à cause qu'en la Carie, il y avoit un lieu fort d'affiette appellé Termerium, dont les Tyrans fe fervoient comme de prifon, & ajoûte que ce lieu étoit entre Melos & Hali carnaffe. Strabon, liv. 14. fait mention d'un cap de la Carie au territoire des Myndiens, qui s'appelloit Termerium. Apoftolius & Suidas donnent encore une autre origine à ce proverbe, disant que les grands maux s'appelloient Termeriens, parce

que

l'apparence que Termerus caffoit la tête aux paffans en la heurtant avec la fienne. Thesée alloit puniffant de même les méchans, & il employoit juftement contr'eux les mêmes fupplices qu'ils faifoient fouffrir injuftement aux autres. D'Hermione, il arriva fur les bords du " Cephife, où il trouva la famille des Phytalides qui venoit au devant de lui pour lui faire honneur. La premiere chofe qu'il demanda, ce fut d'être purifié, pour pouvoir être admis aux faints myfteres. Les Phytalides le purifierent

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que le jour qui doit être à quelqu'un le terme de fa vie, s'appelloit Termia. L'empereur Julien, en l'oraison contre le philofophe cynique Héraclius, fe fert de ce proverbe au nombre fingulier, comme Plutarque. MEZ.

u Petite riviere de l'Attique.

Où il trouva la famille des Phytalides, qui venoit au devant de lui pour lui faire honneur.) Paufanias appelle ces Phytalides, les defcendans de Phytalus, à qui Cerès avoit donné l'intendance des faints myfteres, pour le récompenfer de l'hofpitalité qu'il avoit exercée à fon égard, l'ayant reçûe fort humainement dans fa maison.

IBID. Quelques-uns de la race des Phytalides.) Paufanias ès Attiques, nous apprend que les Phytalides étoient les defcendans de Phytalus, lequel ayant reçû avec honneur dans fa maifon la

avec

déeffe Cerès, eut d'elle pour récompenfe la plante du figuier, & enfeigna le premier aux Athéniens à planter & cultiver cet arbre, dont il reçut beaucoup d'honneur lui& toute fa race, comme témoignoit une épigramine gre que qui étoit sur le tombeau de Phytalus, que Paufanias rapporte. Quant à l'expiation de Thelée, c'étoit une fuite de l'idée qu'avoient les anciens du meurtre, qui devoit toûjours être expié ; idée pouffée à un tel excès, qu'il fallut qu'Apollon même fe fît expier pour avoir tué le ferpent Python qui défoloit la Grece. MEZ.

y La premiere chose qu'il demanda, ce fut d'être purifié.) Quoiqu'il n'eût tué que des brigands, il crut ne pouvoir être admis aux myfteres de Cerès avant que d'être expié. Cela eft remarquable. Tout meurtre devoit être expié.

* Les Phytalides le purifie

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avec toutes les cérémonies accoûtumées; & après avoir fait un facrifice pour se rendre les Dieux favorables, ils le logerent & le régalerent dans leur maifon. Ce fut-là le premier bon accueil qu'il reçut dans fon voyage. On tient que Thefée entra dans Athenes le huitieme d'Août. Il trouva cette ville, en général pleine de troubles & de diffenfions, & en particulier la maifon royale dans un très - grand defordre; car Medée s'étant fauvée de Corinthe, avoit cherché un afyle chez Egée, & vivoit avec lui dans un honteux commerce, lui promettant que par fes remedes elle lui feroit avoir des enfans. Cette femme avertie de l'arrivée de Thefée & de fes deffeins, avant qu'Egée eût le tems de le reconnoitre, fut fi bien tourner l'efprit de ce Prince déja affoibli par les années, & que les différens partis qui régnoient dans la ville, avoient rendu timide & foupçonneux, qu'elle lui perfuada d'empoisonner fon fils dans un feftin qu'il lui feroit comme à un étranger. On alla donc de fa part inviter Thefée. Quand il fut dans la falle, il ne jugea pas à propos de déclarer qui il étoit; mais, voulant

rent avec toutes les cérémonies accoutumées. ) Cette cérémonie se fit à l'autel de Jupiter pacifique, ad aram Jovis Meilichii, qui étoit près du Céphife.

a Le 8, du mois Cronius, qu'on appelle aujourd'hui Hecatombæon. Ce mois étoit appellé ainfi, à cause que les chofes grandes font dénotées par le mot Hécaton, & en ce tems-là le So

donner

leil fait fon plus grand cours, c'eft-à-dire demeure plus lon guement fur l'horison, qu'en toute autre faifon, & fait les plus grands jours de l'année. Suidas & Harpocration font d'un autre avis; car ils difent que ce mot fut appellé Hecatombæon, à caufe des fréquentes Hécatombes qu'on offroit en ce mois-là. MEZ.

& IL

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